L’Équipe, le Parisien, et maintenant Aujourd’hui Sport… Pour le PSG, la multiplication des titres du groupe Amaury, c’est surtout la multiplication des erreurs et autres déformations de la réalité du club parisien.
Le PSG refuse le jeu (des fois)
Samedi dernier, avant le match du PSG au Havre, L’Équipe titrait un article de Guillaume Dufy « le PSG refuse le jeu » et publiait un article qui expliquait que les Parisiens étaient incapables de faire le jeu, de faire des actions construites et n’était qu’une équipe bonne à attendre. Attendre quoi ? Que le score se fasse tout seul, vraisemblablement. Quelques jours plus tard, donc ayant eu connaissance du match du PSG au Havre qui a été une démonstration de maîtrise du jeu de la part du PSG, Sylvie de Macédo du Parisien a écrit rigoureusement le même article. Comme quoi, en plus d’écrire des articles délirants, les journalistes n’arrivent même pas à faire preuve d’originalité.
Toujours est-il que pour s’attaquer au fond du problème, il est amusant de constater à quel point surfer sur une idée et insister lourdement dessus semble à la mode. Il y a eu effectivement cette saison quelques matches où le PSG s’est retrouvé face à des équipes très défensives — on pense à Grenoble et Toulouse — et où les Parisiens n’ont pas su trouver la faille. Et un autre où le PSG a gagné en étant globalement dominé, face à Bordeaux en début de saison. L’analyse de ces journalistes pourraient tenir si elles se bornaient à ces trois matches, mais le PSG en a disputés bien plus cette saison. Il faut en effet avoir des oeillères pour oublier de constater que des équipes comme Nantes, Nancy ou Lille sont venues au Parc avec la ferme intention de tout verrouiller, de laisser l’initiative aux Parisiens, et que le PSG a parfaitement déjoué le piège à chaque fois — sans emballer la rencontre outre mesure, certes, mais si l’adversaire ne montre aucune vélléité offensive, alors que le PSG mène déjà, ce ne sont pas les Rouge et Bleu qui sont à blâmer… Rappelons également que si Paris n’a pas écrasé Lille ou Nancy, il les a tout de même battus. Tout le monde ne peut pas en dire autant, notamment du côté de la Gironde ; Bordeaux ne compte d’ailleurs qu’un seul point de plus que les Parisiens. Au classement selon la moyenne anglaise — l’indicateur idéal pour compenser le déséquilibre entre le nombre de matches joués à domicile et à l’extérieur [1] —, le PSG est même quatrième, avec seulement 3 points de retard sur le parcours théorique du champion.
De même, il faut être d’une impressionnante mauvaise foi pour ignorer complètement les prestations du PSG à Caen, Saint-Étienne, Marseille et au Havre, ou à domicile contre Lorient, où le PSG a eu une certaine domination sur le jeu, et a su pratiquer un football offensif, parfois plaisant et souvent efficace. Pour preuve, le PSG a déjà marqué à six reprises dans le premier quart d’heure : cela veut bien dire que Paul Le Guen n’incite pas les joueurs parisiens à construire une barricade devant le but de Landreau et à attendre qu’il se passe quelque chose, mais au contraire à prendre les choses en main d’emblée, quoi qu’en disent nos journaux préférés. Le PSG n’est certes pas encore une machine qui peut écraser ses adversaires quelques soient les circonstances, et imposer un rythme infernal durant 90 minutes, mais les matches parisiens sont bien moins ternes que l’on veut bien le faire croire, et quand ils le sont, c’est aussi en partie dû à l’adversaire.
Le PSG ne remonte jamais le score (sauf quand il le fait)
L’Équipe a également fait très fort lundi 17 novembre en certifiant que le PSG était absolument incapable de revenir au score.
