Focus sur le match suivant les séries de deux défaites consécutives du PSG au Parc des Princes en championnat depuis dix ans [1].
Novembre 2006
Quelques mois après l’arrivée de Colony Capital et Alain Cayzac à la tête du PSG, Guy Lacombe est encore l’entraîneur du PSG, mais le début de saison s’avère particulièrement mauvais. Paris ne compte que trois victoires à domicile en championnat, et les matches en coupe UEFA sont bien plus difficiles que prévu. L’entraîneur aveyronnais opère de nombreux essais sur sa formation, mais aucun n’est réellement concluant. Contre Lens, un inexpérimenté milieu Mulumbu-Chantôme est aligné. Si la première mi-temps est de très belle facture — avec une ouverture du score de Sylvain Armand —, l’équipe s’écroule en seconde période en encaissant trois buts, dont deux du revenant Daniel Cousin. Deux semaines plus tard, contre Bordeaux, Paris s’incline à nouveau deux buts à zéro, malgré une ouverture du score refusée à David Rozehnal pour des raisons encore inconnues à ce jour.
Peu après ces deux défaites, Paris perd à nouveau au Parc, mais en coupe d’Europe cette fois, face au Hapoël Tel-Aviv. Avec les événements extra-sportifs qu’il n’est plus besoin de détailler : la mort d’un supporter parisien près du stade. En conséquence, le match suivant n’a pas lieu avant le milieu du mois de décembre — la rencontre PSG-Toulouse étant reportée —, devant une tribune Boulogne à moitié fermée. L’adversaire du soir est Nice, et le contexte engendre une ambiance détestable. Bernard Mendy est très vite pris pour cible par une partie des tribunes. Il est sifflé — voire plus — à chaque ballon, probablement en conséquence du Ballon de Plomb qui lui a été attribué quelques jours avant par les Cahiers du Football. Mais Mendy s’avère être le meilleur Parisien sur la pelouse. Il tire une fois sur la barre — et enchaîne avec un bras d’honneur au public —, puis réalise une percée qui manque d’être décisive uniquement à cause de la maladresse de David Hellebuyck. Il finit d’ailleurs le match applaudi par une partie des siffleurs. Aucun but ne sera marqué, et Paris met ainsi fin à sa mauvaise série par un match nul et vierge.
Février-mars 2007
Quelques mois plus tard à peine, Guy Lacombe avait fini par être renvoyé, remplacé par Paul Le Guen. Après un léger redoux consécutif au fameux choc psychologique, l’entraîneur breton ne peut faire de miracles : Paris sombre à nouveau. Saint-Étienne obtient sa première victoire sur le PSG au Parc des Princes depuis 1972. Un but de Perquis sur corner puis un ciseau d’Ilan — presque illicite puisque frôlant le crâne d’Armand — permettent au club du Forez de mener à la mi-temps. Paris tente pourtant de réagir, mais les occasions ne rentrent pas. Pauleta voit notamment une de ses frappes être repoussée par la barre transversale.
Deux semaines plus tard, face à Auxerre, le scénario du match est même pire. Kaboul marque, à nouveau sur corner, et la réaction parisienne est complètement désordonnée. À aucun moment, l’égalisation n’aura été proche. Ces deux défaites consécutives, accompagnés de mauvais résultats à l’extérieur, plongent Paris dans la zone de relégation.
Le match au Parc qui suit est la réception du Mans, concurrent direct pour la relégation. À nouveau, tout commence mal puisque Grafite ouvre le score en première période, sur un contre consécutif à un corner parisien. Mais cette fois-ci, Paris parvient à réagir. Luyindula marque enfin son premier but parisien — d’une frappe croisée à l’entrée de la surface —, puis le TGV Amara Diané prend tout le monde de vitesse en contre-attaque — suite à une passe de Cristian Rodriguez, phénomène suffisamment rare pour être signalé — et va glisser la balle entre les jambes du portier adverse. En fin de rencontre, l’égalisation mancelle est poche, mais Bangoura rate l’immanquable, seul face au but vide. Paris met donc fin à une mauvaise série, et ne perdra plus à domicile jusqu’à la fin de la saison.
Septembre-octobre 2007
Paris débute très mal la saison et est incapable de s’imposer chez lui, alors que les résultats sont plutôt bons à l’extérieur. Pire, les Parisiens se mettent à enchaîner les défaites au Parc. Bordeaux vient s’imposer deux buts à zéro, grâce à Micoud et Bellion. Puis c’est Rennes qui vient gagner 1-3, dans un match supposé hommage à Francis Borelli, et ce malgré une ouverture du score de Cearà, nouvel arrivant.
