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Christophe Bérard se fait plaisir avec Armand, Landreau et Rothen

Quand le Parisien se tape trois joueurs du PSG (1/2)

Nom : Bérard — Prénom : Christophe — Profession : torchoniste

jeudi 4 juin 2009, par Arno P-E

Quand le Parisien se tape trois joueurs du PSG (1/2)

Le mardi 2 juin 2009, le journal le Parisien publie un article signé Christophe Bérard, reporter chargé de suivre le Paris Saint-Germain. Le titre, « Les pro-Le Guen cherchent le clash », promet révélations explosives et détails croustillants : il s’agira de découvrir comment des joueurs du PSG, affidés à leur ex-entraîneur, adoptent volontairement une attitude provocatrice dans le seul but de quitter leur club. Première partie : diversion et discrédit, les armes du journaliste démago.

Lire le début d’un texte intitulé « Les pro-Le Guen cherchent le clash », c’est renifler la montagne de scoops, l’article que seul le pro de l’info sport pouvait sortir ! Sauf que voilà, Bérard oblige, si l’entame invite bien le lecteur à parcourir l’article la main tremblante, une fois passée l’intro, c’est dans un bourbier journalistique qu’il s’agit de se débattre. Dire que certains payent pour lire cela…

De l’art de la diversion

Dès le chapeau, ce court texte situé sous le titre et présentant l’article, on part sur les bases d’un record du monde : première phrase, premier assaut de démagogie. Sans doute s’agit-il dans l’esprit de l’auteur de se mettre d’emblée au niveau de ce qu’il imagine être son lectorat. Et il ne doit pas en avoir une haute estime tant la ruse est grossière. Le panneau défile lentement, en caractères lumineux : Bérard pense comme les supporters parisiens, il souffre avec eux, il compatit… Mais oui, et c’est pour mieux t’embobiner mon enfant.

On aurait préféré qu’ils se lâchent sur le terrain. Au sortir d’une saison au goût amer, Jérôme Rothen, Mickaël Landreau, Sylvain Armand, trois joueurs estampillés pro-Le Guen, déversent leur fiel. Si ce n’était pathétique de la part de joueurs qui ont tous des choses à se reprocher, on préférerait en sourire.

Détail savoureux, s’il essaye de nous faire gober ici qu’il aurait « préféré que les Parisiens se lâchent davantage sur le terrain », en vrai bon supporter du PSG, rappelons quand même que l’auteur de l’article ne cache jamais lors de ses apparitions télévisées un amour transi pour l’Olympique Lyonnais. Mais trêve de coups bas, glissons sur cette passion coupable qui, même si elle explique une certaine nature frustrée — réflexe mimétique avec le président de l’OL oblige —, ne justifie pas pour autant les attaques qui suivent.

La violence des mots employés d’emblée par Christophe Bérard (« déversent leur fiel », « pathétique ») surprend. Il va s’agir de justifier cela autrement que par l’énorme pilule de la dernière ligne : certes, un Rothen ou un Landreau ont « des choses à se reprocher »… mais qui n’en a pas ? Bérard lui-même, n’avait-il pas été épinglé le 12 avril 2008 pour un article plus que limite sur Mamadou Sakho ? Non, Bérard non plus n’a pas toujours su éviter les quelques chausses-trappes parsemant les abords du Camp des Loges. Loin s’en faut… Alors retournons-lui le compliment, et jouons un peu à l’arroseur arrosé.

Si cet article n’était pathétique de la part d’un journaliste démago, prenant des libertés avec la vérité et traînant depuis des années quelques belles casseroles, on préfèrerait en sourire.

La première tâche de Bérard, tenter de camoufler le vide sidéral et sidérant de ce qui finalement n’est qu’un réquisitoire à charge. Est-il disciple de Sun Tzu, auteur de L’Art de la Guerre ? Difficile à dire. En tous cas, Bérard Majax maîtrise déjà comme un vrai chef les chapitres sur la diversion, et tente de mystifier son monde. Pour les trois joueurs, il commence par agiter le chiffon rouge devant les yeux du lecteur, avant de passer à ce que l’on aura bien du mal à qualifier d’argumentaire.

Par exemple, il précise tout de suite que Landreau est « auteur de jolies bourdes », ce qui est vrai, et qu’il bénéficie d’un salaire de « 140 000 € brut mensuel, beaucoup plus avec les primes ». Ce qui est peut-être vrai aussi. Mais où est le rapport avec la choucroute, à savoir le fait que le gardien du PSG soit, selon Bérard, « un menteur » ? Difficile à voir.

