Après les difficultés de nos journaux préférés à additionner ou à lire un règlement, intéressons-nous à leurs stats, boulettes et autres délires en tout genre.
Les archives sont périmées
Quand ce ne sont pas les calculettes qui font défaut, ce sont les archives. Quelques illustrations…
Lens n’existe pas. Le 27 octobre, après la victoire 2-4 du PSG à Marseille, L’Équipe assurait que « côté parisien, pour trouver trace de quatre buts inscrits à l’extérieur, il faut remonter aux seizièmes de finale de coupe de la Ligue à Troyes (4-0), le 2 décembre 2001. » En fait, il suffisait de remonter à janvier 2006 : le PSG avait gagné 0-4 à Lens contre Vermelles, en trente-deuxièmes de finale de la coupe de France.
Réécrire le présent. Le 17 novembre, dans L’Équipe, Damien Degorre trouve le moyen de se tromper en plongeant dans les archives de… la saison en cours :
À une seule occasion, à Sochaux (1-1), ils [les Parisiens] ont su égaliser. Les autres fois où il a fallu renverser la situation, ou au moins la redresser (contre Monaco [0-1], Saint-Étienne [0-1], Grenoble [0-1], Toulouse [0-1], Nice [0-1] et Schalke 04 [1-3]), le PSG n’a pas trouvé la formule.
Mais il est vrai qu’oublier PSG-Lorient — le PSG est revenu au score deux fois avant de s’imposer — et Marseille-PSG — le PSG était mené 2-1 à la mi-temps avant de s’imposer 4 buts à 2 — donne plus de poids à la démonstration.
- Stats du {Parisien}
Sens dessus dessous. Niveau infographie, le Parisien ne s’en sort pas mieux. Le 15 décembre, le quotidien tentait de comparer le classement du club de la capitale après 18 journées et son classement final durant cinq saisons particulières. En inversant les saisons 1991/1992 et 2005/2006 dans une colonne, ils feront perdre tout son sens au tableau.
Lyon n’existe pas non plus. « Il faut remonter à la 37e journée de la saison 2005/2006 pour retrouver un match de L1 où les Parisiens avaient encaissé quatre buts (2-4 contre l’AC Ajaccio) », écrivait encore L’Équipe le 12 janvier après la défaite 4-0 à Bordeaux. Pourtant, le PSG avait encaissé quatre buts le 23 mars 2008 (défaite 4-2 à Lyon lors de la 30e journée de L1).
Alléluia. Le 15 février, c’est le Parisien qui se fourvoyait après la quatrième victoire consécutive du PSG en L1 : « 4. Comme le nombre de succès successifs du PSG en championnat. Ce n’était plus arrivé au club de la capitale depuis la saison 2001/2002. » En fait, ça lui était déjà arrivé en octobre 2003. À noter toutefois que cette erreur fut signalée et rectifiée le lendemain par le quotidien — c’est la seule parmi toutes celles que nous relevons dans cet article.
Histoire oubliée. La veille, le Parisien s’était déjà trompé : le 14 février, jour de PSG - Saint-Étienne, le quotidien fait un rappel historique : « Les Verts n’ont gagné qu’un match au Parc des Princes, c’était il y a trois ans (2-0 le 25 février 2006). » C’est faux : l’ASSE s’était déjà imposée (1-3) en 1971/1972.
1 +1 + 1 = 4. Quelques jours plus tard — le 19 février —, le Parisien affirmera qu’Edel avait été titularisé contre Wolfsburg pour la quatrième fois, en citant parmi ses précédents matches la rencontre de coupe de la Ligue contre Lens que le gardien arménien n’a pourtant pas disputée. Edel n’avait disputé que trois matches à cette époque, et non quatre. Par ailleurs, le quotidien écrit que « le remplaçant de Landreau s’était aussi montré invincible en coupe de France face à Ajaccio (3-0) », alors qu’il n’a pas joué à Ajaccio (16es de finale) mais à Montluçon (32es). Là encore, pas d’erratum.
Histoire inventée. Le 19 avril, le quotidien francilien inventait un match PSG-Le Havre : « Si on étend ces statistiques aux deux coupes nationales, le bilan [du PSG contre Le Havre] est encore meilleur : dix victoires, quatre nuls et une défaite en quinze matches. » À l’époque, les deux équipes ne s’étaient affrontées que 14 fois.
