Les enseignements du match
Joueur par joueur
Avant la rencontre, le Canal Football Club a diffusé un petit reportage sur Sirigu, dans lequel on pouvait à nouveau constater le français impeccable du gardien italien. Sur le terrain, il a été à la hauteur en sortant et en captant les ballons qu’il avait à gérer. Mais il a été avant tout bien aidé par les gros ratés des attaquants adverses, avec trois coups de tête hors cadre, à quelques mètres des cages. Les défenseurs centraux ont quant à eux livré un match intense. Si les présences de Lacazette puis de Belfodil n’étaient pas particulièrement compliquées à appréhender, Bafétimbi Gomis représentait lui un challenge bien plus important. Diego Lugano était le joueur qui le serrait de plus près, et il s’en est bien sorti. Toujours présent et souvent vainqueur dans les duels aériens, il s’est montré incisif — dans le bon sens du terme — du début à la fin, et n’a jamais paru être dépassé par les événements, comme cela avait pu être le cas lors de ses premiers matches. Se sentant vraisemblablement plus en confiance, il a tenté une frappe lointaine, et montre de plus en plus de présence sur les phases arrêtés offensives. Zoumana Camara a lui été de nouveau impeccable, en repoussant un très grand nombre de ballons chauds, avec autorité. Le tout en étant également très propre dans la relance. Le défenseur central continue de paraître indispensable : cette saison, à chaque fois qu’il a été titulaire, Paris a gagné ; et à chaque fois qu’il ne l’a pas été, Paris a perdu ou fait match nul…
Du côté des latéraux, c’est comme attendu Cearà qui a eu le plus de travail. Face à Bastos et Cissokho, le latéral brésilien a fait ce qu’il a pu. Plutôt souverain sur les ballons aériens, il a eu un peu plus de difficultés quand Bastos provoquait balle au pied, en particulier sur la grosse occasion de Gomis à la 71e minute. Mais malgré cela, il a plutôt tenu bon. Tiéné avait lui plus de marge de manœuvre. Contrôler Briand, joueur qui mise beaucoup sur la vitesse, était une formalité pour l’Ivoirien, qui n’a effectué aucune faute technique. Il a pu en profiter pour réaliser quelques montées, en étant à chaque fois très propre dans ses transmissions. Il confirme donc son très bon niveau actuel. À la récupération, Matuidi a également été à la hauteur de ce qu’il fournit depuis plusieurs journées, en pressant et en étant toujours disponible pour faire circuler le ballon. Il est sorti sur blessure, ce qui pouvait laisser présager du pire vu son abattage, mais Chantôme, rentrant à sa place, s’est parfaitement mis au diapason. L’activité du joueur formé au PSG, ainsi que sa facilité technique, ont suffi à faire sombrer les milieux de terrain adverses qui commençaient sérieusement à fatiguer. Et c’est lui qui, d’une interception acrobatique, initie l’ouverture du score.
Au poste de relayeur, il faut souligner le travail de Bodmer. L’ancien Lillois ne court pas beaucoup, il ne va pas presser au physique, mais il a été dimanche soir un liant important entre phases défensives et offensives. On le sait, Bodmer est un joueur intelligent. Et c’est grâce à cela qu’il compense son manque de vivacité par un placement toujours efficace. Quand Lyon avait le ballon, il était rarement très loin des adversaires, quelle que soit la zone du terrain ; idem en phase offensive, où il accompagnait toutes les attaques. C’est ainsi que, sur le premier but, il est situé bien plus haut que Ménez, presque en meneur de jeu, pour donner le ballon décisif à Pastore. Pour la fin du match, il a été remplacé par Sissoko, qui s’est surtout distingué par un carton jaune obtenu après une série de tacles.
Parmi les milieux offensifs, Ménez est celui qui est le plus passé au travers. Il n’a pas été trouvé souvent par ses partenaires, et n’a pas eu cette fois-ci de fulgurance technique. À noter tout de même que c’est sa transmission de balle intelligente qui crée le décalage décisif sur l’ouverture du score. À gauche, Nenê confirme de son côté son regain de forme : le Brésilien fait souvent les bons choix, se montre très sûr techniquement dans ses gestes, et il n’y a plus à se poser de question sur son sens collectif. Il a en effet offert sur un plateau deux occasions de but à Bodmer puis Gameiro, et a enfin tiré le coup franc du second but. Pastore évoluait lui un peu plus haut qu’à l’accoutumée, ce qui ne l’a pas empêché de toucher beaucoup de ballons. En première mi-temps, cela a été sans réussite avec un tir dévié sur le poteau, et plusieurs mauvais choix — notamment une passe évidente pour Ménez qui n’a pas été faite. En seconde période, il a débloqué la situation en déposant un défenseur, et a ensuite régalé en donnant un grand nombre de ballons à ses partenaires.