En revanche, ce qui est certain c’est que si le journaliste souhaitait se vautrer dans les propos de café du commerce, rayon « trop payé – mouillez le maillot », la mission est accomplie. D’ailleurs, quand une recette marche, pourquoi s’embêter à en changer ? La preuve selon Bérard que Armand est « prêt à partir » ?

[…] Il n’est toujours pas capable d’assumer un vrai rôle de leader qui irait de pair avec son salaire (160 000 €), le cinquième de l’effectif.

Le souci avec ce genre d’attaques infondées, c’est que soit on tombe dans le panneau, et on lit la suite avec un a priori négatif sur le joueur (ce feignant sur-payé), soit on se sent obligé d’y répondre. Oui, Armand et Landreau ont sans doute les cinquième et sixième salaires du club. D’un autre côté, en tant que premier et troisième joueurs du PSG les plus utilisés en championnat, il serait plutôt injuste qu’ils gagnent moins qu’un remplaçant, non ? De plus, Armand n’est après tout que vice-capitaine du PSG, c’est dire à quel point il n’est pas un poil leader. Bien vu mon Bérard !

Quant aux sommes engagées, et l’auteur ne nous en voudra pas d’user des mêmes armes que lui, il suffira pour les mettre en perspective de rappeler que l’OM a payé par exemple Gaël Givet 163 000 € brut mensuels durant six mois… Pour un joueur dont la demi-saison a consisté à poser sept fois son fessier — scientifiquement galbé en salle de muscu — sur le banc des remplaçants, ça fait un peu cher la minute de jeu. Et encore, 163 000 €… et beaucoup plus avec les primes, comme rajouteraient certains, dans un souci de précision aussi hypocrite que mal intentionné.

Seulement voilà, tomber dans ce type de réponses fait le jeu du reporter : il éloigne du fond de l’article… qu’il faut déjà chercher à coups de Nautilus.

Rajouter une pointe de discrédit

Autre exemple de stratagème à-la-Bérard, les exagérations qui font passer le joueur pour une nullité totale, ou un demeuré. Rothen n’a pas connu une saison irrégulière, ou difficile : allons-y gaiement, elle a « oscillé entre le médiocre et le très insuffisant ». Rien que ça ! De médiocre à très insuffisant, jamais un bon match… Sauf qu’en cherchant deux secondes sur le net, et en remontant une poignée de matches en arrière, on découvre stupéfait que la cloche du Parisien ne donnait alors pas tout à fait le même son. Voici ce que l’on pouvait lire dans le joueur par joueur du journal, le 21 avril dernier :

Rothen (8). Hier, c’était le meilleur Parisien. Vif, capable d’éliminer et centreur hors pair. Le milieu gauche offre deux passes décisives et marque juste après la pause. Après deux semaines décevantes, il revit.

Rothen, qui a directement participé à 30 des 74 buts de son équipe [1] toutes compétitions confondues, et ce malgré le turn-over imposé par son coach, a donc oscillé entre médiocre et très insuffisant, sauf quand il a été le « meilleur joueur de l’équipe »… Un peu comme Bérard qui, mis à part ses bons articles, écrit des textes oscillants entre le torchon et la brève de comptoir.

On pourra toujours discuter sur le fait qu’une saison ne se sauve pas sur un match, qu’il faut avoir une vision globale des performances. Certes. Alors globalisons, et n’oublions pas non plus, contrairement à M. Bérard, que Rothen avait été excellent les deux précédentes saisons, portant quasi seul un PSG moribond sur ses épaules. Si les Parisiens n’ont pas connu un destin à la nantaise, c’est en grande partie au gaucher qu’ils le doivent. Pour juger équitablement de l’apport de Rothen lors de son passage au PSG, il serait bon de ne pas regarder que le mauvais.

Autre jet de discrédit, sur Landreau cette fois :

Faux modeste mais vrai parano (« c’est souvent à moi qu’on s’en est pris », répète-t-il), il est persuadé que le club alimente la presse en rumeurs à son sujet.
Parano le goal parisien ? Où Bérard était-il parti en vacances durant les mois qui ont suivi le fameux but de McFadden ? Comment a-t-il fait pour éviter la campagne de presse consécutive au match France - Écosse ? Qu’il donne sa baguette magique anti-acharnement médiatique, sûr que l’on pourrait trouver preneur sur e-bay.

