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Le PSG a toujours tort — ou quand la victime devient le coupable

Zoom rétro n°1 : PSG-Montpellier, mars 1999

Il est interdit au Paris Saint-Germain de porter réclamation, question de fair-play

vendredi 7 août 2009, par Gauthier B.

Zoom rétro n°1 : PSG-Montpellier, mars 1999

En marge de notre synthèse des confrontations entre le PSG et chacun de ses adversaires en première division, nous vous proposons cette saison une nouvelle rubrique : le zoom rétro. Avant chaque match, nous reviendrons sur un fait marquant — un match, un événément, un joueur, un dirigeant… —, à propos des relations entre le PSG et son adversaire. Cette semaine, retour sur la 82e minute du match entre le Paris SG et Montpellier en quarts de finale de la coupe de la Ligue, saison 1998/1999.

Inaugurons cette nouvelle rubrique avec le promu chez qui Paris se rend ce week-end pour la reprise du championnat, Montpellier. Il était une fois, le 6 mars 1999…

Mars 1999, Paris boit la tasse

Revenons un peu plus de dix ans en arrière, le 6 mars 1999. Le PSG est alors dans une situation peu enviable. Un entraîneur a déjà été licencié au début de la saison, un président s’est en allé fin décembre, et les résultats restent pourtant identiques : ils sont mauvais. Mais nous reviendrons plus en détail sur cette saison-ci dans un prochain article.

Quoi qu’il en soit, début mars, le PSG n’est plus en lice en coupe de France, a été sorti de la coupe d’Europe des vainqueurs de coupe dès septembre — alors qu’il restait sur deux finales et cinq demi-finales consécutives —, et ne peut plus rien espérer en championnat à la vue de sa modeste douzième place — d’un championnat réunissant l’époque à 18 clubs. La réception de Montpellier en quarts de finale de coupe de la Ligue s’annonce ainsi comme la seule chance de salut, pour un club qui est alors encore bien habitué aux trophées — sept au cours des six saisons précédentes [1].

Malheureusement, la rencontre se déroule très mal pour le club de la capitale : les joueurs offensifs ne se montrent aucunement dangereux, et les Montpelliérains en profitent pour planter deux banderilles en deuxième période. Marcel Mahouvé et Franck Silvestre marquent et donnent la victoire à leur équipe. Paris est éliminé et, c’est désormais officiel, ne gagnera rien cette saison-là. Un match et quelques jours plus tard, Laurent Perpère prendra la décision de limoger son entraîneur Artur Jorge et de le remplacer par Philippe Bergeroo.

Montpellier enfreint le règlement…

Jusqu’ici, rien de si anormal au regard du passé tumultueux du PSG. Il s’agit a priori d’une cruelle désillusion comme le PSG en a connu assez régulièrement. Pourtant, cette rencontre a été le théâtre d’un fait de jeu assez révélateur du traitement spécial dont peut parfois être victime le club de la capitale. À la 82e minute de la rencontre, alors que le score est déjà acquis, l’arbitre de la rencontre Rémi Harrel expulse le Héraultais Pascal Baills. Dans la foulée, les officiels entérinent un remplacement : Ahmed Madouni rentre à la place de… Pascal Baills. Le jeu se poursuit pendant une dizaine de secondes, le temps pour Madouni d’envoyer en corner une frappe de Yanovski.

À ce moment-là, les Parisiens déposent une réserve technique — en fait, Marco Simone pose une réserve technique à la demande de ses coéquipiers, lui ne voulant pas le faire —, les arbitres se rendent compte de leur erreur, les Montpelliérains de leur tentative de fraude, et tout le monde se dépêche donc de faire sortir incognito Philippe Delaye du terrain pour respecter les règlements. Les visiteurs jouent enfin à 10 et la rencontre peut se poursuivre.

Bien évidemment, comme souvent dans ce genre de cas, la réserve technique ne donne rien — d’ailleurs, personne ne se faisait d’illusion. Ce qui est bien plus choquant, c’est le retournement de situation qui a été opéré par les médias et les fautifs. Car dans l’histoire, les Parisiens n’ont fait que dénoncer un manquement assez grossier aux règlements, ce qui semble tout de même être la moindre des choses. D’autant que s’ils n’avaient rien dit, le match aurait très bien pu continuer dans ces conditions sans que personne ne se manifeste.

… et c’est Paris qu’on accuse !

Et pourtant, le lendemain du match, l’impression laissée par l’incident est la même partout : le PSG est mauvais joueur, le PSG manque de fair-play. Déposer une réserve technique ayant la possibilité de déboucher sur l’annulation d’un résultat n’est pas dans l’esprit du jeu, nous dit-on. Mais quel est le rapport entre l’esprit du jeu et le fait que l’arbitre ait autorisé une équipe normalement en infériorité numérique à évoluer à onze ? De l’avis de tous, le PSG n’avait donc pas le droit de tenter de faire constater les manquements des officiels.