Pour la 12e journée, fin octobre, Paris reçoit Lyon. Dans la continuité du fameux déplacement à Valenciennes, Le Guen fait à nouveau confiance à une équipe principalement composée de jeunes joueurs inexpérimentés — ce qu’Alain Cayzac ne cautionnait pas, comme il l’a expliqué depuis dans son livre. Sakho est capitaine, Ngoyi, Sankharé et Arnaud sont titulaires. Face à ce qui est alors un ogre lyonnais, Paris ne fait pas vraiment le poids, et un doublé de Ben Arfa peu avant la mi-temps permet aux Lyonnais de voir venir.
Tout change en seconde période quand Diané pousse Cleber Anderson à la faute en position de dernier défenseur : il est exclu. À dix contre onze, Paris se reprend et Le Guen lance Pauleta pour donner du poids à son attaque. Quelques minutes plus tard, cela paye puisque le Portugais reprend victorieusement un corner au second poteau. Paris pousse, mais en contre, Govou marque le but du break. Cette année-là, l’OL est trop fort — dans le temps additionnel, Pauleta réduit tout de même le score, toujours sur corner, puis manque le triplé et l’égalisation de peu quand un défenseur lyonnais repousse sur sa ligne une volée. Paris perd donc trois matches consécutifs au Parc, chose qui ne lui était arrivée qu’une seule fois de toute son histoire en championnat : en 1971/1972…
Décembre 2007
Deux mois plus tard, le syndrome du Parc n’est toujours pas vaincu. Et Paris a beau croire à chaque fois que les venues des Caennais et des Toulousains seront suffisantes pour se relancer, le PSG se bat lui-même. Contre Caen se déroule l’image qui a facilité le travail de Guy Carlier pendant des mois : Cearà marche sur le ballon, et laisse alors Nicolas Florentin venir tromper Landreau sans opposition. Contre Toulouse, c’est le duo Camara-Landreau qui trompe son monde : le défenseur fait une tête en retrait pour son gardien, parti loin de sa surface et donc pris à contre-pied. Elmander n’a alors plus qu’à pousser la balle au fond des filets. Le Suédois marquera un deuxième but plus tard, et Pauleta réduira le score sur penalty. Pour l’anecdote, c’est ce but-là qui a fait de lui le meilleur buteur de l’histoire du PSG.
Paris clôt donc les matches aller sans aucune victoire à domicile. Tout en poursuivant et incroyable paradoxe : à l’extérieur, le PSG est alors l’une des meilleures équipes — et la meilleure défense — des principaux championnats européens [2].
Le troisième match de la série, en janvier 2008, est le bon. Il s’agit de la réception de Lens, autre « grand club » en souffrance. Après une première mi-temps terne, c’est une fois de plus l’entrée de Pauleta qui change la donne. Sur son premier ballon, le Portugais se crée une occasion. Sur son second, il ouvre le score. Et c’est ensuite Amara Diané qui marque deux jolis buts. Paris s’impose donc enfin, et avec la manière.
Mai 2009
Deux mois plus tôt, Paris jouait le titre. Mais depuis, l’usure physique a fait son effet, et l’annonce prématurée de la non-reconduction du contrat de Paul Le Guen a clairement plongé le PSG dans une spirale très négative. Avant de recevoir Rennes début mai, Paris peut encore rêver à la Ligue des Champions . Mais rien n’y fait, ce PSG sans Hoarau — blessé — est en panne d’inspiration. Et comme un avant-goût de la saison qui va suivre, le PSG se punit lui-même : Sakho marque contre son camp sur une frappe sans danger de Jérôme Leroy.
Deux semaines plus tard, Paris peut encore songer à se relancer en recevant Auxerre. Mais les Bourguignons sont très en forme et Jelen réussit un doublé, avec notamment un but sur lequel Landreau ne bouche pas son angle. Sessegnon réduira bien le score en fin de match, mais cela ne changera pas le résultat final : Paris rate encore une occasion d’assurer son avenir européen.
Le troisième match à domicile du mois de mai est le dernier de la saison. Paris reçoit Monaco, et une victoire lui suffit pour accrocher un billet en Ligue Europa. Cependant, malgré une frappe d’Armand sur la barre et le retour de Hoarau, l’Europe restera hors de portée des Parisiens : le PSG met certes fin à sa mauvaise série, mais ce match nul ne suffit pas. Paris se retrouve en effet devancé par Lille et Toulouse à la différence de buts.