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Un autre regard sur le documentaire de Canal+

Le DVD des 40 ans du PSG, séquence émotion

Un documentaire malhonnête mais indispensable ?

samedi 15 mai 2010, par Arno P-E

Le DVD des 40 ans du PSG, séquence émotion

Dans un précédent article, nous pointions du doigt les lacunes, voire les malhonnêtetés, du documentaire de Canal+ consacré aux 40 ans que le PSG célèbrera officiellement cet été. Aujourd’hui, PSGMAG.NET revient sur ce reportage, mais avec un autre œil. C’est notre séquence émotion…

Oui, le documentaire réalisé par Canal+ présente maints aspects très critiquables. Pourtant, il fera date chez les supporters du PSG. Explications.

Une vision passionnelle

On a raison d’attirer l’attention sur le manque de rigueur historique du documentaire PSG, 40 ans de fièvre. Les silences et les focus peu flatteurs qui dessinaient un portrait orienté du PSG ne sont sans doute pas tous dus au hasard. Mais cet axe d’analyse n’est pas le seul possible. Le titre du reportage l’indique d’ailleurs : il ne s’agit pas de dresser un tableau fidèle des événements les plus marquants de la vie du club, mais de rappeler tout ce que le PSG a pu offrir d’émotions depuis quarante ans. 40 ans de fièvre. Et quand on visionne le film dans cet état d’esprit, le bilan se révèle bien plus positif.

Premières images, première controverse [1] ? Non, le PSG n’a pas vu le jour face à Valenciennes, et oui il aurait aussi fallu parler de la scission entre le PSG et le Paris FC, en 1972. La trahison des uns, le nouveau départ des autres, cette affaire méritait de l’attention. Plus que Marseille, le véritable ennemi héréditaire du PSG, c’est le Paris FC ! Et pourtant, le documentaire commence avec le match de l’accession à la D1, en juin 1974… Alors, erreur ? Déception ? Travestissement ?

Rien de tout cela ! L’idée de ce film, c’est que d’entrée le supporter du PSG est pris à la gorge. Un coach, Just Fontaine, qui prévient ses joueurs d’une voix calme : que ceux qui ne veulent pas gagner le disent, ils resteront chez eux. Et le PSG, contraint de gagner par deux buts d’écart, qui se voit mener 1-2 en début de seconde période…

Ce choix éditorial c’est celui de la passion, de la folie. Alors oui, l’histoire est autre, et il avait déjà fallu remonter en D2 puis finir second du classement pour que le PSG en arrive à jouer sa tête contre Valenciennes. Mais franchement, commencer par Dogliani qui court au but, et Fontaine qui manque de claquer sur la pelouse à la fin du match, cela n’a-t-il pas une autre gueule ?

Bien sûr que sacrifier la vérité à la légende est dangereux. Mais une fois cette duperie établie, n’a-t-on pas aussi le droit de rêver ? La routine d’un club de football, aussi enfiévré soit-il, userait la passion de l’amoureux le plus transi. Mais pour relancer un couple, une petite soirée où un éclairage tamisé atténue les quelques défauts apparus avec l’âge, cela ne fait pas de mal non plus. Laisser la raison faire place à la passion, voilà ce que proposait Canal+ dimanche dernier. Cela n’interdit pas une analyse a posteriori des ficelles employées au montage. Cela interdit encore moins de se laisser prendre au jeu et de céder à la séduction, dès la première seconde.

Nostalgie, quand tu nous tiens

Résultat de ce passage en revue de quarante années de PSG, en mode spectaculaire ? Une invitation à la nostalgie.

Autant l’avouer, qui baissera sa garde passera un très bon moment à revivre une histoire du Paris Saint-Germain. Au travers de ce film, c’est un âge d’or mythique que Canal+ propose. Une période révolue, embellie par ce que la mémoire et le montage ont bien voulu polir, une sorte d’existence fantasmée propice à une écrasante gueule de bois une fois le documentaire terminé. Les paradis artificiels ont leurs bons côtés… mais plus dur est le retour sur terre !

Voir le président Borelli embrasser la pelouse du Parc, ou mimer une hallucinante danse vaudou lors des tirs au but en finale de coupe de France, c’est aussi se confronter aux dirigeants modernes. Biétry le fossoyeur, incompréhensible absent de ce film, Blayau et son forfait soir et week-end [2]. Même les discrets Graille et Leproux : qui pour les imaginer, sacoche magique à la main ?

Chacune des rencontres évoquées — le légendaire PSG-Real, la finale de coupe d’Europe en 1996, le match PSG-Steaua Bucarest — trouve son écho dans l’actualité d’un Paris Saint-Germain qui, depuis 1997 et la dernière saison de Denisot, ne s’est plus qualifié directement en coupe d’Europe que trois fois grâce au championnat [3] !

Les joueurs passés en revue, même en quelques trop rares images, trouvent leur pendant dans l’effectif actuel. Dahleb, Susic, Ginola, Weah, Raì : des Ballons d’or, des capitaines de la Seleção, des joueurs qui refusent le grandissime Ajax pour demeurer à jamais des hommes d’un seul club… Comment voulez-vous les comparer à un PSG qui ne compte pas le moindre international sélectionné en coupe du monde ?

Quant aux séquences consacrées aux tribunes, c’est sans doute le plus triste. Ces plans ne datent que d’il y a quelques mois, et pourtant on les devine définitivement révolus. Des échanges entre Kop de Boulogne et Virage Auteuil à vous filer le frisson. Des images hallucinées de supporters répondant comme un seul Parisien… Au jour où l’on évoque la fin des abonnements en virages, il y a de quoi vous provoquer une Vahid.

Alors bien sûr, un mensonge se cache derrière cette tristesse. Comment voulez-vous comparer les plus hauts faits de 40 ans d’existence au train-train du quotidien sans en ressortir mortifié ? Bien sûr, quand on concentrera les 40 prochaines années du PSG en une heure trente, il y aura bien un ou deux exploits à se remettre sous la rétine. Et puis c’est tout le football qui a changé. Le jour de la signature de l’arrêt Bosman, déjà le vestiaire du PSG débutait sa triste mutation. Et avouons-le : la fin des échanges Boulogne - Auteuil n’a pas attendu que le Parisien révèle un possible plan anti-violences. C’est le 28 février que les tribunes du Parc se sont suicidées, les échanges d’insultes entre supporters ayant depuis remplacé les échanges d’encouragements pour le club.

On termine le visionnage du documentaire avec un mélange de fierté et d’amertume. Certes Canal+ aurait pu faire plus honnête, tout en gardant sa volonté de mettre en avant la folie d’un club pas comme les autres. Mais plus qu’une leçon d’histoire, ce film incarne un témoignage. Le récit parfois orienté et perfectible de ce que le Paris Saint-Germain a été, et de ce qu’il n’est plus. Un grand d’Europe. À vos mouchoirs.

Notes

[1] Le reportage débute en 1974, passant sous silence toutes les années précédentes, pourtant fondatrices.

[2] Pierre Blayau avouait ne s’occuper du PSG que les samedis et dimanches, ou après 20 heures en semaine !

[3] En Ligue des Champions grâce aux deuxièmes places en 1999/2000 et en 2003/2004, et en coupe UEFA grâce à la quatrième place en 2001/2002. Le PSG s’est également qualifié pour la coupe UEFA suite à sa neuvième place en 2000/2001, par l’intermédiaire de la coupe Intertoto.

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