Les enseignements du match
La contre-performance du PSG
Faire un 0-0 à domicile face à Lens, équipe mal en point au classement, a tout d’une mauvaise affaire pour le PSG. Et ce même si cette équipe lensoise avait toutefois mis en grande difficulté les Lillois chez eux, qui n’avaient trouvé la faille qu’en fin de match sur une seule action, après une rencontre médiocre. Au Parc, l’action décisive a presque failli venir : quand Hoarau expédie une tête sur le poteau, ou lorsque Erding se retrouve deux fois dans la même minute face à Runje — qui sort bien à chaque fois.
Face à une équipe qui ne vient que pour défendre, il est toujours très difficile de se créer une multitude d’occasions. On peut considérer que Paris en a eu cinq — avec la tête de Sakho et la frappe de Makelele —, ce qui reste un chiffre raisonnable dans de telles circonstances. Le problème est celui qui est intervenu déjà souvent cette saison : avec cinq occasions franches, le PSG a eu largement de quoi ouvrir le score. Ne pas l’avoir fait est la seule chose qui a conduit le PSG a ce résultat nul.
On peut bien sûr disserter longtemps sur la tactique mise en place et le choix des hommes, il n’empêche que jouer face à une équipe très regroupée empêche toute forme d’animation d’être réellement efficace, on l’a suffisamment vu au Parc par le passé. Bien sûr, à Paris, les absents ont toujours raison, et certains auront tôt fait de dire que Sessegnon aurait pu faire la différence à lui tout seul — alors qu’il n’a pas été capable de la faire depuis un an et demi —, ou que Cearà arrière droit, et Jallet au milieu, ça aurait tout changé… On ne le saura jamais, mais croire qu’il y avait une solution miracle pour déséquilibrer les deux lignes lensoises ultra-compactes est un leurre. Dans ce genre de rencontre, il faut être réaliste, et Paris ne l’a pas été.
La classe lensoise
Que les hommes de Böloni ne viennent que pour défendre est quelque chose qui peut se comprendre dans leur situation. En revanche, que ceux-ci tuent littéralement une rencontre par une attitude infâme est déjà plus difficile à digérer. Il y a eu le désormais classique : lorsque l’on fait faute sur Nenê, on l’accuse d’avoir plongé. Puis toute la panoplie de trucs et astuces pour gagner du temps. Se rouler par terre au moindre contact — ou même parfois lorsqu’il n’y en a pas — ; commettre des fautes dès qu’un contre s’amorce et empêcher le coup franc de se jouer vite ; faire rentrer la civière dès que possible, puis sortir sur le bord du terrain sans l’utiliser, en boitant à côté ; mettre une minute pour quitter la pelouse à chaque remplacement ; pour le gardien, prendre quinze secondes à chaque dégagement ; enfin, pour le coach, râler dès que possible pour faire venir l’arbitre, histoire de perdre une minute en interminables palabres.
Le plus rageant est que tout ceci se fait en toute impunité : l’arbitre de la rencontre a beau eu faire un signe avec sa montre à Runje lorsqu’il prenait du temps à dégager, il n’a accordé que trois maigres minutes de temps additionnel, soit l’équivalent du temps réglementaire pour six remplacements opérés… De même, pour leur comportement anti-sportif, les Lensois n’ont été que peu sanctionnés. À l’inverse, Clément Chantôme a pris un carton jaune lorsque, voulant jouer rapidement un coup franc, un Lensois a contré le ballon… Avec un arbitre aussi complaisant, les Nordistes auraient eu tort de se priver.
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Équilibre. Depuis PSG 0-0 Borussia Dortmund début novembre, le PSG avait encaissé au moins un but durant 18 matches consécutifs. La série a pris fin ce week-end. Mais depuis ce match de Ligue Europa, le club de la capitale avait également réussi à inscrire au moins deux buts à chaque match au Parc des Princes. Cette série aussi a pris fin ce week-end… Par ailleurs, depuis le 22 décembre, c’est la troisième fois en cinq matches de L1 que Paris ne marque pas.
