Les médias ont une jolie formule : Raymond Domenech cultive l’art du contre-pied. Inviter un gardien qu’il a confirmé dans son statut de n°2 toute la saison pour finalement en faire son n°4 et le virer. Ne pas sélectionner un buteur turinois pendant l’Euro puis le rappeler une fois que celui-ci a déclaré ne plus vouloir venir jouer en Équipe de France… Pour le supporter, pas toujours soucieux de verser dans la belle phrase, Domenech est plus simplement un gars pénible. Et sa volonté de ramener à tout prix Makélélé dans la maison bleue illustrerait bien cet état de fait. Sauf que voilà, il n’y aurait pas que des désavantages pour le Paris Saint-Germain à voir son capitaine retourner en Équipe de France.
Pourquoi Makélélé doit retourner chez les Bleus
Le prestige
Le Paris Saint-Germain a vocation à posséder des joueurs en Équipe de France. Question de prestige. Baromètre de la réussite sportive, mais aussi révélateur d’une certaine influence sur les dirigeants de la FFF, la présence d’internationaux dans un club de L1 n’est jamais anodine. Seulement le président Villeneuve l’a peut-être compris avant tout le monde : il est difficile de dire si c’est parce qu’un club est prospère qu’il envoie des joueurs chez les Bleus, ou si c’est parce qu’elle a des internationaux qu’une équipe marche bien. Qu’on aime Domenech ou pas, il faut bien l’avouer : les Bleus sont un symbole.
Fondamentalement, Raymond Domenech a raison de vouloir le rappeler mais je ne pousse pas la compréhension jusque là ! Je préfère l’avoir avec moi. Claude est le meilleur essuie-glace du monde, il trouve un écho chez les joueurs. Wenger m’a dit que Chelsea, comme le Real avant, s’apercevrait de l’absence de Makélélé. Il y a longtemps qu’il méritait le brassard de capitaine même en Équipe de France. Avec le PSG, il apporte le lien entre les jeunes, ce qui n’est pas toujours facile.__ Charles Villeneuve, 03/09/2008, Reuters
Un statut préservé
Grâce à sa carrière, Makélélé possèdera toujours le statut d’international. L’expérience et le charisme que cela suppose rejaillit sur tout le vestiaire, et enfin sur l’ensemble du club. Mais s’il retournait effectivement dans le groupe France, cette image serait toujours ravivée. Son rang au sein du vestiaire ne pourrait jamais souffrir d’aucune contestation. Alors que le président du PSG soulignait dans un entretien l’influence de Makélélé auprès des espoirs du club, savoir le capitaine parisien en bleu apporterait la certitude que même le plus obtus des jeunes ne saurait oublier à qui il a affaire quand son capitaine le remettrait en place après une erreur.
Une vitrine pour tout le club
Avec un joueur aussi emblématique que Makélélé jouant en Équipe de France, Paris bénéficierait d’une nouvelle exposition médiatique. Si les médias peuvent peser sur un club lorsqu’il traverse une mauvaise passe, ils savent aussi initier des cercles vertueux. Nombre de joueurs évoluant en province, ou mieux encore à l’étranger, avouent éprouver l’envie de rejoindre le club de la capitale pour y vivre ce dont ils ont entendu parler à la télévision. Aussi, plus on parlera du PSG hors de nos frontières, et plus il y aura de chances que des Susic, des Raì ou des Ronaldinho découvrent le Parc sur leurs écrans, avant de souhaiter y évoluer un jour. Or il y a plus de chances que ce soit par le biais d’un Makélélé en Bleu que lors d’un PSG - Grenoble que le Brésil soit atteint par des images des Rouge et Bleu.
Pourquoi Makélélé ne doit pas retourner chez les Bleus
L’usure physique
Paris profite avec Makélélé d’un joueur expérimenté. Son sang-froid alors que Sochaux avait ouvert la marque, ses discours lors des préparations des rencontres apportent un indéniable plus à l’équipe parisienne. Ces qualités, le capitaine du PSG les a forgées au fil de tous ces matches disputés face aux plus grandes équipes européennes. Mais qui dit expérience, dit aussi ancienneté. À trente-cinq ans, le milieu de terrain ne pourra pas soutenir le rythme d’une rencontre tous les trois jours. Son poste, l’un des plus difficiles qui soit, exige un investissement total. Mais malgré la plus forte des combativités, le corps a ses limites. Il est sûr que l’apport d’un Makélélé diminué par la répétition des matches n’aurait plus rien à voir avec celui qu’a connu le PSG jusqu’ici.
La blessure
La fatigue seule peut causer des traumas chez les footballeurs. Les douleurs aux adducteurs, les problèmes tendineux apparaissent souvent à la suite d’efforts répétés. Mais il y a pire : la blessure grave. Cissé s’est par exemple fracturé la jambe chez les Bleus. Plus on dispute de rencontres et plus on augmente la probabilité de se casser. Vu son âge, une longue période d’indisponibilité de Makélélé priverait définitivement Paris d’un joueur autrement essentiel au club de la Capitale qu’à l’Équipe de France.
La boulette
Reste enfin le revers de l’exposition médiatique : la fameuse boulette. Celle qui passerait inaperçue lors d’un match de coupe de France disputé sur l’obscur terrain d’un club de L2, mais qui, une fois passée sous la lumière des projecteurs d’une rencontre internationale deviendrait indélébile. Landreau a porté au printemps dernier le fardeau d’un but déclaré évitable par les médias. Son exemple montre que ce type d’erreurs entraîne son lot de conséquences néfastes auprès du club. Le gardien du PSG a mis des mois à se remettre du but de Mac Fadden. Combien de temps Makélélé ferait-il payer aux Parisiens une passe en retrait vers Mandanda mal ajustée ?
Positif ou négatif, difficile de prévoir quel pourrait être le bilan d’un retour de Claude Makélélé chez les Bleus. Ce qu’il y a de plus frustrant dans cette histoire c’est justement de ne rien pouvoir contrôler. Pas même la possibilité de ne plus porter ce maillot pour le capitaine du PSG, puisque Domenech refuse à un joueur de trente-cinq ans qui a tout donné pour l’Équipe de France à soixante et onze reprises le droit de goûter au repos du guerrier. Et après cela, on vient vous parler de respect…