Le PSG a-t-il surestimé les affluences ?
Rappels
Le 7 août dernier, 22 689 spectateurs — dont 841 supporters stéphanois — ont assisté au match PSG-Saint-Étienne, selon le chiffre officiel communiqué par la LFP. Il s’agissait de la plus faible affluence pour un match de L1 au Parc des Princes depuis le 10 novembre 1993. Par ailleurs, le Parc des Princes n’avait pas sonné aussi creux lors d’un match de championnat en août depuis le 28 août 1993 (20 874 spectateurs).
Le Parisien et L’Équipe n’ont pas eu à établir ce genre de statistiques, puisqu’ils ont annoncé à leurs lecteurs la présence de 25 367 spectateurs, soit une surestimation de 12 % de l’affluence réelle. Interrogé par Arrêt sur images lors d’une enquête basée sur nos révélations, Arnaud Hermant avait expliqué qu’il s’agissait « du chiffre fourni par l’attaché de presse du club le soir du match ». « Il ne s’explique pas pourquoi le chiffre officiel […] était en effet de 23 000 [22 689 en réalité], alors qu’il provenait de la même source », ajoutait le site de décryptage de l’actualité des médias.
Ce que nous a dit Robin Leproux
Nous avons interrogé le président du PSG sur ces écarts :
Ce sont les invitations. […] Il y avait beaucoup d’invitations. Mais pas 10 000 non plus, loin de là. Nous sommes peut-être allés jusqu’à 4 000 [en début de saison].
Notre contre-enquête
Une source interne à la LFP nous a apporté la réponse suivante :
Les affluences indiquées sur LFP.fr sont les affluences totales communiquées par les clubs aux délégués, comme l’exige l’article 371 du règlement des compétitions. En l’occurrence, pour PSG-ASSE, les documents officiels mentionnent 22 689 spectateurs et 590 793,60 euros de recette brute.
L’article 371 du règlement des compétitions 2010/2011 de la LFP, disponible sur le site Internet de la Ligue, énonce les dispositions suivantes :
À l’issue de chaque match, le club visité établit un document de référence, la feuille de recette, récapitulant les quantités de places vendues ou délivrées gratuitement ventilées par tarif, ainsi que les quantités d’abonnements vendus ou délivrés gratuitement sur la compétition en cours. Ce document fait apparaître l’affluence totale, la recette brute et la recette nette du match. Il est visé par le délégué LFP de la rencontre.
La même question a été posée à la direction de la communication de la LFP, pour une réponse identique :
Les invitations sont prises en compte dans l’affluence diffusée sur LFP.FR, elles correspondent bien à une place.
Par ailleurs, comme nous l’avons indiqué durant l’interview, un journaliste du Parisien joint par téléphone le 20 août dernier nous avait assuré que, selon lui, le PSG mentait délibérément sur les chiffres communiqués à la presse afin de minimiser la baisse de l’affluence, qui n’était pas anticipée à un tel niveau — ce qu’a d’ailleurs reconnu Robin Leproux dans notre interview, affirmant qu’il « pensait vraiment » rassembler entre 35 000 et 40 000 spectateurs.
Le PSG a-t-il refoulé les ex-Lutece Falco à Lviv ?
Rappels
Samedi 18 décembre, nous avons publié une interview de Jérémy Laroche dans laquelle le président de l’association Liberté pour les abonnés nous affirmait que le PSG avait demandé aux dirigeants du Karpaty Lviv d’interdire l’accès au stade à des anciens Lutece Falco, en les présentant comme un groupe de néo-nazis. Cette déclaration a fait l’objet d’un article dont le titre initial — bien que rapidement modifié — était le suivant : « (Leproux qualifie des supporters du PSG de nazis ». Un tel manque de prudence était évidemment une erreur de notre part : nous avions bien eu confirmation de ce récit auprès d’un de nos contacts habituels chez les ex-Lutece Falco, mais nous n’étions cependant pas encore parvenus à recueillir un témoignage de première main nous permettant d’être aussi affirmatifs que nous l’avons été.
Ce que nous a dit Robin Leproux
Interrogé sur les déplacements, le président du PSG a spontanément évoqué le match de Ligue Europa disputé en Ukraine :
Ce qu’on lit aujourd’hui sur les forums à propos de Lviv, c’est un délire. Nous aurions dit que les Lutece étaient des je ne sais quoi, nous aurions demandé de les… Mais c’est un fantasme total ! Sur un déplacement de coupe d’Europe, nous avons d’autres chats à fouetter. Et je suis tellement habitué à me faire insulter…
Notre contre-enquête
Il nous a fallu près d’un mois pour en savoir plus. Le jour de notre entretien avec Robin Leproux, vendredi 14 janvier, nous n’avions pas encore réussi à recueillir un témoignage suffisamment solide pour insister à ce sujet, alors qu’il existait de nombreuses autres questions sur lesquelles nous possédions des éléments factuels — c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas rebondi sur ces déclarations.
