Exclu PSGMAG.NET : après avoir évoqué la réalité du plan Leproux tels qu’ils le perçoivent, Ben, président de la Brigade Paris, Christophe Uldry, ancien porte-parole des Supras Auteuil, aujourd’hui dissous, Simon, ancien président des Lutece Falco, et un porte-parole de leaders du mouvement parisien issu du Kop of Boulogne évoquent leurs revendications et les moyens d’action qu’ils mettront en œuvre pour arriver à leurs fins.
Ce que veulent les contestataires
Les discours du président Leproux évoquent un retour à des abonnements avant la fin de l’année. Mais il ne serait toujours pas question de choisir sa tribune. Ben, de la Brigade Paris, évoque ces rumeurs :
Un abonnement en placement aléatoire ? A priori, aller en tribune K ou ailleurs, je peux faire l’effort, mais le souci n’est pas là : comment avoir une association dans ces conditions ? Ça empêche tout rassemblement ! Voilà la vraie motivation du plan Leproux : la fin des associations, afin qu’elles ne communiquent plus.
Même son de cloche chez Christophe Uldry, des ex-Supras :
En tant qu’ancienne association, on ne peut pas accepter un abonnement en virage avec placement aléatoire d’un match sur l’autre pour nos membres. Il faut que le Parc retrouve de l’ambiance. Une ambiance stimulée, et maîtrisée.
Pour les leaders du mouvement parisien issus du Kop of Boulogne, les revendications sont on ne peut plus claires, et sans concession :
Ce message s’adresse à tous les amoureux du Paris Saint-Germain Football Club et plus particulièrement aux ex-abonnés des virages et des quarts de virages de ce stade que nous ne reconnaissons plus aujourd’hui. La mascarade Leproux doit cesser !
Nous voulons récupérer notre liberté de supporter, nous réabonner et choisir notre tribune. Tout cela sans aucune condition, un réabonnement tel qu’il était avant, les propositions alternatives ayant déjà été rejetées en bloc. D’ores et déjà nous disons non à un abonnement ou réabonnement « aléatoire ». Nous ne vendrons pas notre âme au diable !
Reste la possibilité d’abonnements en tribune fixe, mais avec un quota d’invitations, ou de places « familles ». Là, Ben réfléchit à la question :
Un abonnement en tribune fixe, mais avec une partie réservée aux familles ? Nous, on prend. On avait même proposé au club de créer une tribune « juniors », pour aider un groupe de supporters de 10 à 15 ans. On leur aurait montré comment créer une bâche, du matériel… La voilà la tribune non-violente : et au moins elle aurait été remplie par des Parisiens. Alors qu’aujourd’hui…
Pour Christophe Uldry, la réflexion n’est pas encore arrivée à son terme. Même s’il reste conscient de certaines réalités :
Il reste à établir une liste de revendications pour savoir quoi demander au juste. On sait qu’exiger un retrait pur et simple du plan, avec un retour de six mois en arrière, serait illusoire : il est impossible de retrouver les anciennes associations.
Si on ne peut pas tout demander, en revanche souhaiter que chacun retrouve son propre virage, et revienne au Parc avec plaisir me semble une requête légitime.
Simon, ancien président des Lutece Falco, trace le même sillon :
Nous sommes contre les abonnements en aléatoire. Tu viens au Parc pour te faire plaisir avec tes potes. Si tu ne peux choisir ni où tu vas, ni avec qui, alors à quoi bon ?
On aimerait juste qu’ils nous disent : vous pouvez retourner au VA, et au Kob. Se mettre debout, chanter, encourager notre équipe avec des drapeaux… Être libres d’exister et d’exprimer notre passion ! C’est tout ce qu’on demande.
Le chapitre des revendications ouvre les premières dissensions entre différentes mouvances de supporters du PSG. Celui des moyens à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs poursuit cette ligne de fracture.
Les moyens d’action
Simon livre sa vision, provisoire :
Concernant la situation actuelle, nous menons des réflexions en interne quant à de futures actions. Mais quoi qu’il en soit le mot d’ordre est clair : il faut boycotter le Parc des Princes pour la saison 2010/2011. Il est, pour nous, inenvisageable de participer à la mascarade humiliante du nouveau système de billetterie mis en place par Leproux.
