Les enseignements du match
Les limites du 4-2-3-1
Système qui semblait être une évidence pour tous fin décembre, le 4-2-3-1 a montré ses limites contre Lorient, affirmant une tendance déjà entrevue depuis quelques rencontres.
À la fin de l’automne dernier, l’éternel 4-4-2 de Kombouaré était mis à mal : changer de formation était la meilleure solution pour mettre Bodmer à sa meilleure place, et pour sortir Erding, peu en vue, du onze titulaire. La formule était alléchante, mais il faut bien reconnaître que, trois mois après, elle est loin d’avoir assis le jeu parisien. Ce n’est bien sûr pas la seule explication, mais depuis que ce changement a été opéré, la moyenne de points du PSG a considérablement chuté. Dans ce 4-4-2 jugé parfois trop figé et prévisible, le PSG a réussi à accumuler les victoires en championnat, chose qui devient de plus en plus difficile depuis. Le principal problème, criant samedi soir, est qu’en retirant un joueur en pointe, les solutions pour les milieux de terrain sont bien moindres. À chaque fois qu’une contre-attaque s’amorçait, il était facile de trouver Giuly ou Nenê, mais le milieu de terrain devait ensuite faire un exploit ou une passe millimétrée pour trouver un Erding entouré de deux défenseurs.
Cette tactique est en fait bien trop dépendante de Bodmer. En position de meneur de jeu, l’ancien Lyonnais a un rôle capital à jouer. Mais celui-ci ayant actuellement très peu de réussite dans ses ouvertures, et dans la mesure où il lui est naturellement difficile de se projeter vers l’avant, son impact sur le jeu parisien est presque nul. Cela peut parfois être compensé par la sur-activité de Chantôme, mais ce dernier était suspendu ce week-end… Le 4-4-2 a au moins le mérite de proposer une formation plus homogène, où les responsabilités au sein du jeu sont un peu plus diluées.
Bahebeck et Kebano en forme
Luyindula, Maurice, puis Hoarau écartés sur blessure, les deux jeunes du centre de formation parisien avaient un boulevard pour glaner du temps de jeu. Et encore une fois, ces joueurs en ont profité pour montrer qu’en L1, au moins sur quelques minutes, ils sont capables d’apporter un vrai plus. Samedi soir, ils ont relancé une rencontre devenue particulièrement insipide, de par leur envie et leurs dribbles déroutants pour les adversaires.
Kebano est venu se positionner derrière l’attaquant de pointe, et Bahebeck a pris l’aile gauche — Nenê jouant à droite. Bahebeck s’est même créé l’occasion la plus franche de la rencontre avec cette frappe qui rase le montant d’Audard. Les deux champions de France U19 continuent donc à marquer des points, et tendent à être des solutions de secours de plus en plus crédibles pour Kombouaré.
Les vidéos de toutes les actions du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
6 matches sans victoire. Le PSG reste désormais sur 6 matches sans victoire toutes compétitions confondues : 3 matches nuls (Montpellier, Benfica et Lorient), 3 défaites (Auxerre, Benfica et Marseille). Il s’agit de sa plus mauvaise série cette saison, relève Opta.
6 matches sans défaite. Lorient reste sur 1 victoire et 5 matches nuls lors de ses 6 dernières rencontres de championnat.
Lorient réussit au Parc. Le FCL totalise désormais 4 victoires, 1 match nul et 2 défaites en 7 matches de L1 au Parc des Princes.
Infos en vrac
Hoarau était blessé. Convoqué dans un groupe élargi à 19 joueurs, Guillaume Hoarau a finalement déclaré forfait. L’information était restée confidentielle, ce qui a permis à foot01.com de s’illustrer à nouveau : « Hoarau, absent sans motif contre Lorient. […] Le buteur du Paris Saint-Germain était pourtant dans le groupe annoncé par Antoine Kombouaré et semblait en forme pour disputer cette rencontre. » Le PSG a indiqué que « Hoarau souffre d’une entorse au genou droit contractée lors de la séance de vendredi » : « Il est mal retombé après un duel, précise Antoine Kombouaré. Demain [dimanche], il va essayer de trottiner et lundi il fera des examens. » Selon le staff médical, cité par L’Équipe, le Réunionnais « aurait pu jouer mais il y avait un risque d’aggravation de la blessure ».