Depuis, nous avons pu entrer en contact avec Oleg Soldatenko, le président du Fan club officiel du Karpaty Lviv, qui fait office d’agent de liaison avec les supporters adverses au nom du club ukrainien en Ligue Europa. Par téléphone puis par e-mail, il nous a assuré que les dirigeants parisiens ont adressé des mails officiels au Karpaty Lviv pour leur recommander fortement de ne vendre aucun billet dans le parcage réservé aux visiteurs. Il ajoute que « durant des conversations privées avec les officiels du Karpaty, les Français ont indiqué que certains des supporters qui tenteront d’assister au match pourraient être des hooligans ». Lorsque nous avons évoqué la question, Oleg n’a en revanche pas su confirmer que les anciens Lutece Falco aient été qualifiés de « néo-nazis ». Si les dirigeants du PSG ont manifestement bien essayé d’empêcher les supporters d’accéder au stade, le terme symbolique et choquant qui avait cristallisé l’essentiel des réactions n’aurait donc pas été utilisé.
Interrogé sur d’éventuels courriers corroborant ses propos, Oleg nous a répondu qu’il n’avait pas reçu personnellement de tels documents. Il nous a par ailleurs indiqué qu’il avait été en contact avec Pierre-Octave Arrighi, présenté comme le « responsable des événements » du PSG par la LFP.
Les Lutece Falco entretenant de bonnes relations avec les supporters ukrainiens — ils ont participé à un tournoi de foot l’année précédente et prévoient d’y revenir en 2011 —, Oleg nous a expliqué avoir été obligé d’acheter lui-même des billets pour leur permettre d’assister au match.
Envoyé spécial a-t-il menti ?
Rappels
Dans un reportage sur la sécurité privée réalisé par Linda Bendali pour l’émission Envoyé spécial, la journaliste filme en caméra cachée son entrée au Parc des Princes avec des billets au nom d’un interdit de stade, Sami B.
Le PSG s’est étonné dans un communiqué qu’elle « affirme accéder au stade avec des places acquises par un interdit de stade […] alors qu’[elle] a souscrit au programme d’identification Tous PSG ».
Notre contre-enquête
Nous avons contacté Linda Bendali pour la faire réagir à l’information du PSG selon laquelle elle a acheté quatre billets à son nom pour le match PSG-Auxerre, alors qu’elle dit être rentrée avec des places au nom d’un interdit de stade.
Sa réponse est la suivante : en dehors du test consistant à entrer au Parc des Princes avec ses places au nom d’un interdit de stade, l’ancienne journaliste du Canard enchaîné souhaitait réaliser une caméra cachée avec deux supporters. Indépendamment des billets achetés par Sami B., elle a donc effectivement souscrit au programme Tous PSG pour acheter quatre places lors du même match. Elle a donné deux de ces billets aux supporters qu’elle souhaitait interroger, utilisant les deux restants pour pouvoir les rejoindre avec son collègue.
Nous avons contacté les deux supporters à qui Linda Bendali prétend avoir donné les billets pour le match : ils nous ont confirmé le récit de la journaliste, nous transmettant même des photos des billets utilisés.
De son côté, Robin Leproux nous a indiqué que l’auteure du reportage d’Envoyé spécial lui avait communiqué la même explication. Pourtant, alors que le PSG a pris la peine de vérifier qu’un billet au nom de Linda Bendali avait bien été utilisé pour rentrer au Parc des Princes ce soir-là, le président du PSG s’est montré surpris par notre question, la seule réellement pertinente dans cette histoire : un billet au nom de Sami B. a-t-il été utilisé, oui ou non ? « Je comprends la question, c’est vrai qu’il faudra qu’on vous dise si quelqu’un est rentré avec ces billets-là », nous a répondu Robin Leproux. Relancé à quatre reprises — les 14, 17, 21 et 27 janvier —, le directeur de la communication du PSG s’est engagé à nous répondre, mais ne nous a pas encore transmis cette information.
Les expulsions de supporters par les stewards
Rappels
Lors du tournoi de Paris, samedi 31 juillet et dimanche 1er août, les stewards interdisaient aux supporters parisiens de rester debout pour chanter en virages.
