En janvier, le PSG a remporté cinq matches sur six. Cet excellent bilan s’est accompagné à la fois de la mise en place d’une équipe-type et d’un turn-over en coupes. Ainsi, au gré des indisponibilités, plusieurs questions ont fleuri dans la presse sur le positionnement et le statut de certains joueurs.
Rothen mis sur la touche ?
Le PSG a commencé son année 2009 par un match de coupe de France face aux amateurs de Montluçon — victoire un but à zéro. À la 75e minute du match, Paul Le Guen réalise alors quelque chose de complètement anodin et qu’un entraîneur fait en généralement trois fois par match : un remplacement. Il sort Jérôme Rothen et installe Fabrice Pancrate à sa place. Le fait est complètement insignifiant, mais ça n’empêche le Parisien dans son édition du 7 janvier 2009 de délirer complètement sur ce remplacement, par l’intermédiaire de Christophe Bérard et Frédéric Gouaillard :
Rothen est apprécié de l’entraîneur parisien. Pourtant, depuis le début de la saison, ses performances sont quelque peu décevantes (2 buts, 3 passes décisives). À la peine quand il s’agit d’éliminer un adversaire, Rothen se décharge sur Sessegnon pour l’animation de l’attaque. Ce n’est pas un hasard si la direction du club souhaite en priorité renforcer son milieu de terrain, avec une volonté déclarée pour le côté gauche. […] Et, surtout avec Sessegnon positionné à gauche, Rothen se verrait proposer un sérieux concurrent. Tout ce qui lui manque cette saison, et qui est à l’origine de ses prestations en demi-teinte selon certains membres du PSG. […] La tentation de positionner Sessegnon à sa place et Pancrate à droite, dans un schéma en 4-4-2, est bien réelle.
Ou comment faire croire à une révolution quand il ne se passe rien. S’il avait voulu réellement faire un test, peut-être Paul Le Guen aurait aligné cette composition d’équipe plus longuement que sur un quart d’heure, et face à une opposition un peu plus forte ? Et il nous vient une hypothèse qui peut sembler absolument saugrenue : peut-être que ce changement est tout simplement motivé par le fait que Rothen était jusque-là un des Parisiens ayant le plus joué cette saison, et que le faire souffler un peu plus que les autres était nécessaire. Surtout, il est important de rappeler que ce n’était pas une première : en effet, lors du match de coupe d’Europe face à Twente, Paul Le Guen avait déjà testé, réellement cette fois-ci, Sessegnon sur le côté gauche. Pour trouver une alternative à Rothen, puisqu’il n’a pas de remplaçant naturel, c’est évident, et pour le faire souffler également. Mais faire croire que le but est d’élaborer une équipe-type dont laquelle Rothen serait exclu, cela semble assez proche d’un remplissage de papier lors d’une semaine creuse en actualités — la crise Villeneuve n’avait pas encore eu lieu. Et avec le recul, on peut le dire d’autant plus facilement : depuis ce match, à chaque fois qu’il a été disponible, Jérôme Rothen a été titularisé par l’entraîneur parisien, et il a été un des joueurs les plus décisifs…
- {Le Parisien} du 7 janvier 2009
Le positionnement de Stéphane Sessegnon
Quoi qu’il en soit, le positionnement de Sessegnon côté gauche pose visiblement un réel problème aux journalistes du Parisien. Il y a un peu plus d’une semaine, après le match de coupe de France contre Ajaccio, Christophe Bérard déclarait la chose suivante à propos de Le Guen :
La semaine suivante, Rothen est suspendu contre Caen, Sessegnon est donc obligé de rejouer à gauche. Qu’en ont pensé Dominique Séverac et Sylvie de Macedo pour le Parisien ?
Ceci n’est pas sans nous rappeler ce qu’il se passait au début de l’automne : Paul Le Guen alignait Sessegnon à droite, et les journalistes du Parisien, déjà, décrétaient que c’était une erreur et que son meilleur poste était dans l’axe… avant de se rétracter devant les excellentes prestations du Béninois. Et si Sessegnon était tout simplement un joueur doué et intelligent, qui sait s’adapter à différents postes, qui refuse d’être cantonné à un seul endroit et qui ne perd pas ses repères dès lors qu’on le déplace d’une dizaine de mètres ?
Mais en dehors du Parisien, il y en a un qui n’a réellement rien compris au repositionnement de Sessegnon. Il s’agit de Christophe Josse, l’animateur de Jour de Foot sur Canal+. Il faut dire que Josse a des circonstances atténuantes. Il n’a pas toujours travaillé à Canal+. En 2000, il est parti rejoindre l’inénarrable service des sports de France Télévisions pour commenter la coupe de la Ligue en compagnie de Charles Biétry, symbole du journalisme de qualité et toujours impartial. En 2004, il prend une décision pleine de flair, il va commenter la Premier League sur la chaîne d’avenir TPS Star. Et pendant ce temps-là, il arrive à officier sur M6, où il côtoie des grands noms du journalisme sportif comme Alexandre Delperrier, Jean-Marc Ferreri, Christophe Dugarry et Frank Leboeuf. Tout ça avant de revenir à Canal+ ; mais après de telles rencontres, on comprend qu’il soit complètement bouleversé.
Du coup, quand il s’agit de présenter la rencontre PSG-Caen, Christophe Josse croit dénicher un scoop : il annonce que Paul Le Guen a tranché dans le vif, et qu’il a changé une équipe qui gagne. Chose invraisemblable, Le Guen a titularisé Luyindula à la place de Rothen, Sessegnon joue à gauche, et Rothen sort de l’équipe — ce sont ses mots. Au contact des plus grands, Josse a probablement oublié la base des bases quand on parle d’une composition d’équipe : toujours regarder le petit encart qui annonce les suspendus dans le journal L’Équipe. Il y aurait alors trouvé le nom de Rothen, et aurait probablement évité de jouer les sensationnalistes en laissant sous-entendre un clash entre Rothen et son entraîneur.
Mais il est vrai que, pour certains, le métier de journaliste est terriblement difficile : ils doivent parfois parler pour ne rien dire. On ne va pas en plus leur demander d’être honnêtes et de vérifier leurs informations.