L’événement est passé inaperçu, mais le 19 janvier dernier, le PSG récoltait les premiers fruits de sa collaboration avec les nouveaux experts de la cellule recrutement du journal le Parisien. Christophe Bérard, Dominique Sévérac et Arnaud Hermant délivraient en exclusivité les résultats de leur premier audit : « Pourquoi le PSG est dans l’impasse ».
Un recruteur sachant recruter…
Déficit technique chez les joueurs, manque de charisme et de leadership sur le terrain : les journalistes dressent un tableau sans concession de l’effectif parisien. Vient ensuite la conclusion du rapport, une série de conseils pointus consacrés au recrutement. Un projet audacieux, qui bouleverse toutes les idées reçues par son côté novateur. Un projet que l’on sent dès la première phrase longuement pesé et mûri.
Il faut recruter, c’est une évidence. Un seul joueur, par son caractère et son talent, pourrait tout changer, apporter de la concurrence et réveiller le vestiaire.
Mais où ces brillants analystes du football sont-ils allés chercher un concept aussi original ? On se le demande. Et comme toujours lorsque l’on se trouve confronté au génie, la simplicité du raisonnement laisse sans voix : c’est si simple, comment n’y avions nous pas pensé nous-mêmes avant ? Il faut recruter.
Mieux, nos professionnels du marché des transferts ont même des pistes pour renforcer le PSG !
Paris a songé cet hiver à Mancini ou Quaresma, des joueurs inaccessibles financièrement. Mais ce n’est sans doute pas la peine de casser sa tirelire pour dégoter la perle rare. Le buteur Fred, rentré au Brésil, n’est-il pas une solution envisageable ?
Bah oui, Fred, la bonne idée. Le gars qu’il était tellement bien à l’OL que, trop sympa, Jean-Michel Aulas voulait le refourguer au PSG. Le joueur de football tellement pro que lorsqu’il te dit qu’il rentrera de vacances le 15 juillet, tu peux être sûr que dès le 10 il est de retour. Bon, certes il se peut que ce soit le 10 septembre… Mais c’est parce qu’entre temps l’international est resté coincé dans un aéroport brésilien où son Blackberry avait zéro briquette, et puis sa carte bleue ne passait pas, son agent ne savait pas trop où le joindre, et d’ailleurs en fait il veut quitter le club parce que son temps de jeu est trop faible.
Mais si : Fred… Le buteur qui se blesse encore plus souvent que Hoarau et Coupet réunis ! Un gars à l’état d’esprit loué par tous ses entraîneurs successifs d’ailleurs. En voilà une bonne idée de recrue pour un club tranquille comme Paris ! Surtout quand on sait que le PSG cherche plutôt un milieu gauche… Ou alors, autre idée, comme ça là, du tac au tac :
Robert Pires, pour six mois, ne ferait-il pas l’affaire ?
Rappelons la précision apportée deux lignes au-dessus : « Ludovic Giuly, auréolé d’un long palmarès, pourrait prendre les choses en main. Mais il a perdu sa place de titulaire. » Sans doute trop jeune pour jouer chaque rencontre le Ludo, avec ses trente-trois ans. Giuly à propos duquel le Parisien se demandait il y a trois semaines s’il était possible d’être et d’avoir été. Alors pour se renforcer, fini les anciens, mieux vaut faire appel à Robert Pires. Trente-six années d’expérience et un salaire de smicard, tout ce qu’il faut au vestiaire du Paris Saint-Germain pour retrouver force et vivacité !
Le club cherche un milieu gauche, mais l’éclaircie peut venir d’un récupérateur ou d’un défenseur. Il suffit juste de trouver le bon profil.
Bah voilà : c’est pourtant simple le métier de recruteur, bon sang ! Il faut faire comme ils disent notre trio magique : le poste, on s’en fout, ce qu’il faut c’est trouver le bon profil. Parfois, les clubs ils achètent des joueurs décevants (ces idiots). Alors qu’en fait, quand tu y réfléchis, ils auraient recruté de bons joueurs, tout de suite ça irait mieux.
Ah, on a bien avancé dans notre brainstorming-mercato aujourd’hui. Le secrétaire de séance pourrait-il relire le compte-rendu de la réunion, histoire de bien se mettre ça en tête ? Alors, voyons ça : Il suffit de trouver le bon profil… Hum.
Ah oui, quand même.
Tout le monde le sait, tout le monde le voit, mais Colony Capital ne veut pas ouvrir son porte-monnaie, même pour 1 ou 2 millions d’euros.
Bah oui mais ils le font exprès à Colony ou quoi ? Tout le monde le voit qu’il faut recruter des super joueurs pour 1 ou 2 millions, et eux ils font quoi ? Bah rien. Mais merde, ils sont payés à quoi au juste les dirigeants du PSG ? Pas possible ça, attends, sur le marché pour 1 ou 2 millions tu as… euh… Bon, le tibia de Gomis. Ou un dixième de Gignac. Ce qui représente quand même 0,5 but depuis le début de la saison, un dixième de Gignac.
Attends, pour 2 millions, on va trouver, tu as… Tu as des gars qui ont le bon profil, puis zut à la fin ! Non mais ils ne vont pas tout vous mâcher le travail aussi les experts du Parisien, ça commence à bien faire maintenant.
L’important c’est pas ça, l’important c’est qu’il faut re-cru-ter, et que tout le monde le sait. Pourrait ouvrir son porte-monnaie l’autre là quand même, attends. Pourtant pas compliqué ça ! Parce qu’avec un bon joueur qui fait gagner des matches, et bah tu gagnes des matches.
Pourtant, un joueur qui fait gagner des matches fait aussi gagner des places au classement, et donc de l’argent. Mais la raison est ailleurs : dans l’attente du résultat de l’appel d’offres sur la rénovation du Parc, le fonds américain a décidé de geler tous ses investissements dans le PSG.
Et voilà, et voilà ! Ils sont cons aussi les gars de chez Colony Capital : au lieu de trouver des bons joueurs de profil, qu’est-ce qu’ils font eux ? Ils essayent de gagner de l’argent avec leur projet de rénovation du Parc ! Salauds de capitalistes va ! Dire que pendant ce temps-là, ils pourraient gagner tout plein d’argent en recrutant Pirès que quand il est de profil, il est trop fort…
Moralité, tout le monde le sait, tout le monde le voit… et personne ne fait rien. Non mais ils ont raison Bérard, Sévérac et Hermant. Faut vraiment être le mec le plus bouché de la terre pour ne pas comprendre comment sortir le PSG de l’impasse. Recruter ! Il faut recruter !
D’ailleurs, ils pourraient en parler à leur collègue Laurent Perrin, qui bosse dans le même journal qu’eux. Lui qui possédait un avis intéressant sur la question, qu’il livrait avec le même Arnaud Hermant quatre jours plus tôt à peine :
Recruter un joueur changerait-il quelque chose ? Pas vraiment. La cellule recrutement tente toujours de trouver la perle rare, à savoir un milieu gauche, un poste où les solutions manquent cruellement. […] Mais inutile de dire qu’un joueur, à lui seul, ne pourra pas changer le visage d’une équipe toujours en quête de certitudes.
Arnaud Hermant qui est donc aussi co-auteur du magnifique : « Il faut recruter, c’est une évidence. Un seul joueur, par son caractère et son talent, pourrait tout changer, apporter de la concurrence et réveiller le vestiaire. » Le tout en moins d’une semaine. Voilà voilà…
Hum…
Bah à part ça bien le bonjour chez vous hein !