La vente du PSG
À quel prix le PSG a-t-il été vendu ? « Le prix de vente n’a pas été communiqué, indique le Parisien. Il est en fait de 40 M€, desquels il faut soustraire près de 30 M€ (dont 20 M€ de traites à rembourser à la banque Natixis) pour obtenir le montant des bénéfices nets de la vente touchés par Colony Capital. Soit environ 10 M€ ! Colony Capital (28 %) et Butler Capital Partners (2 %) restent actionnaires minoritaires. » De son côté, L’Équipe croit savoir que « déduction faite des dettes du club, proches de 20 M€, l’opération ne rapporterait que 17 M€ à Colony, loin des 100 M€ dépensés depuis 2006 et en attendant le chiffrage définitif des pertes pour la saison 2010/2011. L’investissement n’est donc pas spécialement rentable pour Colony, qui espère se rattraper sur deux fronts : la gestion longue durée du Parc des Princes, dont le bail pourrait lui être attribué en septembre par la mairie de Paris (propriétaire du stade), et la vente des 29 % d’actions qu’il lui reste, Butler Capital Partners conservant 1 %. » Des informations à prendre avec infiniment de pincettes, compte tenu des lacunes habituelles de la presse spécialisée sur ce genre de sujets. Quelques rappels : ni L’Équipe ni le Parisien n’ont appris que Colony Capital n’était plus actionnaire du PSG à hauteur de 95,8 % depuis décembre 2009 ; ils n’ont pas non plus découvert que la vente du PSG par Canal+ en 2006 prévoyait des compléments de prix ; enfin, et surtout, leurs articles sur la situation financière du PSG mélangent tout et n’importe quoi. Or une réelle estimation des « bénéfices nets de la vente » nécessite de distinguer au moins les dettes et les résultats comptables du PSG, ce qui n’est pas le cas du Parisien.
Les Qataris prendraient bientôt 100 %. « Initialement, Colony disait vouloir rester jusqu’en 2015 dans le capital du club. En fait, Qatar Sports Investments pourrait devenir propriétaire à 100 % dès que Colony aura réglé le dossier du Parc », indique L’Équipe ce vendredi. Nous vous révélions ce changement de stratégie de la part des Qataris dès le 17 juin dernier : « Alors que la vente de 70 % du capital du PSG n’est pas encore actée, selon nos informations, les investisseurs qataris envisageraient finalement de racheter l’intégralité des parts de Colony Capital. Le groupe dirigé en Europe par Sébastien Bazin souhaiterait toutefois conserver ses parts au moins d’ici l’attribution du bail emphytéotique du Parc des Princes. »
Quelles ambitions ? « Notre objectif est d’abord de participer à chaque Ligue des champions dès 2012, explique Nasser al-Khelaifi dans L’Équipe. Ensuite, à partir de 2015, on aspire à jouer un rôle majeur dans cette compétition. […] Le titre de champion de France dès cette saison ? (Il sourit.) On veut être en Ligue des champions la saison suivante, donc il faudra bien finir parmi les trois premiers du championnat. Après, oui, tous les clubs rêvent d’être champions. Mais la priorité sera d’être chaque année en C1. […] Nous sommes venus au PSG pour investir dans le club et les achats de joueurs, c’est évident. Aujourd’hui, nous négocions avec différents joueurs et ces discussions doivent rester confidentielles. Je peux juste vous dire une chose très importante : on sait comment dépenser notre argent. On n’est pas là pour jeter l’argent par les fenêtres, mais pour réaliser des investissements réfléchis et efficaces. […] Des joueurs comme Eto’o et Kaka pourraient-ils signer désormais au PSG ? Ce sont des grands joueurs, des légendes du football, même. Mais aujourd’hui, on veut surtout le nouveau Messi. On ne cherche pas à recruter Lionel Messi, mais on veut investir dans les très grands talents de demain. Et, parmi eux, il y aura des joueurs français. »
Quelles ressources financières ? « Le budget de la nouvelle saison, qui débute aujourd’hui, va largement dépasser le montant des 100 M€, estime le Parisien. Il pourrait même atteindre les 160 M€ si, comme on le murmurait ces dernières heures, l’enveloppe de recrutement gonfle à hauteur de 80 M€. La veille on évoquait une somme d’au moins 50 M€. » L’Équipe fait également état de chiffres réévalués à la hausse : « Lors de leur retour devant la DNCG, avant-hier, les nouveaux propriétaires du club ont présenté un budget revu à la hausse. Initialement de 80 M€, il s’élèverait désormais à 150 M€, la différence provenant de la somme qui pourrait finalement être investie, cet été, sur le marché des transferts », croit savoir le quotidien sportif. S’ils sont impressionnants, ces chiffres sont toutefois très peu précis : au sens strict, le budget est une prévision. Généralement, par « budget », la presse spécialisée entend « le montant des dépenses prévues pour la saison », ce qui exclut les indemnités de transferts versées pour recruter des joueurs — qui ne sont pas considérées comme des dépenses mais comme des investissements, et n’ont donc pas d’impact direct sur le résultat net [1]. Par ailleurs, ni L’Équipe ni le Parisien ne s’aventurent à indiquer si « l’enveloppe de recrutement » intègre le montant des transferts que le PSG percevrait cet été avec le départ de quelques uns de ses joueurs actuels, ou encore le transfert de Kevin Gameiro (11 M€).
