En 2005, les Parisiens avaient commencé leur saison avec trois victoires. À part ce grand chelem des hommes de Laurent Fournier, il faut remonter à l’an 2000 pour retrouver trace d’un aussi bon départ que celui des coéquipiers de Claude Makelele. Malgré tout, cinq arguments devraient mettre en garde Antoine Kombouaré, et tous ses fans.
Une défense fragile
Si le Paris Saint-Germain figure parmi les trois meilleures attaques du championnat avec ses sept buts marqués, la médaille possède un sombre revers : quatre buts encaissés, c’est beaucoup. Mais surtout, au moins un but pris par rencontre, c’est trop.
Antoine Kombouaré le déclarait après la victoire à Valenciennes : « Sur ce match, on a bien attaqué et mal défendu, mais, en disant cela, je parle de toute l’équipe. » Or ces soucis défensifs, si le PSG avait su les gommer pendant la majeure partie de la saison dernière, ils semblent récurrents depuis la reprise. Sans qu’un secteur puisse être pointé du doigt.
Coupet retrouve ses marques dans les cages et s’est montré plusieurs fois décisif. La défense centrale, un peu lente face au Mans, a su réagir à Valenciennes. Les latéraux conservent leur régularité et les milieux défensifs abattent un gros volume à la récupération.
Pourtant, le PSG encaisse trop de buts, et l’absence de Camara n’explique pas tout. C’est l’organisation entière qu’il faudra visser au plus vite. Car Kombouaré le rappelait : « On ne marquera pas toujours trois buts à l’extérieur pour nous sauver de notre fébrilité défensive. […] Il y a du jeu, c’est bien, même si la base du football est d’être solide derrière pour pouvoir se projeter. »
Des gardiens adverses maladroits
Lors de ces trois premières journées, Paris a su profiter de la maladresse du gardien adverse. Un ballon repoussé de l’estomac par Jourdren à Montpellier, et qui file droit dans les pieds de Giuly pour l’ouverture du score. De nombreuses interventions peu rassurantes d’un Rodolphe Roche fébrile, dont une savonette sur le second but, clairement évitable. À Valenciennes, Ndy Assembé offre un but immanquable à Erding sur une énorme faute de main.
Le PSG a donc marqué des buts casquette face à ces trois gardiens. Mais le premier est un promu qui découvrait la L1, le deuxième un remplaçant d’ores et déjà retourné sur le banc, et le troisième une solution de rechange, après que Penneteau s’est gravement blessé.
Les attaquants parisiens ne devront pas compter sur tant de largesses chaque semaine. De la part de gardiens confirmés, ce type d’erreurs ne se produit pas.
Des absences prévisibles
Talon d’Achille du PSG version Paul Le Guen la saison passée, la faiblesse numérique du banc parisien n’a pas été totalement comblée lors de l’intersaison. La venue d’Erding complète une attaque qui, au point de vue quantitatif, était l’un des rares secteurs bien pourvu. Jallet apporte une alternative intéressante sur le côté droit. Que ce soit en défense, puisqu’à Lorient la recrue d’Antoine Kombouaré évoluait le plus souvent au poste de latéral, mais aussi au milieu, où le néo-Parisien a été formé.
À gauche en revanche, à part Sylvain Armand et Stéphane Sessegnon, qui fait mieux que dépanner, depuis les soucis rencontrés par Rothen le Paris Saint-Germain ne dispose plus d’aucune solution expérimentée. Sankharé est très jeune, Kombouaré n’a pas appelé Makonda dans le groupe ces trois derniers matches, et le reste du vestiaire ne compte pas de spécialistes de ce secteur.
De même, en défense centrale, la blessure de Zoumana Camara ne laisse que trois postulants sur deux postes (Bourillon, Sakho et Traoré). Une marge de manœuvre minimale.
La moindre blessure pourrait alors réduire tragiquement les options du coach parisien au moment de remplir la feuille de match. Et ce d’autant plus que Sessegnon et Traoré devraient participer cet hiver à la Can. Deux joueurs évoluant dans les zones où Paris est déjà fragile…
Une croissante pression
Quelque soit le scénario d’un championnat, le Paris Saint-Germain a pris l’habitude d’évoluer dans une pression toujours plus pesante. Que la saison soit réussie et les attentes du Parc des Princes feront que les joueurs ne connaîtront pas le droit à l’erreur. Que les résultats s’effondrent, et c’est le couteau sous la gorge que le vestiaire devra aborder les conférences de presse [1], et les réactions des tribunes.
Affirmer que pour jouer au PSG il faut compter sur un mental solide prend alors tout son sens. Quelles seront les ressources d’un Erding et d’un Jallet lorsque le groupe connaîtra les premiers remous ? Il se trouvera bien un journaliste attendri par le discours d’un joueur déçu de ne pas évoluer assez souvent, ou bien à son vrai poste, pour étaler ses états d’âme en public. Paris aura droit à une crise médiatique quelconque au cours de la saison.
Le vestiaire peut alors se resserrer, et se blinder… ou voler en éclats. De nombreuses taupes et autres rongeurs de tous poils pourraient en témoigner.
La valeur des adversaires
Sept points de pris, c’est autant qui ne sont plus à prendre. Que ce soit dans une optique de maintien, à la Guy Roux, ou dans la quête d’un siège en Ligue des Champions, faire tourner le compteur n’a que des avantages. Et deux victoires pour un nul, avec deux rencontres à l’extérieur, c’est un tableau de marche de champion.
Sauf que là, le Paris Saint-Germain n’a pas rencontré que des cadors. Un promu, Montpellier, une équipe mancelle pillée lors des deux dernières inter-saisons, et Valenciennes qui se maintient depuis trois ans en Ligue 1… mais sans fanfaronner.
Quand Kombouaré affirme que son équipe y verra plus clair une fois passées les trois prochaines journées, c’est qu’il a potassé son calendrier. Il n’ignore donc pas ce qui attend le PSG : la réception de Lille, club solide et qui a besoin de points, un déplacement délicat à Monaco, ou Paris a toujours peiné à s’imposer, et la réception de Lyon, qui atteindra alors sa vitesse de croisière après être passé en mode Ligue des Champions.
Si après avoir rencontré de tels adversaires Paris comptait plus de 14 points au soir de la sixième journée, maintenant l’allure de ce tout début de saison, là on pourrait évoquer des lendemains qui chantent. En attendant, il faudra se contenter de méditer sur deux statistiques susceptibles de refroidir les ardeurs des supporters du PSG : en 2005/2006, après son démarrage en fanfare, le Paris saint-Germain avait terminé à une décevante neuvième place. En 2000/2001, alors qu’ils comptaient le même total qu’aujourd’hui après trois journées, les Parisiens n’avaient pu faire mieux que… neuvièmes également.
Les optimistes pourront se consoler avec la déclaration d’Antoine Kombouaré, avant le match face à Valenciennes : « Les stats sont faites pour être fracassées ! ». Mais en n’oubliant pas que malgré ce bon début, tout n’est pas rose au PSG [2].