Bien qu’il soit encore lié au Paris SG jusqu’en juin 2011, Jérôme Rothen (31 ans) devrait quitter le club de la capitale cet été. Conspué dimanche après-midi lors du jubilé Pauleta, le natif de Châtenay-Malabry s’est livré dans L’Équipe ce lundi. Premier visé, Alain Roche :
C’est simple, ce week-end le public a réagi à ce qu’il y a dans les médias depuis pas mal de temps. On répète que je veux partir mais moi, jusqu’à présent, je n’ai jamais rien déclaré. Disons que certaines personnes au club ont réussi à faire passer des messages. Je pense à Alain Roche, en charge de la cellule recrutement, ou à Sébastien Bazin, le président. Le seul qui m’a toujours soutenu cette saison, c’est Paul Le Guen. Et aujourd’hui, il n’est plus là.
Alain Roche, c’est simple, il a passé son temps à me fracasser. Il m’a critiqué auprès de l’entraîneur, puis auprès des dirigeants et des actionnaires, et même dans les loges du Parc, pendant les matches. Récemment, j’ai pris mon téléphone pour lui demander s’il avait un problème avec moi. Parce qu’à force de parler, de parler… Ca me gonflait. Je sais que les personnes qui m’ont rapporté ces propos sont dignes de confiance. Eh bien il a quand même réussi à me jurer sur la tête de ses enfants qu’il n’avait jamais été critique à mon égard. […] Il y a deux ans, alors que j’étais sur le point d’être prêté à Lille, il avait même eu l’indélicatesse de téléphoner à Jean-Luc Buisine, son homologue lillois, pour lui dire qu’il gagnait peut-être un bon joueur mais aussi « une tête de con » dans le vestiaire. Sympa !
Sébastien Bazin est également mis à l’index :
Dès le début de saison, j’ai senti un changement de comportement de sa part [Sébastien Bazin]. Avant, s’il avait un message à faire passer au groupe, il me demandait. Quand je le voyais, on parlait souvent. Aujourd’hui, c’est à peine s’il me dit bonjour.
Pour appuyer son propos, Rothen raconte un tête-à-tête entre Bazin et Rothen quelques minutes avant que le président n’annonce au groupe le départ de Le Guen :
Là, il me dit : « Alors comme ça, c’est lamentable ? » Moi : « Pardon ? » Lui : « Je croyais que vous aviez dit que c’était lamentable de ne pas garder l’entraîneur. » Je lui réponds : « Je n’ai jamais dit ça. » En fait, avant l’entraînement, j’avais déclaré sur RMC trouver dommage que Paul ne reste pas, que j’avais beaucoup de respect pour lui et que j’étais déçu. Mais le « dommage » s’est transformé en « lamentable ». J’ai pété un câble. Il a alors vérifié mes propos et s’est rendu compte de son erreur. […] Je lui ai dit ce que je pensais du club, de lui et de la façon dont ça se déroulait. Il a trouvé le moyen de me dire que j’étais encore un cadre et qu’il comptait sur moi pour la saison prochaine. Seulement, j’apprends, quelques jours plus tard, qu’il a justement consulté les cadres de l’équipe avant de se séparer de Le Guen. Moi, il n’est pas venu me voir. Encore une fois, c’étaient bien des paroles en l’air.
Autre anecdote révélée par Rothen, une soirée organisée par le club au Fouquet’s le jour de la finale de la Ligue des Champions :
On ne me prévient que la veille au soir, par SMS, sans me donner le lieu. Le mercredi, à l’entraînement, personne ne me dit rien. Je décline l’invitation. Mais je n’étais pas le seul absent : il manquait aussi Ludovic Giuly, Mickaël Landreau, Ceara et deux jeunes pros. Sébastien Bazin, lui, a fait un discours dans lequel il déplorait les absences de Rothen et Landreau, et seulement ces deux-là. Il a ajouté qu’on était les seuls à avoir fait part de notre intention de départ — ce qui est faux — et a conclu en disant : « J’espère qu’ils ne lâcheront pas sur le dernier match. » Alors s’il a tenu le même discours aux supporters, ça explique peut-être les sifflets du week-end.
O.K., j’ai fait une saison moyenne, irrégulière, je n’ai pas été assez décisif. Mais je suis le co-meilleur passeur du club [toutes compétitions confondues] et les gens savent que je ne triche jamais sur un terrain. En cinq ans au PSG, j’ai toujours tout donné. J’espère que personne ne l’oublie.
Finalement, Rothen évoque son avenir. Qu’il n’envisage plus au PSG :
Mon départ est inéluctable. On m’oblige à partir. Moi, je pensais vraiment terminer ma carrière à Paris. J’ai refusé une offre de Lyon pour prolonger ici. J’aime ce club, je l’ai dans la peau. Mais avec de tels dirigeants, je ne peux pas rester.
Aujourd’hui, par qui est dirigé le PSG ? Un président qui admet ne rien connaître au foot [Sébastien Bazin], un directeur général qui se vante de ne rien y connaître [Philippe Boindrieux], et un futur directeur sportif qui passe entre les gouttes depuis six ans alors qu’il est loin de n’avoir fait que du bon boulot [Alain Roche]. Ces gens-là ne parlent qu’en termes d’économies. Regardez, juste avant le match contre l’OM, aucun n’est venu nous voir pour nous motiver, nous rappeler l’importance de cette rencontre. Non, la seule chose qu’ils ont trouvé à faire, c’est de tenter de renégocier les primes en cas de qualification pour la Ligue des Champions avec Makelele et Armand, parce qu’ils trouvaient qu’elles étaient trop élevées. Ca me fout les boules parce que ce match, c’était un déclic.
J’ai des contacts, mais avant je dois régler ma situation ici. J’aimerais, pour une fois, par respect, que les dirigeants soient francs avec moi, qu’ils me disent : « Jérôme, ce n’est plus possible avec toi. Comment on fait ? » Le club doit me laisser libre. Pas question qu’il demande une indemnité de transfert. Pour un joueur dont on ne veut plus, il ne manquerait plus que ça !