Après que Charles Villeneuve a quitté le PSG début 2009, la presse annonçait que la prolongation de contrat de Paul Le Guen au PSG était sur les bons rails. Logique, puisque si Villeneuve et Le Guen ne se supportaient pas, l’entraîneur entretenait en revanche de bonnes relations avec Sébastien Bazin. C’est en tout cas ce que l’on pouvait lire à l’époque… Retour sur la fin de saison de Le Guen au PSG, côté coulisses.
L’avenir de Paul Le Guen
Paul Le Guen vers l’OM : le Parisien tacle L’Équipe
- Le Guen à l’OM
Après Deschamps au PSG, L’Équipe s’est illustré quelques mois plus tard par une autre rumeur explosive : Paul Le Guen à Marseille. Mercredi 18 mars 2009, l’« information » fait la une du quotidien sportif. L’entraîneur parisien dément fermement, tout comme les dirigeants marseillais. Qu’à cela ne tienne, L’Équipe peut compter sur son chroniqueur Didier Braun, dès le lendemain :
Une chose est sûre : pour le Parisien, la rumeur Le Guen à l’OM est… « fantaisiste » ! De la part d’une collègue du groupe Amaury, la remarque de Sylvie De Macedo dans l’édition du 19 mars n’est pas anodine :
- Le Guen à l’OM
De son côté, Pape Diouf en profitera pour y aller du couplet habituel en province : la presse parisienne — lire « pro-PSG » — cherche à déstabiliser Marseille :
Cette information est un faux grossier. En annonçant que l’OM est entré en contact avec Paul Le Guen en vue de la saison prochaine, un quotidien parisien du matin se livre à une forme de manipulation indigne. Sortir cette prétendue information, qui n’a pas un début de vérité ou d’existence, c’est amener à se demander si le quotidien en question ne vise pas un but bien précis, celui de chercher à déstabiliser l’OM, dont les résultats actuels et la stabilité peuvent ennuyer certains. Avoir recours à cette arme du mensonge n’est pas honorable.
Le 3 mai, Le Guen devrait rester
Après la rumeur marseillaise, c’est tout simplement à Paris que le Parisien envoyait Le Guen la saison prochaine : « En fin de contrat, il [Le Guen] n’aura rien à dire si Sébastien Bazin décide de ne pas le garder. Mais c’est loin d’être la tendance », croyait savoir le quotidien dans son édition du 3 mai 2009.
Le 3 mai, finalement, Le Guen s’en va
Le 3 mai, au soir du match PSG-Rennes, Sébastien Bazin annonce en fait à Paul Le Guen qu’il ne souhaite pas le prolonger à la tête de l’équipe première du club parisien. L’information sera dévoilée deux jours plus tard dans L’Équipe. Mais les raisons ne sont pas évidentes…
Pour quelles raisons Le Guen quitte-t-il le PSG ?
Virer Alain Roche ? Oui, mais non…
Le 14 avril, dans le Parisien, Laurent Perrin dépeint une situation « plus complexe » qu’on ne le dit :
On, pronom indéfini mis pour tout le monde en général et personne en particulier. Mais qui est donc ce « on » qui prête des intentions à Le Guen en faisant fi de la complexité de la réalité ? Peut-être Guillaume Dufy. Le lendemain, voici ce que ce dernier écrivait dans L’Équipe :
D’après L’Équipe : le staff et le recrutement
« Le souhait des dirigeants parisiens de lui imposer une partie de son staff technique et, surtout, leur volonté de dépenser un minimum dans le recrutement ont conduit à un irrémédiable désaccord. » Mardi 5 mai, en une, L’Équipe ne prend pas de précaution : le départ de Le Guen tient à un désaccord sur la composition du staff et « surtout » à une ambition limitée dans le recrutement.
Dans les pages intérieures, Damien Degorre développe :
D’après le Parisien : ni le staff, ni le recrutement
Pour le Parisien en revanche, les raisons sont tout autre. Le 6 mai, dans un article intitulé « Les raisons d’un divorce », Arnaud Hermant, Laurent Perrin et Dominique Sévérac exposent une version très différente, voire complètement opposée :
Le même jour, Bérard, Gouillard, Hermant et Perrin complètent :
À PSGMAG.NET, nous sommes très respectueux du travail des journalistes de L’Équipe et du Parisien. Il est évident que le fait de voir régulièrement des erreurs dans leurs articles n’est que pure médisance. Mais là, nous avons tout de même un peu de mal à faire confiance aux deux journaux… Après tout, peut-être ne saura-t-on jamais le fin mot de l’histoire : qui peut dire par exemple quand Le Guen s’est décidé à quitter l’OL ? Le Parisien et L’Équipe, certes. Mais il faut voir le résultat…
Au fait, quand Le Guen a-t-il décidé de quitter Lyon ?
