Après le témoignage de Laurent, confronté aux stewards et aux RG pour avoir tenté de lancer quelques chants dimanche lors de PSG-Roma, nous avons recueilli celui de Stéphane, expulsé du stade par les stewards pour avoir refusé de s’asseoir en tribune Auteuil rouge — c’est lui que l’on aperçoit sur les photos que nous avons publiées lundi.
Je m’appelle Stéphane. J’ai 30 ans ; je travaille dans le milieu bancaire ; j’habite en Seine-Saint-Denis ; je suis marié et papa d’une petite fille. Je suis — ou plutôt j’étais… — abonné en tribune Boulogne bleu bas depuis six ans. Je me plaçais dans le carré des Boys, sans pour autant faire partie d’une quelconque association. J’ai fait quelques déplacements, mais très peu. J’essaie d’aller au Parc le plus souvent possible afin d’encourager mon équipe, tant dans les bons moments que ces temps-ci.
Arrivée au Parc. Jusque-là, tout va bien…
Dimanche matin, j’ai décidé avec mon frère d’aller voir dans l’après-midi le match PSG-AS Roma. Arrivés porte de Saint-Cloud peu avant 18 heures, nous nous dirigeons vers la billetterie via la rue du Commandant-Guilbaud, qui passe devant la tribune Boulogne, mais impossible de franchir le barrage sans un billet « Boulogne ». Quelques détours plus loin, le guichet extérieur nous explique qu’il nous faut d’abord obtenir la carte « Tous PSG » — seulement disponible à l’intérieur —, puis acheter des billets en virages de façon aléatoire entre Auteuil et Boulogne. Pour nous, ce sera Auteuil rouge. La procédure se révèle assez contraignante alors qu’il n’y avait pas grand monde. Cela promet pour les prochains matches…
Nous voici donc à Auteuil, où une placeuse nous indique un secteur : « Asseyez-vous vers là-bas… » Quelques animations, un « vuvuzelamètre » censé mesurer les décibels — qui est d’ailleurs monté bien haut pour le peu de bruit qu’il y avait, vive la propagande… —, puis arrive la composition des équipes. L’ambiance monte un peu.
Le match démarre avec des supporters romains bruyants — et debout… Malgré leur petit nombre, ils étaient plutôt bien motivés et se sont fait entendre dans tout le stade.
Stéphane refuse de s’asseoir, il est expulsé
Un petit groupe de Parisiens essaie de lancer des chants en bas à gauche de la tribune, près de la tribune F, mais ils sont vite forcés à monter s’asseoir plus haut en silence [il s’agit du groupe de Laurent]. Ils se mettent alors à chanter « tout le monde debout ». L’attitude des stewards — qui continuent à leur demander de s’asseoir — devient puérile, car ces gens ne gênaient personne. Il n’y avait que le mur derrière eux ! Lorsqu’ils ont essayé de chanter debout, les stewards en ont fait sortir un assez violemment. Si seulement la tribune s’était levée toute entière…
Je suis resté debout ; un steward m’a rapidement fait signe de m’asseoir. Je lui ai fait signe que je n’obtempérerai pas. Il me demande : « T’es sûr ? » Je réponds oui. Je l’entends alors indiquer au talkie-walkie : « Envoyez une équipe, il y a un mec à sortir… » Une dizaine d’entre-eux m’attrapent et me plaquent au sol dans les coursives après m’avoir enfoncé le pouce dans l’œil volontairement — celui qui m’a fait ça m’a enlevé les lunettes juste avant, et a bien insisté dessus. Obligé de me débattre, je finis avec un genou sur la gorge, des griffures, des ongles dans le bras, un cocard…
- Expulsion d’un supporter qui voulait rester debout
- Photo Mathieu Genet pour www.psgmag.net
- Expulsion d’un supporter qui voulait rester debout
- Photo Mathieu Genet pour www.psgmag.net
Les stewards me confient ensuite aux CRS — avec qui j’ai gardé mon calme car leur comportement n’avait rien à voir. Ils m’ont transféré à l’antenne du commissariat située sous la tribune présidentielle, en me disant que je devais avoir bien bu vu mon œil tout rouge. Dommage, l’alcootest ressort à 0,00 mg/l. Ce n’est que le pouce du steward qui m’a causé cette marque…
Les agents se montrent plutôt sympa — ils ont dû comprendre de suite que je n’étais pas un voyou, juste un passionné —, prennent ma déposition et celle d’un steward qui se plaint d’avoir eu mal… On m’explique alors que le préfet de police se prononcera sur une éventuelle interdiction de stade administrative d’une durée de trois à six mois. Je rentre chez moi dégoûté.
Le mot de la fin
Monsieur Leproux, j’espère sincèrement que vos ordres ne sont pas ceux-là, qu’ils ont été mal interprétés par certains stewards d’Auteuil — à Boulogne, il y avait jusque-là un respect entre les stewards et nous. Je trouve d’ailleurs très bien d’avoir un tarif et un espace « familles », car un mouvement de foule peut vite arriver. Cependant, vue l’affluence du Parc des Princes ces dernières saisons, il y a de la place pour tout le monde [1].
Malgré ces incidents, je dis Allez Paris en espérant que tout s’arrange.