Les enseignements du match
Les décisions arbitrales
Tony Chapron, arbitre qui a marqué le PSG lors de l’opération nettoyage des surfaces en août 2006, était le principal officiel dimanche après-midi. À la 36e minute, il a sifflé un penalty on ne peut plus logique, qui aurait même pu valoir un carton jaune à Edel. Le problème est que, cinq secondes avant, il ne sanctionne pas un croc-en-jambe sur Nenê, qui amène la récupération de balle brestoise. L’arbitre avait pourtant les yeux rivés sur l’action, et il est probable qu’il ait refusé de siffler en estimant que Nenê exagérait sa chute.
Sur l’exécution du penalty, le buteur Larsen Touré est déjà trop avancé lorsque Grougi tire — le demi-cercle devant la surface de réparation doit être vierge de joueur au moment du tir. Le penalty aurait donc dû être retiré… même s’il faut reconnaître que rares sont les penalties qui sont exécutés dans les règles de l’art. Cela fait partie des infractions interdites mais pourtant tolérées dans les faits.
Enfin il faut signaler une action nettement plus regrettable : celle sur laquelle Ahmed Kantari — formé au PSG — donne un coup de coude délibéré à la gorge de Guillaume Hoarau. Les Brestois avaient fait suffisamment de bruit lorsque Nolan Roux avait été victime d’une pareille faute de la part de Spahic pour s’étonner de voir un des leurs reproduire ce geste. Dans tous les cas, Kantari aurait dû être expulsé, et Paris obtenir un penalty. Tony Chapron semblait pourtant assez proche de l’action, mais devait visiblement être focalisé sur le ballon.
Par rapport à toutes ces décisions, il faut mettre en avant la bonne réaction de Claude Makelele qui, à chaud au micro de Foot+, en fin de rencontre, a refusé de rentrer dans des polémiques dont les télés raffolent, en niant l’influence de l’arbitrage sur le résultat, et en mettant en avant surtout les défaillances collectives de sa formation.
Rentrée difficile pour Edel
À la demi-heure de jeu, Coupet sort sur blessure. Edel le remplace au pied levé, sans échauffement. N’ayant participé à aucune rencontre depuis plus d’un mois, le numéro deux parisien se retrouve vraiment parachuté sur le terrain, sans y être réellement préparé. Et sur sa première intervention, il se rate complètement, commettant une faute sur l’attaquant adverse alors même que sa sortie ne s’imposait pas. Sans vouloir dédouaner Edel de son erreur, il faut pourtant aller dans le sens de Makelele et Kombouaré à la fin de la rencontre, qui ont surtout insisté sur le fait que, dans une telle situation, c’est aux défenseurs et aux joueurs déjà présents sur le terrain de redoubler d’efforts afin que le portier ait le temps de rentrer dans la rencontre.
Ici, deux minutes après son entrée, Edel se retrouve à avoir à gérer un ballon en profondeur. Qu’il se rate est dommage, mais n’a rien de vraiment surprenant. D’autant qu’il a ensuite le mérite de repousser le penalty… Et là, ce sont ses coéquipiers qui ont failli en ne suivant pas l’action. Le ralenti est cruel, qui montre Nenê et Jérémy Clément restant les mains sur les hanches devant la surface, quand les Brestois se jettent vers le but.
Sur le deuxième but, Edel ne réalise pas l’arrêt décisif devant Grougi, seul aux six mètres. On trouvera facilement des spécialistes pour s’en prendre au portier parisien, mais toute l’action dénote surtout un manquement collectif. Nolan Roux récupère et accélère facilement au milieu de terrain, Touré peut centrer sans réelle opposition, et enfin Grougi se retrouve seul pour marquer…
Il est indéniable qu’Edel a fait une mauvaise rentrée. Mais il est pour le moins contestable de lui imputer le match nul, et de faire complètement abstraction des conditions dans lesquelles le joueur a évolué. Lequipe.fr semble d’accord, estimant qu’« il serait sans doute réducteur d’imputer au seul Edel le onzième nul concédé par le PSG cette saison ». Et comment est titré l’article qui contient cette phrase ? « Paris survit à Edel. » Faire preuve de nuance, pourquoi pas, mais seulement en petits caractères.
Pour son retour sur les terrains après un mois d’absence, Edel fait l’unanimité dans les médias. Une revue de presse exhaustive de toutes les piques à l’égard du Camerounais ce week-end serait sans fin ; concentrons nous sur les quotidiens du groupe Amaury.