La tribune officielle rebaptisée Philippe-Séguin. Comme annoncé en juin 2010, la tribune officielle du Parc des Princes — et non la tribune présidentielle Francis-Borelli, qui regroupe également les tribunes A, B, C, D, E et F — a été rebaptisée « tribune officielle Philippe-Séguin ». L’inauguration a eu lieu avant le match, en présence de la famille de l’ancien premier président de la cour des comptes, Bertrand Delanoë, Sébastien Bazin, Robin Leproux et Simon Tahar notamment. (voir l’inauguration en photo)
Dans la presse
Frédéric Gouaillard, dans le Parisien du 3 avril 2011 :
Et maintenant on fait quoi, on joue avec le CFA ? On plaisante bien sûr même si ce matin, personne n’a vraiment le cœur à rire côté parisien. À voir le PSG se débattre hier face à Lorient dans un si nul 0-0, on est même franchement inquiets. Il aura fallu attendre l’entrée en jeu de Neeskens Kebano et Jean-Christophe Bahebeck, deux jeunes réservistes récemment intégrés dans le groupe professionnel, pour retrouver un allant offensif. Leur apport a sonné le réveil du PSG à vingt minutes de la fin mais cela n’a pas suffi. Parce que Lorient n’est pas Le Mans, et que le PSG d’aujourd’hui n’est plus celui de début mars. Car Paris ne ressemble plus vraiment à une équipe, il en possède seulement les apparences. Les maillots et l’écusson sont bien les mêmes mais pour le reste, les joueurs s’éparpillent — à défaut de se houspiller — pour former un semblant d’unité.
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 3 avril 2011 :
À Paris, la frontière s’avère souvent mince entre la méthode Coué et la méthode couac. Après avoir passé la semaine à étaler leur certitude de pouvoir encore prétendre à une place en Ligue des champions la saison prochaine, les Parisiens ont montré, hier, face à Lorient, qu’ils avaient plus de chances d’affronter Arsenal cet été dans le cadre de l’Emirates Cup qu’un mardi ou un mercredi soir l’automne venu. À de petits gestes superflus, à cette difficulté à retrouver des relations techniques incisives, l’animation offensive parisienne est devenue une machine à doutes. Impossible, à la vue du spectacle d’hier, de ces deux petits tirs cadrés (hors de la surface) ou de ces centres au troisième poteau, d’imaginer la Ligue des champions à l’horizon du PSG. Cette équipe souffre d’une même carence depuis sept ans : elle manque de caractère dans les moments clés. Et depuis sept ans, le PSG ne se qualifie plus pour la Ligue des champions.
Performances. Mamadou Sakho fait l’unanimité dans la presse spécialisée : « [Il] a tenu la baraque par ses surgissements dans les duels », estime L’Équipe ; « [Il] a réalisé une grosse prestation dans l’engagement et les jaillissements », complète le Parisien. Le deuxième meilleur Parisien de la soirée selon les deux quotidiens se nomme Grégory Coupet : « [Il] ne renvoie pas encore une image d’assurance tous risques mais il compense par sa précieuse expérience », considère L’Équipe ; « Très peu sollicité, il a bien fait ce qu’il avait à faire », justifie de son côté le Parisien. Le quotidien sportif salue ensuite la performance de Nenê (« [Il] a fait quelques misères à Baca »), tandis que le journal de Saint-Ouen est plus réservé au sujet du Brésilien : « Avant la pause, il est à l’origine des situations les plus intéressantes. Mais il a trop souvent dû prendre la décision seul. Moins précis après le repos. » A contrario, Mevlüt Erding (« Il a fait du Erding, selon le Parisien. De l’engagement et de la bonne volonté, mais c’est insuffisant. Il y a trop de déchet dans son jeu et beaucoup de mauvais choix ») et Mathieu Bodmer sont les joueurs que la presse spécialisée a jugés les plus en difficulté samedi soir.
