La perspective a tout pour enchanter les bas instincts des supporters en tout genre. Depuis des années, aux divers aléas sportifs du PSG sont régulièrement associés des termes peu ragoutants comme déficits, enveloppe de recrutement inexistante, masse salariale à diminuer, valeur marchande des joueurs… Bref, que des concepts dont les amateurs de football ne devraient pas avoir à se soucier. Alors imaginer qu’un émir qatari puisse arriver avec toute sa fortune, et dépenser sans que le PSG ait à se soucier perpétuellement de ne pas se mettre dans le rouge peut amener des rêves de grandeur. Après tout, le football tend de plus en plus à être dominé par le business, alors autant en avoir les bon côtés et s’amuser un peu. Il ne sera plus question de négocier pendant trois mois pour arracher Siaka Tiéné à Valenciennes, mais bien de recruter les meilleurs joueurs possibles, d’avoir quantité et qualité dans l’effectif, et les résultats qui vont avec… Enfin, peut-être.
Car tout le problème est là, les expériences effectuées dans d’autres pays — et même les lubies de Canal+ avec le PSG — ont bien montré une chose : les grands clubs ne se construisent pas uniquement à coup de millions investis. Encore faut-il les utiliser à bon escient et ne pas croire qu’une grande équipe s’achète de A à Z en s’abstenant de réfléchir sur le long terme. Nombre de riches investisseurs ont cru qu’il suffisait de sortir le chéquier, et de cumuler les joueurs de renoms, pour tout gagner. Cela a parfois frisé avec le ridicule, avec des effectifs complètement bancals et des résultats très approximatifs — on peut songer à Manchester City actuellement. Le tout pour des sommes investies bien loin de la réalité du marché. Chose qui au PSG ne manquerait pas d’alimenter tout sorte de critique.
Surtout, il est important d’observer que toutes les équipes qui ont vécu une folie dépensière n’ont jamais été aussi performantes que lorsque le propriétaire, las, a décidé de fermer les vannes. En France, l’exemple marseillais est le plus parlant. Tant que Robert Louis-Dreyfus investissait massivement, les politiques sportives les plus abracadabrantesques se succédaient. Quand celui-ci a décrété que le club devait s’autofinancer, les hommes en place se sont enfin mis à réfléchir sur le long terme, et ont construit petit à petit quelque chose de solide, pour arriver à constituer une équipe solidement ancrée dans le haut du tableau, plusieurs saisons d’affilée, et décrocher au final un titre de champion.
Plus généralement, si le fait d’être rigoureux financièrement peut s’avérer frustrant pour le spectateur, il n’empêche que cela peut diminuer le nombre d’erreurs spectaculaires. Imaginez si l’été dernier Paris avait eu les coudées franches : Sylvain Marveaux aurait été acheté 15 M€ à Rennes, et Nenê serait resté à Monaco ; Pape Diakhaté serait venu faire ses boulettes hebdomadaires pour 8 M€ pendant que Sylvain Armand serait toujours un arrière gauche remplaçant… De la bidouille peuvent sortir parfois les solutions les plus efficaces.
Il faut aussi pouvoir supporter les lubies de ce fameux actionnaire, et voir quel en est le prix à payer. Un exemple a été énoncé récemment, avec la rumeur concernant la famille royale du Qatar : celle-ci voudrait se servir des structures du PSG afin d’en faire un centre de formation pour internationaux qataris. Alors même qu’un des incontestables succès des dernières années est la progression constante de la formation parisienne, il faudrait opérer un virage à 180 degrés. Ce genre de volonté n’assure de plus aucune pérennité pour le club, et il faut bien se dire qu’une fois qu’il aura fini de faire joujou, le riche actionnaire partira comme si de rien n’était, et ne laissera derrière lui qu’un champ de ruines, pour peut-être quelques années fastes.