Retour sur la première défaite du PSG cette saison, à Monaco ce dimanche : Paris pouvait-il s’imposer ? Quelles étaient les possibilités de Kombouaré en fin de match ?
Le PSG pouvait-il gagner à Monaco ?
Certains matches voient une équipe rencontrer un adversaire qui lui est tellement supérieur que jamais le destin ne relâche son étreinte : la partie se déroule sans que l’ombre d’une possibilité de marquer ne s’entrevoie, et la défaite prend vite un goût d’inéluctable. Dans ce cas, pas de regret à avoir. Était-ce la cas face à Monaco ?
Pas du tout. Si Paris a été balloté en toute fin de première mi-temps, le reste de la partie il a dominé les débats. Giuly et Luyindula se sont retrouvés à plusieurs reprises en position de frapper, et encore plus souvent en position d’adresser une passe décisive. Mais les tirs étaient trop peu puissants, ou en dehors du cadre ; et les passes pas toujours bien dosées.
Luyindula a montré sur cette rencontre un condensé de ce dont il est capable. Un jeu dos en but tout en déviations et percussions en première mi-temps, avec des jaillissements dont Dugarry soulignera la qualité au micro de Canal+… puis, parfois, un côté brouillon. Des tergiversations au moment de frapper — Peggy n’est pas un « tueur » —, ou des ouvertures à contre-temps. Pareil pour Giuly. Hoarau a quant à lui évolué un peu plus bas que l’an passé et semble encore manquer de repères. Sessegnon, dernier élément du quatuor offensif, n’a que rarement réussi à se placer en position dangereuse. Contrairement au côté gauche de Barcelone, où Thierry Henry parvient à repiquer efficacement au moment de se servir de son pied droit, au PSG Sessegnon manque de rendement. Il n’a donné que très peu de ballons offensifs. Mais malgré cela, le Paris Saint-Germain s’est procuré d’intéressantes situations, tout au long de la partie. Des actions souvent venues de l’axe sur contre-attaques, grâce à Makelele et Clément en première rampe de lancement, ou de la droite grâce à un Cearà très inspiré.
Les Monégasques au contraire n’ont connu qu’un temps fort. Une terrible statistique illustre d’ailleurs la stérilité de leur jeu : à la 80e minute, les joueurs de Guy Lacombe ne comptaient que deux tirs cadrés !
Le PSG pouvait donc sans doute remporter sa partie. Et, paradoxalement, c’est peut-être même ce qui l’a perdu.
Les possibilités de Kombouaré
À la mi-temps, Hervé Mathoux a posé une question qui allait s’avérer cruciale. Sûr de gagner le haut du classement en cas de victoire, et mis en confiance par sa domination, le PSG ne risquait-il pas de trop se jeter vers l’avant si le score en restait à 0-0 [1] ?
Or c’est exactement le scénario qui allait se produire. Durant le money time, et alors que l’on sentait les Monégasques proches de la rupture, les joueurs du PSG ont accéléré le jeu, se procurant d’ailleurs plusieurs occasions. Mais sur la relance rapide suivant l’une d’elles, Armand — trop avancé et jamais suppléé par Sessegnon — voyait Park, couvert par Traoré, jaillir dans son dos et ouvrir le score du troisième tir cadré de son équipe. Rageant, injuste… mais fréquent au football.
Alors, que pouvait faire Kombouaré ? Changer un joueur, peut-être ? La proposition la plus évidente. Sauf qu’à y regarder de plus près, à la 80e minute de jeu, le banc parisien n’offrait pas tant de solutions que cela. Un remplacement doit apporter une plus-value, sinon autant continuer avec ceux qui jouent. Sakho, fragilisé, n’avait pas de raison de rentrer puisque la charnière n’avait plus été mise en danger depuis la pause.
Autre remplaçant, Jallet foulait déjà la pelouse depuis un quart d’heure, après la sortie de Giuly. Restaient Ngoyi, Chantôme, Sankharé et Maurice. Ngoyi joue milieu défensif. Là aussi, Clément et Makelele tenaient la baraque. Ils prenaient même le dessus physiquement sur leurs adversaires. Aucune raison de les sortir, surtout quand on connait leur impact psychologique sur le groupe.
Chantôme et Sankharé peuvent jouer milieu gauche. Sans doute leur rentrée aurait-elle pu apporter. Mais c’est plus facile à avancer une fois les trois coups de sifflet donnés ! Et puis qu’aurait-on dit si Kombouaré avait sorti Sessegnon ? On a vu que le Béninois n’a rien apporté de la soirée, si ce n’est une occasion pour la commission de discipline de se réunir et dévorer quelques petits-fours ce jeudi. Sauf que si Sessegnon était sorti, beaucoup y auraient vu une frilosité de la part du coach parisien. Sortir l’un des meilleurs passeurs du PSG et le remplacer par un jeune au profil peut-être plus défensif, alors qu’une victoire amenait Paris sur le podium ? Un entraîneur se taille une réputation à la Le Guen pour moins que ça. Et le raisonnement reste d’actualité une fois Paris mené : certes Sessegnon est un joueur nerveux. Mais pourquoi le sortir à 1-0 ? Si dès que Paris a des difficultés il faut anticiper un possible mauvais geste du Béninois, on n’en a pas fini. À lui de se calmer, et de faire preuve d’un minimum de maturité.
Reste le poste de buteur : fallait-il sortir un attaquant à 0-0 ? Hoarau, certes en phase de reprise, apporte des solutions dans le jeu long. Luyindula ne pouvait être remplacé que par Maurice, quasi inexpérimenté. Et puis de toutes manières, la faille n’est pas venue de devant…
Kombouaré s’est-il trompé ? Oui, puisque le Paris Saint-Germain a perdu. Mais bien malin qui, à dix minutes de la fin, aurait pu prévoir ce scénario. Le football reste un sport fondamentalement injuste, où dominer n’est pas gagner, et où l’incertitude a une plus grande part qu’ailleurs. Combien y avait-il de chances pour que, sur ce terrain pourri, l’ouverture vers Park ne connaisse pas un seul faux rebond, qu’il réussisse une frappe parfaite dans le tempo parfait, sur le premier contre monégasque de la partie ?
Plus que les qualités de son entraîneur, c’est peut-être davantage vers la densité du banc du PSG que cette défaite doit focaliser les inquiétudes. Mais ce secteur, qui a déjà coûté si cher à Le Guen au printemps dernier, il est désormais trop tard pour l’améliorer à court terme. Reste à attendre les retours d’Erding, Camara, le rétablissement de Sakho et la fin de la suspension de Sessegnon. Et peut-être apprendre à se contenter d’un bon match nul, sans vouloir à tout prix s’accrocher à un fantasme d’idéal offensif. Un point vaudra toujours plus que zéro.