Les enseignements du match
Joueur par joueur
Salvatore Sirigu a commencé la partie par plusieurs interventions de défenseur central : une tête dans ses six mètres, et un tacle glissé en dehors de sa surface. Il a ensuite assuré sur une frappe déviée de Balmont, et a été parfait en seconde période avec trois interventions décisives, face à Debuchy, Gueye et Jelen. En prime, une interview dans un très bon français en fin de rencontre. En défense centrale, Zoumana Camara était le titulaire et capitaine surprise après la défection de Sakho. Très vite averti, il a plutôt bien contribué à museler Moussa Sow. Le Sénégalais jouait souvent dos au but, et Camara est de façon générale plutôt à l’aise face à ce genre d’opposition. À ses côtés, Milan Bisevac a lui aussi été propre, réussissant plusieurs sauvetages dont un très utile en seconde période, alors qu’il était seul dans la surface contre trois Lillois. Il s’est également permis plusieurs dribbles de dégagement emplis d’assurance.
Les latéraux Christophe Jallet et Marcos Cearà ont eu à livrer un match avant tout défensif, surtout en seconde période. Jallet a bien essayé de monter en première mi-temps, mais n’a quasiment jamais été servi. Il s’est alors contenté de laisser un minimum à son vis-à-vis, souvent Hazard, et s’est montré très concentré. Cearà a dû composer à gauche avec le fait d’être sur son mauvais pied, mais ni Cole ni Payet n’ont réussi à le passer.
À la récupération, Momo Sissoko a ratissé tout ce qu’il pouvait. Une bonne présence, particulièrement quand cela bataillait dur au milieu de terrain, en fin de première période. Strappé au genou, il a failli sortir à l’heure de jeu, avant de faire signe à son banc qu’il pouvait tenir toute la partie. Mathieu Bodmer a joué à ses côtés, en récupérant peu, mais en faisant plutôt bien circuler le ballon — quand il l’a eu, ce qui n’est pas arrivé si souvent. Il a parfois étonné par un pressing très haut et assez risqué. Il a fini la rencontre en position de numéro dix, avec une occasion sur une reprise en fin de match.
Les joueurs offensifs se sont tous sacrifiés pour le collectif. Que ce soit Nene, Jérémy Ménez, Javier Pastore ou Kevin Gameiro, tous ont travaillé d’arrache-pied pour ne pas laisser Lille s’exprimer. Le meilleur exemple est cette récupération de Pastore dans ses trente mètres, lui qui est peu coutumier du fait.
Les Lillois ont parlé avant de la rencontre du peu d’implication défensive de ces quatre joueurs, cela n’a été clairement pas le cas dimanche soir, et si Lille a eu un mal fou à se procurer des occasions, le PSG le doit autant à son premier rideau qu’à ses défenseurs. Reste que ces efforts répétés ont eu des impacts sur le rendement offensif parisien, avec un déchet important devant — qui peut aussi être imputé au terrain, paraît-il difficile. Nene n’a pas réussi à lancer d’action décisive ; Ménez a tergiversé de façon parfois énervante ; Pastore, toujours pris par deux joueurs, n’a pu déstabiliser la défense qu’en une seule occasion, que Gameiro n’a pas réussi à transformer. Ils n’ont pas été brillants, mais travailleurs.
Antoine Kombouaré n’a fait rentrer que deux joueurs. Sylvain Armand qui est venu jouer au poste de milieu défensif, et Guillaume Hoarau, qui a tout de suite permis aux défenseurs de relancer un peu plus long.
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : les joueurs
Armand, 2e joueur le plus capé de l’histoire du PSG. « Entré en jeu en seconde période, Sylvain Armand, au club depuis 2004, a disputé son 344e match avec le PSG, toutes compétitions confondues, d’après L’Équipe. Il arrive ainsi à la hauteur de Safet Susic et de Paul Le Guen. Seul Jean-Marc Pilorget (435 matches) devance encore ce trio de joueurs. »
Porte-bonheur. « Le PSG est invaincu lorsque Zoumana Camara a joué en Ligue 1 cette saison : 10 victoires, 2 nuls », signalait Opta avant PSG-Lille. La série continue.
Stats en vrac : l’équipe
Horaire. « Le PSG n’a gagné aucun de ses 4 derniers matches de Ligue 1 joués à 21 heures », relève Opta.
Première. Le Parc des Princes n’avait jusque-là pas vu de match nul cette saison en L1 (7 victoires, 2 défaites).