Idées reçues, drôleries et autres erreurs
Le Parisien réhabilite Pierre Blayau
- Pierre Blayau
Le 11 décembre, le Parisien a pris des nouvelles de l’ancien président du PSG Pierre Blayau. Dans les pages économie, Boris Cassel répond à la question « qu’est-il devenu ? » :
En juin 2006, Pierre Blayau quitte la présidence du PSG après un passage éclair et remarqué. PDG du transporteur routier Geodis depuis 2001, ce patron à poigne a pris la tête de la branche transports et logistique de la SNCF. […] Cet ex-président du PSG, du Stade rennais et de Moulinex s’est taillé une réputation d’homme d’action.
Après avoir rappelé sommairement son passage chez Moulinex (« Il a tenté de redresser la barre, mais a dû licencier 2 600 salariés lors d’un premier plan. Quatre ans plus tard, il organise la fusion avec le groupe Elfi qui contrôle Brandt et part avec un parachute doré de deux millions d’euros mais le nouvel ensemble fera faillite. » [
1]),
le Parisien ajoute :
Même au PSG, son court passage comme dernier président de l’ère Canal+ a marqué les esprits. Les supporters se souviennent de lui pour avoir décroché une coupe de France.
Gageons que si Boris Cassel avait consulté ses collègues du service des sports, il aurait appris que plutôt que d’une coupe de France qui ne doit rien à Blayau, les supporters se souviennent surtout d’
un dirigeant absent («
président soir & week-end ») et du responsable d’une grossière erreur stratégique — le licenciement de l’entraîneur, six mois après l’avoir reconduit, coupable de n’être qu’à 1 point de la deuxième place à la trêve hivernale. Avec le nouvel entraîneur choisi par Pierre Blayau, le PSG terminera la saison à la neuvième place.
Comment véhiculer une idée reçue en deux leçons
Après PSG 1-0 Lyon, en novembre dernier, Jérôme Touboul s’émerveillait qu’un joueur du PSG marque contre son ancienne équipe :
Pour une fois, le coup de l’« ex » qui marque contre son ancienne équipe a joué dans le sens du PSG.
Pourtant, après Luyindula à Marseille (2-4) et Hoarau (x2) au Havre (1-3), Ludovic Giuly était déjà le troisième joueur parisien à marquer contre son ancien club en 2008/2009. Et à l’inverse, seul Fabrice Abriel a marqué contre le PSG.
Quelques mois plus tard, le 13 avril, c’est son collègue Guillaume Dufy qui s’y mettait :
L’histoire est connue mais fait encore sourire. Le Paris SG n’a jamais eu beaucoup de chance quand il se retrouve opposé à l’un de ses anciens joueurs. Beaucoup l’ont
enfoncé et ridiculisé en inscrivant des buts capitaux. Frau fut proche d’écrire une nouvelle ligne de cette amusante chronique. À quatre minutes du coup de sifflet final, bien
décalé par Fauvergue, il crut marquer et offrir au LOSC sa cinquième victoire d’affilée. […] Landreau, d’une main gauche très ferme, a effectué « l’Arrêt », celui qui change
tout.
Ou comment sortir une bonne petite blague sur le PSG… même s’il n’y a pas lieu d’en faire une. Au final, cette saison, six joueurs du PSG ont marqué contre leur ancienne équipe, et seulement deux ex-Parisiens ont inscrit un but face au club de la capitale. 6-2, le bilan est sans appel. Et pourtant, que retiendront les lecteurs de
L’Équipe ? Qu’à deux reprises, il a encore été question cette saison des anciens Parisiens qui marquent contre le PSG — ce qui, on s’en doute, n’arrive jamais ailleurs —. De quoi faire vivre cette idée reçue encore longtemps…
Le Parisien, premier sur l’humour
Les Cahiers du Football reprochent régulièrement à leurs confrères traditionnels de manquer totalement d’humour. Il convient donc de saluer l’effort en la matière fait par Sylvie De Macedo et Dominique Sévérac, le 11 mai dernier. Évoquant l’objectif des Parisiens à l’époque — terminer dans les trois premiers du classement —, nos deux camarades écrivaient :
L’opération « OK podium » passe en effet par deux victoires cette semaine.