Sans même comparer les performances de Landreau à celles d’un Mandanda coupable d’une merveilleuse série de boulettes cet hiver, en club comme chez les Bleus, la dose de mauvaise foi exigible pour taxer Landreau de parano quand il fait remarquer que la presse ne lui passe jamais rien interpelle. Il y aurait là de quoi tuer net un ou deux Courbis dans la force de l’âge.

Dernier exemple, et on pourrait continuer ainsi longtemps, quand Bérard se charge de mettre le lecteur en condition avant de lui rapporter les propos de Sylvain Armand. Objectivité, neutralité, impartialité… ou presque :

En attendant cet hypothétique bras de fer, il [Armand] a tenu des propos déroutants après la non-qualification européenne. Selon lui, la presse, à force d’insister sur les clans qui minaient le vestiaire, aurait pourri l’ambiance au sein de l’équipe.
Inutile de vouloir vous faire votre propre idée, Bérard est là pour vous dire quoi penser : les propos du défenseur sont « déroutants ». Limite incohérents, mais bon, on va vous les donner quand même… « Selon lui, la presse, à force d’insister sur les clans qui minaient le vestiaire, aurait pourri l’ambiance au sein de l’équipe. » Sauf que voilà, ce n’est pas une citation exacte de Sylvain Armand… Eh non ! Voilà ce que donne le discours du joueur — discours qu’il n’a pas fallu chercher bien loin, il est rapporté par Sylvie de Macedo dans le Parisien :
Ce que nous avons pu lire dans les journaux, que soi-disant il y avait des clans, a lassé beaucoup de joueurs. Cela nous a fragilisés. La responsabilité, on la prend entièrement. On ne cherche pas d’excuse. Mais moralement, certaines choses nous ont énervés. J’en veux à la presse. […] J’en veux aussi aux dirigeants qui ont fait certaines choses à un moment où ce n’était pas nécessaire. On paie les pots cassés aujourd’hui.

Où lisez-vous que Armand accuse la seule presse d’avoir « pourri l’ambiance » ? Au contraire, il évoque très clairement les dirigeants, et le titre même de l’article de de Macedo était d’ailleurs « J’en veux aux dirigeants » ! Le quotidien le Parisien embaucherait-il des journalistes ne sachant pas lire, en vue de participer à un vaste plan gouvernemental pour reclasser les analphabètes ? En plus de pointer ses supérieurs du doigt, si Armand se déclare lassé, et trouvait le vestiaire fragilisé, il assume aussi sa part de responsabilité et ne « cherche pas d’excuse ». Voilà les « fameux propos déroutants » que croit avoir lus Christophe Bérard ! Des propos qu’il s’est bien gardé de citer in extenso.

Était-ce par fainéantise ou parce que cela ne collait pas à son article ? Quoi qu’il en soit, le plus incohérent entre Armand et Bérard n’est pas celui qui à la base était visé.

Et cette erreur du journaliste, qui oublie toute rigueur et altère fort à propos le discours du joueur, c’est une constante dans l’article de Christophe Bérard. Sa touche personnelle en somme. Livrer de véritables citations, parler des sources ? Mais pour quoi faire ? C’est pas comme si il était journaliste après tout !

Notes

[1] Comme buteur, passeur décisif, joueur ayant délivré la passe pré-décisive, ou obtenu un penalty.

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12 votes

3 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    commentateur anonyme
    4 juin 2009 14:59

    Merci Arno, quelques jours après la parution de cet innommable et inqualifiable pamphlet, je n’arrivais toujours pas trouver le sommeil. Il a fallu que tu pases par là pour me soulager. Merci…

  • #2

    Arno P-E
    5 juin 2009 08:05

    Ouf : tant mieux si ce texte t’a permis de te soulager un peu Clin d'oeil. En espérant que la seconde partie finisse de t’aider à retrouver le sommeil !

    PS : c’est pas reposant tous les jours d’être supporter du PSG, pas vrai ? `Mort de rire

  • #3

    commentateur anonyme
    6 juin 2009 12:48

    Que ces articles font du bien au supporter parisien que je suis ! C’est vrai que ce n’est pas reposant d’aimer les rouges et bleus. Supporter le traitement du psg par les médias, l’arbitrage d’un layec ou d’un chapron, les écarts de certains supporters (une minorité mais trop visible parfois), le mental de poulpe de notre équipe ces dernières saisons (ça s’arrange quand même), la capacité à transformer un très bon joueur en canasson (Kalou par exemple)… Pourtant, je n’arrive pas à décrocher. C’est grave docteur ?

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