Après le leitmotiv de la crise du club qui est en crise parce que c’est la crise, depuis trois semaines les journaux nous bassinent avec la pression du club qui joue le haut du classement et qui du coup a la pression… Non mais ils savent de qui ils parlent là ?
On est le PSG ! Le concept de club sous pression, parfois je me demande si ce n’est pas nous qui l’avons inventé. Dans la défaite comme dans la victoire, Paris ne sait pas vivre calmement. Ça nous est juste impossible. Alors c’est pas une éventuelle place de numéro un qui va nous faire péter un plomb…
Parmi les joueurs actuels, il reste une ossature ayant joué le maintien sous Paul Le Guen, il y a trois ans. Et qu’ils soient en tribune ou qu’ils boycottent, pour les supporters, c’est la même : le combat pour la survie du PSG, nous l’avons déjà mené et remporté. Quand on voit dans quelle situation se retrouvent aujourd’hui les Lensois, avec qui nous jouions les play-offs du championnat de France de « chaise musicale », on se dit qu’on a pas trop mal géré l’affaire. Heureusement.
On l’a d’ailleurs géré à la parisienne. Il fallait garder la tête froide, et se focaliser sur le terrain. Aborder le problème avec le calme d’un chirurgien, concentré sur le geste juste. De marbre. Rester efficaces. En faire un minimum. Voilà ce que la raison et le scénario du moment imposaient.
On a donc fait le contraire.
Paris a vécu dans cette lutte pour le maintien ce qui se fait de pire question pression. Des matches abordés la boule au ventre, après ne pas en avoir dormi de la semaine, on a fait. Des PSG-Saint-Étienne, quand nous avions déjà un pied en L2, la tête sous l’eau et quelques milliers de Stéphanois bien décidés à nous faire partager leur expérience du guide des meilleurs adresses de Châteauroux, Laval et Reims [2], on a fait aussi, ça a donné l’une des plus belles ambiances vues au Parc ces dix dernières années. Et sur le terrain, malgré leur manque de repères et la méforme du moment, les joueurs s’étaient mis au diapason.
Ce jour-là, chacun avait repoussé ses limites. Jamais je n’étais sorti du Parc dans un état pareil. La lutte avait été telle que nous étions épuisés, j’avais des sifflements dans les deux tympans et le Paris SG était revenu de nulle part pour arracher un match nul synonyme de survie… Pour un moment.
Sans les virages, qui peut dire ce qui serait advenu ce jour-là. Peut-être les joueurs auraient-ils ressenti le même besoin de se battre au-delà de ce que l’on pensait possible. Peut-être se seraient-ils offert ce supplément d’âme tous seuls. Peut-être se seraient-ils sauvés quand même. Impossible à savoir. En attendant, ce jour de PSG-Saint-Étienne, la pression, on l’avait, et ce sont les tribunes qui l’ont gérée. Transformée en force. Il ne faudrait pas l’oublier.
Comme il ne faudrait pas oublier le match suivant, ce Sochaux-PSG. Dernière marche de la saison. Vaincre ou mourir. Il n’y avait plus d’issue, seuls les forts resteraient. On connaît l’histoire, les Lensois ont chuté, puis sombré. Et grâce à Diané, croissant de lune au front, le Paris Saint-Germain a pu entamer son redressement.
Les supporters du PSG étaient là. Comme toujours. Et ils ont montré l’autre visage des tribunes, comme parfois : bagarres entre différentes mouvances d’un même club avant la rencontre, tension abominable pendant tout le match, où l’on chante en regardant par-dessus son épaule pour vérifier si une autre charge ne se prépare pas… Le cauchemar, heureusement interrompu par le réveil du résultat final.
Là, les joueurs se sont pris en main seuls. Ils ont su gagner alors que les tribunes les tiraient plutôt vers le bas.
Au moment d’ouvrir les yeux et d’accepter que le PSG est de retour, qu’il lutte de nouveau au premier plan, il s’agit de dresser un constat : Paris aura besoin de tout le monde. Paris aura besoin, s’il veut aller au bout, de ses tribunes. De ses virages. Parce qu’ils peuvent apporter ce petit plus. Parce qu’ils peuvent offrir l’étincelle qui met le feu au terrain.
Certes les joueurs sont libérés. On les voit heureux de profiter d’une dynamique positive. On les sent légers. Mais il y aura un match, un jour, où il faudra aller puiser autre chose. Il y aura de ces parties disputées trop tôt, trop près d’un tour de coupe d’Europe. Un jour où les jambes brûlent, la tête ne veut plus, et la force s’est enfuie. Ce jour-là, il ne suffira plus que le groupe vive bien, que les gars soient heureux ou je ne sais quel discours convenu du même genre. Non, ce jour-là il faudra serrer les dents, trouver le courage là où il sera, gagner sans bien jouer, se battre comme des chiens et remporter ces points qui comptent en fin de championnat. Les tribunes peuvent apporter ça. Les virages savent offrir cette folie qui porte un joueur au delà de l’épuisement.
Il faut rendre ses virages au PSG ! Pour qu’il retrouve la passion qui enflamme. Celle qui fait la différence. Et ce billet d’humeur ne s’adresse pas uniquement à Leproux, ou Cayzac, ou au préfet de police. Il s’adresse à tout le monde. Les dirigeants, et les supporters. Que chacun prenne conscience que le PSG doit retrouver ses tribunes, pas celles de Sochaux mais celles de Saint-Étienne. Chacun en a sa part, chacun doit prendre la mesure des concessions à faire, ou du temps à prendre. Qu’un pas en avant soit fait des deux côtés, que chacun prenne ses responsabilités pour aider le PSG !
Tous : rendez-nous nos tribunes ! Paris ne redeviendra légende qu’à ce prix.