Les enseignements du match
La composition d’équipe choisie par Kombouaré
Comme après chaque défaite ou résultat décevant, le onze de départ aligné par Kombouaré fait débat, et les experts auto-proclamés annoncent avec quelle formation il était sûr et certain que le PSG aurait gagné. Personne ne connaît l’état de forme des joueurs ou la prestation des Parisiens à l’entraînement mieux que l’entraîneur parisien, mais cela n’empêchera personne d’être le plus affirmatif possible sur ce qu’il fallait faire. Après tout, c’est comme cela que fonctionne l’analyse footballistique désormais.
Pour le déplacement à Bordeaux, Kombouaré a effectué plusieurs choix forts. Dictés par la fatigue de certains, ou les prestations moyennes d’autres. Ainsi, par rapport à la finale de samedi dernier, en plus de Makelele suspendu, quatre joueurs sont sortis de l’équipe : Tiéné et Giuly ont probablement été ménagés ; quant à Bodmer et Hoarau, il est possible qu’ils payent là leur prestation moyenne au Stade de France. Ces deux derniers se sont d’ailleurs rattrapés en entrant en jeu en deuxième période de façon convaincante. Auraient-ils fait un aussi bon match en débutant la rencontre ? Cela semble une fois de plus hasardeux de répondre par l’affirmative.
Mais plus que les joueurs écartés, c’est le quator offensif qui a semblé osé. Jallet revenant de suspension, il était la solution naturelle sur le côté droit. En pointe, Erding, qui a l’air de retrouver un semblant de forme en cette fin de saison, méritait d’être titularisé. Là où Kombouaré a innové, c’est en plaçant Nenê en meneur de jeu axial. Libre de ses mouvements, le Brésilien n’a pas démérité dans cette position, et son aptitude au dribble comme à la passe dans les petits intervalles a tout de même posé quelques problèmes à la défense bordelaise. Bien sûr, il était moins souvent sur son côté gauche pour adresser des centres, Hoarau n’étant pas là — en première période au moins —, cela paraissait moins dérangeant. Il faudra certainement plus d’une rencontre pour être convaincu ou non que Nenê peut jouer à ce poste, mais la tentative n’avait rien de saugrenue.
Pour le remplacer côté gauche, c’est Jean-Christophe Bahebeck qui a pu fêter sa première titularisation. Le jeune Parisien a ainsi pu évoluer à son poste de formation. Là encore, tenter ce coup sur un match capital de fin de saison est risqué, mais Bahebeck effectue des bouts de rencontres depuis plusieurs mois maintenant, et a montré par bribes un talent certain. Kombouaré l’a jugé prêt pour débuter, et la prestation du joueur ne lui a pas donné tort. S’il a mis une dizaine de minutes avant de rentrer dans la rencontre, Bahebeck a au moins montré qu’en vitesse et en technique, il était déjà à la hauteur d’une rencontre de L1. Les défenseurs bordelais se sont plusieurs fois retrouvés en difficulté face à ses accélérations, et Bahebeck possède à son crédit deux occasions franches. Peut-être de quoi envisager plus sereinement l’absence de Nenê à Saint-Étienne dans dix jours.
Dans L’Équipe, Damien Degorre dédouane Antoine Kombouaré de sa responsabilité pour certains de ses choix :
Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché qu’Antoine Kombouaré a eu tort d’effectuer hier autant de changements dans sa composition. Paris a joué son soixante-quatrième match de la saison et plusieurs joueurs, qui ont tant donné, sentent la fatigue les gagner. C’est le cas, par exemple, de Hoarau et de Giuly. Les laisser sur le banc quatre jours après la finale de coupe n’était pas saugrenu. Offrir sa chance au jeune Bahebeck non plus. On peut en revanche discuter de l’idée de replacer Nenê derrière l’attaquant aux dépens de Bodmer, ou encore celle de changer une défense centrale solide (Armand-Sakho), pour décaler le premier latéral gauche à la place d’un Tiéné qui avait été bon samedi dernier. Mais finalement, le changement le plus fatal, et indépendant de la volonté de l’entraîneur, aura été au milieu avec la suspension de Makelele. Sans son capitaine, Paris n’est plus le même.