L’Équipe consacre une page au match Brest-PSG : sur quasiment une demi-page, une photo d’Edel battu après avoir repoussé le penalty de Grougi illustre l’article titré « Paris prie pour Coupet » :
Affirmer qu’Apoula Edel a, une nouvelle fois, planté son équipe […] n’est pas excessif. […] Ce n’est même pas une faute de main, comme face à Monaco la saison dernière, ni un mauvais dégagement, comme à Lyon, ni même une faute de placement sur sa ligne, comme face à Benfica. Non, juste un manque de discernement inhabituel à ce niveau. […] Reste désormais à espérer que l’indisponibilité de Coupet ne sera pas trop longue si Paris veut continuer à rêver.
Sous cet article, un encadré est consacré aux prestations des joueurs. Son titre ? « Edel, roi de la boulette. » Le gardien parisien hérite d’un 3 : « Sa première intervention est une catastrophe », détaille le quotidien sportif, qui reproche à Edel de n’avoir pas pu empêcher Touré de reprendre le penalty qu’il a repoussé. « Pourtant sur la trajectoire, il est ensuite impuissant face à Grougi. Son match est résumé », s’auto-complimente L’Équipe.
Au cas où les lecteurs n’aient pas bien compris, le quotidien enfonce le clou avec « l’avis de l’envoyé spécial » :
Après ce qu’il a démontré cette saison, confirmé à Brest hier, le gardien arméno-camerounais n’avait pas beaucoup d’arguments à présenter pour obtenir une prolongation. À moins qu’il eût accepté de diviser son salaire par deux. Sauf qu’il a pratiquement été multiplié par deux.
Dans le Parisien, Laurent Perrin — spécialiste des piques faciles — consacre lui aussi l’essentiel de son papier d’après-match à parler d’Edel :
Le penalty est indiscutable. La faiblesse du gardien camerounais aussi. On ne compte plus le nombre de points qu’il a coûtés. Alors que son équipe avait une chance unique de prendre la troisième place, ses errements ont inversé le cours d’un match très bien engagé. […] Tous les espoirs sont encore permis pour le PSG. Surtout si Grégory Coupet rejoue dès samedi prochain au Parc contre Valenciennes.
Aussi monomaniaque que L’Équipe, le Parisien insiste lourdement sur la performance d’Edel. « Il ne lui faut que quelques minutes pour concéder un penalty. Même s’il le détourne ensuite dans les pieds de Touré, cela n’excuse rien », anticipe le quotidien, inquiet que certains lecteurs soient tentés de faire preuve de nuance dans leur interprétation des événements. « Et le deuxième but brestois lui passe entre les jambes… », conclut le Parisien, comme si ce commentaire se suffisait à lui-même.
Même l’interview d’après-match d’Edel est un moyen de se payer le Camerounais, en précisant par exemple « (Il s’emballe.) » avant d’introduire une réponse banale et souriante d’Edel, au lieu de retranscrire fidèlement les propos dont l’on peut prendre connaissance en vidéo sur le site du journal.
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Fin de séries. Le PSG restait sur trois victoires consécutives toutes compétitions confondues, dont deux en L1.
Stats en vrac : les joueurs
20e but pour Hoarau. Guillaume Hoarau a inscrit son 20e but de la saison toutes compétitions confondues, ce qui fait de lui le meilleur buteur du club devant Nenê (19).
Bodmer en réussite. Déjà auteur d’un but et d’une passe décisive à Angers mercredi, Mathieu Bodmer a inscrit son septième but de la saison à Brest.
Infos en vrac
La blessure de Coupet. Blessé peu après la demi-heure de jeu en bloquant un tir, Grégory Coupet a dû laisser sa place à Edel. Il souffre d’un « dérangement de l’articulation sacro-iliaque, indique le PSG sur son site officiel. […] [Il] va observer 48 heures de traitement. Un point sera fait en début de semaine. » « Sa présence samedi prochain contre Valenciennes ne fait aucun doute », assure de son côté le Parisien.
Chantôme était ménagé. Inscrit sur la feuille de match, Clément Chantôme n’a pas joué dimanche après-midi. « Il a pris un coup [samedi à l’entraînement] mais il a poursuivi la séance, donc on l’a emmené avec nous », a expliqué Antoine Kombouaré dans L’Équipe. Le quotidien sportif ajoute que « la douleur au tendon d’Achille est restée tenace toute la soirée et pendant la matinée », incitant le staff à laisser son milieu au repos. Lundi, PSG.FR annonce que Chantôme « a pris un coup au mollet à l’entraînement samedi. Il ressentait une douleur dimanche et a été laissé au repos. »
Dans la presse
Aucune analyse du match dans les quotidiens spécialisés, qui se contentent de taper sur Edel (voir plus haut).