En pointe, Gameiro s’est beaucoup battu, mais a malheureusement manqué les occasions qu’il a eues. Si sur la première, son tir en force était plutôt bien senti ; son hésitation sur le duel face à Lloris et sa frappe sans contrôle non cadrée — toutes deux en deuxième mi-temps — doivent certainement lui laisser plus de regrets. Il est sorti remplacé par Jallet, qui a joué quelques minutes : suffisant pour ouvrir son compteur but d’un plat du pied pas si évident.
Les autres attaquants vendangent également
L’an dernier, des critiques en partie fondées étaient tombées sur Guillaume Hoarau pour son manque d’adresse à la finition, et son absence d’instinct de buteur. Même si le Réunionnais avait marqué vingt buts toutes compétitions confondues, plusieurs ratés lors des matches en prime time — généralement des tirs trop sur le gardien — avaient fait rentrer Hoarau dans la catégorie des attaquants qui ne marquent jamais… À tel point que ses sélections en équipe de France devenaient de plus en plus contestées, le pic étant atteint en août dernier, où il aurait supposément pris la place de Giroud ou Gomis, attaquants bien plus en forme, et paraît-il bien meilleurs.
Le hasard du calendrier fait que le PSG a croisé la route de ces deux attaquants ces derniers jours. Et s’il ne serait pas honnête de tirer des conclusions sur le niveau des joueurs au terme d’une seule rencontre, il faut bien constater que ni Giroud, ni Gomis n’ont montré qu’ils étaient largement supérieurs à Hoarau. Statistiquement la différence n’était déjà pas criante, mais face au PSG ces deux attaquants ont fait preuve d’une grande maladresse devant le but, malgré des occasions particulièrement franches. Giroud a très peu cadré, en dépit de plusieurs face-à-face ; quant à Gomis, il a tout simplement été catastrophique dans le jeu de tête face au but. Encore une fois, précisons bien qu’il n’est pas question d’être définitif sur le niveau de ces joueurs. Simplement de rappeler qu’enterrer Hoarau face à cette concurrence-là revient à aller un peu vite en besogne. Eux aussi ont leurs défauts, et leurs ratés.
Le sketch du révélateur continue
Lors du Canal Football Club, le résumé de Saint-Étienne-Auxerre a mentionné un but refusé à Le Tallec pour un hors-jeu inexistant selon le commentateur. Le buste de l’attaquant auxerrois dépassait pourtant clairement, mais le journaliste s’en est sorti en inventant une règle : pour lui, seul le bas du corps compte. Rappelons que le hors-jeu concerne en réalité tout le corps à l’exception des bras.
Lors de PSG-Lyon, même cas de figure à la 2e minute : Gomis est lancé en profondeur ; un hors-jeu est sifflé contre l’attaquant lyonnais. Peut-on être affirmatif avec cette image arrêtée ?
Pour Canal+, oui, puisque les commentateurs ont aussitôt considéré qu’il y avait eu une erreur de l’arbitre. La situation semble pourtant très difficile à évaluer, étant donnée la position de Gomis, qui a le corps vers l’avant. Mais la chaîne cryptée a cette volonté de vouloir systématiquement trancher, même dans les cas où cela semble très périlleux. Et voilà comment en deux petites secondes, au terme d’un jugement expéditif et par le biais d’un outil technique dont le manque de fiabilité n’est plus à démontrer, on arrive à décrédibiliser un arbitre qui n’a pas vraiment besoin de ça…
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
1990’s. Le PSG n’avait plus marqué 20 points après 9 journées depuis 1997/1998, signalent de concert le Parisien et L’Équipe, qui rappellent que Paris avait terminé huitième cette saison-là.
Adversaire. Lyon n’avait encore jamais encaissé deux buts au cours du même match cette saison, en 12 rencontres toutes compétitions confondues. L’OL ne s’était par ailleurs incliné qu’à une seule reprise.
Série. Le PSG reste désormais sur une série de huit matches sans défaite en championnat.
