Dès le premier match du tournoi de Paris, francefootball.fr s’était félicité d’une nouvelle ambiance : « Les tribunes n’étaient pas tout à fait pleines à craquer. Bien au contraire même. Mais l’état d’esprit convivial souhaité par les dirigeants parisiens était au rendez-vous. Un grand pas, déjà. » Depuis, les autres titres du groupe Amaury se sont mis à encenser à leur tour le nouveau Parc des Princes, avec un empressement plus que suspect. Rencontre avec une presse militante.
Scoop du JDD : les gens sont contre la guerre !
« Les Parisiens approuvent le PSG », titrait le Journal du dimanche la semaine dernière. Le chapô donne le ton : « Critiqué par les ultras, le plan antiviolence de Robin Leproux est massivement soutenu selon un sondage ».
Alimenté par un sondage commandé par le PSG, Solen Cherrier a demandé au PSG de réagir. Au terme de cette enquête sans concession, on apprend que les Franciliens sont massivement contre la violence et que, du coup, ils sont favorables à ce que soient prises des mesures permettant de lutter contre la violence. Et dire que l’AFP n’a pas repris un tel scoop !
De l’art de poser les questions
Les deux questions dévoilées par le JDD méritent le détour. Rappelons, en préambule, qu’il s’agit d’un sondage commandé par le PSG lui-même…
Plutôt que de gloser sur les 97 % de sondés qui ont répondu oui, Solen Cherrier devrait s’interroger au sujet des 3 % ayant répondu : « Non, le PSG ne doit pas prendre de mesures afin de lutter contre les violences qui opposent les supporters des tribunes Auteuil et Boulogne au Parc des Princes. »
Popularité des mesures
Le site officiel du PSG revendique 800 000 visiteurs uniques par mois, nous confiait le responsable du pôle médias du club en février dernier. Sa page Facebook réunit près de 300 000 membres. Et pourtant, malgré une présence sur la page d’accueil du site depuis plusieurs mois et une abondante communication — achats d’espaces publicitaires dans L’Équipe, le Parisien et sur Internet —, au 11 août, moins de 46 000 personnes l’ont signée. Le compteur à six chiffres présent sur la page d’accueil de PSG.FR est là pour rappeler que le club s’attendait à un score autrement plus important… De son côté, le site tousabonnes.com a réuni près de 14 000 signatures grâce au seul bouche à oreille.
Autrement dit, l’écrasante majorité de ceux qui suivent l’actualité du PSG et ont eu connaissance de la charte Tous PSG ont choisi de ne pas la signer. Et pourtant, elle est on ne peut plus consensuelle : « Nous voulons un Parc sans violence. […] Nous voulons pouvoir venir au Parc en famille, en couple, entre copains. » De tels résultats obligent à se poser des questions. Il ne faut pas compter sur le JDD pour cela.
Comment le Parc est devenu Disneyland en 3 mois
L’Équipe et le Parisien s’engagent
Ne comptez pas non plus sur le Parisien pour s’interroger sur les mesures du plan Tous PSG. Le quotidien a donné le ton le 9 mai dernier :
Le 1er août :
Le 7 août :
L’argument-massue est de sortie : il fallait faire quelque chose, le plan Tous PSG constitue quelque chose, donc il est parfaitement juste. Et en plus il est courageux ! Que demander de plus ?
La propagande de Damien Degorre
Après le premier match de la saison au Parc des Princes, PSG-Porto lors du tournoi de Paris, Damien Degorre avait trouvé un angle intéressant : son article, intitulé « Le Parc a bien changé », évoquait la nouvelle ambiance au stade.