De son côté, Dominique Sévérac, dans le Parisien, souffle le chaud et le froid :
Le souci toujours (sic), ce sont les choix de départ d’Antoine Kombouaré, qui a perdu son pari. En laissant au coup d’envoi Hoarau, Giuly, Tiéné et Bodmer sur le banc, l’entraîneur parisien a construit une équipe bancale qui ne s’est jamais vraiment trouvée. Ajoutez le manque de réalisme habituel et c’est reparti pour une Ligue Europa la saison prochaine… Mais Kombouaré a-t-il le choix ? Vu son effectif limité, vu la saison parisienne où le club a joué toutes les compétitions à fond (péché de gourmandise d’ailleurs), pas vraiment. Ses explications après le match alignaient autant d’arguments recevables. « Je n’ai pas de regret sur ma composition. On a souvent aligné la même équipe lors des derniers matches. Pour deux nuls et une défaite. On n’a donc pas eu les résultats escomptés. Il fallait injecter du sang neuf et frais. C’était notre quatrième match en dix jours. » Hier soir, il se murmurait que l’actionnaire Sébastien Bazin et quelques administrateurs proches étaient furieux de la première titularisation de la saison de Jean-Christophe Bahebeck dans un match à 20 millions d’euros,le ticket d’entrée en Ligue des champions. « Les enjeux économiques sont énormes, concède Kombouaré, mais les joueurs pensent à leur match, pas à cet aspect durant la partie. »
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
La crise du mois de mai. « Le PSG n’a gagné aucun de ses 9 derniers matches de championnat joués au mois de mai », remarque Opta. Après 4 victoires et 2 matches nuls toutes compétitions confondues en avril, le PSG a enchaîné 2 matches nuls puis 2 défaites ce mois-ci. La saison dernière, Paris avait déjà fini la saison de L1 sur 3 défaites et 3 matches nul — série interrompue par la victoire en finale de la coupe de France. Enfin en 2008/2009, Paris était quatrième à deux journées de la fin, avant de terminer finalement sixième, la faute à 3 défaites, 1 match nul et 1 victoire en mai.
Série. « Le PSG n’a gagné que 4 de ses 15 derniers matches officiels [soit depuis début mars], pour 5 défaites et 6 nuls, toutes compétitions confondues », signale Opta dans L’Équipe.
Penalties. « Le PSG a concédé un penalty lors de chacun de ses trois derniers matches officiels », remarque Opta.
Record de tirs. Avec 20 tirs pour Bordeaux et 21 pour Paris, le match a atteint un total de 41 frappes. « Un record pour une rencontre de L1 cette saison », relève Opta dans L’Équipe.
Paris ne réussit pas en Gironde. Le PSG n’a gagné qu’un match à Bordeaux lors de ses 21 derniers déplacements. Au total, Paris compte 6 victoires en 37 rencontres de L1.
Bordeaux aime les gros. L’Équipe souligne que les Bordelais sont habitués à réussir de bonnes performances face aux équipes de tête : 2 matches nuls contre Lille, 1 victoire et 1 nul face à Lyon.