De même, pour Christophe Uldry, là encore tout reste à construire :
Les anciens Supras n’appelaient pas à manifester lors de PSG-Saint-Étienne, ni officiellement, ni officieusement. Nous ne récréerons pas d’association, mais individuellement je pense que dès la rentrée, la plupart d’entre nous seront dans l’action contre ce plan Leproux. Comment, ça, personne ne le sait encore.
Chez les leaders du mouvement parisien issus du Kop de Boulogne en revanche, un seul moyen d’action reste envisageable :
Il n’y a pas 36 solutions, une consigne très claire a été donnée avant le début de la saison : ne pas cautionner le plan Leproux, c’est-à-dire ne pas acheter de place ni même bénéficier des nombreuses invitations distribuées généreusement jusqu’aux bouches de métro pour venir copieusement garnir le bas des virages et ainsi aider le club à gonfler les chiffres de fréquentation du stade ! […]
Certains se plaignaient sur des forums de ne pas avoir de ligne directrice de la part des leaders du mouvement parisien, la voici. À vous de la suivre pour qu’ensemble nous retrouvions au plus vite notre place habituelle, à côté de nos amis de toujours dans le vrai Parc des Princes : celui qui a une âme et des cœurs passionnés qui battent à l’unisson.
Pour Ben, il faut avant tout que le mouvement de lutte bénéficie de publicité, et ne voit pas ses actions déformées :
Le plus important, c’est que la contestation soit médiatisée. Que les supporters nous comprennent. Pour le moment, les faits sont déformés. Le boycott, je ne suis pas sûr que ce soit la solution. Et puis de toutes manières pour moi c’est réglé, vu que je suis IDS. Mais je crois que la contestation devrait se poursuivre à l’intérieur du Parc. On n’est pas obligés d’être insultants, pour ne pas leur donner raison, mais dans le Parc il y aurait davantage de témoins. Et davantage de médias.
Les propositions alternatives
On a vu que les leaders du mouvement parisien issus du Kop de Boulogne exigeaient un retour pur et simple aux conditions de l’année dernière. D’autres interlocuteurs proposent des solutions qui leur semblent possibles à mettre en place. Ben, de la Brigade Paris, évoque un plan très proche de celui du forum Liberté pour les abonnés :
Leproux aurait pu demander aux associations de signer une charte de bon comportement, au lieu de les dissoudre. On a besoin de plus de rigueur, de suivre des engagements écrits. Chaque adhérent devrait s’engager à être non-violent sous peine d’interdiction de stade. Cela aurait dû être fait depuis longtemps, plutôt que de sanctionner massivement, et à l’aveuglette.
Responsabilisation des supporters, et surtout rigueur et justice dans les sanctions, un discours que l’on retrouve chez Christophe Uldry :
Si chacun retrouve son virage, cela ne réanimera pas forcément une guerre des tribunes : quand on voit le déploiement de forces de police lors de ce PSG-Saint-Étienne, on se dit qu’ils pourront le refaire, pour assurer le maintien de l’ordre et empêcher 200 gars du Kob de venir ratonner des supporters au pied du virage Auteuil. Si un tel dispositif avait été mis en place face à l’OM, un drame aurait été évité.
Il faut punir les vrais coupables, des deux cotés. Agir avec sévérité, mais pas aveuglément, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui avec ces sanctions arbitraires. Des anciens membres des Supras ont déposé des plaintes avec l’aide de SOS Racisme. Il y avait des photos, une vidéo ou des agresseurs sont identifiés… Il n’y a pas eu de suite. Ce serait facile d’arrêter les coupables.
Quand plusieurs anciens Supras ont agressé un gars du Kob dans le métro, un procès a eu lieu. Les coupables d’Auteuil ont reçu entre 6 et 10 mois de prison avec sursis. Leur attitude était inacceptable, ils ont été condamnés, et c’est normal. Mais quand ils se sont fait frapper par des spectateurs au sein même de ce tribunal, il n’y a pas eu de suite. Ça c’est incompréhensible, et inacceptable.