Dominique Sévérac, toujours lui, se payait même une bonne tranche de rire quelques jours plus tard, le 23 mai :
C’est déjà l’heure des remerciements et la liste est longue. On félicite donc le calendrier et l’ordinateur qui a programmé ce Valenciennes - PSG à la 37e journée, vu le contexte. On remercie Paul Le Guen, Sébastien Bazin, Francis Decourrière et Antoine Kombouaré d’avoir rendu cette opposition aussi cocasse, inoubliable et pleine d’anecdotes dont on nourrit les livres. On applaudit les acteurs de ce show à la française, même si Jean-Michel Aulas goûte peu l’exercice. Au domicile du président de Lyon, engagé à la même heure par la réception de Caen, le magnétoscope chauffera et chaque image sera analysée au ralenti, à la recherche de la moindre trace d’entente suspecte. Il n’y avait bien que le PSG pour nous offrir un tel spectacle. C’est donc le soir où le futur ex-entraîneur du club côtoiera le nouveau prochain technicien de l’équipe de la capitale, séparés de quelques mètres et par une guérite abritant des délégués, qui seront aux premières loges, les chanceux. Ce n’est pas du Feydeau mais bien un match de football. […] Les entraîneurs nous le rappellent : entre deux tranches de rire s’est quand même glissé un vrai match de football.
L’emballement médiatique, c’est la faute du PSG
Avant Rodez-PSG, Paul Le Guen tenait à mettre en garde contre un excès de confiance. Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 4 mars, a préféré ironiser sur ce discours :
Personne n’est inarrêtable. Sauf Paul Le Guen, peut-être, lorsqu’il s’agit d’expliquer que le PSG, justement, n’est pas inarrêtable. Paris a beau débarquer à Rodez avec ses airs irrésistibles du moment, il a beau aborder ce huitième de finale de coupe de France assis sur une série de cinq victoires et un nul, toutes compétitions confondues, il n’est pas à l’abri de tomber à la renverse. Non, même là-bas, chez cet adversaire qui vit plus pour survivre en National que pour grimper en L2, il convient d’être “très méfiant”, pour reprendre certains des mots prononcés par le coach hier au Camp des Loges. […] “Risqué”, “dangereux”, “compliqué”… Si un tableau ne souhaitait pas être noirci hier, il lui fallait éviter de croiser Paul Le Guen. “On mésestime Rodez et on exagère peut-être notre qualité du moment, a poursuivi le coach. Les deux éléments conjugués, ça peut présenter un risque… Je n’aime pas ce sentiment que le PSG n’a pas grand-chose à craindre.” Instiller l’inquiétude pour cultiver l’humilité du groupe et ses effets si positifs cette saison ? Possible.
Finalement, c’est le coach parisien qui avait raison : oui, le PSG devait effectivement se méfier de son adversaire. L’élimination l’a prouvé…
Étonnamment, après cette sortie peu glorieuse, le club parisien a profité d’une relative tranquillité médiatique. Commentaire de Laurent Perrin, dans le Parisien du 12 mars :
Preuve de sagesse et de maturité, le PSG a appris à relativiser certaines anicroches. À l’image de l’élimination à Rodez il y a une semaine en 8es de finale de la coupe de France.
Le PSG aurait donc «
appris » à gérer certains problèmes, par opposition au temps où ceux-ci auraient entraîné une déferlante médiatique. Quelques jours plus tôt pourtant, le même journaliste co-signait avec Arnaud Hermant un rappel du précédent : Clermont-PSG.
« On s’était resserrés entre nous après cela. On avait l’habitude de se faire taper dessus », se souvient […] Laurent Fournier. Jean-Michel Moutier, directeur sportif des grandes années parisiennes, se remémore aussi ce triste épisode de 1997. « On avait rebondi lors du match contre Athènes, dans une compétition dont on était tenants du titre. Au final, cette défaite avait été plus marquante pour les médias que pour nous. »
Alors, est-ce le PSG qui a appris à gérer la défaite… ou les médias ?