Les enseignements du match
La physionomie du match
Habitué à de très bons débuts de rencontre, le PSG a cette fois-ci été gêné d’emblée par des Montpelliérains bien en jambes. Mais le club parisien a su profiter de coups du sort favorables pour marquer deux buts en quelques minutes, et clairement perturber l’adversaire. Après tout, les concurrents directs du PSG en championnat ne s’embarrassent pas à essayer de produire du jeu pour l’emporter, et si la tournure des évènements offre deux buts, autant en profiter.
Paris n’a toutefois pas su capitaliser sur cette avance. En première mi-temps, les Montpelliérains ont été sonnés, et refroidis dans leurs ardeurs du début de rencontre. Le PSG s’est alors créé plusieurs situations intéressantes, en contres, mais souvent mal gérés par excès d’individualisme de la part de Nenê ou d’Erding. Ce qui a poussé Hoarau à annoncer au micro de Canal+, à la mi-temps, que les Parisiens allaient devoir régler ce problème dans les vestiaires.
Justement, les Parisiens ont donné l’impression de ne jamais être revenus des vestiaires. La presse spécialisée a souvent tendance à grossir les mauvaises performances du PSG, ou à verser très vite dans le catastrophisme ; en l’occurrence, dire que l’équipe parisienne est passée complètement à côté de sa deuxième période n’a rien d’une exagération. Que les Montpelliérains aient réalisé une belle deuxième mi-temps est indéniable. Qu’ils aient été galvanisés par la rapide remontée au score, et pas du tout gênés par l’expulsion de l’un des leurs, est également vrai. Mais Paris a tout fait à l’envers, et n’a jamais été proche de remporter la rencontre. Tous les gestes, de tous les joueurs, étaient mal assurés. Relances ratées, mauvaises prises de balles, choix à contre-temps, manque de solutions : le PSG n’a pas existé en seconde période, et peut s’estimer heureux de ne pas avoir perdu.
Les causes de cette deuxième période ratée sont encore difficiles à évaluer. Certains avancent une fatigue physique, mais ce n’est pas forcément l’impression qui prédomine. Antoine Kombouaré a pratiqué jusque-là un turnover assez important entre toutes les compétitions ; au gré des blessures et suspensions, de nombreux joueurs ont pu souffler ces dernières semaines. Même si ceux qui ont fait le déplacement à Lisbonne — y compris ceux qui n’ont pas joué, un retour à 3 heures du matin étant toujours usant — pouvaient manquer de fraîcheur, cela ne peut pas expliquer la différence flagrante entre la première période, même imparfaite, et la seconde, complètement indigente. Les joueurs n’y étaient plus. Parce qu’ils sont revenus sur le terrain en pensant que le score était acquis, et ont été pris de court ? Parce qu’il s’est passé quelque chose dans les vestiaires à la mi-temps qui a déstabilisé le groupe ?
Que s’est-il passé à la mi-temps ?
En première période, Guillaume Hoarau a clairement reproché à Nenê, par la voix et par le geste, d’avoir tenté une frappe au lieu de centrer en sa direction. Quelques minutes plus tard, l’attaquant réunionnais a patienté au micro de Canal+ avant de rentrer aux vestiaires pour stigmatiser l’individualisme de son équipe — sans citer de nom —, ajoutant que ce sujet nécessitait d’être discuté entre les joueurs. À la reprise, Nenê s’est fait attendre, sortant des vestiaires alors que les deux équipes étaient déjà sur le terrain. S’est-il passé quelque chose durant la pause qui a déstabilisé le groupe parisien ?
C’est l’hypothèse de la presse spécialisée ce matin, mais elle ne dispose pas d’information à ce sujet. Seul élément : les commentaires de Nenê à la fin du match. « Ce soir, c’est dur… On ne peut pas perdre des points comme ça. Et moi j’étais nul… Avant j’étais la solution de l’équipe, maintenant je suis le problème…, a lancé le Brésilien, seul joueur du PSG à avoir répondu à la presse dimanche soir. Alors qu’un journaliste lui demandait des précisions sur ce qu’il voulait dire, le milieu gauche parisien s’est éclipsé.
Ce que dit le Parisien :
Ça a chauffé dans le vestiaire. […] « J’ai été nul ce soir. Avant, j’étais la solution ; maintenant, je suis le problème. » Cette petite phrase équivoque lâchée par Nenê après le match permet de mieux décrypter le naufrage parisien en seconde période. Pour mieux comprendre, il faut savoir qu’une vive altercation aurait opposé les Parisiens dans le vestiaire à la mi-temps du match. Des mots auraient aussi été échangés après la partie. Le Brésilien semble être l’origine et la cause de cette brouille.