Par ailleurs, un supporter parisien, Nicolas Mathieu, a porté plainte contre les responsables du PSG et contre un steward en particulier — qu’il accuse de violences volontaires — après avoir été expulsé du stade lors du match contre le Maccabi Tel-Aviv.
Ce que nous a dit Robin Leproux
Interrogé sur le comportement des stewards, Robin Leproux a apporté les précisions suivantes :
[Lors du tournoi de Paris] Les supporters se regroupaient, ils étaient debout, m’insultaient pendant une heure et demie. C’est ce qui s’est passé au premier match, oui. Il y a une personne que nous avons vu se faire sortir qui était là à crier : « Heil Hitler », « Hitler n’a pas fini son boulot avec toi » [à propos d’un steward d’origine maghrébine], etc. Et ce stadier-là c’est quelqu’un de franchement remarquable, très professionnel, très expérimenté.
Maintenant je vais vous dire, et je le dis publiquement parce que c’est important pour que chacun prenne ses responsabilités, nous allons désormais filmer les interventions des stewards sur les gens que nous sortons. Ainsi quand le gars va dire : « On m’a pris par les pattes, on m’a un peu bousculé », nous pourrons lui répondre : « Oui, quand tu dis “Heil Hitler” et “Hitler n’a pas fini son boulot avec toi”, là tu vas peut-être faire de la tôle mon vieux. »
Notre contre-enquête
À notre connaissance, le seul individu à s’être plaint publiquement des conditions dans lesquelles il a été sorti des tribunes est Nicolas Mathieu, le supporter interrogé par Envoyé spécial, dont nous avions publié le témoignage en août dernier. Malgré plusieurs tentatives — les 21, 26 et 27 janvier —, nous n’avons pas pu obtenir de clarifications de la part du PSG sur l’identité de la personne à qui Robin Leproux faisait référence.
Nicolas Mathieu ayant par ailleurs été évoqué dans le communiqué de presse du PSG après la diffusion d’Envoyé spécial, il nous semble utile d’apporter quelques précisions à son égard : il n’a pas été interdit de stade après son expulsion. Il assure même n’avoir jamais eu affaire à la police… sauf pour porter plainte contre le PSG et le steward qu’il accuse de violences volontaires.
Son frère, que nous avons interrogé, nous apporte les précisions suivantes :
Dans son communiqué de presse, le PSG prétend « qu’en cas d’incivilités avérées en tribune la mission des stadiers est d’assurer la sécurité des personnes présentes et d’extraire les fauteurs de trouble pour les présenter à la police comme ce fut le cas pour la personne incriminée dans le reportage ». Je rappelle que lorsque nous avons été sortis des tribunes lors du tournoi de Paris parce que nous chantions debout, nous avions été coupables de tellement d’« incivilités » qu’après un minutieux contrôle de la part des forces de l’ordre, qui étaient présentes en coursives, celles-ci nous ont laissés regagner notre place en tribunes !
Quant au match PSG-Maccabi Tel-Aviv, mon frère a bien été remis aux forces de l’ordre une fois expulsé du Parc, mais après avoir été contrôlé durant un quart d’heure, celles-ci l’ont laissé libre : elles n’avaient absolument rien à lui reprocher ! Les stewards à l’entrée du stade ont pourtant refusé de le laisser rentrer… Tout ceci est facile à prouver : nous n’avons jamais été placés en garde à vue, que ce soit au Parc des Princes, aux alentours ou en déplacement.
J’en profite pour signaler une chose : plusieurs stewards que nous connaissons bien nous avaient indiqué à l’époque que les consignes venaient de la direction du PSG. Nous l’avions dit pendant le tournage d’Envoyé spécial, mais Linda Bendali ne l’a pas gardé au montage.
Concernant les propos de Robin Leproux selon lesquels les supporters expulsés lors du tournoi de Paris l’ont été parce qu’ils l’avaient insulté « pendant une heure et demie », deux membres de la rédaction de PSGMAG.NET ayant été présents à Auteuil ce jour-là — l’un d’eux a pris les désormais célèbres photos du supporter entouré de stewards dans les coursives —, nous démentons fermement ces affirmations. (voir nos compte-rendus de PSG-Porto et PSG-Roma)
synthèse de nos entretiens avec les supporters
Robin Leproux répond à nos questions (1/2)
Robin Leproux répond à nos questions (2/2)
notre debrief après l’interview de Robin Leproux