Réactions
Antoine Kombouaré : « On n’a pas eu l’efficacité, la capacité devant à faire la différence. Les attaquants ont un peu moins de confiance en ce moment. Ça ne passe pas non plus parce que Lorient est une belle équipe. Ce soir, on a vu une belle défense lorientaise, qui a été très solide. Audard a fait les deux arrêts qu’il fallait. Il ne manque pas grand-chose. Ce qui m’intéresse, c’est de voir mon équipe ne pas douter, même dans la difficulté, s’accrocher et aller de l’avant jusqu’au bout. […] Je suis content du groupe, du travail, de l’investissement. Sur le match, la déception c’est de ne pas gagner. Mais on a essayé de forcer la décision jusqu’au bout. On a fait une deuxième mi-temps bien meilleure que la première. On a été capables d’aller de l’avant, on a eu des situations. […] La Ligue des champions ? Essayons d’y aller étape par étape. Essayons d’abord de gagner le week-end prochain à Caen. Puis après on verra. On ne va pas parler d’objectif et de classement alors qu’aujourd’hui on ne gagne pas. […] Maintenant, on va regrouper toutes nos forces et repartir de l’avant parce qu’on n’a pas le choix. On est le PSG, on se doit portier les couleurs du club le plus haut possible et ça passe par une victoire la semaine prochaine. On ne lâche pas l’affaire. » (source : lequipe.fr)
Loïc Féry (président de Lorient) : « J’ai vu des joueurs qui ont fait la touche de trop et cherché à briller individuellement pour se montrer. Ces matches exposés médiatiquement sont toujours à double tranchant. On y a perdu notre collectif. Je ne suis pas satisfait. » (source : le Parisien)
Christian Gourcuff (entraîneur de Lorient) : « Il y avait matière à mieux faire et la déception prédomine. Pendant une heure, j’ai senti qu’on pouvait prendre le contrôle par intermittence. Mais on a eu du déchet, pas de mobilité ni d’aisance dans nos déplacements et cela a engendré des pertes de balles idiotes, surtout à la fin. On n’a pas pu aller au bout de nos mouvements alors que je sentais qu’on pouvait le faire, et il y a eu cette fin de match pénible. Un point ici, c’est un bon résultat, mais on aspire à mieux. On n’avait pas les ressources physiques pour apporter de la vitesse. Trop de joueurs étaient en dedans. On est aussi trop immature dans le jeu collectif, on est trop fragile. » (source : AFP)
Grégory Coupet : « C’était d’abord important de ne pas perdre ce soir. On s’est bien fait bouger en première période, j’ai senti des Merlus bien en place, avec la maîtrise du ballon à leur avantage. On a souffert. On a su se reprendre ensuite et être plus incisif, malheureusement on n’arrive pas à marquer ce but qui nous soulagerait. Et on se fait toujours peur. C’est encore un match qu’on ne maîtrise pas de bout en bout et c’est un peu le problème. On a besoin d’une performance collective. Il n’y a pas de succès mais au moins défensivement on n’a pas pris de but. […] C’est vrai qu’en vue de la Ligue des champions, ça se complique. Mais il y a encore suffisamment de points à prendre pour espérer. On peut encore faire une série. […] Peut-être qu’il y aura un déclic quand on n’aura plus rien à perdre et qu’on arrivera à nos fins. […] On s’accroche. On va faire le dos rond. […] Bon, c’est difficile d’afficher un enthousiasme débordant. On est aussi conscient et réaliste. Il n’y a que le travail qui paie, c’est ce qu’on m’a inculqué. Il ne faut pas se laisser gangrener par la sinistrose. Il faut avancer. » (source : AFP)
Suspensions
Seul Parisien averti samedi soir, Siaka Tiéné n’est pas menacé de suspension.
Mevlüt Erding sera suspendu s’il écope d’un nouveau carton jaune d’ici la 35e journée de L1, tandis que Christophe Jallet est menacé jusqu’à la 32e journée.
Retrouvailles
Christophe Jallet (2006-2009) retrouvait son ancien club. Inversement, Maxime Baca a été formé au PSG et Grégory Bourillon (2007-janvier 2010) jouait précédemment au PSG.
Côté tribunes…
Affluence. 27 226 spectateurs — dont 302 supporters lorientais en tribune visiteurs — étaient présents au Parc des Princes samedi soir, selon les chiffres communiqués par la LFP.
Incidents. Douze personnes ont été interpellées samedi soir, d’après la préfecture de police de Paris : quatre pour « détention de stupéfiants », et huit pour « violences volontaires contre des stadiers », dont trois ont été placées en garde à vue. (source : AFP)
Germain est de sortie. « Germain vit sa vie depuis le début de la saison [dans les coursives] », nous expliquait Robin Leproux en janvier dernier (voir Interview : Robin Leproux répond à PSGMAG.NET (1)). Pour la première fois, la présence de Germain-le-lynx dans les coursives est apparue au grand jour dans les photos du site officiel.