Les enseignements du match
Joueur par joueur
Salvatore Sirigu a encaissé quatre buts sur lesquels il n’est absolument pas fautif : il a été abandonné par sa défense sur les deux premiers, et victime de la réussite insolente de ses adversaires sur les deux derniers. En dehors de cela, il a eu quelques arrêts à faire en première période : deux parades sur des tirs lointains de Gomis, et une sur un duel avec Briand. Mais le fait le plus marquant de sa rencontre est la dernière minute, lorsqu’il monte porter le danger dans la surface adverse, fêtant ensuite le but de façon très démonstrative en secouant frénétiquement Maxwell.
Le capitaine Mamadou Sakho a vécu un match assez difficile face à Bafetimbi Gomis. Gêné par la protection de balle de son vis-à-vis, Sakho a vu par deux fois l’attaquant adverse se retourner et frapper au but. Il a pris l’eau comme toute sa défense durant cinq grosses minutes juste avant la mi-temps, et a été bien meilleur durant la deuxième période, les Lyonnais n’attaquant de toute façon plus vraiment. À ses côtés, Alex était un peu plus rassurant, et a grandement compliqué le match de Lisandro. Il se fait éliminer facilement sur l’occasion de Briand en première période, mais n’a pas été pris en défaut sinon. Il a tiré une fois de plus un coup franc en force, repoussé cette fois par Lloris.
À gauche, Sherrer Maxwell a fourni une prestation mitigée. Il est très utile pour fluidifier le jeu — il est d’ailleurs l’un des Parisiens qui a touché le plus de ballons —, mais ne participe pas à des combinaisons qui créent le danger chez l’adversaire. Par ailleurs, il a pu manquer de sérénité sur certains gestes défensifs : il donne par exemple le corner qui amène le premier but lyonnais, alors que cela ne s’imposait pas. À droite, Christophe Jallet a débuté alors qu’il revenait de blessure — il n’a de fait pas pu jouer tout le match. À son aise offensivement, comme l’atteste son excellent centre pour Pastore en début de match, il a été plus en souffrance lorsque les Lyonnais ont attaqué sur son côté. Sur le second but, il ne se préoccupe absolument pas du positionnement de Lisandro dans son dos.
Au milieu de terrain, Thiago Motta a été très précieux, en proposant toujours une solution de relance à ses défenseurs, en perdant peu de ballons — son pourcentage de passes réussies dépasse les 90 % — et en récupérant quelques uns. Momo Sissoko a parcouru beaucoup de terrain, et a semblé assez à l’aise dans ce milieu axial à deux éléments. Sa grosse activité lui a évidemment joué des tours, avec quelques pertes de balles évitables, mais dans l’ensemble son apport est indéniable. Il ne communique pas suffisamment avec Jallet sur le second but encaissé, et perd son duel face à Briand sur le quatrième.
Davantage cantonné au côté gauche que lors des dernières rencontres, Nene s’est bien servi de la présence de Hoarau et a fait varier son jeu en multipliant les centres (17). Il a été très actif, a obtenu un penalty qu’il a bien transformé. Malgré cela, il est tout de même moins précis dans son jeu, et a parfois des pertes de balle agaçantes — l’une d’elles occasionne d’ailleurs le second but lyonnais. À droite, Jérémy Ménez a joué de façon très propre, en ne portant cette fois-ci pas trop la balle. Cela engendre forcément moins d’actions spectaculaires, mais assure une meilleure circulation du ballon. Il adresse une nouvelle passe décisive pour Hoarau en tirant très intelligemment un coup franc en retrait.
Aligné en soutien de l’attaquant, Javier Pastore fêtait sa première titularisation depuis sa blessure à la mi-janvier. L’Argentin a été plutôt en jambe, se plaçant entre les lignes comme il aime le faire, et jouant essentiellement en déviation. Cela a donné plusieurs bonnes occasions en première mi-temps. En manque de rythme, il est sorti à l’heure de jeu, mais son retour est prometteur. En pointe, Guillaume Hoarau a été plus qu’à la hauteur. Dans le jeu, il apporte un plus indéniable avec son sens collectif poussé. Les autres joueurs peuvent s’appuyer sur lui pour combiner, que ce soit en hauteur ou au sol. Grâce à un excellent démarquage — il vient en retrait alors que tout le monde va vers le but —, il ouvre le score. Il aurait pu s’en vouloir d’avoir raté le 0-2, mais il se rattrape en offrant le troisième but à Cearà, puis en égalisant d’une superbe tête à la dernière minute. Sa façon de fêter les buts avec les remplaçants fait également plaisir à voir.
Du côté des remplaçants, Kevin Gameiro a pu rentrer une bonne demi-heure. Il a été très utile sur le troisième but avec un bon travail côté gauche, mais veut trop forcer une frappe dans les dernières minutes, alors qu’il était en bonne position. Marcos Cearà marque un but important sur son premier ballon et Mathieu Bodmer, après avoir manqué l’immanquable face au but vide, réalise un superbe enchaînement pour l’égalisation finale.
