Il est difficile, voire impossible, de savoir ce qui a poussé la direction et le staff parisien à mettre Luyindula à l’écart de façon aussi abrupte. Luyindula évoque de lui-même un incident en janvier en coupe de la Ligue, certains avaient parlé d’un autre problème survenu en mars — après lequel Luyindula aurait vidé son casier — et d’une blessure diplomatique jusqu’à la fin de saison. Cela semble aujourd’hui difficile à croire, étant donné que Luyindula a ensuite participé aux matches amicaux de pré-saison et, surtout, que pour un joueur qui voulait partir en mars, il semble aujourd’hui bien accroché à son contrat. Mais quoi qu’il en soit, ni Luyindula, ni Kombouaré ne révéleront s’il y a réellement eu de vives altercations entre les deux hommes. Le PSG affirmant qu’il s’agit d’un choix purement sportif, la question est de savoir quel est l’intérêt réel à agir de la sorte avec un joueur qui est sous contrat — et la question doit également se poser pour Loris Arnaud, également écarté du groupe pro depuis début août.
Lorsqu’il dit qu’il a toujours été irréprochable, Peguy Luyindula n’a pas tout à fait tort. Quoi que l’on puisse penser du niveau du joueur, qui a connu des hauts et des bas, il a rendu de nombreux services au club. Que ce soit lors de son arrivée, où il a permis au PSG d’éviter une lutte pour le maintien, en 2008/2009, où ses prestations en tant que « super remplaçant » étaient remarquables, ou à l’hiver 2009, quand il a accepté de jouer blessé alors qu’Erding et Hoarau connaissaient des soucis physiques. De façon générale, Luyindula vient de passer trois saisons avec un statut de remplaçant et, mis à part lors du match à Montpellier, il n’a jamais fait mine de se démoraliser. En ce sens, le cas de Luyindula est différent de ceux de Rothen et Sankharé, écartés de la même manière par Kombouaré l’été dernier. Les deux joueurs avaient eu des attitudes publiques déplacées : Rothen en critiquant ses dirigeants dans une interview — dans laquelle il expliquait qu’il allait partir — et Sankharé en alpaguant son entraîneur après avoir été remplacé en cours de rencontre. Ce dernier avait par ailleurs dit à Kombouaré qu’il ne voulait plus évoluer sous ses ordres. Si le traitement de ces deux joueurs pouvait donc sembler justifié, l’attitude publique de Luyindula, en revanche, n’explique pas cette décision. Reste à savoir s’il s’est passé quelque chose entre les murs du vestiaire…
Car d’un point de vue purement sportif, la décision peut aussi prêter à controverse. À moins que Luyindula et Arnaud ne soient des éléments perturbateurs au sein d’un groupe, il est difficile de voir ce que le PSG a à gagner, toujours d’un point de vue sportif, à se priver de ces deux joueurs. Même si Antoine Kombouaré ne compte pas sur eux, ils peuvent toujours servir à faire le nombre aux entraînements, en particulier lors des trêves internationales. De même, lorsque l’effectif compte de nombreux absents, leur présence sur le banc de touche ne peut pas être négative. La semaine dernière, face à Brest, Antoine Kombouaré a convoqué Kalifa Coulibaly, jeune attaquant pas forcément prêt pour la L1, que l’entraîneur parisien n’aurait probablement pas lancé en cas de besoin. Luyindula, puisqu’il est encore là et sous contrat, aurait pu être une vraie solution pour l’entraîneur. Bien sûr, il peut y avoir une volonté de l’entraîneur d’éviter de se retrouver en sureffectif. Actuellement, le PSG compte un groupe de 24 joueurs, ce qui est sans doute plus simple pour en faire un groupe soudé et concerné. Mais c’est aussi au club d’assumer les contrats professionnels qu’il offre.
Enfin, il ne faut pas être dupe. La motivation principale d’un club à agir de la sorte réside surtout à pousser dehors des joueurs dont il ne veut plus. Même si les joueurs souhaitaient rester, au cas où une offre se présentait, ou si une proposition de résiliation à l’amiable pouvait être trouvée, il est vraisemblable que le joueur ainsi mis à l’écart y réfléchirait à deux fois avant de refuser. Cela peut permettre à un club d’économiser quelques mois de salaire : malgré les grandes ressources qu’a aujourd’hui le club de la capitale, ce n’est pas pour autant qu’il a arrêté de raisonner en termes financiers. Cela peut sembler cruel, mais c’est une déviance générale du monde du football. Les joueurs prennent régulièrement des clubs en otage, demandant un transfert ou une grosse augmentation à un an de la fin de leur contrat ; il n’est pas étonnant que les clubs ne fassent pas non plus dans le sentiment quand certains membres de l’effectif sont jugés inutiles. Une situation toutefois regrettable, surtout quand elle concerne des footballeurs a priori respectables comme Arnaud et Luyindula.
- Peguy Luyindula
- Photo Éric Baledent — PSGMAG.NET