Infos en vrac
Sakho était blessé. Mamadou Sakho a été ménagé en raison d’une « petite douleur aux ischio-jambiers » contractée le matin même, a indiqué Antoine Kombouaré après le match. « On a préféré ne pas prendre de risque », a-t-il expliqué. (source : AFP)
Autres résultats. À noter la défaite 1-0 de Rennes (7e) à Ajaccio (20e). Le PSG est à égalité de points avec Montpellier (1er) — qui a concédé un match nul 1-1 devant Toulouse (6e) —, et compte toujours deux longueurs d’avance sur Lille (3e).
Dans la presse
Dominique Sévérac, dans le Parisien du 19 décembre 2011 :
Le PSG préfère le suspense. Son mauvais match nul laisse les chances intactes à quatre équipes d’être championnes d’automne à l’issue de la dernière journée de la phase aller ce mercredi. Il préfère le suspense à son destin, un soir où il n’aura pas su tourmenter le Losc dans les grandes largeurs pour le déposer à cinq points. […] Le club de la capitale confirme que son retour au premier plan reste fragile, après trois victoires d’affilée qui n’avaient renseigné en rien sur le réel niveau de cette formation. Voilà les hommes du technicien kanak à nouveau co-leaders avec Montpellier, relégués deuxièmes à la différence de buts, avec cette bonne moyenne de plus de deux points par match. Évidemment, la formation de Pastore est encore bien calée dans ses objectifs. Mais elle semble piocher dans beaucoup de domaines et n’a pas trouvé, après dix-huit journées, la bonne formule offensive. Une passe lumineuse de l’Argentin pour Gameiro aurait donné des couleurs à ce choc terne si l’ancien Lorientais n’avait pas manqué incroyablement le cadre.
C’est sans doute un secteur, l’attaque, où Leonardo ne manquera pas de recruter cet hiver. Le directeur sportif parisien, absent hier mais présent dans le Forez mercredi, ne mettra pas non plus ce match nul dans la colonne positive du bilan de Kombouaré. On sait qu’il exige, et les propriétaires qataris avec lui, spectacle et résultat. Ce nul contre Lille, heureux en deuxième période (merci Sirigu), ne favorise pas l’idée d’une conquête ou d’une marche en avant. Mais ce n’est pas non plus un recul. […] Si l’on ne voit que le verre à moitié vide, on peut aussi remarquer que Paris ne remporte plus les chocs, après sa lourde défaite à Marseille (3-0) et ce nul sans saveur face aux Dogues.
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 19 décembre 2011 :
Sans vainqueur ni intérêt. […] Le choc de la dix-huitième journée aura accouché d’un match sans envergure entre deux équipes d’abord soucieuses de ne pas perdre. […] La puissance et le génie ont rarement soufflé sur le Parc des Princes, hier soir, entre deux des prétendants majeurs au titre de champion. Dans l’histoire, Lille, qui a signé un seizième match d’affilée en L1 sans défaite, a probablement plus obtenu le résultat recherché que le PSG, dont la gestion des rendez-vous majeurs continue d’intriguer. Paris, qui pouvait doubler Montpellier, doit se contenter de recoller aux Héraultais au terme d’une dix-huitième journée qui rapproche un peu plus Lyon du sommet.