Stats en vrac : les joueurs
Notes. Tous deux crédités d’un 7 contre Lyon, Siaka Tiéné et Javier Pastore figurent dans l’équipe-type de la 9e journée établie par L’Équipe. L’Argentin est par ailleurs en tête du classement des joueurs avec une moyenne de 6,83. Salvatore Sirigu domine quant à lui le classement des gardiens avec 6,44.
Les stats de Pastore (1). Ce lundi, L’Équipe met en évidence quelques statistiques reflétant le match de Javier Pastore : il est le joueur qui a tenté le plus de tirs (5), qui a touché le plus de ballons dans la surface adverse (9) et qui a reçu le plus de passes (47). Par ailleurs, 86 % de ses passes sont arrivées dans la moitié de terrain adverse, ce qui est le ratio le plus élevé du match.
Les stats de Pastore (2). L’Argentin du PSG compte désormais cinq buts — et deux passes décisives — en six titularisations en championnat.
Infos en vrac
Matuidi blessé. « Remplacé à la 56e minute par Clément Chantôme, Blaise Matuidi souffre d’une élongation à la cuisse gauche », annonce le PSG sur son site officiel. « J’espère que ce n’est pas trop grave, il va falloir passer des examens pour en savoir plus », a expliqué l’international français à l’AFP. « Il passera une IRM aujourd’hui », indique L’Équipe.
Meilleure audience de la saison. Le match PSG-Lyon a réuni 2,02 millions d’abonnés sur Canal, ce qui constitue la meilleure part d’audience de la saison (34 %), signale enpleinelucarne.net. « Le match a rassemblé 350 000 téléspectateurs de plus que la saison dernière, à la fois à Paris (1,67 million en avril 2011) et à Lyon (1,68 million en novembre 2010), ajoute le site spécialisé. Il s’agit de la meilleure audience du duel entre ces deux équipes dans toute l’histoire de Canal+, pulvérisant le précédent record du PSG-OL de septembre 2009 (1,84 million). »
Autres résultats. À noter la lourde défaite de Toulouse à Sochaux (3-0), le match nul de Montpellier à Bordeaux (2-2) et celui de Marseille à domicile face à Brest (1-1). Le PSG est seul premier avec trois points d’avance sur le MHSC, Lyon et Toulouse. Lille et Lorient suivent à une longueur.
Vu — lu — entendu
Sophisme. « Il paraît que les grands joueurs répondent toujours présent lors des grands rendez-vous. Si c’est vrai, alors Pastore en est un. » (Alexandre Chamoret, L’Équipe)
Anecdote. « Lors de leur traditionnelle promenade matinale d’avant-match, les Lyonnais se sont aperçus que leur hôtel, en banlieue parisienne, se situait rue de… Paris. À la vue du panneau indicateur, les hommes de Rémi Garde ont préféré en sourire. » (le Parisien)
Dans la presse
Damien Degorre, dans L’Équipe du 3 octobre 2011 :
Le PSG ne sait pas encore s’il sera champion de France en mai prochain mais il sait déjà qu’il est un leader capable d’élever son niveau en fonction de son adversaire. Ce fut le cas à Montpellier samedi dernier, ça l’a encore été face à Lyon, avec qui il partageait la première place juste avant le coup d’envoi de cette neuvième journée. Collectivement, Paris n’était pas foncièrement supérieur à Lyon, mais il compte dans son équipe un talent incroyable, un joueur capable de débloquer une situation à lui seul, un Javier Pastore qui ne frappe qu’une fois, mais cela suffit pour terrasser son adversaire et offrir trois points à ses partenaires.
Dominique Sévérac, dans le Parisien du 3 octobre 2011 :
Le patron de la Ligue 1, c’est le PSG. Le génie du championnat de France, c’est Pastore. Lui, c’est le maître du prêt-à-jouer, la haute couture du football. C’est un orfèvre du beau, du délicat et du subtil. Être le contemporain de ce genre de joueur rend l’existence forcément plus belle. Françaises, Français, ceci est un message pour vous. Il faut se rendre sur les stades de Ligue 1 le week-end où le PSG se trouve. Vous y verrez l’un des plus grands joueurs que le championnat de France ait abrités en son sein. Vous avez forcément déjà entendu parler de lui. Il s’appelle Javier Pastore, affiche seulement 22 ans au compteur et sa grâce vaut le déplacement toutes affaires cessantes. Bon pied, belle gueule, il illumine le football en général et le jeu du PSG au passage. Vous ne serez pas déçu, on vous le promet. Avec un tel joueur, le PSG voit l’horizon se dégager.