[…] Il est encore trop tôt pour se prononcer [sur l’existence d’un problème Nenê] ou parler de véritables fissures au sein du collectif parisien. Mais, à moins d’éteindre le feu rapidement, ces brouilles de soir de défaite pourraient affecter durablement une équipe du PSG extrêmement friable et tendue sur le terrain depuis deux semaines. […] Il faut remettre en perspective les propos de Claude Makelele. Il y a deux semaines, celui-ci rappelait ses partenaires à l’ordre. Le capitaine parisien s’inquiétait ouvertement que les ego — notamment à propos des prolongations de contrat — puissent miner le vestiaire du PSG. Le « vieux », comme le surnomment ses partenaires, avait-il senti le vent mauvais qui s’annonçait ? On peut s’autoriser à le penser.
Ce que dit L’Équipe :
Selon nos informations, Antoine Kombouaré a, sans élever la voix, fait part de son étonnement après la rencontre, face à l’attitude de certains joueurs, comme Nenê qui, à 2-0, levaient les bras en signe de dépit quand de mauvais choix étaient effectués sur le terrain.
L’arbitrage de Ruddy Buquet
La rencontre PSG-Montpellier a été le théâtre de plusieurs faits de jeu contestés. Le premier est peut-être celui qui a le plus de quoi faire enrager les Montpelliérains, mais il ne souffre pourtant d’aucune contestation : à la 11e minute, un joueur de Montpellier a le ballon, et adresse une passe vers un de ses partenaires. Buquet contre malencontreusement le ballon, et Makelele en profite pour lancer l’action qui amène le premier but. C’est malheureux, mais l’arbitre fait partie du jeu, et celui-ci ne doit pas être arrêté si l’homme en noir touche le ballon.
En fin de première période, René Girard et ses adjoints ont beaucoup râlé suite à une main de Sakho dans la surface. Sur un centre adverse, le défenseur parisien manque un dégagement de la tête, et expédie de lui-même le ballon sur son poignet. La main est donc bien réelle, mais résulte d’une action complètement involontaire, et n’avait donc pas lieu d’être sanctionnée.
En début de seconde période, Cyril Jeunechamp se fait expulser pour un deuxième carton jaune. Là encore, il est difficile de contester la décision de Ruddy Buquet. En première mi-temps, Jeunechamp avait déjà été averti pour un tacle immonde sur Giuly — qui aurait pu lui valoir un rouge direct. Se sachant donc menacé, Jeunechamp prend le risque d’aller faire un nez à nez avec l’arbitre, l’invectivant pour contester une touche. Il n’y a donc rien à dire, si ce n’est qu’à 35 ans, Jeunechamp continue à prouver qu’il n’est pas besoin d’avoir une quelconque forme d’intelligence pour faire carrière dans le football.
Enfin, sur le second but montpelliérain, ce sont les Parisiens qui pourront l’avoir mauvaise. En effet, le corner à l’origine du but n’avait pas lieu d’être : Nenê a été ceinturé dans sa surface par Bocaly, qui a ensuite joué le ballon alors qu’il était sorti. L’arbitre a mal jugé la situation et a sifflé un corner. Qui est cependant bien loin d’expliquer la mauvaise seconde mi-temps du PSG.
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Agressivité. Avec 57 cartons jaunes et 6 rouges en 27 matches de L1 cette saison, Montpellier est dernier au classement du fair-play. Le club de Louis Nicollin était déjà 18e la saison passée, tandis que Paris était 2e en 2008, 1er en 2009 puis 2e en 2010. Cette saison, le PSG est 6e avec 1,63 avertissements par match en moyenne. Avant ce match, Paris n’avait jamais reçu plus de trois avertissements en un match de championnat depuis le mois d’août dernier, à Lille.
Montpellier à l’aise à Paris. Le MHSC a marqué plus de buts au Parc des Princes (21) que chez n’importe quel autre adversaire en L1. Par ailleurs, le PSG n’a gagné qu’1 seul de ses 10 derniers matches face à Montpellier en championnat. Depuis la remontée des Héraultais en 2009, le PSG totalise 2 défaites et 3 matches nuls en 5 matches toutes compétitions confondues. (sources : Opta, AFP)
19 buts en 4 matches. 19 buts ont été inscrits lors des quatre derniers déplacements de Montpellier au Parc des Princes en L1 : 1-3 en 2002/2003, 6-1 en 2003/2004, 1-3 en 2009/2010, 2-2 en 2010/2011.
Premier doublé. « Olivier Giroud est le premier joueur adverse qui marque un doublé au Parc des Princes cette saison en L1 », relève Opta.
