De toutes manières, après un match nul face à Lens, comment voulez-vous trouver le moindre motif de satisfaction ? Cette frustration, il faut en trouver un responsable. Essayons de voir ça avec méthode.
Les journalistes
Défouloir idéal en cas de petit coup de mou, les journalistes sportifs. Après le match nul du PSG, la lecture des quotidiens a livré son lot d’énormités bonnes à reprendre de volée. Comme toujours. On ne sait où la presse a été pêcher la lubie de s’acharner contre Edel, mais plus qu’un effet de mode, dans certaines salles de rédaction cela virerait presque à la profession de foi. Le jugement de Laurent Perrin dans le Parisien à l’encontre du goal parisien est immense :
Il n’a pas eu grand-chose à faire (aucun tir cadré de Lens) et l’a mal fait.
Alors quoi ? Le gardien du PSG n’a rien eu à faire parce que nos adversaires n’ont pas cadré la moindre frappe ? Tant pis pour lui, cela prouve qu’il n’est pas décisif. Trouver à critiquer le seul secteur du jeu du PSG qui ait vaguement progressé sur ce match, c’est quand même très fort. Pour une fois qu’on ne prend pas de but, comment justifier ce dénigrement ? Heureusement, Christophe Bérard est là pour expliquer que même si ça va bien, eh bien en fait non :
La seule satisfaction de la soirée est à chercher au rayon des statistiques. Le PSG a fini la rencontre sans encaisser le moindre but. Cela ne lui était pas arrivé lors de ses… dix-huit derniers matches. En même temps, se glorifier de ne pas avoir pris de but face une équipe venue surtout pour défendre serait malvenu.
Alors que l’on tape depuis des semaines sur le gardien et donc le secteur défensif parisien, là, pour une fois que les filets restent préservés, le journaliste du Parisien nous explique avec le dernier sérieux que non, finalement c’était pour du beurre. Parce qu’en fait Lens jouait le contre. Comme si les trois quarts des équipes venues au Parc ces derniers temps avaient fait autre chose ! Ces fameuses équipes qui offraient de belles occasions de critiquer Edel quand elles scoraient sur une de leurs rares contre-attaques. Mais là pas de chance, Bérard est formel, pouce, ça ne compte pas. Aucun mérite pour Paris.
Peut-être Maoulida avait-il oublié sa bandelette « j’aime le pâté » à la maison, et demandé à son coach Bölöni l’autorisation de ne surtout pas inscrire de but ? Bérard possède sans doute des informations cruciales à ce sujet avant de dégager de telles certitudes.
Mais le journaliste est une cible trop facile. Il serait plus savoureux de trouver notre coupable ailleurs. Et pourquoi pas sur le terrain ?
Les attaquants parisiens
Après tout, si le PSG ne marque pas, c’est bien parce que ses attaquants, pourtant payés pour cela, se montrent incapables de pousser le ballon dans les cages adverses. À croire qu’ils le font exprès ! C’est pourtant pas compliqué : regardez, moi avec mon club du dimanche, je l’aurais mise la tête de Hoarau. C’est limite une faute professionnelle. Quant à Erding, ses loupés face à Runje, n’en parlons même pas. Je suis bien d’accord avec les analyses de la presse : les vrais fautifs sont à aller chercher en attaque !
Sauf que voilà, ces mêmes journalistes de RMC et de Canal+ expliquaient après France-Brésil que Benzema avait formidablement bien joué mercredi. Là en revanche, Erding et Hoarau sont d’innommables quiches. Benzema a vendangé une flopée d’occasions face à un adversaire en infériorité numérique, pourtant les spécialistes expliquaient que la vraie preuve de son talent, c’est qu’il se les est créées, ces actions. C’était là qu’ils voyaient le vrai buteur. L’illustration d’un état d’esprit, d’une reconquête de ses repères, etc. Alors que Hoarau qui touche le poteau, et Erding en pleine reconquête de ses repères en se procurant des situations dangereuses, par contre, là, comment dire… eh bien c’est tout naze. Dommage !
Un peu comme si pour les consultants, si tu gagnes le dernier match, un attaquant qui a besoin de dix face-à-face pour marquer, ça passe, alors que si tu ne le gagnes pas, de toutes manières c’est la crise chez les buteurs. Forcément, leur équipe n’a pas gagné donc c’est qu’il fallait qu’ils scorent davantage ! CQFD.
Belle perspicacité, quand on y pense. Heureusement que ces professionnels d’expérience sont là pour nous offrir leurs analyses. On n’y aurait pas songé sans eux…
Mais cela ne nous aide pas à trouver le véritable coupable de cette déconvenue. Erding, Hoarau et Nenê n’ont pas réussi à marquer contre Lens. Les attaquants titulaires lillois eux sont bien plus forts que ceux du PSG. Il y a deux semaines, ils n’ont pas réussi non plus à faire sauter le verrou ch’ti. Il a fallu attendre une action heureuse d’un remplaçant pour que Lille gagne. Dans la douleur et sur une frappe que l’on qualifiera de « pleine de réussite », pour rester polis et ne pas mettre en cause la fidélité conjugale d’une épouse de joueur sans doute par ailleurs charmante.
Sur un match face à Lens, les titulaires du PSG sont tout aussi en crise que leurs homologues du Losc. Et la poursuite de ce bouc émissaire continue.
