Les enseignements du match
Joueur par joueur
Le gardien Salvatore Sirigu est encore l’auteur d’un bon match. Il ne peut pas faire grand-chose sur la frappe parfaite de Jean Calvé, mais a le reste du temps été impeccable. Il est bien sorti des deux poings à plusieurs reprises et, surtout, il a effectué une parade impressionnante sur une tête adverse à bout portant. Il s’agit probablement de la recrue la plus régulière dans les bonnes performances depuis le début de saison. Pour son retour, Milan Bisevac n’a pas été confronté à une grande adversité. Son niveau défensif est donc difficile à juger, même si ses rares interventions ont été propres. Balle au pied, il a fait quelques bonnes relances ou ouvertures qui peuvent laisser espérer un véritable apport dans ce domaine, où le PSG pèche. À ses côté, Mamadou Sakho a endigué à peu près tous les contres adverses et pourra juste regretter ne pas s’être relevé assez vite sur le but nancéen.
Remarque qui est également valable pour Sylvain Armand, puisqu’en se télescopant avec son capitaine, il a laissé énormément de temps à l’aile droite nancéenne pour avancer dans la surface. Le reste du temps, le latéral gauche a joué en position très offensive, en apportant un appui régulier à Nenê, et touchant ainsi de nombreux ballons. Cela a moins joué du côté de Cearà, mais le Brésilien a le mérite d’avoir été très propre dans toutes ses transmissions. Blaise Matuidi revenait de blessure au poste de milieu défensif, et l’on a retrouvé le joueur bien en jambe du début d’automne. En fin de rencontre, alors qu’il était seul à la récupération, il s’est permis plusieurs montées afin d’aider son équipe à recoller au score. Mathieu Bodmer a cette fois-ci joué dans un registre très offensif. Dès qu’il l’a pu, il a essayé de s’intercaler entre les lignes, voire de faire des appels dans la surface. Il est dans le coup sur plusieurs occasions, mais se fait surprendre par la bonne sortie de Ndy Assembé, alors qu’il est à quelques dizaines de centimètres des buts. Sur le but encaissé, il n’est pas loin de Calvé, mais n’est pas suffisamment prompt pour le gêner. Globalement, l’ancien Caennais a été assez peu en réussite dans ses gestes, quels qu’ils soient. Comme il était supposé faire le lien entre la défense et l’attaque, cela a pu avoir un impact sur l’incapacité du PSG à porter un danger constant chez l’adversaire.
Du côté des joueurs offensifs, Nenê a été à nouveau irréprochable. Toute la panoplie du joueur offensif y est passée avec centres, tirs, dribbles, remontées de balle et, de façon générale, un jeu très intelligent. Il a dépassé la centaine de ballons touchés sur la partie, score qui est généralement atteint par des milieux défensifs ou des latéraux. À droite, Christophe Jallet n’a pas démérité, mais son jeu se prête plus à la contre-attaque qu’à une opposition regroupée. En conséquence, il a participé à la bonne circulation du ballon, mais n’a pas pu peser réellement sur la rencontre. Les seules situations où il s’est distingué viennent d’ailleurs d’attaques jouées vite. En meneur de jeu très avancé, Javier Pastore a clairement fait des mauvais choix et a été plus en vue dans la dernière demi-heure, quand Paris est passé à deux attaquants. Néanmoins, ce n’est pas pour autant qu’il a été fantomatique, comme cela peut être suggéré assez sévèrement : avec plus de 80 ballons touchés, l’Argentin a essayé d’influer sur la partition offensive de son équipe. Sans aucune forme de réussite, mais se borner à dire que le joueur n’y est plus, juste parce qu’il sourit moins, est une analyse un peu courte.
En pointe, Kevin Gameiro n’a eu que très peu de ballons, comme souvent face à un gros bloc défensif. Néanmoins, il a eu des occasions franches avec cette bonne tête sur un centre de Nenê en début de partie, et surtout son ballon envoyé sur la barre alors qu’il était tout proche des cages. L’an dernier, quand Hoarau ou Erding rataient ce genre de choses, l’on entendait qu’un buteur comme Gameiro l’aurait mise au fond. Comme quoi tout est plus compliqué quand on débarque à Paris… Remplaçant, Erding a eu vingt-cinq minutes pour se faire remarquer. En dehors d’une reprise de l’épaule qui a failli faire mouche, le Turc n’a finalement pas eu plus de ballons que Gameiro. Tiéné et Bahebeck sont eux rentrés pour les dix dernières minutes, sans apporter un plus décisif.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Fin de séries. En championnat, le PSG restait sur 12 rencontres sans défaite et 6 victoires consécutives à domicile.