Les complaintes lyonnaises
Jean-Michel Aulas sait être de mauvaise foi quand il parle des rapports de son équipe à l’arbitrage, il l’a déjà prouvé à de nombreuses reprises par le passé. Mais d’habitude, il peut y avoir quelques faits de jeu pour expliquer ses lamentations. Ici, le président de l’OL est en roue libre et refait complètement le déroulement de la rencontre. Le dirigeant mentionne une faute sur le troisième but qui n’a pas été sifflée, et pourtant, vidéos à l’appui, nous sommes incapable de voir ne serait-ce qu’un contact litigieux sur cette action. De la même façon, Aulas prétend que « plusieurs fois le ballon est sorti, et on n’a pas arrêté le jeu pour aider le PSG à bien remonter ». De quoi parle-t-il ? Comment le ballon peut sortir de l’aire de jeu sans reprendre ensuite par une phase arrêtée ? Les Parisiens jouaient les ballons en touche ? Le penalty sifflé en faveur des Parisiens est également contesté, Aulas estimant qu’une faute commise sur la ligne de la surface de réparation doit être sanctionnée d’un coup franc. Les images montrent que le naïf Gonalons a fait sa faute dans la surface, ce qui ne change de toute façon rien, car la loi 1 du jeu est limpide : « Ces lignes font partie intégrante des surfaces. » Une fois de plus, un intervenant du monde du football critique un arbitre en ignorant allègrement les règles de ce sport.
Mais la plus grosse critique concerne en fait le temps additionnel. L’entraîneur Rémi Garde s’est mis au diapason de son président, en pleurant auprès de l’arbitre au terme de la rencontre sur les quatre minutes octroyées. Selon lui, en comptant trente secondes par changement, il devait y avoir au mieux deux minutes trente à jouer au-delà du temps réglementaire. Pourtant le temps additionnel ne se calcule pas uniquement à partir des remplacements : toutes les phases où le jeu était arrêté rentrent en ligne de compte, comme par exemple les joies après les buts, les joueurs qui se roulent par terre après un contact — Lisandro et Briand s’en sont donné à cœur joie dans les vingt dernières minutes —, et le tout se fait à la discrétion de l’arbitre. Tenir des propos aussi véhéments que ceux d’Aulas à partir de faits aussi insignifiants donne l’impression que le président lyonnais n’a plus grand-chose à quoi se raccrocher…
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Série. Le PSG vient de signer son troisième match nul consécutif en L1. Entre temps, il a battu Dijon (0-1) en coupe de France.
Classement. Leader depuis le 21 décembre, au soir de ASSE 0-1 PSG, Paris est désormais second. Depuis sa victoire à Montpellier (0-3) le 24 septembre, il a toujours occupé l’une de ces deux places.
4 buts encaissés. Les Parisiens n’avaient plus encaissé quatre buts en championnat depuis le 27 avril 2010 à Grenoble (4-0).
Invincibilité. Le PSG reste désormais sur quatorze matches sans défaite toutes compétitions confondues. Le dernier revers des Parisiens remonte au 1er décembre 2011 à Salzbourg (2-0). Sur cette période, Paris compte 10 victoires et 4 matches nuls.
Infos en vrac
« Le PSG a évité le pire. » L’appel de une du Parisien résume bien l’analyse de Dominique Sévérac : « Dans la folie d’un match fini à 4-4, le meilleur comme le pire font aussi nul. […] Ce Paris-là, une semaine après avoir remonté les Héraultais à domicile (2-2), refuse donc avec acharnement la défaite, affichant caractère et mental. […] Mais c’est tout le reste qui inquiète. […] Le PSG s’est présenté hier aux portes de l’enfer où les flammes l’ont léché sans jamais le brûler totalement. […] Ce nul miraculeux […] confirme une tendance, celle d’un Paris plus du tout sûr de rien. Il étale depuis quatre rencontres, Dijon en coupe compris, sa fragilité à la Ligue 1, qui ne manquera pas d’appuyer là où ça fait mal. "Ne pas être premier n’est pas un problème, enchaîne l’entraîneur italien. Ne pas l’être à la fin de la saison sera, là, un problème." On le lui confirme. »
Autres résultats. Montpellier s’est imposé 1-0 face à Bordeaux. Le MHSC est premier avec 1 point d’avance sur Paris et 8 sur Lille, qui se déplace à Rennes ce dimanche.