C’est vrai que cela fait beaucoup d’exemples où le PSG n’a pas su redresser la barre. Le problème est que Damien Degorre oublie malencontreusement quelques rencontres. Cela semble être une constante lorsque l’on analyse les matches du PSG… Il faut en effet préciser que contre Lorient, le PSG est revenu au score deux fois avant de s’imposer ; contre l’OM, le PSG était mené 2-1 à la mi-temps avant de s’imposer 4 buts à 2. D’un seul coup, on constate que les Parisiens ont remonté à trois reprises un retard au tableau d’affichage, et non plus lors d’une seule occasion. Mais c’est vrai que le dire donnait moins de poids aux propos de l’auteur, et l’article devenait sans doute un peu caduque… En ces temps où l’annonce de Didier Deschamps au PSG est très peu crédible — déjà qu’en temps normal, personne de normalement constitué ne peut y croire —, devoir trouver une autre idée pour écrire un article serait une vraie torture pour les pauvres rédacteurs de L’Équipe.
Le PSG a gâché la carrière d’Ibisevic (d’ailleurs c’est pour ça qu’il réussit actuellement)
Actuellement, la torture qui nous est imposée est de devoir subir deux nouveaux quotidiens sportifs, et donc deux chances de plus de tomber sur des hallucinations journalistiques. La semaine dernière, c’est Aujourd’hui Sport qui s’y est collé en titrant à sa une le plus sobrement du monde : « Ibisevic : le buteur gâché par le PSG ». Le titre est très provocateur, pour pas grand chose, puisque le reste de l’article ne décrit finalement rien de l’éventuel gâchis parisien. Car il n’y a effectivement rien à dire sur le sujet. Ibisevic est actuellement le meilleur buteur du championnat allemand, dans la modeste équipe d’Hoffenheim, après un parcours assez chaotique. Il a, il est vrai, joué au PSG d’août à décembre 2004 et ne s’y est pas imposé. Sauf qu’Ibisevic n’avait que 20 ans, qu’il était inconnu de tous, et que ses apparitions étaient loin d’être éblouissantes. Ibisevic était d’ailleurs une des figures symptomatiques, d’après la presse, des capacités limitées de recruteur de Vahid Halilhodzic. Ibisevic était jeune, pas encore prêt pour le haut-niveau. Entre son passage au PSG et sa réussite actuelle, il y a quatre années passées essentiellement en deuxième division (à Dijon en France ou en Allemagne), où il a clairement appris le métier. Le PSG n’a pas gâché le début de carrière d’Ibisevic, mais au contraire, le PSG est son premier club en Europe — il venait du championnat universitaire américain, il n’évoluait même pas en MLS —, et il n’est pas dit qu’il aurait pu percer comme il le fait maintenant si Vahid Halilhodzic n’était pas venu le chercher : le PSG a en réalité lancé la carrière d’Ibisevic.
Domenech ne change pas de gardien sur un coup de tête (sauf à l’Euro)
Pour finir, une petite digression sur les propos récents de Raymond Domenech : si ces dires n’ont a priori pas de rapport direct avec le PSG, il convient tout de même de les mettre en relation avec des actes pas si éloignés du sélectionneur français. Celui-ci a participé activement à la tentative d’assassinat médiatique du portier parisien Mickaël Landreau, en l’écartant de l’Euro à la dernière minute.
En lisant ça, les supporters parisiens ne peuvent s’empêcher de bouillir intérieurement. Il faut se remémorer les faits : en mai dernier, il a volontairement choisi d’écarter Landreau de l’Équipe de France, alors qu’il était dans le groupe depuis sept ans, en se basant uniquement sur la forme du moment, puisqu’il lui a préféré l’homme qui avait le vent en poupe, Steve Mandanda. Tout le contraire de ce qu’il dit dans cette interview. D’ailleurs, lui qui n’a pas l’habitude de changer du jour au lendemain sa hiérarchie a titularisé un nouveau gardien, Hugo Lloris, contre l’Uruguay…