Victoire de Nancy. « La dernière défaite du PSG à domicile contre Nancy remontait au 17 janvier 1999 », relève le Parisien.
Infos en vrac
Autres résultats. À noter les défaites de Lyon contre Rennes (1-2) et de Marseille à Montpellier (1-0), ainsi que le match nul de Lille à Toulouse (0-0). Le MHSC revient à égalité de points avec le PSG, leader à la différence de buts.
Dans la presse
Damien Degorre, dans L’Équipe du 21 novembre 2011 :
Ceux qui craignaient voir le PSG s’envoler dans le championnat à l’issue de la quatorzième journée doivent être rassurés ce matin, Antoine Kombouaré un peu moins. La défaite concédée face à Nancy, avant-dernier avant le coup d’envoi, risque de raviver quelques débats cette semaine sur la situation instable de l’entraîneur parisien. Son équipe a perdu une rencontre qu’elle aurait dû remporter quinze fois, face à un bloc de neuf défenseurs qu’elle n’a jamais su déséquilibrer, à l’exception d’un tir sur la barre de Gameiro (79e) et d’un autre de Bodmer à bout portant (82e). Ce matin, le PSG est toujours leader du championnat, avec une avance confortable sur Lille (5 points), Lyon (7 points) et Marseille ( 12 points) mais il voit Montpellier lui partager la première place. Que reprocher à Kombouaré sur le scénario du match d’hier ? D’avoir demandé à ses joueurs de multiplier les talonnades, comme ce fut le cas pendant le premier quart d’heure ? Pas son genre. D’avoir aligné Pastore fatigué par son voyage en Amérique latine ? Il n’avait pas d’autre solution. D’avoir manqué d’ambition au cours de la rencontre ? Il l’a terminée avec cinq attaquants. Seulement, il y avait un peu trop de suffisance dans l’attitude de ses joueurs à l’heure d’affronter une équipe qui n’avait pris, jusqu’alors, qu’un seul point à l’extérieur et qui était clairement venue chez le leader avec l’intention d’en récolter un deuxième. Finalement, elle en a pris trois et sort de la zone de relégation. Neuf Nancéens ont défendu leur but avec pugnacité, et un dixième, Moukandjo, avait pour rôle de conserver le ballon entre Sakho et Bisevac, pour faire remonter le bloc en contre. […]
Paris replonge dans un tourbillon de questions autour de l’avenir de Kombouaré, que la visite de Carlo Ancelotti à Leonardo, au début du mois, a réveillé. Après le match nul concédé à Bordeaux, les propriétaires qataris du PSG et son directeur sportif brésilien semblaient déterminés à se séparer de leur entraîneur. Hier, Nasser al-Khelaifi, le président du conseil d’administration, était absent mais Leonardo, qui a quitté son siège cinq minutes avant la fin de la rencontre, était là. Pas sûr qu’il ait changé d’avis. Il a vu une équipe qui s’est peut-être perdue, dans un premier temps, dans une volonté d’assurer le spectacle au détriment de l’efficacité. Il a ensuite vu une vraie volonté d’aller vers l’avant, mais avec un temps de retard. […] Si, ce matin, Antoine Kombouaré est toujours en poste, c’est autant grâce à ses résultats qu’au fait que Leonardo ne s’est toujours pas entendu avec un autre technicien. À une semaine du déplacement à Marseille, Leonardo a assuré que le Kanak serait toujours l’entraîneur du PSG, que « cette défaite ne changeait rien », même si la situation de ce dernier n’est pas renforcée. Mais en l’absence de solution ficelée, Paris ne peut pas non plus se permettre de prendre une décision hâtive. Elle mettrait en péril le résultat d’une prochaine rencontre qui dessine un premier virage dans la saison parisienne.
