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Le carnet du supporter, par Arno P-E

[Billet] Silence, ça tourne !

Quand le nouveau virage fait un tout droit

jeudi 26 août 2010, par Arno P-E

[Billet] Silence, ça tourne !

Ce qu’il y a de rafraîchissant avec les présidents qui se succèdent à la tête du PSG, c’est que tous débarquent avec l’intime conviction qu’eux au moins, ils parviendront à redresser la barre du navire parisien. Changer de cap, et mener enfin le club vers les eaux riantes de la victoire. Et là, avec son nouveau virage, notre grand timonier de Leproux a vu fort…

Sauf que trois journées de championnat plus loin, il y a comme un hic. Et il ne s’agit même pas du boycott des tribunes, initié par les anciens leaders du Parc. La baisse de fréquentation, certes conséquente, avait été prévue par les dirigeants. Pas d’étonnement de ce côté-là. Mieux : Leproux voulait se débarrasser des éléments gênants parce que violents, ou trop revendicatifs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que de ce point de vue, ses plans dépasseraient presque ses attentes. Les pertes financières dues au départ des 12 000 victimes collatérales étant à terme plus ou moins compensées par la hausse du prix des places, tout va pour le mieux dans le planning présidentiel, merci pour lui.

Non, là où je perçois comme un dérapage dans la trajectoire prévue par notre amateur de lynx de président, c’est plus au niveau de la gestion sportive. Pourtant, j’imagine que tout avait été prévu depuis longtemps. Vous savez, dans une de ces réunions au sommet, là où les stratégies les plus complexes s’élaborent en secret. Des dirigeants habitués à gérer les destinées d’empires financiers préparent des plans machiavéliques avec trois coups d’avance sur le commun des mortels.

Remontons donc quelques mois en arrière.


Un soir de juin 2010, quelque part au siège du PSG, dans un bureau que la nuit a envahi depuis longtemps. Quand les cravates avaient été desserrées et que seul le café portait encore nos décideurs. Leproux, le visage rougi par la concentration et l’excitation, assis en bout de table, donnait ses dernières directives.
— Bon, alors pour les tribunes, c’est réglé ! Maintenant, voyons pour l’équipe.

Michel Mimran, perdu dans ses rêves de directeur marketing, une ombre de barbe déjà naissante, redressait soudain la tête :
— Alors pour l’équipe, j’ai une idée. On pourrait demander aux joueurs de rentrer sur le terrain déguisés en lynx, et après…

Leproux leva la main pour interrompre le flot, et dévisagea Mimran d’un œil surpris. Pourquoi ne pouvait-il empêcher l’ombre d’un doute de l’envahir à chaque fois que son spécialiste du marketing lançait une de ces idées qui l’avaient rendu célèbre ?
— Merci Michel, mais je parlais du recrutement là. Avec l’entraîneur… Antoine, comment vois-tu les choses ?
— C’est simple, pour rééquilibrer le groupe, il me faudrait au minimum un milieu offensif gaucher, un récupérateur, et deux défenseurs…
— Très bien… Tu as des noms ?
— Bah, j’avais pensé à Germain, interrompit Mimran. Germain le lynx. Parce que en fait, Germain, ça fait un jeu de mots avec Saint-Germain. Comme Paris Saint-Germain ! Pas bête, non ?

Leproux eut un sourire gêné.
— Vas-y Antoine… Je crois que maintenant, nous t’écoutons tous.

Dépliant avec soin un papier sorti de la poche de son costume, Kombouaré hochait tristement la tête qui le rendit célèbre.
— C’est la liste que je vous ai envoyée la semaine dernière, vous vous souvenez ?
— Ah, oui, c’est vrai, répondit le président Leproux, qui surveillait du coin de l’œil la discussion engagée entre Mimran et Alain Roche. Donc tout est parfait !
— Mais, interrogea l’entraîneur, je croyais que nous n’avions plus d’argent dans les caisses ?
— Non, cela va s’arranger, j’ai tout prévu. Une super idée, toute bête : on va vendre quelques joueurs ayant un gros salaire pour faire des économies ! Comme cela, tout ira bien.

