Les enseignements du match
Le déroulement cruel de la rencontre
Même si Paris a très mal commencé sa rencontre et aurait pu être mené très vite — si Edel ne s’était pas montré une nouvelle fois décisif —, rien de ce qui a suivi le premier quart d’heure ne pouvait laisser imaginer qu’Auxerre s’imposerait. Complètement dominés, incapables de ressortir un seul ballon et littéralement acculés sur leur but à partir de la seconde mi-temps, les Auxerrois pouvaient déjà voir d’un bon œil le point du match nul.
Le problème est que les Parisiens ont été été victimes d’un scénario qu’on ne voyait plus venir cette saison. Des attaquants qui ne concrétisent pas leurs occasions franches, ou plutôt un gardien et une défense qui se montrent intraitables, le poteau qui empêche un but que tout le monde voyait au fond, une difficulté à maintenir l’adversaire sous pression dans les dernières minutes, et en guise de final, le but magnifique et improbable, marqué trop peu de temps avant le terme de la rencontre pour permettre au PSG de réagir. Paris a finalement été physiquement plus au point que son adversaire, a dominé comme une équipe peut rarement le faire à l’extérieur, et se retrouve finalement vaincu. Difficile à avaler.
Sur le but encaissé, Siaka Tiéné va endosser le costume du fautif, puisque c’est sa relance qui amène la réalisation adverse. Pourtant, d’une part ce geste manqué n’impliquait pas forcément un tel exploit du joueur moyen qu’est Chafni, et d’autre part Tiéné a tellement couru sur cette rencontre qu’il est difficile de lui en vouloir. Comme son homologue Jallet — qui a touché 98 ballons d’après la LFP —, il a multiplié les courses offensives dans son couloir pour proposer une solution, et les retours défensifs en cas de contre. Il n’y a donc rien de particulièrement étonnant qu’à la 86e minute, il n’ait plus la lucidité pour faire le dégagement parfait.
Peguy Luyindula en pointe
Avec les absences conjuguées de Hoarau (syndrome viral) et Erding (mollet droit), Antoine Kombouaré a logiquement titularisé Peguy Luyindula seul en pointe à Auxerre. Habitué à dépanner sur un côté ou à évoluer en complément d’un autre attaquant, Luyindula n’avait pas commencé un match à ce poste depuis longtemps, ce qui pouvait nourrir quelques craintes concernant sa performance. Et pourtant, l’attaquant parisien n’a pas à rougir de sa prestation.
À la sortie du premier quart d’heure, durant lequel son équipe ne touchait pas le ballon, il est l’un de ceux qui ont relancé le PSG. Son jeu en déviations intelligentes a permis à sa formation de jouer de plus en plus haut, et de se créer plusieurs opportunités : c’est lui qui dévie parfaitement pour Nenê — qui rate le cadre alors qu’il était en bonne position —, et c’est lui qui, en conclusion d’une combinaison avec Giuly, adresse une frappe que Sorin sort de justesse. Parfois esseulé, il a énormément travaillé durant la rencontre. En seconde période, il a failli être récompensé en envoyant une tête… sur le poteau.
Mais c’est surtout à sa sortie, à la 70e minute, que l’on s’est rendu compte à quel point son jeu était précieux. Les bien moins expérimentés Maurice et Bahebeck ont fait ce qu’ils ont pu, mais ils n’ont pas su donner au PSG la cohérence en attaque que fournissait Luyindula presque à lui seul. De quoi mesurer le gouffre qui peut encore séparer un professionnel aguerri d’un jeune joueur qui a encore tout à apprendre — et il n’y a rien d’anormal à cela.
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Chafni brille face au PSG. Dans la lignée des Batlles et autres Moreira, Kamel Chafni semble particulièrement efficace face au PSG. Opta relève que 3 des 6 buts qu’il a inscrits en L1 l’ont été face au club de la capitale.
Le PSG ne parvient pas à enchaîner. Pour la troisième fois de la saison, les Parisiens avaient enchaîné deux victoires consécutives en L1. Mais pour la troisième fois, ils n’ont pas réussi à prolonger cette série. Paris n’a plus remporté trois matches de championnat consécutifs depuis août 2009.
Jallet était partout. D’après les statistiques de la LFP, Christophe Jallet a touché 98 ballons samedi soir, ce qui fait de lui le joueur le plus actif du match. À titre de comparaison, la moyenne pour un défenseur latéral la saison dernière était de 58 ballons par match — 51 tous postes confondus.