Dans la presse
Damien Degorre, dans L’Équipe du 19 mai 2011 :
Comme le disait Antoine Kombouaré, la veille, c’était une occasion fantastique. Et comme l’ont une nouvelle fois montré ses joueurs, ils ont été incapables de la saisir. Ce matin, à la lecture du classement, ce sont donc les Lyonnais qui rigolent, eux qui parviennent à creuser l’écart en se contentant d’un match nul à Brest (1-1, lundi). Et à ce rythme, ce seront eux qui décrocheront la troisième place au soir du 29 mai, celle qui autorise un club français à participer aux matches de barrage pour la prochaine Ligue des champions, à la mi-août. Après tout, comment ce PSG peut-il encore rêver à un tel accessit, lui qui a été incapable de récolter plus de deux points lors des trois derniers matches de championnat, quand ses adversaires s’appelaient Monaco (1-1), Nancy (2-2) et, dernier en date, Bordeaux ? Il s’agirait là d’une récompense heureuse pour un club passé à côté de chacune de ses occasions cette saison. À l’issue des matches aller, Paris, alors deuxième, avait eu l’occasion de coller aux basques de Lille, un seul point devant. Mais un nul contre Monaco (2-2, le 18 décembre), au Parc, puis une défaite à Nancy (0-2), quatre jours plus tard, l’avaient déjà éloigné du leader. […] La fébrilité des Parisiens hier, leur manque d’engagement en début de rencontre, la faiblesse technique de certains d’entre eux, n’augurent rien de bon pour les deux dernières journées. L’usure physique liée à la répétition des matches est peut-être une raison, mais elle n’explique pas tout. Elle n’explique pas, en tout cas, l’individualisme retrouvé de Nenê qui, comme face à Lille, en finale de la coupe de France, se trouve de nouveau à l’origine du but adverse à cause d’une perte de balle évitable à la suite d’un de ses nombreux duels perdus et d’un plongeon qui l’était tout autant.
Dominique Sévérac, dans le Parisien du 19 mai 2011 :
Oui, cette défaite à Bordeaux, l’équipe qui ne joue que face aux gros bras de la L1, sonne peut-être comme le terminus des ambitions du PSG dans cet exercice. Elle n’est pas méritée, comme bien d’autres cette saison, mais là n’est pas le problème. Le souci, c’est ce qu’on a vu. Des joueurs qui n’ont pas montré l’état d’esprit d’une formation assoiffée par l’idée de disputer la Ligue des champions, Graal qui fuit la capitale depuis sept ans. Dilettantes et sans impact : tels sont apparus les coéquipiers de Nenê qui ont perdu pour la première fois en championnat sans Makelele. […] C’est comme si Paris ne voulait finalement pas passer Lyon, toujours troisième à deux points. Il reste Lille (samedi 21) et Saint-Étienne (dimanche 29) pour le PSG, un champion de France en puissance et une formation en vacances. Ce sera Caen et Monaco pour l’OL, deux équipes qui se battent pour leur survie. On dirait qu’il reste quand même une petite chance pour le PSG.
Performances. Seul Grégory Coupet fait l’unanimité pour lui dans la presse spécialisée : jugé « très sûr » par L’Équipe, qui lui attribue la meilleure note, le gardien parisien est également crédité d’une « bonne prestation » dans le Parisien. Les deux journaux sont également cléments envers le duo Camara-Sakho. Si Nenê obtient la deuxième meilleure note de la rencontre dans les colonnes du journal de Saint-Ouen, le quotidien sportif estime en revanche qu’il a été le deuxième plus mauvais joueur parisien : « Nerveux et terriblement maladroit. […] Bref, le joueur beaucoup trop individualiste que l’on n’apprécie pas. » Enfin Jérémy Clément est considéré comme le joueur le plus en difficulté mercredi soir, « commettant la faute du penalty et perdant un nombre considérable de ballons » selon L’Équipe, « constamment dépassé » pour le Parisien.