Le visage impassible, Kombouaré reposa son verre d’eau, la gorge soudain un peu trop nouée.
— Et comment fait-on si par exemple Rothen et Kezman ne veulent pas partir ?
— Ne t’inquiète pas Antoine, rassura Leproux. On veut qu’ils quittent le PSG, ils quitteront le PSG.
— Si ça s’éternise, on saura leur scotcher une petite interdiction de stade, susurra le responsable de la sécurité, passant une langue serpentine sur ses fines lèvres serrées. Ça s’est déjà fait sans souci…

Leproux sursauta sur sa chaise. Mais comment l’écailleux directeur de la sécurité faisait-il pour apparaître comme ça d’un coup, sans que l’on n’entende rien ?
— Euh… Inutile Jean-Philippe, inutile. Un simple transfert suffira.
— Mais, insistait Kombouaré d’un air triste, ce n’est pas si simple que cela : ils ont de gros contrats, ils voudront rester !
— Pas grave, répondit Leproux d’un haussement d’épaules : dans ce cas on transfèrera Traoré à la place. Si ça peut vous aider à recruter votre Bisevac là…

Le coach épongea son front mythique.
— De toutes manières, je connais le président Decourrière, de Valenciennes : on aura du mal à faire venir Bisevac à Paris. C’est quasi impossible…
— Pourquoi ne pourrait-il pas venir au Parc ?, s’étonna Mimran en balayant d’un œil papillonnant la salle de réunion. Il n’a pas sa carte Tous PSG ?
— Michel, vous êtes sûr que vous ne voulez pas aller vous coucher ?, demanda Leproux d’une voix un peu trop calme. Je crois que votre démonstration de vuvuzelas vous a un peu fatigué…
— Je vous assure qu’elle nous a tous épuisés, souligna le directeur de la sécurité.
— On peut en revenir à l’enveloppe des transferts, s’il vous plaît, implora Kombouaré. Parce que là je me demande si…
— Tatata !, coupa Leproux, dont le sourire se crispait alors qu’Alain Roche accompagnait Mimran et sa peluche « Mickey-supporter » en dehors de la salle. Pas d’inquiétude Antoine, pas d’inquiétude. Avec les départs de joueurs trop payés, et ceux des supporters qui mettent la pression, tout va changer ! Nous allons prendre un virage qui insufflera une force mentale à votre groupe : vous ne les reconnaîtrez plus ! C’est moi qui vous le dit.


Retour au 26 août, J-5 avant la fermeture du mercato… Ouille, saleté de décalage spatio-temporel. Un peu la gueule de bois. Et ce sentiment diffus qui vous colle au crâne comme un chewing-gum sous un fauteuil du métro… L’idée vague qu’un truc n’a pas complètement fonctionné dans le super plan de nos dirigeants. Pourtant, refourguer à des clubs en pleine crise financière des joueurs dont on n’arrête pas de dire qu’ils n’ont pas le niveau, sachant que s’ils restent ils continuent de toucher des salaires faramineux, ça semblait si simple.

Mais là, est-ce que c’est la victoire bordelaise acquise dans le temps additionnel, j’ai comme dans l’idée que le nouveau virage du PSG, au niveau sportif, il ressemble un peu à un tout droit… Comme si au fond, rien n’avait vraiment changé. Faudra que le PSG ait la bonne idée de se qualifier ce soir face à ces Israéliens que l’on n’a jamais éliminés. Histoire de faire tourner la roue, un peu… Parce que sinon, vous allez voir que si ça continue, c’est pas demain que l’on verra Traoré partir pour un voyage extraordinaire. Et sans retour.

P.-S.

Crédit illustration : StudioCanal

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16 votes

5 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    why not
    26 août 2010 13:43

    Merci pour ce billet plein d’humour, mais peu être que ça c’est réellement passé comme ça.

  • #2

    scootlard
    26 août 2010 15:25

    Mdr Michel Mimran !!! C’est triste mais je préfere rire de la situation du psg sinon c’est un coup a faire de la dépression.

  • #3

    svant71
    26 août 2010 19:14

    Je visualise tres bien la scene :’-)) le pire c’est qu’on doit pas etre loin de la verité !!!

  • #4

    Amirage
    26 août 2010 23:31

    Très beau billet a faire regretter que ce site n’ai pas son studio hollywood pour voir ce que ça aurait donné à l’écran. Bon ok je vais un peu loin mais quand même ça ferait une belle matière première pour des sketch de type les inconnus sur la 2 ou Kamelot sur la 6. Enfin bon maintenant avec tout ça j’ai presque l’impression que le PSG a Bohort en guise de directeur marketing, persevalchelli à la tête du club. (un mixte entre perseval et Filouchelli le fameux président de club de foot d’un sketch des inconnu).

  • #5

    Arno P-E
    27 août 2010 00:23

    Mimran - Bohort, rien que de s’imaginer le truc, c’est à mourir de rire `Mort de rire. Bien vu !

    Le jour où on aura une web-radio, tu viendras nous aider à bruiter les différentes voix Clin d'oeil ?

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