Contre son camp. « Le PSG a bénéficié de 4 buts contre son camp, signale Opta. C’est un record cette saison en L1. »
Infos en vrac
Chantôme forfait à la dernière minute. Outre Luyindula et Cearà, Antoine Kombouaré a été privé d’un troisième joueur sur blessure : souffrant de douleurs à la cuisse gauche, Clément Chantôme n’a pas été aligné sur la feuille de match.
Kombouaré et Girard rabibochés. « À la 66e minute, René Girard et Antoine Kombouaré ont eu un vif échange sur la touche, qui a duré plusieurs minutes », raconte lequipe.fr. « Il m’a parlé de son pays, je lui ai parlé du mien, a plaisanté l’entraîneur de Montpellier après le match. Non, rien de bien méchant. Juste quelques mots. Il y avait un peu de tension, mais c’est normal. Quand une équipe qui mène se fait remonter de deux buts, ce n’est jamais facile. Moi aussi, j’étais un peu chaud à ce moment là. Ensuite, on s’est vu à l’abri des caméras dans le vestiaire et on s’est fait la bise. » Dans L’Équipe, Girard explicite davantage la scène : « Sur un coup que prend Giroud, Antoine pense que je m’adresse à lui, ce qui n’est pas le cas. Ensuite, cela monte un peu, mais cela ne nous a pas empêchés de nous embrasser à la fin. »
Le Parisien plagie l’AFP. Dimanche soir, l’AFP publie une dépêche sur le match PSG-Montpellier : « Le Paris SG [perd] du terrain dans la lutte pour les premières places, avec trois points de retard sur le 4e, lors de la 27e journée. Ce 4e, c’est Marseille, et le clasico au Vélodrome dimanche prochain offrira une session de rattrapage au PSG. […] À croire que le PSG se complaît dans ses syndromes : celui de ne pouvoir franchir un cap quand c’est nécessaire, et celui de buter immanquablement sur cette équipe de Montpellier depuis sa remontée en 2009 : en cinq matches toutes compétitions confondues, les Héraultais ont signé trois victoires et deux nuls. » Surprise, ce matin, en découvrant l’article signé Arnaud Hermant dans le Parisien : « Il est légitime, ce matin, d’évoquer pour Paris un syndrome montpelliérain. Depuis la remontée des Héraultais en 2009, en cinq matches toutes compétitions confondues, le PSG présente un bilan déficitaire de trois défaites et deux nuls. […] [Le PSG cède] du terrain dans la lutte pour les premières places, avec désormais trois points de retard sur le 4e. Ce 4e, c’est tout simplement l’OM, le prochain adversaire dimanche au stade Vélodrome, pour un clasico aux allures de quitte ou double pour les hommes de Kombouaré. » Dommage pour le Parisien, l’AFP s’était trompée dans sa statistique : depuis 2009, le bilan du PSG est de 3 matches nuls pour 2 défaites, et non 2 matches nuls pour 3 défaites…
Dans la presse
Arnaud Hermant, dans le Parisien du 14 mars 2011 :
[Cette défaite] exhale des relents de gâchis. Fort d’un avantage de deux buts à la pause, encore rehaussé par une supériorité numérique pendant près d’une mi-temps, Paris a en effet galvaudé son acquis. Les coéquipiers de Claude Makelele cèdent ainsi du terrain dans la lutte pour les premières places, avec désormais trois points de retard sur le 4e. Ce 4e, c’est tout simplement l’OM, le prochain adversaire dimanche au stade Vélodrome, pour un clasico aux allures de quitte ou double pour les hommes de Kombouaré. […] Ce résultat nul rappelle avec acuité les difficultés récurrentes rencontrées par les Parisiens à domicile, où ils ont abandonné déjà seize points en 14 matches. Rappeler ces rencontres au cours desquelles ce scénario s’est répété ressemblerait à une litanie. La contre-performance parisienne est difficilement explicable. La fatigue ne peut pas justifier, à elle seule, cette disparition collective des radars en seconde période. Sept des onze titulaires au coup d’envoi n’ont pas joué jeudi à Benfica en Ligue Europa. Une nouvelle fois, le manque de réalisme sera pointé du doigt à l’heure de l’analyse.