La sortie de crise pose problème. Pour mettre fin aux contestations, il faut que les points d’achoppement soient aplanis. Les leaders du mouvement parisien issus du Kop of Boulogne martèlent la vision du club qu’ils n’accepteront jamais :
Pas celui où vous devez vous y prendre à deux fois en pleine semaine pour avoir votre billet, et sans savoir ou vous allez atterrir. Pas celui où l’on vous impose de venir avec seulement 3 amis, un enfant ou une compagne. Pas celui où l’on vous demande de vous asseoir car vous gênez deux rangs derrière la vision d’un gosse de 3 ans qui dort profondément. Pas celui où l’on vous impose une place car en bas c’est réservé aux poussettes et en haut a la fondation PSG qui chante « Allez l’OM »… Pas celui où l’on n’entend que les supporters adverses chanter.
Tant que ces conditions ne seront pas remplies, leur contestation vivra. Pour Simon, l’avenir s’annonce sombre, et cela concerne tout le monde :
Il faut que l’on parvienne à sortir de cette impasse. La situation actuelle ne doit convenir à personne : je ne crois pas que les dirigeants du PSG soient contents de l’affluence et de l’ambiance qu’il y a eu face à Saint-Étienne. Jusqu’ici, c’était pourtant une des bonnes affiches de la saison. Là, le Parc ne ressemble plus à rien. Quand ils réfléchissent aux petits matches du dimanche soir qui auront lieu par -5° cet hiver, les dirigeants ne doivent pas être très confiants.
On ne restera pas inactifs dans la contestation. Pour le moment, le mot d’ordre c’est le boycott du Parc. Mais ce sera en interne. La manifestation de Saint-Étienne a surtout permis de voir ce qu’on pourra faire ou ne pas faire pour protester. Mais quoi qu’il advienne, on agira avec discernement.
Ben fait quant à lui part de ses doutes :
Les solutions pour sortir de cette crise ? Je ne sais pas. Continuer la politique « familles » en quart de virages, peut-être. Mais que l’on rende les virages aux supporters, et pas aux spectateurs ! Si tu veux regarder le match, tu es mieux chez toi, à la télévision. En virage, tu es là pour profiter d’autre chose. Tu dois influer, être acteur. Les virages, c’est la bonne place pour créer l’ambiance, pas pour regarder le jeu. Un stade, ce n’est pas une salle de théâtre.
Dans ce combat, Ben déplore les tensions actuelles :
On a besoin d’une trêve autour du Parc. Il faut s’unir, mais parfois on dirait que personne ne veut le faire. Pour cela, des groupes comme Tous abonnés et Liberté pour les abonnés peuvent être la solution.
Constat que Christophe Uldry ne peut que partager :
Il n’existe aujourd’hui aucune liste de revendications claires, acceptées par tous. Le mouvement est scindé en plusieurs groupes : le Kob d’un côté, Auteuil de l’autre, et les sites Tous abonnés ou Liberté pour les abonnés à part, qui essayent de réunifier le tout.
Tant que les supporters parisiens ne parviendront pas à s’entendre, il sera délicat de lutter efficacement contre le plan Tous PSG, et encore plus de faire valoir ses requêtes. Paradoxe quand on sait que l’objectif initial du « nouveau virage du PSG » était justement, selon le discours du président Leproux, de forcer les supporters parisiens à vivre en bonne entente.
Le mot de la fin revenant à Simon :
Les sentiments qui prédominent aujourd’hui, c’est la colère, mais surtout une immense tristesse. Voir le Parc comme ça, l’année même où le club fête officiellement ses 40 ans, ça fait mal au cœur. Cela aurait pu être une année géniale, et au lieu de ça on assiste à un immense gâchis. Comme si le PSG était un club qui ne pouvait s’empêcher de se mettre tout seul dans la merde, dès que les choses devraient aller bien.
Un sentiment que l’on ne peut que partager, quelle que soit son opinion quant au plan Leproux.
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