Réactions
Jean-Michel Aulas (président de Lyon) : « Je voulais exprimer mon indignation sur la manière dont ce match a été arbitré. Toutes les actions litigieuses ont toujours été dans le même sens. J’ai essayé d’avoir du recul, mais il y a eu des incidents en première et en deuxième période. Comment peut-on siffler quatre minutes de temps additionnel ? Il faudra qu’on m’explique, c’est impossible… Je suis un président déçu et malheureux de cautionner — sur un certain nombre d’initiatives où l’orgueil est mal placé — des décisions pareilles. Il y a eu dans la psychologie de ce qui nous a été présenté des erreurs et je viens m’en excuser. Le spectacle doit être objectif et il ne l’a pas été. Sur le troisième but, il y a une faute sur un joueur lyonnais qui doit être sifflée, et qui ne l’est pas. Plusieurs fois le ballon est sorti, et on n’a pas arrêté le jeu pour aider le PSG à bien remonter. Sur le plan des règles du jeu, je considère que Lyon a été désavantagé. Je ne sais pas pourquoi et je ne sais pas s’il y a des intérêts qui dépassent le cadre du football à court terme. Mais c’est dommage. » (source : lequipe.fr)
Leonardo : « Que d’émotions ! C’était un match incroyable, une très bonne publicité pour le football français. On a cinq minutes de folie avec ces trois buts encaissés. Pourtant, à ce moment-là, on contrôlait le match. Mais en quelques minutes, on se prend tous ces buts. Normalement, c’était fini pour nous. On était morts. Mais ce soir, on a fait une belle démonstration. On a réussi à revenir au score, sans rien lâcher. Cela en dit long sur l’état d’esprit de cette équipe. […] Ils n’ont rien lâché, ils ont lutté jusqu’au bout. C’est vraiment beau. C’est le football que j’aime. C’est ça que je veux voir au PSG. […] Cela ne veut rien dire être leader juste avec un point de plus ou deuxième avec un ou deux points de moins. Ce qui compte, c’est à la 38e journée. Et je dirais même que ce n’était peut-être pas plus mal. Maintenant, c’est Montpellier qui a la pression. Mais cette fin de championnat va être passionnante. Lyon a montré ce soir qu’il était encore bien présent. Lille revient, Marseille aussi. […] Les propos d’Aulas sur l’arbitrage ? Notre ligne de conduite est simple. On respecte l’arbitre, on ne commente pas. Et puis, c’est très difficile de juger un match dix minutes seulement après sa fin. On est encore dans l’émotion. Jean-Michel est un ami. Mais sincèrement, ce match, on aurait pu le gagner 7 à 4. » (source : le Parisien)
Carlo Ancelotti : « C’est un bon résultat. Remonter un score de 2-4 en notre défaveur n’était pas facile. Nous avons montré beaucoup de caractère et de personnalité. Nous n’avons pas perdu notre confiance pour remonter au score. Je pense toutefois que le résultat est justifié. Nous avons livré un bon match. Je suis content globalement pour la performance. Nous sommes deuxièmes au classement mais ce n’est pas un problème aujourd’hui. Cela peut être un problème en fin de saison. L’important est de garder la confiance et de développer notre jeu. Nous avions besoin d’obtenir une belle performance à Lyon et nous l’avons fait contre un adversaire de qualité. » (source : AFP)
Guillaume Hoarau : « Les sentiments sont mitigés, on n’a pas le droit de prendre des buts comme ça. On sait qu’on a le potentiel pour retourner les matches, mais on n’a pas le droit d’encaisser autant de buts. S’il faut attendre d’être menés pour réagir… Il y a beaucoup de choses à corriger, on prend un point, à Lyon, c’est un bon point oui. Mais il faut faire beaucoup mieux, on avait un matelas, on ne l’a plus. » (source : AFP)
Rémi Garde (entraîneur de Lyon) : « Il y a évidemment de la frustration quand on prend un but à la 90e+4 minute. Il y a aussi la satisfaction d’avoir vu une très belle équipe de Lyon, surtout d’un point de vue offensif face à une très belle équipe de Paris. La déception est dans le résultat final et le dernier but encaissé dans des conditions un peu difficiles à admettre. Il y a des décisions arbitrales qui étaient sujettes à interprétation et n’ont pas souvent été à notre avantage, d’où notre grande déception. » (source : AFP)
Bafetimbi Gomis : « Je n’ai pas l’habitude de parler de l’arbitrage. Je préfère me concentrer sur ma prestation et celle de l’équipe. Je laisse mes dirigeants en parler. En tout cas, les spectateurs ont assisté à un bon match. Malheureusement pour nous, d’un point de vue comptable, ce résultat ne nous fait pas avancer comme on pouvait l’espérer. C’est le point noir de la soirée. On a mené deux fois et par deux buts d’écart… On n’aurait pas dû laisser Paris revenir. […] On est tombés sur une belle équipe de Paris, qui a fait de belles séquences. Ils ont des joueurs très talentueux. […] Il reste encore treize journées de championnat. C’est à nous de répéter ce type de prestations. On ne jouera pas tous les week-ends contre cette belle équipe du PSG. » (source : lequipe.fr)
Côté tribunes…
Affluence. 977 supporters parisiens étaient présents dans le parcage visiteurs, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Incidents. « Quatre interpellations (deux supporters parisiens et deux Lyonnais) ont été effectuées à l’intérieur du stade de Gerland pour usage d’engins pyrotechniques, assure le Parisien. Par ailleurs, deux personnes ont été placées en garde à vue en amont du match à la suite de bagarres entre supporters du PSG à l’intérieur d’un bus. »