Damien Degorre, dans L’Équipe du 14 mars 2011 :
Trois jours après avoir laissé filer une victoire à Lisbonne pour ne pas avoir su tuer le match, le PSG a abandonné deux points, hier, pour les mêmes raisons. […] Voilà résumé le destin des Parisiens : ils ne surprennent plus grand monde et voient leurs rêves de podium s’envoler à mesure que les journées de L1 défilent. Antoine Kombouaré voulait profiter de ce rendez-vous pour coller Montpellier à neuf points, il devra se contenter d’un statu quo qui ne l’arrange pas. L’argument d’une fatigue accumulée par le déplacement au Portugal dans la semaine ne vaut pas pour expliquer cette contre-performance. Au coup d’envoi, trois joueurs de champ seulement (Armand, Erding et Nenê) avaient joué contre Benfica, jeudi. Et c’est d’autant moins sur ce point que Paris a failli qu’il a joué en supériorité numérique la quasi-totalité de la seconde période, après l’expulsion méritée de Jeunechamp (48e). […] Le PSG n’est plus l’équipe imposante du coeur de l’automne. Il y a dans cette formation des attitudes de plus en plus individualistes qui nuisent à son rendement collectif et que Kombouaré devra corriger. Le déplacement au Vélodrome, dans une semaine, permettra d’en savoir un peu plus sur sa capacité de rebond et sur ses ambitions. Une défaite à Marseille, désormais à trois points, et le podium n’aura été qu’une douce illusion.
Performances. Dans le Parisien, seul Edel s’en sort avec la moyenne : « Une première mi-temps pleine d’à-propos avec notamment beaucoup de tranchant dans ses sorties aériennes. Lâché par sa défense sur les deux buts, il n’est pas vraiment responsable. » A contrario, Mamadou Sakho (« en cause sur les deux buts montpelliérains après une première mi-temps très solide », « il en faudra plus pour justifier sa récente prolongation ») et Jérémy Clément (« un manque de rythme bien compréhensible mais qui a pénalisé le PSG ») sont les joueurs les moins en vue dimanche soir, estime le quotidien. Tous les autres sont logés à la même enseigne : leur prestation est jugée médiocre. De son côté, L’Équipe attribue à Sakho la deuxième meilleure note du match après Giroud : « [Il] a impressionné par ses jaillissements. » Edel et Makelele sont également crédités d’une bonne note, mais ce sont trois autres joueurs qui apparaissent dans l’encart consacré aux joueurs ayant « flambé » : Nenê, Hoarau et Erding. Le quotidien sportif considère que les Parisiens les plus en difficulté furent Giuly, Jallet et Clément.
Réactions
Antoine Kombouaré : « C’est une énorme déception. On a montré deux visages : le premier superbe, on allait de l’avant, on a marqué deux buts. La deuxième période nous plombe, avec une entame catastrophique. On encaisse un but très vite et ça devient compliqué. Je suis très déçu, on a perdu deux points. J’avais prévenu les joueurs, on s’attendait à ce que Montpellier revienne dans le match après être passé à côté de sa première mi-temps. Dans les vestiaires [à la fin du match], j’ai dit ce que j’avais sur le coeur. Ce qui m’a embêté, c’est qu’on n’a pas été capable de garder le résultat. Quand tu as deux buts d’avance, il faut savoir garder le score. » (source : AFP)
René Girard (entraîneur de Montpellier) : « On a eu beaucoup d’éléments contre nous et, une fois menés de deux buts, on pouvait vraiment s’attendre au pire. […] J’ai retrouvé mes hommes. Ils ont sûrement éprouvé un sentiment d’injustice qui les a poussés à se révolter. […] Menés 2-0, passe décisive de M. Buquet, on pouvait se poser des questions, mais on s’est créé des occasions dans le dernier quart d’heure. […] Même si [l’expulsion de Jeunechamp] nous a finalement “reboostés” et qu’on s’est bien lâchés après, je trouve cet arbitrage dramatique. On perd encore un garçon qui ne méritait vraiment pas cela. […] Même si ça en emmerde certains, on est là. » (sources : L’Équipe, AFP)
Suspensions
Averti dimanche soir, Christophe Jallet sera suspendu s’il écope d’un nouveau carton jaune d’ici la 32e journée de L1.
Sylvain Armand, Claude Makelele et Mevlüt Erding ont également été avertis, mais ils ne sont pas sous la menace d’une suspension.
Par ailleurs, Clément Chantôme sera suspendu s’il reçoit un avertissement d’ici la 29e journée.
Côté tribunes…
Affluence. 23 605 spectateurs — dont 147 dans le parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes, d’après les chiffres communiqués par la LFP. Deux supporters du MHSC ont été interpellés et placés en garde à vue car « ils portaient des sigles insultants pour la police », d’après L’Équipe.
Soutiens. En début de match, les supporters montpelliérains ont affiché une banderole indiquant : « 15 minutes de silence, malgré nos différences ! Soutien aux ultras parisiens ! » Les CRS sont rentrés en tribunes pour faire retirer cette banderole, mais sans succès. À Bordeaux, les Ultramarines — une association connue pour son militantisme contre le racisme — a déployé un message concernant les tribunes parisiennes : « SOS Racisme : l’antiracisme ne se résume pas à des statistiques… »