Dominique Sévérac, sur leparisien.fr le 21 novembre 2011 :
La situation d’Antoine Kombouaré se complique ce matin. À une semaine du clasico à Marseille (une rencontre qui n’est jamais comme les autres et qui fait fi du classement des deux équipes parce qu’elle ne récompense pas toujours le meilleur), la deuxième défaite de la saison de son équipe à domicile jette un nouveau voile sur son avenir. Dans nos colonnes mardi dernier, Leonardo ne lui a pas délivré de blanc-seing ni ne l’a confirmé jusqu’au terme du championnat. Hier soir, le directeur sportif parisien a d’ailleurs préféré ne pas assister aux dernières minutes du match face à Nancy. Kombouaré peut sauter à tout moment et un deuxième revers consécutif, surtout dans le symbolique Vélodrome, pourrait prendre des allures de marche funèbre à son endroit. C’est l’incroyable vie agitée du PSG avec un directeur sportif qui n’a pas confiance en son entraîneur, pourtant toujours en tête de la Ligue 1, à égalité de points désormais avec Montpellier, l’autre incroyable surprise de ce championnat.
Et ce n’est pas ce PSG-Nancy qui l’aura fait changer d’avis. Car après le pensum de Bordeaux, Paris s’est offert une nouvelle sortie ratée, où l’absence de jeu, surtout en première période, a concurrencé la pénurie d’idées et de talents techniques. Pastore marchait, Gameiro errait, Ménez (suspendu) manquait. Seul Nenê a tenté. Quand Nenê brille, c’est plutôt le remake de la saison passée qui ressurgit. Sauf que l’année dernière, le Brésilien était servi par des envies de jeu et de séduction de sa formation. Après la partie à Bordeaux, celle contre Nancy, même contre Nancy, a prouvé qu’une équipe ne se montait pas de toutes pièces. Et si le PSG avait réussi à faire illusion jusque-là ? Même avec cinq points d’avance sur Lille, le PSG n’est plus sûr de rien et ces deux derniers mauvais matchs dessinent peut-être une tendance, comme si Paris s’était vu trop beau et avait mangé son pain blanc. On ne pourra pas s’empêcher de penser, après la séquence Leonardo-Ancelotti de la trêve internationale, que ce club reste le spécialiste mondial de la création d’embrouilles là où il n’y en a pourtant pas. On ne saura jamais si cet épisode, dramatique médiatiquement, aura influé sur le cours ordinaire des choses dans la vie et le mental des joueurs. On ne peut que constater le résultat et se poser la question.
Réactions
Leonardo : « C’est une défaite, et ce n’est pas la première. C’est la deuxième en championnat. On reste premier, donc ça va, on a encore beaucoup de choses à faire. La semaine qui s’annonce est importante, car on va jouer contre Marseille. Quand vous perdez chez vous, c’est toujours un peu triste, mais ça fait partie du jeu. Il y a eu des choses très positives. Aujourd’hui, c’est une défaite, mais on continue. […] Lors des dix derniers jours, le feu était plus à l’extérieur du club qu’à l’intérieur. Je crois que tout ça est normal. Quand on est une grande équipe, il y a beaucoup de choses qui se disent. Avec les joueurs et l’entraîneur, tout est clair. Il n’y a aucun problème. […] Il y a eu beaucoup de discussions autour de ça [la rumeur Ancelotti]. Que les gens et les médias parlent, c’est un peu logique. Le groupe sait ce qu’il se passe. La situation n’a jamais changé. Et il ne va rien se passer. Kombouaré a la pleine confiance du club et on va continuer le travail. On a démarré le chantier il n’y a que quatre mois. Et beaucoup de choses très positives se sont déjà passées. Il y en a toujours à améliorer, cela fait partie du jeu. […] Kombouaré sera-t-il l’entraîneur du PSG dimanche prochain ? Mais bien sûr… Il est l’entraîneur. Rien n’a changé. On échange beaucoup ensemble, il sait ce qu’il se passe. Je le répète, c’est vraiment clair. Il est le coach et on va continuer. Et je pense qu’on va avoir une bonne réaction contre Marseille. » (source : lequipe.fr)