Sans forcément donner la leçon à Lyon, le club de la capitale s’affirme chaque jour un peu plus comme « le » candidat au titre. Avec le retour de ses blessés, principalement en défense — un secteur qui tangue à Paris —, le PSG peut même prochainement s’échapper et laisser les équipes humaines, celles qui ne possèdent pas Pastore, à quai. Il y en a dix-neuf sans Pastore. […] Pour la première fois depuis des lustres, le PSG va très tôt dans la saison découvrir la position du club chassé. Il faut des épaules de déménageurs et un mental de vainqueur pour supporter ces allures de gibier. […] Voilà encore une bonne nouvelle : les petites scories parisiennes indiquent que cette équipe possède une vraie marge de progression. C’est donc une saison où le PSG risque de faire mal. Ce n’est pas grave, Pastore se chargera de faire le bien.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Avec Ménez, Nenê et Gameiro, notre premier rideau défensif a bien fonctionné ce soir. On mérite amplement cette victoire. On a été solide, costaud et on s’est créé beaucoup de situations et on a pris l’avantage tout à fait normalement. On n’a pas été capable de marquer plus tôt ce deuxième but qui aurait pu tuer le match, et il y a une énorme occasion de Gomis qui aurait pu être le tournant. […] Maintenant je vais jouer mon rôle habituel de père Fouettard en leur disant de ne pas s’enflammer. C’est un gros match mais il y a encore des périodes où on se met en difficulté tout seul. Il y a encore du boulot. À part le Barça peut-être, peu d’équipes sont capables d’être performantes dans tous les secteurs de jeu pendant 90 minutes. Il faut être capable de tenir dans ses temps faibles et de marquer dans ses temps forts. C’est ce que j’attends de mes joueurs. » (source : AFP)
Salvatore Sirigu : « Le match a été vraiment dur et on peut encore faire mieux. Bon, maintenant, il y a une nouvelle trêve internationale qui débute et beaucoup d’entre nous vont rejoindre leurs sélections respectives. Ce sera donc compliqué de continuer à travailler pour améliorer le collectif. Car Paris est encore en construction et doit bosser. […] J’avais bien aimé la façon dont nous avions ramené le nul à Evian TG après une première période ratée. Cette réaction nous avait beaucoup appris sur nous-mêmes. Ce point rapporté ce jour-là aura son importance. Le championnat ne se gagnera pas contre Lyon, mais contre toutes les équipes. » (source : le Parisien)
Rémi Garde (entraîneur de Lyon) : « La différence entre l’OL et le PSG ? Peut-être l’efficacité du PSG devant le but, et le manque d’efficacité de l’OL, malheureusement. On a eu des grosses opportunités de revenir au score, et même d’ouvrir le score, ce que l’on aurait pu faire en première période si l’on avait été un peu plus justes. Mais c’était un bon match, entre deux bonnes équipes. […] Le PSG a un fait un bon match et n’a pas volé sa victoire. » (source : L’Équipe)
Suspensions
Jérémy Ménez et Momo Sissoko ont été avertis dimanche soir.
Avant ce match, Clément Chantôme, Sylvain Armand, Zoumana Camara, Mevlüt Erding et Blaise Matuidi avaient été avertis à une reprise.
Retrouvailles
Seul Mathieu Bodmer (2007-2010) retrouvait son ancienne équipe — Peguy Luyindula (2001-2004) étant écarté du groupe. En revanche, aucun joueur de l’actuel effectif lyonnais n’a joué à Paris auparavant.
Dans le passé, une vingtaine de joueurs ont porté les deux maillots : Borrelli, Bravo, F. Brisson, Clément, Coupet, Debbah, Dhorasoo, J. Djorkaëff, Domenech, Fiorèse, Fournier, Frau, Gava, Giuly, Havet, Hellebuyck, Lanthier, Loko, Maurice, Ngotty, Sassus et Xuereb — sans compter Le Guen, Colleu, Bats, Houllier et Domergue en incluant le staff.
Côté tribunes…
Affluence. 44 450 spectateurs — dont 757 Lyonnais en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Excellente opération commerciale. « Le PSG a reçu plus de 150 000 demandes de billets », assure le Parisien. Selon nos informations, le PSG a réalisé près de 1,8 M€ de recette brute, soit un montant par spectateur de 40 €, supérieur de 4 % à celui enregistré contre Lyon la saison dernière et de 69 % à celui du précédent match au Parc, PSG-Nice.