Après le premier match de championnat au Parc des Princes, PSG-Saint-Étienne, Damien Degorre a trouvé un angle intéressant : son article, intitulé « Paris change d’air », évoque la nouvelle ambiance au stade :
Le Parc a changé et, pour ceux qui en doutaient encore, c’est pour le bien du club. Celui des familles, plus nombreuses à s’y rendre ce week-end, et qui, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau, étaient réparties indifféremment dans les deux virages sans générer un début de bagarre. Celui des joueurs aussi, et c’est là le paradoxe. Les saisons précédentes, lorsque les mauvais résultats s’enchaînaient, certains n’hésitaient pas à « se cacher » sur le terrain, de peur d’être pris en grippe par un public capable des ambiances les plus chaudes, dans la joie comme dans la colère. À trois reprises, seulement, la saison dernière, Paris a réussi à revenir au score après avoir été mené à domicile. Les cinq autres fois où l’adversaire avait marqué en premier, il s’était effondré autant sous le poids de ses insuffisances techniques que de celui d’un public intraitable sinon sévère. Quand les Verts ont égalisé, samedi soir, quelques minutes avant la pause, Paris aurait pu sombrer, dans la lignée des mois derniers. Mais ses joueurs ont continué à jouer, à tenter, à dribbler, à frapper, et la reprise en ciseaux victorieuse (avec l’aide de Janot) de Sessegnon a relancé la machine et réchauffé l’ambiance. […] Le président Robin Leproux est déterminé à ne pas sacrifier la problématique de la violence sur l’autel de l’atmosphère. Il trouve en son entraîneur un vrai porte-parole. La veille puis le soir du match, Kombouaré, toujours très à cheval sur le vocabulaire employé, répétait : « C’est important qu’il n’y ait pas d’insultes en tribune [1]. Pas de bagarres non plus. Et, finalement, on a vu des joueurs plus libérés. »
La veille, Damien Degorre répétait déjà la même thèse — question propagande, la répétition n’est jamais inutile :
Au fait, Damien Degorre, que s’était-il passé la semaine précédente, lors du tournoi de Paris ?
Si, par le passé, les virages se sont indéniablement illustrés par des pressions négatives voire malsaines, résumer leur comportement à cela est franchement réducteur. Ils étaient également coutumiers des encouragements massifs dès un but encaissé, et surtout loin d’être les seuls à siffler les joueurs, bien au contraire. Le phénomène de tête de Turc a toujours existé, et se fait d’autant plus entendre de la part de ceux… qui ne sont pas occupés à chanter de manière continue et jusqu’au boutiste. On rappellera au passage une banderole déployée à Auteuil il y a quelques années : « Siffler nos joueurs, c’est cracher sur nos couleurs ». Elle s’adressait, notamment, au public des latérales. Celui qui n’a pas été exclu du « nouveau Parc des Princes ».
L’absence de pression négative se fera-t-elle sentir positivement en cas de mauvaise période ? Possible. Mais il faudra attendre les premières défaites voire les premières « crises » pour le vérifier. Une chose est sûre : attribuer à l’absence des 13 000 abonnés la tentative de Sessegnon ou la reprise de Nenê ne relève de rien d’autre que de la propagande pure et simple.
Que certains journalistes, agacés par les violences et le racisme qui gangrènent la vie du PSG depuis trop longtemps, aient envie de croire au plan annoncé par Robin Leproux, c’est légitime. Mais leur insistance à déformer la réalité et à livrer à leurs lecteurs un tel prêt-à-penser interroge : si le plan qu’ils soutiennent était si parfait, pourquoi se sentent-ils obligés de mentir pour le faire adouber par le grand public ?
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Après PSG-ASSE, Antoine Kombouaré a tenu le discours que son président attendait de lui :
On était inquiets, on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Le public a bien répondu, il est bon enfant. On aimerait qu’il pousse plus quand on est en difficulté mais, dès que l’on marque, on le sent. Surtout, il n’y a plus d’insultes envers l’actionnaire et les joueurs sont plus libérés. Je suis super content.
Tout va bien, les insultes les plus entendues samedi soir n’étaient pas dirigées contre l’actionnaire, mais contre le Paris SG.
Le compte-rendu du match PSG-Saint-Étienne publié par slate.fr permet d’en savoir plus sur l’ambiance de ce week-end :
S’affiche alors sur les écrans géants une sorte d’applaudimètre en forme de tour Eiffel. « Faites du bruit ! » Mi-amusés, mi-affligés, les virages s’enflamment et retrouvent leurs bons vieux réflexes. C’est avec des sifflets et des « Enculéééééés » qu’ils participeront à la nouvelle animation du club vacances made in Leproux.
Après les sifflets envers Traoré et un supporter de l’OM contre Porto, les insultes envers l’arbitre face à la Roma puis les « Marseille on t’encule » entendus contre Saint-Étienne (sic) ou encore les « Enculé ! » scandés lors de chaque composition d’équipe, le nouveau public est définitivement bien plus « bon enfant » que l’ancien — qui dévorait sans doute trois enfants pendant chaque mi-temps, tout en insultant la mère de tous les journalistes présents au stade… Enfin, on imagine, comment expliquer un tel ramassis de n’importe quoi sinon ?
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