Depuis la première montée du club breton en première division, soit en 1998, les hommes de Christian Gourcuff ont à trois reprises pris un malin plaisir à mettre le PSG dans l’embarras très tôt dans la saison. Trois fois en championnat Lorient est venu s’imposer au Parc des Princes, trois fois cela s’est déroulé en août et trois fois le PSG a semblé ne jamais se remettre de cette déconvenue initiale.
1998/1999 : le début de la fin pour Biétry
En 1998 tout d’abord. En avril, Charles Biétry, fraîchement nommé président du PSG, en bon fan de tout ce qui est breton, avait songé à confier son PSG à Christian Gourcuff. S’il avait su le mauvais tour qu’allait lui causer le coach merlu, peut-être aurait-il concrétisé son idée de base. Toujours est-il qu’après une défaite inaugurale — à Bordeaux — et deux victoires consécutives — contre Bastia puis à Strasbourg —, le PSG voit d’un bon œil la venue de ce petit club pour la quatrième journée de D1. Une troisième victoire consécutive, et le PSG serait lancé sur de bons rails. D’ailleurs tout commence bien, puisqu’en première mi-temps, Marco Simone ouvre le score sur penalty. Mais le scénario catastrophe qui va devenir un classique des années 2000 se produit : à une vingtaine de minutes de la fin, Lorient marque coup sur coup deux buts. D’abord par Soumah puis par un coup-franc de Stéphane Pédron. Les Parisiens sont abasourdis, et n’arrivent pas à réagir.
Avec deux défaites en quatre rencontres, ce qui aurait pu être un début de saison tout à fait honnête devient finalement moins glorieux. Cela précipitera immédiatement le doute chez les joueurs parisiens, avec en prime les premières apparitions de tensions au sein de l’effectif : le remplaçant Adaïlton ne trouvera rien de mieux à dire à la presse que d’affirmer qu’il aurait mis les occasions que Ouédec, le titulaire, a manquées.
Le PSG ne se remettra finalement pas de cette contre-performance, enchaînant quatre matches sans victoire et une élimination en coupe d’Europe. L’entraîneur Alain Giresse sera renvoyé, et la position de l’ancien donneur de leçons Charles Biétry, fragilisée. Le plus rageant dans tout cela tient au fait que cette victoire des Merlus sera leur seul succès en championnat jusqu’à la quinzième journée… À croire que battre le PSG était leur objectif de début de saison.
2006/2007 : la traumatisante venue de Lorient
L’impression se confirmera bien des années plus tard. En août 2006, le PSG de Guy Lacombe doit commencer sa saison face à un promu, et au Parc des Princes. Une fois de plus, de quoi idéalement lancer une saison. D’ailleurs, là encore tout commence bien, puisque le néo-Parisien Pierre-Alain Frau marque pour ses débuts à domicile. Une petite frayeur a lieu lorsque Fabrice Fiorèse, qui tente de relancer en Bretagne sa carrière morte un soir d’août 2004, égalise sur un coup-franc astucieusement joué. Mais Paris est fort cette année, c’est sûr, et Fabrice Pancrate redonne l’avantage à son équipe juste avant le mi-temps.
En fait, Lorient va une fois de plus attendre la deuxième période pour faire mal à Paris : Fiorèse à nouveau, puis Saïfi, finissent par donner la victoire aux Lorientais, devant des Parisiens qui ne croient pas ce qui leur arrive. Alain Cayzac entame très mal son mandat de président, et tous les acteurs de cette rencontre n’auront de cesse de parler de traumatisme en évoquant ce match : alors qu’ils avaient montré une belle confiance face à Lyon lors du Trophée des Champions, les joueurs rouge et bleu sembleront systématiquement apeurés au moindre accroc lors des matches suivants. Et évidemment, cela entraînera de très mauvais résultats pour ce début de saison.
Quant aux Lorientais, après ce coup d’éclat, ils rentreront dans le rang. Et Fiorèse avait finalement marqué ce soir-là ses deux derniers buts en première division… De façon amusante, Lorient reviendra au Parc un mois et demi plus tard — en coupe de la Ligue —, pour perdre cette fois-ci 3 à 1 sans contestation possible.
2007/2008 : et de trois !
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, puisqu’un an plus tard, Paul Le Guen doit se frotter à la furia lorientaise dès le troisième match de championnat. Après deux 0-0 plutôt prometteurs en terme de jeu, le PSG a l’occasion de s’imposer chez lui, et de basculer du bon côté du classement. Cette fois-ci, tout le monde se méfie de ces Lorientais, car le souvenir de l’année passée est bien présent dans les têtes. On se dit qu’au moins, les joueurs parisiens ne pêcheront pas par suffisance.
Comme à chaque fois, Paris commence bien. Rothen centre, Pauleta marque, et le PSG rentre à la pause avec un avantage au score mérité. Une fois de plus, les Lorientais seront virevoltants, et physiquement au-dessus, puisqu’ils marqueront la bagatelle de trois buts en seconde période, dont un doublé du nouveau Merlu Marama Vahirua. C’est une nouvelle désillusion pour le PSG, et à un moment où le club parisien était entre deux eaux, cette défaite fait d’emblée sombrer le PSG dans la mauvaise partie du classement, de laquelle il ne se sortira jamais.
Le syndrome Lorient restera de mise longtemps puisque le PSG traversera toute la phase aller sans la moindre victoire au Parc des Princes. Et là encore, un mois plus tard, le PSG retrouvera Lorient en coupe de la Ligue, mais au Moustoir cette fois-ci. Cela se terminera par une victoire 0-3 des Parisiens.
Lorient, bourreau du PSG ?
Faut-il voir dans ces différentes victoires une volonté farouche des Lorientais de nuire au PSG ? Il est évident que, comme pour tous les petits clubs, les joueurs en quête de reconnaissance ou les vieux briscards revanchards ont tendance à briller plus que de coutume dès lors qu’ils posent le pied dans la capitale. Il n’en demeure pas moins que dès que le PSG et Lorient se sont affrontés à un autre moment qu’au mois d’août, le résultat est devenu nettement plus incertain, avec même une fréquence de victoire plus importante côté parisien.
Le fait est que le PSG a, sur ces trois saisons, eu la malchance d’affronter le club de Gourcuff père en début de la saison. Car la stratégie du coach breton est d’amasser le plus de points possibles dès le départ, afin d’assurer son maintien au plus tôt. Les points pris ne sont plus à prendre, et l’idée est d’être au top physiquement dès la reprise, pendant que les autres équipes prévoient plus le long terme, et sont donc prenables au mois d’août. C’est ce qu’il s’est passé à trois reprises avec Paris.
Mais il y a deux ans, Lorient avait également battu Lyon et avait été leader au bout de quatre journées. L’an dernier, les Merlus sont allés gagner au Mans en ouverture, et ont réussi à accrocher Lyon chez eux. Enfin cette année, la victime s’appelle Lille, qui a perdu à domicile face aux Lorientais, et a eu du mal à s’en remettre. Une chance que cette année, le PSG affronte les Lorientais un peu plus tard dans la saison…