La défense de l’arbitre Rémi Harrel après le match est d’ailleurs assez surréaliste. Plutôt que de faire profil bas à la vue de son erreur proprement impensable, celui-ci adopte une tournure offensive :

On voit d’un côté Arsène Wenger [à Arsenal] qui fait rejouer un match qu’il avait gagné, et là on voudrait, pour une broutille, faire rejouer un match déjà perdu. Je laisse chacun juger.

Harrel, devenu ensuite responsable de la formation et du recrutement des arbitres puis secrétaire du comité de visionnage, qualifie de « broutille » son énorme bévue, nie que le moindre événement peut modifier le déroulement d’un match — imaginons que Madouni ne soit pas là pour contrer une frappe de Yanovski, si le PSG avait marqué dans la foulée, le résultat final n’aurait-il pas pu être différent ? — et surtout fait une référence inadaptée à Arsène Wenger.

Wenger est à l’époque l’homme à la mode puisqu’il entraîne beaucoup de Français champions du monde. Et peu de temps avant cet incident, il a effectivement fait rejouer un match de coupe que son équipe avait gagné, car le but victorieux avait été marqué alors que la balle devait être rendue à ces adversaires. Phénomène qui n’a donc rien à voir puisqu’Arsenal était dans la posture du gagnant, et non du plaignant comme le PSG ; que la source du problème tenait à un réel problème de fair-play et non à une erreur technique de l’arbitre ; et enfin que la fédération anglaise est généralement plus souple que son homologue française : rien ne dit que la FFF aurait accepté de faire rejouer un tel match chez nous.

Accordons-nous une petite digression : il est d’ailleurs amusant de constater que Wenger était à ce point considéré comme un modèle de fair-play, sachant que quelques mois plus tôt, un de ses joueurs, Lee Dixon, avait effectué une grossière simulation et avait provoqué l’expulsion de Tony Vairelles, lors d’un Arsenal-Lens. Vairelles n’avait alors pas pu jouer le match suivant décisif face à Kiev, et Lens avait été éliminé. Bizarrement, personne n’avait entendu Wenger sur ce fait, et aucun match n’avait été rejoué. Fair-play quand ça l’arrange Wenger, mais certainement pas dans les tractations sur les transferts de jeunes joueurs : l’entraîneur d’Arsenal a toujours été déifié alors qu’il a clairement été nocif au football français de club en profitant des faiblesses légales pour voler un nombre incalculable de joueurs aux formations françaises — Anelka en est un exemple. Mais, à l’époque, toucher à Wenger est une hérésie. La preuve avec le président Laurent Perpère : alors que celui-ci tente pour une fois d’occuper l’espace médiatique en défendant son club, il est raillé car… il a osé prononcer le nom du technicien d’Arsenal à l’alsacienne en disant Vingère. Faute qui semblera aux yeux de certains nettement plus grave que celle de l’arbitre, puisque par exemple, l’émission Téléfoot en fera un running-gag le dimanche suivant, avec les têtes d’affiches de l’époque qui se bidonneront pendant une heure : Thierry Roland — qui ne s’est jamais trompé sur un nom de joueur —, Pascal Praud — qui doit moins rigoler maintenant qu’il est passé de l’autre côté — et le regretté Vincent Hardy — qui a quitté le monde de la télé pour vendre des pelouses synthétiques.

Quoi qu’il en soit, le PSG est donc vivement critiqué pour son attitude, et évidemment, les anti-Parisiens primaires dénoncent une fois de plus les tentatives frauduleuses de manipulation du grand club de la capitale. Alors que tout ce qui a été fait le fut dans la plus grande logique des réglementations. Un an et demi plus tôt, le PSG avait été cette fois-ci le fautif face au Steaua Bucarest : Laurent Fournier avait été aligné alors qu’il était en fait suspendu [2]. Et une défaite 3-2 en Roumanie s’était transformée en défaite 3-0 sur tapis vert [3]. À l’époque, personne ne parlait de manque de fair-play du Steaua. Il était en revanche largement évoqué une application logique du règlement, ainsi qu’un amateurisme flagrant de la part du PSG.

Mais quand les rôles sont inversés, personne pour mettre en avant les manquements de Montpellier ou des officiels : quoi qu’il fasse, le PSG est toujours l’infâme bourreau du bon esprit du football. Et si ceci est particulièrement marquant dans ce cas précis, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un traitement spécial qui n’a pas faibli ces dernières années. Dans un genre différent, l’affaire de la banderole, les penalties de Yepes ou les suspensions en tout genre des différentes commissions de discipline n’en sont que d’autres illustrations.

Notes

[1] Une coupe d’Europe, un championnat de France, trois coupes de France et deux coupes de la Ligue.

[2] Averti en supercoupe d’Europe en janvier puis en coupe des coupes en mai, il était suspendu pour le premier match de la saison suivante, en Ligue des Champions.

[3] Aucun regret cependant vu que cela a provoqué au retour l’un des matches les plus épiques de l’histoire du PSG.

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1 commentaire a déjà été posté par nos lecteurs

  • #1

    commentateur anonyme
    25 mars 2011 14:35

    Tout est dit : bravo. Ce site Internet est formidable et je pèse mes mots.

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