Antoine Kombouaré : « Je n’ai pas dit grand-chose aux joueurs, j’ai évité. Je vais regarder le match ce soir et faire un débriefing demain. Il faut éviter de dire à chaud des choses qu’on va regretter ensuite. Je suis très déçu pour les joueurs car j’ai le sentiment qu’ils ont fait ce qu’il fallait pour au moins ne pas perdre. On a manqué d’agressivité devant le but mais on a eu de très belles occasions en seconde période. Il faut repartir de l’avant. On est tombé sur un bloc, un double verrou. Ils ont joué un super coup et inscrit un but exceptionnel. Félicitations à Nancy, ils ont fait le match que j’attendais d’eux. Pastore est en dents de scie, à l’image de l’équipe. C’est souvent le souci après la trêve [internationale], on ne sait jamais comment on va retrouver les joueurs. On a peut-être manqué de rythme, mais on a fait un meilleur match que Nancy. Leur but nous a fait très mal. On a osé plus, on a joué plus haut mais on aurait pu jouer trois, quatre heures sans marquer. Leonardo vient tout le temps dans les vestiaires et cela ne regarde que nous ce qui s’y dit. C’est sûr que ce n’est certainement pas la meilleure façon de préparer Marseille. » (source : AFP)
Jean Fernandez (entraîneur de Nancy) : « On avait imaginé jouer un gros match au niveau défensif. On a eu un maximum de concentration et de détermination dans les duels. Après notre but, on a aussi eu beaucoup de réussite. Il en fallait. C’est tout bonus pour la suite. Depuis trois, quatre matches, et notre changement d’organisation, on est mieux. » (source : AFP)
Blaise Matuidi : « Nancy était bien regroupé et nous n’avons pas su faire ce qu’il fallait pour se créer des occasions. Il a fallu qu’on encaisse un but pour réagir mais c’était déjà trop tard. Après ce but, j’ai quand même vu de bonnes choses. Toutes les équipes viennent au Parc pour défendre. Il faudra travailler sur ce chantier car ce genre de situation va se reproduire. […] Le contexte de ces dix derniers jours nous a-t-il perturbé ? Non, car on sait que ce sont des choses qui arriveront encore à l’avenir. Seul le terrain nous importe. […] Kombouaré reste-t-il l’homme de la situation ? Évidemment. Mais nous, on doit se concentrer sur le jeu. Il y a des dirigeants qui doivent faire ce qu’ils ont à faire. Ce n’est pas l’affaire des joueurs. Nous, on a toujours bien travaillé avec le coach et les résultats sont là. Sauf contre Nancy bien sûr… On est quand même co-leaders du championnat et je ne vois pas pourquoi il faudrait changer d’entraîneur. » (source : le Parisien)
Nenê : « C’est vraiment difficile. On doit gagner ce match, même si Nancy a bien défendu. On a tout essayé, mais ce n’est pas passé. Il ne faut pas baisser la tête et continuer à travailler. On a bien joué, bien fait circuler le ballon, mais il nous a manqué ce petit but. J’espère maintenant que ce match va nous servir pour la suite. » (source : PSG.FR)
Suspensions
Blaise Matuidi est désormais sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement — tout comme Diego Lugano et Sylvain Armand.
Marcos Cearà a quant à lui reçu son premier carton jaune cette saison. La liste des joueurs comptabilisant un avertissement est la suivante : Mathieu Bodmer, Zoumana Camara, Mevlüt Erding, Mamadou Sakho.
Côté tribunes…
Affluence. 40 199 spectateurs — dont 182 supporters de Nancy en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP. Des anciens abonnés se sont regroupés dans les virages pour contester les mesures prises par le PSG depuis l’été 2010. Ils ont notamment retiré les bâches, créées par le club, disposées à Auteuil et à Boulogne en lieu et place des anciennes bâches des associations.
Kombouaré soutenu par le Parc. « Comment le Parc allait-il accueillir Antoine Kombouaré après une trêve internationale marquée par l’affaire Ancelotti ? La réponse n’a pas tardé à fuser, raconte le Parisien. Dès l’annonce des équipes, quelques minutes avant le coup d’envoi, le public l’a d’abord chaleureusement applaudi avant que les virages scandent son nom. Parler de standing ovation serait un brin exagéré mais il s’agissait d’un authentique message adressé par le Parc des Princes aux dirigeants du club. En tout début de rencontre, les supporters ont renouvelé leurs encouragements à l’endroit du Kanak. »