Le PSG devance Lyon… grâce au fair-play. Après 23 journées de L1, le PSG et l’OL sont à égalité parfaite : même nombre de points, même différence de buts, même nombre de buts marqués. « En cas de nouvelle égalité, les clubs seront départagés à la différence de buts lors des rencontres disputées entre eux », précise l’article 307 du règlement des compétitions de la LFP. Les deux équipes ayant fait match nul 2-2 à Gerland, cela ne suffit toujours pas. En dernier ressort, la Ligue précise que « si l’égalité subsistait encore c’est la LFP qui départagerait les clubs en fonction de leur bonne tenue : avertissement = 1 point, carton rouge = 3 points. » Le PSG est actuellement huitième au classement du fair-play — 38 cartons jaunes, 2 rouges —, alors que Lyon pointe à la douzième place — 36 avertissements mais 4 expulsions.
Tirs cadrés. Le PSG a cadré 4 de ses 18 tirs samedi soir. De son côté, le RCL compte 9 tirs mais aucune frappe cadrée, selon la LFP.
PSG vs Lens. Toutes compétitions confondues, Paris reste désormais sur 10 matches sans défaite face à Lens : 6 victoires, 4 matches nuls. La dernière défaite du PSG contre le RCL au Parc des Princes remonte à novembre 2006 — il s’agissait alors de la cinquième victoire lensoise consécutive à Paris. C’est la première fois que le PSG et Lens font match nul 0-0.
Infos en vrac
Armand souffre d’un « traumatisme ». Sylvain Armand « a pris un coup de genou sur une sortie d’Edel et il a un traumatisme », a indiqué Antoine Kombouaré après le match. Il a fini la première période avec des maux de tête et voyait trouble. » L’ancien Nantais a été remplacé à la mi-temps par Zoumana Camara, mais il ne s’est pas rendu à l’hôpital, précise l’AFP.
Dans la presse
Christophe Bérard, dans le Parisien du 13 février 2011 :
Un Parc qui siffle, des passes qui n’arrivent jamais, un jeu fade et deux points qui s’envolent dans une médiocrité qu’on ne pensait plus revoir cette saison. Après la défaite à Rennes (1-0) la semaine dernière, voilà comment le PSG a abandonné la deuxième place de la L1 qu’il occupait depuis le 5 décembre. Le voici même dépassé par Marseille qu’on disait moribond il y a encore une semaine. Tout va décidément très vite en football. […] Malgré l’indigence de leur prestation collective, les coéquipiers de Makelele se sont procuré quatre grosses occasions de battre Runje. […] Depuis le début de saison, Nenê est la principale source de lumière d’une équipe qui dépend encore trop de ses éclairs de génie. Hier soir, le Brésilien est resté dans la pénombre et personne n’a su le relayer. […] La seule satisfaction de la soirée est à chercher au rayon des statistiques. Le PSG a fini la rencontre sans encaisser le moindre but. Cela ne lui était pas arrivé lors de ses… dix-huit derniers matches. En même temps, se glorifier de ne pas avoir pris de but face une équipe venue surtout pour défendre serait malvenu. […] L’heure n’est pas venue de s’inquiéter pour l’avenir de ce Paris-là.
Damien Degorre, L’Équipe du 13 février 2011 :
La bonne nouvelle pour Paris, c’est qu’il n’a pas pris de but hier soir, ce qui ne lui était plus arrivé depuis treize journées en L1 [Toulouse 0-2 PSG, le 16 octobre 2010]. La mauvaise, c’est tout le reste. Il ne marque plus, donc ne gagne pas, même chez lui contre une équipe relégable, pendant que ses concurrents directs aux premières places engrangent les points et resserrent les positions. […] Au classement, Paris rétrograde mais ce n’est pas ce qui le tracasse le plus. Ses occasions manquées, en revanche, posent davantage problème. […] À quinze journées de la fin, le PSG demeure un candidat crédible au podium mais il va devoir s’extirper de cette dynamique atone enclenchée depuis la reprise, à peine masquée par la victoire à Arles-Avignon.
