Au 30 juin 2010, Colfilm SAS — la holding du PSG — était endettée de 24 M€ à l’égard de Colony Capital. Il s’agit de l’argent prêté par le fonds d’investissement américain aux entreprises du « groupe PSG ». Intéressons-nous désormais aux différentes dettes de chacune de ces sociétés entre elles et vis-à-vis de Colfilm SAS.
La dette de la SASP Paris Saint-Germain Football
La HSE SA, holding de la SASP, a procédé à deux versements au profit de sa filiale durant la saison 2009/2010 : un premier de 8,8 M€ le 23 décembre 2009, puis un second de 9,0 M€ le 17 juin 2010.
Le 11 mai 2010, le conseil d’administration de la HSE SA a décidé d’abandonner 5 M€ de créance sur la SASP « afin de [lui] permettre de reconstituer ses capitaux propres » [1], qui diminuent chaque année du montant du déficit comptable.
Au 30 juin 2010, la dette de la SASP à l’égard de la HSE SA était de 15,9 M€. Elle est rémunérée au taux Euribor 12 mois (1,25 % au 4 janvier 2010) majoré de 0,60 % ; cela représente une charge d’intérêts de 215 K€ au titre de la saison 2009/2010.
À noter que l’augmentation de capital de la SASP d’un montant de 18 M€ en juin 2010 n’a pas donné lieu à une rentrée de trésorerie équivalente : seul le minimum légal, soit 4,5 M€, a été « libéré », c’est-à-dire versé. Si la SASP est endettée à l’égard de la HSE SA, elle est donc également détentrice d’une créance de 13,5 M€ sur sa maison mère, qui devra être soldée d’ici juin 2015 au plus tard.
La dette de la Sese SA
Lors du rachat du « groupe PSG » par le trio Colony Capital-Butler-Morgan Stanley en 2006, Canal+ a cédé pour 1 € à la HSE SA la créance de 13,5 M€ qu’il détenait sur la Sese SA.
Au 30 juin 2010, la Sese SA avait une dette financière de 6,3 M€ à l’égard de la HSE SA — contre 8,2 M€ un an plus tôt. Un avenant signé le 1er juillet 2010 entre les deux entreprises prévoyait toutefois que « la HSE SA ne demandera remboursement de ce compte courant qu’en cas de perte de lien direct ou de procédure collective », c’est-à-dire en cas de revente ou de placement sous contrôle judiciaire de la Sese SA. En 2009/2010, la Sese SA a supporté 135 K€ de charges d’intérêts.
La dette de la HSE SA
La dette contractée par la HSE SA — la holding de la SASP et de la Sese SA — à l’égard de Colfilm SAS augmente de 15 M€ par an en moyenne : elle s’élevait à 13,0 M€ au 30 juin 2007, 28,9 M€ en 2008, 37,4 M€ en 2009 et finalement 59,3 M€ en 2010. À noter toutefois que la convention de trésorerie liant les deux sociétés prévoit que le remboursement est « conditionné à la perte de tout lien direct ou indirect de capital avec l’autre société ».
La hausse de 22 M€ durant l’année dernière s’explique notamment par l’augmentation de capital de la SASP de 18 M€, intégralement souscrite par la HSE SA. En 2008/2009, la hausse de 8,5 M€ trouvait déjà son explication dans une avance de trésorerie permettant l’augmentation de capital de la SASP de 6,2 M€.
Cette dette est rémunérée au taux Euribor 12 mois (1,25 % au 4 janvier 2010) majoré de 0,60 % ; en 2009/2010, elle a ainsi généré 1,2 M€ de charges d’intérêts pour la HSE SA, augmentant d’autant le montant global de la dette.
Une trésorerie précaire
Dans leur dernier rapport annuel — daté du 30 novembre 2010 — comme dans les précédents, les commissaires aux comptes chargés d’auditer le PSG soulignent : « Nous attirons votre attention sur […] la note 8 “continuité d’exploitation” de l’annexe. » Celle-ci porte sur les relations entretenues par les différentes entreprises entre elles : « Le financement de la société est assuré par des prêts et/ou avances en compte courant accordés par le principal associé, est-il précisé dans les comptes annuels de chacune des sociétés du « groupe PSG ». Si cet associé venait à demander le remboursement de ces prêts et/ou avances, l’application du principe comptable de continuité d’exploitation pourrait s’avérer inapproprié à la situation de l’entreprise. » Une façon pudique de rappeler que le « groupe PSG » est intégralement dépendant de la bonne volonté de ses actionnaires, qui pourraient mettre le club en faillite s’ils exigeaient leur dû.
Les sociétés luxembourgeoises du groupe Colony Capital, qui accordent un prêt à Colfilm SAS pour que celle-ci alimente à son tour la trésorerie de ses filiales, se sont ainsi régulièrement engagées depuis 2006 à ne pas solliciter de remboursement avant une échéance supérieure à dix-huit mois, pour assurer que les entreprises du « groupe PSG » n’étaient pas menacées de cessation de paiement.
De manière similaire, la SASP avait obtenu la saison dernière une lettre de soutien de sa maison mère — la HSE SA — visant à ce que ses capitaux propres soient positifs au 30 juin 2011, et s’engageant à « subvenir aux besoins de trésorerie que la SASP ne saurait couvrir par elle-même ».
Autres moyens de financement
Pour faire face à ses besoins de trésorerie, le PSG a eu recours à deux types de financement classiques : une avance sur chiffre d’affaires, et l’ouverture d’une ligne de crédit.
Une avance de trésorerie de la part de Sportfive
En août 2009, le PSG a touché 10 M€ d’avance de chiffre d’affaires de la part de Sportfive, conformément à un accord signé le 30 juin entre les deux entreprises.
Ce montant sera déduit des reversements de chiffre d’affaires bruts dus au club parisien au titre des saisons 2011/2012 à 2018/2019 dans le cadre de l’externalisation au sein de la filiale de Lagardère du sponsoring et des relations publiques du PSG.
Un crédit revolving souscrit à Natixis
Le 17 avril 2008, la SASP a signé une convention de trésorerie avec Natixis pour bénéficier d’une ligne de crédit de 12 M€ — c’est-à-dire la possibilité d’emprunter jusqu’à ce montant-là —, dont le remboursement a été plusieurs fois rééchelonné, comme l’a indiqué le Parisien. Mais la situation a évolué récemment, sans que le quotidien francilien n’en soit informé : le 25 novembre 2010, un avenant à cette convention a été conclu, permettant d’augmenter de 15 M€ le montant du crédit, qui atteint ainsi 27 M€.
En garantie, Colfilm SAS — la holding de la holding de la SASP — a donné en nantissement l’intégralité de sa participation dans la HSE SA, qui a elle-même donné en nantissement l’intégralité de sa participation dans la SASP. Autrement dit, si la SASP ne pouvait pas rembourser la banque, celle-ci deviendrait l’unique propriétaire du PSG. Initialement, la ligne de crédit de 12 M€ était garantie par une cession Dailly des créances du PSG sur la LFP au titre des droits TV des saisons suivantes.
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