En six mois, le PSG a passé avec succès trois tours en coupe de la Ligue, deux en coupe de France et deux en coupe UEFA — tout en s’accrochant au podium de la Ligue 1. Un succès ? Pensez donc…
Pour réussir, il faut se faire éliminer
Vous vous souvenez forcément de ce qu’il s’est passé l’automne dernier. Paul Le Guen devant jongler avec un effectif assez réduit et certains joueurs plus tout jeunes, il faisait tourner régulièrement sa formation de base dans les coupes, et plus précisément en coupe d’Europe. Il s’en est suivi un énorme tollé, les articles ont fleuri dans les journaux pour expliquer que Paul Le Guen était suicidaire et qu’il dénigrait complètement la coupe d’Europe, tous les talk-shows sportifs débattaient — quoi que le terme n’est pas exact, puisqu’il faut que deux idées s’opposent pour qu’il y ait un débat — sur le fait que Paul Le Guen était le fossoyeur du football français, en perdant volontairement en coupe d’Europe et faisant chuter l’indice UEFA. Comme si l’entraîneur parisien était l’unique responsable de quatre années de mauvais résultats en coupe d’Europe. Depuis le PSG s’est qualifié tout de même, et malgré quelques tentatives désespérées de certains journalistes de L’Équipe et de RMC pour faire croire que ce sont les joueurs uniquement qui se sont qualifiés en désobéissant à leur criminel de coach, les critiques sont un peu retombées.
Mieux encore, devant le fait implacable que le PSG restait début février le seul club français encore engagé dans toutes les compétitions dans lesquelles il s’était inscrit, l’opinion journalistique a complètement changé ! Ne rêvez pas, ils n’ont pas avoué leur erreur de jugement initiale et n’ont pas reconnu que Paul Le Guen avait très bien géré toutes ces compétitions. Non dorénavant, jouer toutes les compétitions à fond, c’est mal.
Pour preuve, dès le 6 janvier 2009, Dominique Séverac écrivait dans le Parisien la chose suivante :
La logique voudrait qu’il en fasse un, la raison l’incite peut-être à ne surtout rien sacrifier. Si l’on se fie à Paul Le Guen, dont les résultats valident la philosophie, c’est en disputant à fond toutes les compétitions qu’un club tient debout, droit sur son idée directrice. C’est la fameuse dynamique de victoires. C’est ainsi que Paris s’est sauvé la saison dernière en puisant dans les coupes nationales (deux finales au Stade de France) la confiance qui lui manquait en championnat.
Mais aujourd’hui, en Ligue 1, il y a encore mieux que Paris, avec Rennes, un point de plus et une place au-dessus (34 points, 3e). Eliminés de la coupe de la Ligue et de la coupe UEFA, avec un banc quasi similaire à celui de Paris en qualité […], Rennes n’a peut-être pas fait exprès de choisir, mais s’est facilité la tâche sur la route qui le mène à son destin.
Faut-il tout jouer ? On surveillera en fin de saison le classement de ces deux équipes pour avoir un début de réponse.
Non ceci n’est pas une supercherie : alors que quelques mois plus tôt, les principaux reproches concernant Le Guen portaient sur le fait qu’il fallait faire jouer tout le temps son équipe-type pour gagner, maintenant on en vient à s’interroger sur le fait de jouer tous les coups à fond. Et l’exemple devient tout d’un coup Rennes, club qui a enchaîné les piteuses éliminations au début de chaque compétition, et qui s’est fait lamentablement sortir par Twente au premier tour de la coupe UEFA. S’ils l’ont fait exprès, en tout cas, ils ont bien fait semblant. Et c’est donc ce comportement qui devient aujourd’hui louable, puisque Rennes comptait alors un point d’avance sur le PSG. Depuis, le PSG a devancé Rennes en L1, et a passé deux tours en coupes (à Ajaccio et contre Lens), avant de tomber en demi-finale de coupe de la Ligue (contre Bordeaux). On ne saura effectivement qu’à la fin de saison si le choix est réellement payant, mais il est toujours amusant de constater que ce qui est un mauvais choix chez l’un — quoi que Le Guen n’a jamais voulu se faire éliminer d’une coupe quelle qu’elle soit — est bien calculé chez l’autre.
« Le PSG doit-il continuer à tout jouer ? »
Mais c’est bien le journal L’Équipe qui est allé le plus loin : dimanche 1er février pour son sondage du jour, la question était la suivante — faute d’orthographe comprise :
Le Paris SG doit-il continuer à jouer sur les quatres tableaux ? [2]
Cela devient donc une vraie grande question. Après avoir sous-entendu — à tort — pendant des mois que Paul Le Guen était un inconscient, voilà qu’on sous-entend toujours qu’il est inconscient, mais pour les motifs inverses ! Désormais, Paul Le Guen serait bien inspiré de sacrifier une compétition. Car la question qui est posée ici est bien celle-ci : le PSG doit-il volontairement perdre un match ? Alors que bien figurer en coupe d’Europe était une question d’éthique en octobre, en janvier perdre est une question de bon sens. Un quart des sondés ont tout de même répondu non à la question. Que voulaient ces personnes-là ? Que le PSG refuse de jouer sa demi-finale de coupe à Bordeaux ?
En lisant cela, et sans se victimiser à outrance — le site officiel de l’Olympique Lyonnais n’est pas notre modèle —, on peut légitimement se demander ce que doit faire le PSG et a fortiori Paul Le Guen pour être jugé positivement, la conclusion semblant être que se faire presque éliminer en automne, ce n’est pas bien, mais gagner en hiver, ce n’est pas mieux…
Et pour en finir avec ce faux débat qui prête à Le Guen des intentions qu’il n’a pas : il ne veut pas sacrifier de compétition, il souhaite juste ne pas trop fatiguer son effectif et impliquer tout son groupe. Depuis son arrivée au PSG, il a toujours officié de cette manière, et son bilan est plus que favorable : en appliquant cette méthode, en 2007, il est arrivé en huitièmes de finale de coupe d’Europe se faisant éliminer d’un cheveu par Benfica, et étant le club français ayant résisté le plus longtemps en coupe d’Europe cette année-là ; en 2008, il a gagné la coupe de la Ligue et est arrivé en finale de coupe de France ; cette saison, le parcours en coupes est également brillant. Il n’y a pas à chercher de failles dans cette histoire, la méthode appliquée reste bonne.