Performances. Une fois n’est pas coutume, la presse spécialisée partage les mêmes impressions sur la prestation des Parisiens : pour L’Équipe, Sakho (« avec ses anticipations incisives, [il] a affiché son autorité habituelle »), Camara (« bons placements ») et Tiéné (« a bien occupé son couloir gauche, d’où il délivra des centres précis en première mi-temps ») se sont particulièrement illustrés. On retrouve les mêmes commentaires dans le Parisien sur Sakho (« un match correct, des interventions précises et des relances prudentes »), Tiéné (« il n’hésite pas à passer la ligne médiane et prend du volume ») et Camara. Les quatre joueurs les moins performants sont également les mêmes deux les deux quotidiens : Jallet (« moins précis que d’habitude »), Nenê (« il n’est plus dans le coup et le doute commence réellement à s’installer. Insignifiant en défense, transparent en attaque, il ne fait plus la différence. Inquiétant. ») et Erding (« il a raté deux énormes occasions en quarante secondes »). Mais le joueur le plus critiqué reste sans conteste Edel : « folklorique dans ses sorties aériennes », selon L’Équipe ; « n’a pas eu grand-chose à faire et l’a mal fait », pour le Parisien.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Ce qu’il manque c’est un but, tout simplement. Il faut garder confiance en soi. Lens est venu avec des arguments ultra-défensifs, et on a voulu marquer trop vite. Il ne faut pas avoir une multitude de situations mais il y avait la place pour marquer un but. On a des occasions, quatre très belles. L’adversaire s’en est créé zéro. Dans les prochaines confrontations, on va se retrouver face à ce type d’adversaire. À nous de faire en sorte de jouer, de faire ce qu’il faut pour gagner. Cette réussite, il faut la provoquer. On perd deux points. La satisfaction, c’est que cela faisait longtemps que l’on n’avait pas pris de but. Enfin, la défense est hermétique. […] Il faut croire au jeu que l’on pratique. Il faut mieux préparer, écarter et insister beaucoup. On a peut-être aussi manqué d’agressivité offensive. […] Quand je parlais de précipitation, je parlais de Nenê, de ces joueurs-là. Il a envie de faire la différence trop vite. Il ne faut pas forcer les choses. J’avais demandé à Chantôme de rentrer pour que Jallet ait de la place. Avec Makelele, un seul récupérateur suffisait largement. Et avec pratiquement trois meneurs de jeu et deux attaquants, ça pouvait le faire. Mais il fallait faire attention aussi aux contre-attaques. On savait qu’ils seraient arc-boutés en défense. On a beaucoup usé de longs ballons. […] Il y a encore 45 points à prendre. On n’est pas largué. On a encore notre carte à jouer. » (source : AFP)
Zoumana Camara : « Il faut changer cet état d’esprit, être plus fort mentalement et ne pas se contenter de ce que l’on a. À un moment, il faut forcer le destin, ne pas être fataliste et y croire jusqu’au bout. En fait, il faut se comporter comme une équipe du haut de classement, ce que faisait Lyon à la grande époque. Dans le jeu, ça va, les occasions sont là, il fallait juste être plus réaliste. Un point en deux matches, c’est peu, mais on va s’en contenter. On est là, on bosse bien. Il va falloir réagir au plus vite après ce petit coup d’arrêt. » (source : AFP)
Nenê : « Je sais que je suis moins bien en ce moment mais je ne me cache pas. […] Le traitement particulier dont je fais l’objet ? C’est de plus en plus comme ça, des fois ce n’est pas un mais deux joueurs qui sont sur moi. Ce n’est pas un problème, il faut rester tranquille et essayer d’en profiter. Même si je touche moins de ballons, cela va forcément libérer des espaces pour mes partenaires. » (source : AFP)
Clément Chantôme : « On ne sait pas tuer les matches, c’est notre problème. On ne peut pas se permettre de rater autant d’occasions. On va essayer d’y remédier, à nous de rebondir. On doit avoir l’instinct de tueur pour gagner ce genre de rencontres. Ce n’est pas le cas en ce moment. […] C’est un mélange de manque de confiance et de réussite. On sait que l’on est attendu de plus en plus souvent. Si on ne marque pas sur nos occasions, l’adversaire prend confiance, s’accroche et ça rend l’opposition encore plus difficile. Malgré la déception, il y a quand même des choses positives à retenir. » (source : le Parisien)
Suspensions
Seul Clément Chantôme a été averti samedi soir.
Siaka Tiéné sera suspendu s’il reçoit un nouveau carton jaune lors des 6 prochains matches.
Retrouvailles
Zoumana Camara retrouvait l’un de ses anciens clubs : il a joué au RCL de janvier 2002 à juin 2003.
Côté tribunes…
Affluence. 32 919 spectateurs — dont 977 Lensois — étaient présents au Parc des Princes samedi soir, d’après la LFP.
Ambiance. Erding « a raté deux énormes occasions en quarante secondes (51e) et s’est fait conspuer par le Parc », indique le Parisien. Il a eu droit au même traitement au moment de céder sa place à Maurice (84e). » À noter par ailleurs que des fumigènes ont été allumés par les supporters lensois dans le parcage visiteurs.