Combien de temps QSI compte-t-il rester au PSG ? « Nous sommes très heureux d’acheter 70 % du PSG. C’est un grand moment, s’est réjoui Nasser al-Khelaifi dans une interview accordée à L’Équipe, où le futur patron du PSG se montre bien plus bavard que dans le Parisien. Je sais que notre arrivée suscite beaucoup d’espoirs autour du club. Sachez que, nous aussi, nous sommes emplis d’espoirs. On est ici avec des objectifs et des stratégies bien définis. On veut amener le PSG très haut. […] Nous avons défini une première stratégie pour les cinq prochaines années. On n’est pas là sur du court terme, mais vraiment sur du long terme. Le PSG a un potentiel énorme : c’est quand même le seul club d’une capitale dont l’agglomération compte 12 millions d’habitants. C’est quelque chose d’unique en Europe.[…] L’organisation de la coupe du monde 2022 par le Qatar ? Les deux dossiers n’ont rien à voir. On est au club d’aujourd’hui jusqu’à… toujours ! Il n’y a pas d’échéance fixée pour la revente du PSG. Dans dix ans ? Vingt ans ? Je n’en sais rien. Je répète, c’est un engagement sur du très long terme. »
Les nouveaux dirigeants du PSG
Quelle implication pour le prince héritier Tamim bin Hamad al-Thani ? « En tant que président de Qatar Investment Authority, il est chargé de tous les investissements du pays à l’étranger, répond al-Khelaifi au Parisien. Sur ce dossier, on fait ce qu’on doit faire, mais il suit de près. Cela lui tient à cœur. Il adore Paris et le PSG. » L’Équipe estime que « les nombreux textos qu’[al-Khelaifi] reçoit du cheikh Tamim auront désormais valeur de feu vert sur des grandes opérations du PSG ».
Quelle gouvernance pour le PSG ? En août 2006, à l’arrivée de Colony Capital, la SASP Paris Saint-Germain Football était gérée par un conseil d’administration, présidé par Alain Cayzac. En septembre 2009, la société a changé de gouvernance, optant pour une administration par directoire et conseil de surveillance, dont les présidents sont respectivement Robin Leproux et Sébastien Bazin. Ces dernières semaines, un retour au conseil d’administration avait été évoqué. Les précisions qu’apporte le Parisien ce vendredi ne sont guère utiles : « [Les nouveaux propriétaires du PSG] conservent la structure juridique actuelle, conseil de surveillance-directoire, même si un passage en conseil d’administration n’est pas à exclure. »
Quel rôle pour Nasser al-Khelaifi ? « Je suis le président du conseil de surveillance à la place de Sébastien Bazin », aurait assuré Nasser al-Khelaifi au Parisien « quelques minutes seulement après avoir signé l’acte de vente », en tout début d’après-midi. « Je n’ai pas encore été nommé officiellement président du conseil de surveillance », aurait au contraire répondu le Qatari à L’Équipe « en milieu de journée », donc après l’interview accordée au quotidien francilien. « J’ai beaucoup d’activités en France et à Paris, précise encore le patron d’Al Jazeera Sports. Mais je ne vais pas venir y vivre. Même si j’aime beaucoup cette ville, je n’aurai pas un rôle au quotidien au club. »
Qui dirigera le PSG ? Jusqu’à présent, le conseil de surveillance du PSG réunissait Sébastien Bazin, Serge Platonow, Guillaume Kuperfils, Frédéric Favreau, Patrick Sayer, Patrice Clerc, Christophe Chenut et Marie-Luce Geahchan. Par ailleurs, Colony Capital, Walter Butler, Alain Cayzac, Annie Lhéritier et Charles Talar assistaient aux réunions en qualité de censeurs. Ce vendredi, le Parisien assure que « le conseil de surveillance, présidé par Nasser al-Khelaifi, a été réduit à cinq personnes au lieu d’une quinzaine aujourd’hui. Outre al-Khelaifi, on trouve Sophie Jordan, l’avocate de la chaîne Al Jazeera, qui a aussi mené les négociations de l’achat du PSG, et un certain Abdel Mohd Mustafawi. Simon Tahar, le président de l’association PSG, garde une petite chance d’y figurer. Avec les départs forcés de Sébastien Bazin, de Walter Butler et d’Alain Cayzac, il serait l’unique lien entre le passé et l’avenir du club. » L’Équipe dispose des mêmes informations : « Alors que les douze membres du conseil de surveillance ont envoyé leur lettre de démission, le prochain conseil, présidé par Nasser al-Khelaïfi, devrait compter cinq membres au maximum, dont Sophie Jordan, l’avocate des Qataris, et Simon Tahar, le dernier survivant des “historiques”. Hier, le président de l’association PSG a d’ailleurs signé une nouvelle convention de cinq ans régissant les rapports de son entité avec la SASP, désormais aux mains de QSI. » Pour rappel, l’association est le détenteur du numéro d’affiliation du club à la FFF ; la loi exige qu’une convention encadre les relations entre les deux structures, permettant à la SASP de participer aux compétitions au nom de l’association. À noter enfin que, jusqu’à aujourd’hui, les statuts de la SASP prévoyaient que les rapports du directoire et les observations du conseil de surveillance soient obligatoirement communiqués à l’association.
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