Paris relance Auxerre. Auxerre restait sur 15 matches sans victoire toutes compétitions confondues.
Première défaite depuis 2005. Le PSG ne s’était plus incliné à Auxerre depuis octobre 2005 (2-0). Lors des quatre dernières saisons, Paris avait ramené deux matches nuls et deux victoires. Par ailleurs, les Parisiens avaient inscrit au moins 1 but face à l’AJA lors des sept derniers matches de L1 entre les deux équipes.
Infos en vrac
Les journalistes du Parisien ne lisent pas le Parisien. À propos de l’acharnement médiatique subi par Edel ces dernières semaines, Christophe Bérard évoque ce dimanche un « procès en incompétence que ses détracteurs lui intentent depuis quelque temps ». Manifestement, le reporter du Parisien n’a pas lu les articles de son collègue Laurent Perrin, qui affirmait fin décembre que « hormis face à l’OM, les prestations du Camerounais ont rarement laissé un souvenir impérissable », avant de lâcher mi-janvier : « Si Edel peut sauver une ou deux fois ses coéquipiers, personne ne s’en plaindra. » Il y a trois semaines, le même Laurent Perrin estimait encore que « rester debout, Edel n’en est même plus capable. […] On en vient à être surpris quand il réussit un arrêt… » Alors, Christophe Bérard ne lit-il pas les articles de son collègue de bureau ? À moins que le Parisien ne se moque tout simplement de ses lecteurs, affirmant tout et son contraire sans jamais rien assumer. Une hypothèse à ne pas écarter…
Un arbitre de National. Les arbitres de L1 et de L2 ayant annoncé leur intention de retarder de 15 minutes le coup d’envoi des matches de la 26e journée en guise de protestation — contre le manque de respect dont ils font l’objet selon eux, pour des raisons financières selon la FFF —, ils ont été remplacés par des arbitres de National. À Auxerre, Tony Chapron a été suppléé par Franck Schneider (Fédéral 3). « Même s’il y a eu des moments plus crispants que d’autres, j’ai eu de très bonnes sensations, surtout maintenant que c’est terminé, a expliqué l’Alsacien à l’issue de la rencontre sur eurosport.fr. On a nos rituels, on a préparé ça de façon classique. Ça a été une très bonne soirée. »
Rappelez-vous qu’il faut balancer la Ligue Europa. Le meilleur moyen de faire passer un message, c’est encore de le rabâcher. Ainsi Laurent Perrin répète-t-il ce dimanche dans le Parisien qu’il faut balancer la Ligue Europa, au cas où des lecteurs distraits ne l’auraient pas encore compris : « Comment Paris va-t-il digérer ce coup au moral ? On le saura dimanche prochain, au Parc, face à Montpellier. La victoire sera capitale pour rester dans le wagon de tête. Entre temps, il faudra aller à Lisbonne. La coupe d’Europe devient un rendez-vous presque anodin vu la situation en championnat. Paris poursuit son marathon en essayant de préserver ses forces pour le sprint final. Un programme démentiel, qui commence à faire peur. »
Dans la presse
Laurent Perrin, dans le Parisien du 6 mars 2011 :
Privés d’Erding et Hoarau, [les Parisiens] ont dominé de façon stérile avant de subir la loi de courageux Auxerrois. Un vrai coup d’arrêt. […] Un championnat se joue sur une addition de petits détails. La bourde de Siaka Tiéné, hier soir, en est un. Et l’on s’en souviendra longtemps… Un dégagement raté, un coup de génie de Kamel Chafni et Auxerre réussit le hold-up parfait. Au coup de sifflet final, les Parisiens sont dépités. En seconde période, ils n’ont quasiment laissé aucun répit à leurs adversaires. Beaucoup plus forts et beaucoup plus entreprenants, ils se sont finalement laissé piéger pour la deuxième fois de la saison par Auxerre. Perdre six points face à une équipe qui lutte pour ne pas descendre, ce n’est pas digne d’un prétendant à la Ligue des champions. […] Si le résultat du match aller était logique (2-3), celui d’hier laisse un terrible goût d’injustice pour le PSG.