Réactions
Antoine Kombouaré : « À la mi-temps, j’avais le sentiment qu’il y avait la place pour faire mal et marquer. Mais le match de mercredi a compté dans les jambes, on a manqué de jus. À la fin, c’est donc un sentiment mitigé. On a eu les meilleures occasions en début de match, puis ce fut moins évident. Ce n’est pas un hasard, c’est le champion en titre en face, invaincu à l’extérieur, et il faut lui rendre hommage. […] Il y a beaucoup de mieux. On est plus disciplinés, solidaires dans les efforts à fournir sur le plan défensif. On est plus solides aussi. Après, il faut garder ce qui fait la différence chez nous, se projeter vers l’avant et retrouver l’efficacité. C’est un match qui donne beaucoup de satisfaction car c’était face à Lille, un bel adversaire. C’est un bon curseur pour se situer. » (source : lequipe.fr)
Rudi Garcia (entraîneur de Lille) : « Un point à l’extérieur, qui plus est à Paris, chez les favoris du championnat, ça ne peut pas être un mauvais point. Pourquoi “favoris” ? Vu les investissements parisiens, il est logique que cette équipe vise le titre, et ils sont en tête. Nous, on a fait beaucoup de ventes, peu d’achats, on ne boxe pas dans la même catégorie. Sur le contenu de la deuxième mi-temps, on a vu un Losc plus conquérant et ambitieux, on a eu les meilleures occasions. Sans un grand Sirigu, on aurait pu l’emporter. On a fait une première période plutôt moyenne dans la qualité technique, on n’a pas su préparer nos actions, mais on a su corriger le tir en deuxième période. Le match était plutôt fermé en première période, parce qu’on a manqué de présence dans les 30 derniers mètres. Il faut être capable de travailler l’équipe adverse, ce qu’on a fait en seconde période. » (source : AFP)
Zoumana Camara : « Cette équipe a beaucoup plus de certitudes collectives que nous. Ils jouent depuis quelques années ensemble. Nous n’en sommes peut-être pas encore là. Chez nous, c’est une addition de bons joueurs mais cela ne forme pas encore un collectif. Cela dit, on a obtenu les occasions les plus dangereuses. En fin de match, les deux équipes semblaient peut-être se contenter du match nul. […] On a su se créer des opportunités mais il a toujours manqué quelque chose pour faire la différence. […] Dire que l’on marque le pas, c’est un peu dur. En face, c’était quand même les champions de France en titre. Après la claque prise à Marseille, on voulait montrer que l’on pouvait être présents dans les grands rendez-vous. Ceci dit, ce n’est pas notre meilleur match de la saison, c’est évident. Mais on rejoint Montpellier en tête et cela suffit à notre bonheur pour l’instant. C’est déjà une satisfaction. Ensuite, dans le jeu, nous présentons un visage solide en défense, on ne prend pas de but. On savait que pour gagner face à Lille, il fallait être solide défensivement et nous l’avons été. » (source : le Parisien)
Salvatore Sirigu : « Ce fut un match face à une équipe très bien organisée, très forte. Il n’y a pas de déception. On est premier au classement, on doit continuer comme ça. On a réussi une grosse prestation défensive, car les seules situations dangereuses de Lille furent à l’extérieur de la surface de réparation. » (source : L’Équipe)
Florent Balmont : « C’est vrai que c’est un bon point pour nous mais, sur la seconde période, on a quelques regrets car on s’est procuré pas mal d’opportunités. Après, c’est vrai que sur l’ensemble du match, ce point est logique. On savait que Paris était très fort à domicile, mais nous restons invaincus en déplacement et c’est parfait. […] C’était fermé, mais Paris nous attendait en contres, tout simplement. On le savait avant de venir. Après, ils ne voulaient pas trop sortir pour nous avoir. Les deux ou trois situations sur lesquelles nous nous retrouvons en danger arrivent par des contres. » (source : francefootball.fr)
Eden Hazard : « En première mi-temps, c’était assez compliqué, il y a eu beaucoup de coups. J’ai raté des passes faciles. En seconde période, il y a eu plus de mouvements, j’ai touché plus de ballons, c’était mieux. Mais je n’ai pas fait un grand match. Je reste sur ma faim. J’aurais pu faire mieux. Je suis un peu déçu car c’était face à Paris, au Parc des Princes, face à une grosse équipe. Et c’est toujours mieux de briller contre une grosse équipe. » (source : L’Équipe)
Suspensions
Avertis samedi soir, Jérémy Ménez et Zoumana Camara sont désormais sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement, tout comme Mathieu Bodmer, Diego Lugano, Sylvain Armand et Mamadou Sakho.
Également averti, Momo Sissoko rejoint la liste des joueurs comptant un seul avertissement : Christophe Jallet, Siaka Tiéné, Blaise Matuidi et Marcos Cearà.
Côté tribunes…
Affluence. 45 195 spectateurs — dont 729 Lillois en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Pastore conspué. « Quand Pastore est venu chiper un ballon dans les pieds du numéro 10 lillois, à trente mètres du but parisien, puis s’est lancé dans une brève chevauchée le long de la ligne de touche, devant les bancs, le public du Parc a rugi de plaisir (38e), raconte L’Équipe. Mais, cinq minutes plus tôt, quelques sifflets étaient aussi descendus des tribunes après un contrôle raté du meneur de jeu parisien, directement en touche (33e). Et quand Antoine Kombouaré décida de le sortir, en même temps que Kevin Gameiro (80e), Pastore essuya une vraie bronca de la part de son public, la première depuis qu’il est arrivé dans le club de la capitale. […] Sur le terrain de la confiance que lui accorde son entraîneur et de la reconnaissance que lui manifestent ses supporters, [Eden Hazard] devance aujourd’hui [Pastore], dont l’état de grâce avec le public du Parc est probablement terminé. »