Le 22 avril, le Parisien nous apprenait que l’entraîneur s’était décidé en toute fin de saison :
Et deux jours plus tard, L’Équipe nous apprenait que l’entraîneur s’était décidé… six mois plus tôt :
Une chose est sûre, il y a toujours pire ailleurs. Ainsi certains médias tentent-ils de copier leurs grands frères du groupe Amaury, mais sans avoir le réseau pour cela. Au final, cela donne des articles plutôt… légers. Appréciez vous-mêmes.
Le départ de Le Guen vu par Football 365
Le départ de Paul Le Guen a alimenté la presse tout au long de la journée du 5 mai 2009. Entre 12h52 et 22h42, Football 365 a ainsi publié pas moins de sept dépêches à ce sujet :
12h52 PSG - Le Guen annonce son départ
12h53 PSG - Le Guen va partir
14h20 PSG - Le club confirme pour Le Guen
16h54 PSG - Bazin au Camp des Loges ?
18h43 PSG - Bazin arrive au Camp des Loges
19h27 PSG - Silenzio Stampa
22h42 PSG - Et Bazin croisa Le Guen…
Attardons-nous sur ce dernier article, qui vient compléter le suivi en temps réel de la vie du Paris SG. Dans « Et Bazin croisa Le Guen… », Aurélien Canot rend compte de l’agitation du Camp des Loges. Une illustration supplémentaire de l’écart entre la presse sportive traditionnelle et la presse sportive du web, qui fait du remplissage à partir de ce qu’elle lit dans les kiosques le matin.
Pour l’événement, la rédaction du « leader incontesté de l’info foot sur Internet » a en effet décidé de se rendre sur place. L’occasion de savoir ce que pensent de la situation Damien Degorre, journaliste à L’Équipe, et Christophe, « membre du Kop Auteuil » (sic) qui porte un « sweat-shirt au (re-sic) couleur(re-re-sic) du club ». Pas peu fier d’avoir parcouru les 25 km qui séparent les bureaux de Sporever — à Boulogne-Billancourt — de Saint-Germain-en-Laye, Aurélien Canot — « envoyé spécial au Camp des Loges » — nourrit son reportage de détails croustillants : « Claude Makelele se gare sur une place handicapée », « Sammy Traoré fait laver son gros 4x4 sur le parking des joueurs ». À la fin de l’entraînement, l’envoyé spécial relève un événement extraordinaire : « le défilé de grosses cylindrées en tous genres [les voitures des joueurs] ».
Et sur le fond ? Eh bien la discussion entre Bazin et les joueurs parisiens aura duré « très précisément 38 minutes ». Après avoir « débarqué à 18h37 », Bazin est reparti « à 19h38 » en s’installant « sur le siège passager de sa berline ». De son côté, Paul Le Guen était déjà parti — dans un coupé — aux côtés d’Yves Colleu, qualifié d’« adjoint mal-aimé », ce que seuls les lecteurs de L’Équipe du matin auront pu comprendre. Conclusion du reporter ? « Les ponts semblent déjà presque définitivement coupés [entre Bazin et Le Guen] ».
Privé de commentaire des joueurs, à qui il aurait été demandé de ne pas s’exprimer, Aurélien Canot cache mal son désarroi : « Excepté le “on nous a demandé de ne pas parler” de Mickaël Landreau, c’était le silence presse parfait. Pas plus de déclaration de Bazin, snobant la presse, que des joueurs (Rothen : “je ne parle pas”). » Mais qu’ont bien pu dire Sylvain Armand et Zoumana Camara pour repousser les micros qui s’offraient à eux : « je ne m’exprime pas », « ça va pas être possible », ou encore « revenez demain » ? Malheureusement, les lecteurs de Football 365 ne le sauront sans doute jamais…
Mais à défaut d’infos, l’envoyé spécial sait rentabiliser son déplacement en reprenant à son compte les rumeurs de la presse papier, quitte à devoir baser sa démonstration sur du vent. « Une chose est sûre, affirme ainsi Aurélien Canot, il n’y avait qu’à voir Le Guen et Makelele — côte à côte mais sans se parler — rejoindre les vestiaires du Camp des Loges mardi pour vérifier qu’il n’y a toujours aucun dialogue entre eux. Et ça ne date pas d’aujourd’hui. » Comme quoi il y a encore pire que les journaux du groupe Amaury : ceux qui tentent — maladroitement — de les imiter [1].
Les relations entre Villeneuve et Le Guen (1/2) ;
La fin de saison, le bilan de Le Guen au PSG, l’arrivée de Kombouaré.