Performances. Seul Sylvain Armand a réussi une prestation honorable aux yeux du Parisien, qui estime qu’« il n’y a vraiment pas grand-chose à lui reprocher ». Makelele et Clément sont jugés un ton en dessous du reste de l’équipe, et Giuly encore plus en difficulté. De son côté, L’Équipe considère que Nenê a fait un excellent match ; Bodmer, Hoarau et Armand s’en sortent également. Les prestations de Tiéné et Giuly sont quant à elles jugées médiocres. Les deux journaux sont en revanche sur la même longueur d’onde pour tailler Edel (voir plus haut).
Réactions
Antoine Kombouaré : « La sortie de Greg [Coupet] nous fait du mal parce qu’on encaisse deux buts en première mi-temps. Je suis aussi déçu parce qu’avant le penalty, il y a une petite faute pas sifflée sur Nenê, qui amène le ballon dans la profondeur. Malgré la sortie de Greg, on doit être plus costaud et capable de garder le score. La faute d’Edel n’est pas normale, mais ce n’est pas évident : il est rentré sans s’échauffer. J’attendais des joueurs qu’ils l’aident à rentrer dans le match, mais défensivement on a été en-dessous. C’est le cas de tous mes défenseurs. […] Dans la semaine, on bat Lyon, on se qualifie de fort belle manière pour la finale de la coupe de France et on fait un nul face à une équipe qui joue le maintien. On a ouvert le score, on pensait avoir fait le plus dur. L’égalisation démontre aussi les ressources mentales énormes de mon équipe, qui a égalisé dans la fatigue. Il est important de rebondir tout de suite, renouer avec la victoire. On n’est pas encore capable d’enchaîner les victoires aussi facilement. L’important, c’est qu’on ait été capables de réagir. On reste invaincu, c’est un bon point de pris qu’il faudra valider contre Valenciennes. C’est le genre de match qu’on aurait perdu il n’y a pas si longtemps. C’est de bon augure, ça veut dire qu’on ne lâche pas quand on est dans le dur. Quand on voit le déroulement du match, on est content de prendre un point. » (source : AFP)
Alex Dupont (entraîneur de Brest) : « On a fait le match qu’on attendait, qu’il fallait. On a gardé notre fil conducteur, on n’a pas perdu pied, c’était dans l’ensemble un très bon match, entre deux équipes qui voulaient gagner. Je suis déçu qu’on se fasse rattraper à cinq minutes de la fin, surtout qu’on a une balle de 3-1 et on a manqué d’altruisme. Dans les cinq dernières minutes, c’est un scénario où on est un peu secoué, et Steve [Elana] fait ce qu’il faut pour prendre ce point. » (source : AFP)
Suspensions
Averti dimanche après-midi, Siaka Tiéné sera suspendu s’il écope d’un nouveau carton jaune d’ici la 36e journée de L1 — Claude Makelele et Mevlüt Erding sont quant à eux en sursis jusqu’à la 35e journée de L1, et Nenê jusqu’à la finale de la coupe de France.
Christophe Jallet sera suspendu contre Valenciennes.
Retrouvailles
Claude Makelele (à Brest en 1990/1991) et Ahmed Kantari (formé au PSG) affrontaient un club où ils ont évolué par le passé [1]. Granddi Ngoyi (formé au PSG) est par ailleurs prêté au Stade brestois cette saison.
Auparavant, de nombreux autres joueurs avaient porté les deux maillots : Bernard Lama, Patrick Colleter, Paul Le Guen, Vincent Guérin, David Ginola, Jean-Pierre Bosser, Yvon Le Roux, Louis Floch, Franck Dja Djédjé, Joël Cloarec, Gilles Cardinet, Bernard Bureau, Claude Barrabé, Jean-Pierre Bosser, William Njo Léa, Jocelyn Rico ou encore Bernard Pardo.
Par ailleurs, Nolan Roux est le fils de Bruno Roux, qui a joué au PSG en 1987/1988.
Côté tribunes…
Affluence. 7 supporters parisiens ont fait le déplacement officiel organisé par le PSG, selon les chiffres communiqués par la LFP.