Régis Testelin, dans L’Équipe du 6 mars 2011 :
Le PSG avait dominé les débats et rarement vu les Auxerrois venir les chatouiller dans leur camp, surtout en seconde période. Mais en l’absence du duo Erding-Hoarau, les attaquants parisiens n’ont pas été à la hauteur et cela a fini par se retourner contre l’équipe. […] Pour ceux, dans le groupe, qui estimaient qu’Antoine Kombouaré ne faisait pas assez tourner devant, c’est désormais clair : pas de salut sans le duo Erding-Hoarau. Ce n’était pas une raison pour perdre, mais le PSG y est pourtant parvenu. […] Opération désastreuse pour le PSG, on l’aura compris, sans que le match de coupe de France de mercredi dernier, remporté en prolongation contre Le Mans, y soit forcément pour quelque chose. Car Paris n’a pas eu de coup de barre physique.
Performances. Il n’y a pas eu de prestation moyenne, d’après la presse spécialisée ce dimanche : quelques joueurs ont été bons voire très bons, tandis que la majorité de l’équipe a été mauvaise voire très mauvaise. Dans L’Équipe, Edel est mis à l’honneur (« [Il] a réalisé des parades somptueuses (7e, 36e, 90e+3) »), devant Chantôme (« il s’impose de plus en plus comme le taulier de cette formation »), Sakho et Armand. En revanche, Jallet (« de trop nombreuses absences »), Bodmer (« presque invisible »), Giuly (« une prestation assez terne »), Tiéné et Luyindula sont pointés du doigt. Pour le Parisien, ce sont Chantôme et Armand qui s’en sortent le mieux — suivis par Sakho, Edel et Luyindula —, alors que l’essentiel de l’équipe est jugé médiocre. Le joueur le plus mal noté est Siaka Tiéné, dont la première période est qualifiée d’« insipide ».
Réactions
Antoine Kombouaré : « Comment perdre un match qu’on a maîtrisé de long en large ? Edel a passé une soirée plutôt tranquille. On s’est créé énormément d’occasions. Je suis très frustré, mais je suis quand-même satisfait du contenu. On a été de l’avant, on a eu la maîtrise du ballon. Mais un match, c’est être capable de marquer. La fatigue ? Non, on a beaucoup poussé. On a fait des courses, provoqué, tenté. Mais on a été aussi maladroits dans le dernier geste. Jusqu’au bout, on a été incapables de marquer. Il nous a manqué de l’efficacité. On a été bons, mais il faut l’être dans les 16 mètres. Je savais qu’ils allaient nous attendre, très bas, mais pas à ce point-là. On a trop essayé de passer dans l’axe. » (source : L’Équipe)
Clément Chantôme : « On perd sur un petit exploit. C’est une déception et un coup d’arrêt. Perdre contre le 17e du championnat [avant la rencontre], on ne peut pas le cacher, c’est une mauvaise opération pour nous. On était bien dans ce match, même si c’était très difficile de jouer contre une équipe qui a joué aussi bas. La fatigue n’est pas la principale raison de cette défaite. On a archi-dominé cette rencontre. » (source : L’Équipe)
Jean Fernandez : « C’est une victoire qui nous fait un bien énorme. Au plan comptable mais aussi au plan psychologique. Kamel [Chafni] a marqué un but magnifique mais, franchement, je reconnais que, sur l’ensemble de la rencontre, ce succès n’est pas mérité car Paris s’est créé beaucoup d’occasions. » (source : L’Équipe)
Suspensions
Aucun Parisien n’a été averti samedi soir.
Côté tribunes…
Affluence. 130 supporters parisiens ont fait le déplacement officiel organisé par le PSG, d’après la LFP. « Environ 500 supporters parisiens s’étaient déplacés à Auxerre, en dehors des deux bus affrétés et sécurisés par le PSG (120 supporters), indique L’Équipe. Ils se sont installés un peu partout dans l’enceinte de l’Abbé-Deschamps, dont certains à proximité de la tribune présidentielle. La sécurité de Robin Leproux, le président du PSG, a été renforcée par des gardes du corps. Ces supporters parisiens venus par leurs propres moyens se sont montrés très remuants. Ils ont été rappelés à l’ordre par le speaker du stade, notamment lorsqu’ils ont lancé un fumigène sur la pelouse. Mais aucun incident majeur n’a été relevé pendant le match. » De son côté, le Parisien annonce que « cinq supporters du PSG ont été interpellés hier soir. Parmi eux, deux l’ont été pour avoir allumé des fumigènes. Ils seraient issus du collectif Liberté pour les abonnés. En effet, outre les 114 fans parisiens qui avaient participé au déplacement officiel organisé par le club, il y avait 250 autres supporters, pour la plupart des ultras opposés au plan sécurité du PSG. »