Paris a réalisé un début de saison assez mitigé. Le mois d’août a été rentable au niveau comptable, les premières semaines d’automne, si elles laissaient présager de bonnes choses au niveau du jeu, ont surtout été marquées par un surplace au classement, avant de voir le PSG effectuer quelques prestations très laborieuses — avec en point d’orgue le match à Marseille. Tout juste avons-nous vu un sursaut lors des trois dernières rencontres.
Au niveau des individualités, beaucoup de joueurs déçoivent. Si certains sont surtout victimes de gros pépins physiques, d’autres n’affichent pour l’instant pas le même niveau de performance que l’an dernier — Cearà, Armand, Sessegnon ou Giuly. Un peu plus problématique à ce stade de l’année, Kombouaré peine toujours à dresser son équipe-type, et n’a pas encore déterminé quelle serait la tactique employée par son équipe : à trois devant ? Qui dans les couloirs ? Que faire de Sessegnon ? Bref, beaucoup de travail pour le nouveau coach parisien.
Une attaque décimée… qui marque
Pourtant, malgré ces problèmes récurrents, si l’on regarde des chiffres sommaires de la L1, on peut voir que le PSG n’est pas forcément tant à la traîne que cela. Par exemple, nous avons dit plus haut que le PSG souffrait de diverses lacunes offensives. Les Parisiens ne sont pas toujours très présents dans la surface, et peinent souvent à se procurer des occasions. L’animation offensive est aussi une des grosses faiblesses de cet effectif : l’effectif étant assez bancal, de nombreux joueurs se retrouvent à des places où ils ne souhaitent pas jouer et, par mauvais esprit ou non, ont des difficultés à créer le danger chez l’adversaire. Le PSG devient ainsi par période une équipe particulièrement inoffensive, qui tient le ballon, mais qui aux abords des trente mètres adverses n’arrive pas à faire passer un seul frisson dans le camp d’en face. Cela n’empêche pas le PSG de se hisser à la 7e position du classement des attaques de L1 — Paris était 6e avant le match joué en avance par Lille face à Saint-Étienne ce jeudi. Plus que le classement, il faut surtout souligner qu’avec 23 buts marqués, le PSG n’est qu’à quatre longueurs des meilleures attaques que sont Lyon et Valenciennes.
Le PSG vient donc de boucler quasiment une demi-saison sans le deuxième meilleur buteur de L1 l’an dernier, Guillaume Hoarau, à l’infirmerie, sa nouvelle recrue offensive Erding jouant par intermittence — blessé lui aussi —, en faisant jouer plus que prévu un joueur ayant passé l’essentiel de son temps dans les divisions amateurs, avec une animation offensive indéfinissable, et enfin, un Sessegnon et un Giuly en baisse de forme… Et malgré tout cela, Paris parvient tout de même à présenter des statistiques plus qu’honorables dans le jeu offensif. Ce à quoi il faut ajouter ce chiffre : Paris est l’équipe qui cadre le plus de tirs.
Alors, pour espérer de meilleurs résultats, il suffit juste d’imaginer ce que pourrait donner ce PSG déjà bien offensif, avec un Hoarau qui retrouve son niveau dès janvier, ou un Erding qui met de côté ses pépins physiques. Et même, pourquoi pas, avec des meneurs de jeu qui s’affirment ? Sessegnon, s’il veut toujours partir en Angleterre l’été prochain, devra bien finir par réaliser des performances de haut niveau, quel que soit son poste. Sankharé a également laissé entrevoir face à Boulogne des qualités pour évoluer à gauche qui pourraient être utiles dans bien des rencontres.
Une défense en chantier… qui tient la route
Sur l’aspect défensif, Paris se situe à une encourageante sixième place. Il n’y a pas de quoi jubiler en l’état, mais il faut aussi tenir compte du fait que les quatre défenseurs centraux de l’équipe ont été blessés à un moment ou à un autre cette saison. En particulier Zoumana Camara, qui reste le joueur le plus expérimenté dans ce secteur, et qui a été à l’écart durant les trois premiers mois de compétition. On peut aussi évoquer Armand et Cearà, qui n’ont toujours pas retrouvé leur niveau passé, et enfin souligner que depuis un peu plus de deux matches, Paris joue avec un novice dans ses cages.
En ayant subi les événements dans ce secteur, le PSG se trouve être parmi les meilleures défenses du championnat, avec au final six buts de plus dans l’escarcelle que les Girondins de Bordeaux, en tête de ce classement. Et une précision, loin d’être anodine est à ajouter : Paris est aujourd’hui l’équipe qui a joué le moins de rencontres à domicile cette saison [1] : six rencontres, contre huit pour les Girondins par exemple. Détail qui a son importance, quand on sait combien les équipes de L1 se montrent plus frileuses en déplacement.
Qui plus est, ceux qui ont visionné plusieurs matches du PSG cette saison le savent : même lors des matches où les Parisiens n’étaient pas en forme, la défense du PSG n’a jamais pris l’eau. Il n’y a pas eu de cataclysme défensif, d’occasions en cascade pour les adversaires. Finalement, Grégory Coupet n’a eu que très peu l’occasion de briller cette saison. Quand le PSG a perdu, ce fut sur des petites marges, ce qui tend à prouver que plus qu’un équilibre défensif global à trouver, le PSG a juste besoin d’effectuer quelques réglages, pour éviter les sautes de concentration qui lui coûtent parfois un but. Le dernier but encaissé à Bordeaux en est la preuve : un tout petit peu plus d’attention d’un ou deux joueurs aurait suffit à endiguer l’attaque adverse.