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Il ne pouvait pas y avoir plus mauvais scénario pour nous que ce début de rencontre et cette très mauvaise entame. Bordeaux était fébrile, en difficulté, et on lui a permis de prendre confiance avec ce contre et ce penalty dès la cinquième minute. On n’a pas été au rendez-vous et, ce matin, on n’a plus notre destin en main. Il va falloir récupérer, reprendre des forces et vite se remobiliser avec la réception de Lille, samedi, notre dernier match de la saison à domicile, qu’il faudra gagner. […] Je suis déçu, oui, et forcément un peu en colère quand on met en place un schéma et que ça ne se passe pas comme on le souhaite. Ce soir, il y avait de la fatigue. C’était notre quatrième match en dix jours. En première période, on a eu moins de jus, moins de peps. Après, on fait les efforts, on se bagarre, on se crée des occasions mais leur gardien sort un grand match. […] Je n’ai pas de regret par rapport à ça [l’équipe titularisée]. Sur les derniers matches, on a souvent aligné la même composition et on n’a pas eu pour autant les résultats escomptés. Il fallait injecter du sang neuf. […] C’est vrai qu’il y a des enjeux financiers importants qui sont liés à une participation en Ligue des champions. J’essaye de le faire comprendre aux joueurs, mais, eux, ils ne pensent pas à cet aspect financier, ils pensent à préparer leur match. Et ce soir, on n’a pas eu de réalisme. » (source : L’Équipe)
Robin Leproux : « Je suis assez énervé parce que ce soir les joueurs ont failli. Ils sont passés complètement à côté de leur match. On avait un rendez-vous, je crois qu’ils n’ont pas saisi. Le Paris Saint-Germain avait un rendez-vous assez important avec la Ligue des champions, on a fait un match sans engagement, sans prendre la mesure de l’enjeu qui pouvait être le nôtre. C’était sans envie, sans impact et je dirais presque pas sérieux. Je défends mon groupe, j’essaie de le stimuler mais lorsque tout un club, tout un staff, les supporters sont dans l’attente d’une Ligue des champions et qu’on fait un match comme ce soir — cette place de troisième nous tendait les bras, il y avait des signes —, il faut entrer sur le terrain en ayant faim, en ayant envie. Je pense qu’ils n’ont pas compris, qu’ils n’ont pas pris la mesure de l’événement. On va régler ça entre nous. À force de nous tendre les bras comme ça, la troisième place, on va passer à côté, même la quatrième. Il ne faut pas gâcher cette saison, il va falloir battre Lille et Saint-Étienne. La balle n’est plus dans notre camp. » (source : AFP)
Christophe Jallet : « C’est dur à encaisser. On prend ce but qui nous fait mal au bout de quatre minutes et ensuite on n’arrive pas à les faire plier malgré de nombreuses occasions. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. On savait qu’on pouvait avoir notre destin en mains concernant la Ligue des champions mais une fois de plus, on rate une opportunité. […] À nous de nous remobiliser pour affronter Lille. Peut-être qu’on aura une bonne surprise. […] [Leproux] est venu nous voir mardi en nous disant qu’on avait un bon coup à jouer. Ce soir on l’a déçu. On ne l’a pas encore vu mais il ne manquera pas de nous le rappeler. On est tous assez grands pour assumer nos erreurs. Il faut qu’on balaye tous devant porte avant ces deux derniers matches. […] Il y a un peu moins de lucidité. C’est vrai que l’accumulation des matches fait qu’on a un peu moins d’essence dans le réservoir… » (source : le Parisien)
Fernando : « Encore une fois, on a prouvé que contre des équipes importantes, on est toujours présent. Ces équipes nous font avoir la boule au ventre, nous laissent les espaces surtout. C’est le match où on s’est procuré le plus d’occasions avec le ballon par terre, sans coups de pied arrêtés. Il y a eu un soulagement, il fallait se racheter par rapport à nos supporters. Le dernier match a été une défaite très lourde, presque humiliante. Contre un adversaire important, il fallait une victoire. » (source : AFP)
Suspensions
Aucun Parisien n’a été averti mercredi soir.
Mathieu Bodmer est en sursis jusqu’à la fin de la saison, mais une éventuelle suspension ne serait pas appliquée avant la saison prochaine.
Rappelons par ailleurs que Siaka Tiéné, Nenê et Clément Chantôme seront suspendus à Saint-Étienne lors de la dernière journée.
Retrouvailles
Aucun joueur n’a évolué avec les deux équipes.
Côté tribunes…
Affluence. 9 supporters parisiens ont fait le déplacement officiel organisé par le PSG, d’après les chiffres communiqués par la LFP.