Le reste du monde
Reste la thèse du complot. Dans ce cas-là, l’arbitre attire le regard : désigné par on ne sait quelle obscure commission, son comportement ne peut qu’être suspect. Surtout quand il fait un aussi consciencieux étalage de sa nullité durant toute la partie. Pour être aussi ridicule, il faut quand même l’avoir fait exprès, non ?
Non ?
Sans cela, comment réussir à éviter de sortir le moindre carton rouge avec un acte d’anti-jeu lensois par action ? Cela relève de l’exploit ! Une prestation digne des plus grands qui laisse présager d’une belle carrière pour ce monsieur Rainville. Cet homme de dialogue qui aura passé plus de temps à sermonner Bölöni, les défenseurs lensois, les remplaçants, le gardien ou les attaquants de cette même équipe qu’à laisser jouer le PSG… Avec seulement deux cartons jaunes à la clef ? Respect.
Gageons que ces remontrances, que l’on imagine ardentes et empruntes de la plus grande autorité, se montreront d’ailleurs très efficaces. Mais dès demain alors, parce que sur le match de samedi, le résultat c’est que les Lensois se sont bien foutus de sa gueule, toute la partie : murs à trois mètres cinquante sur chaque coup franc, remplacements de joueurs version films moldaves avec course au ralenti sur un bord de mer en noir et blanc, Runje qui prend le temps d’envoyer un texto à sa femme sur chaque dégagement… Mais en plus ils ont continué dans les vestiaires. Martel expliquant sans sourire que sur l’action de Kanga Akalé, OK il n’a rien vu, mais elle méritait un penalty ! Dany Boon peut aller se rhabiller, on a trouvé son remplaçant.
Brave garçon cet arbitre. Hâte de le revoir. Si possible aux infos pour apprendre qu’il est parti en vacances du côté de Nantes et que les récidivistes sont toujours aussi actifs dans le coin.
Rayon bouc émissaire possible, il y a aussi la faute au sale esprit lensois. Cultiver la haine du Ch’ti, certes c’est facile, mais tant que cela offusquera les bonnes gens, il faut avouer que ça garde un côté marrant. Attribuons donc une mention spéciale pour cet imbécile de Grégory Sertic, remplacé à la 77e par Roudet.
L’idiot du village a tenté de suivre l’exemple affligeant d’Akale : son coéquipier venait de battre le record du monde de sortie à cloche-pied, prenant pas moins de deux minutes pleines pour aller de son aile gauche à la ligne de touche opposée lors de son remplacement. Voilà donc notre Sertic qui tente de quitter la pelouse le plus lentement possible. Et que je trottine sur place, et que je m’arrête, et que je… bah alors, pourquoi tout le monde s’en fout ? C’est que pendant ce temps-là, un Parisien était au sol, blessé. Eh oh, ça ne compte pas s’indigne l’abruti, moi je voulais gagner du temps et vous, vous faites rentrer les soigneurs ? Il était tout désemparé le petit Grégory. Immobile tel un sac plastique au fond de la Vologne, perdu en plein dans le rond central. Tous ses efforts pour prouver sa mentalité de merde étaient réduits à néant. Le coup de pas de bol. Il a dû avoir sa soirée gâchée, sûr.
Mais faut-il en tenir rigueur aux Lensois pour autant ? Non… Ce club fier est tout de même l’occasion unique de se marrer deux trois fois par an. Samedi, on a eu droit à des perles de supporters certes classiques, mais toujours bienvenues. Alors que le nouveau public familial du Parc déclarait de manière fort originale son envie de pratiquer la sodomie sur la personne des visiteurs, une voix s’est élevée en tribune : « Inutile de vous fatiguer à leur proposer ça, ils n’ont pas besoin de vous, il paraît qu’ils le font très bien entre eux. » Rien de neuf sous le soleil donc, mais pourquoi se priver de ces petits plaisirs simples que nous réserve la venue des Ch’tis ?
Comme cette autre réponse, alors que nous quittions le Parc des Princes : rassurés par la nullité du score, objectif inespéré pour ces pauvres garçons, les supporters visiteurs proclamaient à leur tour leurs pulsions refoulées. Oui, disaient-ils, ils rêvaient de recourir à ces mêmes pratiques sexuelles anales, mais avec la ville de Paris ce coup-là. Ce à quoi un voisin de tribune rétorqua fort à propos : « Non, désolé, vous devez nous confondre avec madame votre sœur. »
Tout cela ne vole pas bien haut, mais ériger le Lensois en bouc émissaire, lui souhaiter une nouvelle descente en L2, évidemment que, sur le coup, ce serait plaisant… Pourtant, à terme, se priver d’un tel exemple de médiocrité, quel dommage ! Nous tenons là l’exacte incarnation de tout ce que nous ne voulons pas devenir. Leur visite annuelle du Parc a pour nous valeur d’un rappel à l’ordre salutaire. À ce titre, il faut que Lens reste en L1 !
Et la recherche du bouc émissaire reste elle au point mort. Ce PSG-Lens si décevant, tout porte à croire qu’il faudra le considérer pour ce qu’il est : une mauvaise opération comptable. Un revers frustrant, dont il faudra tenir compte afin qu’il ne se reproduise plus. Sans pour autant qu’il soit la faute d’un seul homme. C’est rageant, mais c’est comme ça. La saison continue, et il faut gagner le prochain match. Peut-être le plus important d’ailleurs…