Ceci est d’autant plus rassurant quand on regarde un club rival, l’OL. Lors du dernier match des Lyonnais à Lille, l’équipe de Claude Puel a été tellement acculée sur son but que le joueur qui a touché le plus de ballons durant la rencontre est… le gardien Hugo Lloris. Au milieu de résultats moyens, le PSG peut avoir au moins la satisfaction d’avoir su éviter les déroutes. Pas de quoi pavoiser, mais entre ce PSG et un bloc défensif très efficace, la marge est finalement faible.
Le PSG, fair-play… comme Bordeaux
Enfin, dernier aspect chiffré intéressant, cela concerne le cassement du fair-play. Cela est passé sous silence, mais le PSG a été l’équipe la plus fair-play la saison dernière. Actuellement, Paris continue sur sa lancée puisque le club est deuxième. Évidemment, les esprits chagrins auront tôt fait de dire qu’il s’agit de la preuve éclatante que le PSG manque d’envie, ne joue pas les duels à fond, etc. Peut-être à raison, ce genre de classement est difficile à interpréter.
Il est vrai que le PSG est loin des époques Luis et Vahid, où le club trustait les dernières positions. Les équipes étaient agressives — sans garantie de bon résultats. Mais ce revirement au cours des dernières années peut aussi tenir au profil des joueurs qui ont quitté le club. Des joueurs comme Yepes ou Pauleta — qui prenait régulièrement des cartons pour contestation — sont partis, faisant considérablement baisser le nombre d’avertissements. Il y a également eu le départ d’Édouard Cissé, joueur qui cumulait aussi son lot de jaunes par saison. Et pourtant, le néo-Marseillais était plus taxé de nonchalance qu’autre chose, preuve s’il en était besoin qu’une agressivité n’est pas synonyme de dernière place au fair-play.
A contrario, ce faible nombre de cartons peut être perçu comme un signe positif — bien sûr tout ceci est à relativiser. Une équipe moins sanctionnée par l’arbitrage peut très bien être une équipe moins tournée vers les duels, vers le défi physique, mais plus axée sur le jeu et la circulation de balle. Le raisonnement peut sembler tiré par les cheveux, et il l’est sûrement, mais quelles sont les équipes qui entourent le PSG dans ce fameux classement du fair-play ? Les Girondins de Bordeaux et le FC Lorient. En fait, les deux équipes qui sont supposées pratiquer le plus beau football de France par les temps qui courent.
Ailleurs ? Ce n’est pas mieux
Le PSG peut également trouver des motifs de satisfaction en regardant ce qu’il se passe autour de lui. Le PSG n’est qu’à 5 points du deuxième, avec deux matches à domicile à venir… Et l’identité des équipes de tête peut inciter à l’optimisme. Parmi les six premiers, on retrouve Montpellier, Valenciennes, Lorient et Auxerre. Quatre équipes aux effectifs très justes et, sans leur manquer de respect, auxquels le PSG n’a rien à envier. Il est fort probable que durant les semaines à venir, ces équipes finissent par rentrer dans le rang tour à tour. Et un PSG parvenant à enchaîner les résultats positifs finira par les doubler assez vite.
Du côté des grands clubs, seul Bordeaux semble être à la hauteur de sa notoriété. Les Lyonnais subissent quelques contre-performances ces derniers temps, avec un milieu de terrain aux abois, et une avalanche de buts encaissés. Ce qui s’ajoute à des problèmes internes, qui font moins de bruit puisqu’ils se déroulent à Lyon, mais qui existent tout de même : les entraînements de Puel sont désavoués publiquement par les joueurs, lesquels joueurs se font fusiller par le directeur sportif dans la presse. Quant aux préparateurs physiques, la recrudescence de blessures aux adducteurs sème le doute quant à leurs compétences…
Plus au sud, Marseille vit actuellement une période également douteuse. Le club vient d’être éliminé de la Ligue des Champions, et le gros recrutement médiatique tarde à porter ses fruits. Aucune des recrues onéreuses — Heinze, Diawara, Mbia ou Lucho — n’est à la hauteur, les joueurs de banc sèment une ambiance discutable au sein du groupe — voir l’attitude de Koné après son but le week-end dernier —, Deschamps ne fait pas l’unanimité, et surtout, le meilleur joueur olympien, Mamadou Niang, vient de se blesser pour six semaines.
Bien sûr, rien ne laisse présager de la suite, mais cela montre juste qu’il n’y a pas que le PSG à être dans une situation ambigüe, à la fois proche de la crise, et à proximité du haut de tableau : il faut avoir conscience que l’OM et l’OL sont aussi en difficulté actuellement. Et au final, n’importe quel mauvais résultat pourrait les faire basculer du mauvais côté.
Paris est à peu de choses près dans le même cas. Sauf que Paris ne joue pas de coupe d’Europe, que les blessés reviennent progressivement et que sur les 4 matches qui viennent, trois se déroulent au Parc face à des mal classés. Largement de quoi penser que la saison parisienne va enfin démarrer.