Une fois n’est pas coutume, le zoom rétro de cette semaine ne concerne pas l’adversaire du Paris Saint-Germain — même s’il est toujours tentant de dire du mal de Christian Gourcuff — mais la situation actuelle du PSG. Le club parisien reste en effet sur trois revers consécutifs en championnat. Une telle série a déjà eu lieu à onze reprises au cours des vingt dernières années. Regardons le passé pour prédire l’avenir, et voyons comment le PSG s’est dépêtré de ces spirales négatives [1].
1995/1996 — Paris perd le titre
La saison 1995/1996 du Paris Saint-Germain est gravée dans toutes les mémoires. Pour la victoire du PSG en coupe d’Europe bien sûr, mais aussi pour son effondrement en deuxième partie de saison, qui lui fera perdre un titre qui lui semblait pourtant promis. Et, bien évidemment, les critiques pleuvront [2]. En effet, au soir de la 25e journée, après une première moitié de saison parfaite, Paris est premier avec 6 points d’avance. Les hommes de Luis Fernandez restent notamment sur une série de quatorze matches sans défaite en D1. Trois journées plus tard, le PSG est toujours leader, mais avec un matelas bien moins confortable : Paris vient d’enchaîner trois déconvenues à Monaco et à Strasbourg, mais surtout au Parc face à Montpellier, alors que les Rouge et Bleu menaient 2-0 à un quart d’heure de la fin [3].
Malgré cette terrible série — le PSG n’avait plus perdu trois matches de championnat consécutifs depuis 1989 —, les Parisiens restent déterminés. Après une nouvelle défaite — à Auxerre, en coupe de France —, Youri Djorkaëff donne ainsi rendez-vous aux supporters parisiens le mardi suivant pour une rencontre cruciale face à Lens. L’appel du snake a été entendu : malgré la tenue du match en semaine, plus de 44 000 personnes se déplacent porte d’Auteuil — ce sera la meilleure affluence de la saison.
Et la promesse de Djorkaëff n’aura pas été vaine, puisqu’il est à l’origine du but de la victoire : il tire un coup franc que Warmuz boxe dans les pieds de Patrice Loko. Celui-ci ne se fait pas prier pour marquer un de ses nombreux buts de renard des surfaces. Paris s’impose donc et entame un léger sursaut : les deux matches suivants seront également gagnés. Ce qui ne suffira pas, puisque deux nouvelles défaites de rang — à Auxerre puis à Metz — feront chuter Paris à la deuxième place à cinq journées de la fin du championnat. Le PSG devra finalement s’en contenter.
2000/2001 — le retour de Luis
Lors de cette saison marquée par l’« opération banlieue » de Canal+, le PSG connaîtra à deux fois une série de trois défaites consécutives. La première est intervenue au mois de novembre, après que les Parisiens se sont inclinés à Monaco, contre Rennes, puis très lourdement à Sedan (5-1). Ce dernier match coûtera d’ailleurs sa place à l’entraîneur Philippe Bergeroo, qui a confirmé récemment que cinq de ses joueurs l’avaient lâché ce soir-là. Le PSG se déplace en Turquie pour y affronter le Galatasaray (défaite 1-0) avec son nouvel entraîneur, à peine nommé, mais c’est face à Metz au Parc des Princes que le renouveau est véritablement attendu. Le messie se nomme alors Luis Fernandez.
La rencontre n’est pas flamboyante, loin de là, mais certains joueurs ont étrangement livré une prestation nettement plus consistante que lors du déplacement dans les Ardennes. Paris gagne un but à zéro, avec une réalisation marquée en tout début de seconde période : Luccin récupère très haut le ballon et lance dans la foulée Anelka, qui gagne son duel face au portier messin. Deux joueurs que l’on disait en froid avec Bergeroo font gagner son successeur.
Toutefois, ce succès ne sera pas confirmé par une série de bons résultats. Au contraire, plus tard dans la saison, le PSG subira une nouvelle série de trois défaites consécutives en L1 : alors englué dans la deuxième phase de poule de la Ligue des Champions, le PSG concentre toute son énergie sur la double confrontation face au Milan AC. Le championnat est clairement délaissé, et Paris ne fait que perdre durant le mois de février : à Nantes, face à Guingamp et enfin à Marseille. À l’orée du mois de mars, une réaction est attendue, et c’est encore le cas puisque Paris s’impose 3-0 face à Toulouse, en marquant trois fois dans la dernière demi-heure — des buts signés Okocha, Laurent Leroy et Anelka. Les bons matches d’Okocha et de Benarbia leur assureront une place de titulaire quatre jours plus tard lors du fameux match au Riazor, face à La Corogne. En championnat, ce sursaut restera un épiphénomène, puisque Paris ne gagnera que deux de ses six derniers matches.
2002/2003 — les matches les plus tendus
Luis Fernandez, décidément peu en réussite, connaîtra lors de sa dernière saison parisienne deux nouvelles séries désastreuses. La première a failli lui coûter sa place. Paris perd à Lens, face à Nantes et enfin en Principauté de Monaco. Suite à ces trois défaites, la situation est calamiteuse, et le président Laurent Perpère, jusque-là très discret dans les médias, intervient publiquement pour… critiquer son coach et défendre son joueur phare Ronaldinho — pourtant loin d’être irréprochable.
Le natif de Tarifa répond à ce discrédit public en faisant appel aux supporters parisiens, qui l’affectionnent encore énormément. Le match qui suit, contre Lyon au Parc des Princes, se déroule à nouveau en milieu de semaine. L’ambiance est électrique, et le public complètement acquis à la cause du coach parisien. Paris gagne, avec la manière, et ironiquement grâce à deux coups de pattes de Ronaldinho : le Brésilien fait d’abord marquer Heinze sur un coup franc, avant de voir sa frappe repoussée par Coupet dans les pieds d’El Karkouri, qui marque dans le but vide.
Avec cette victoire et le soutien clairement affiché des tribunes parisiennes — qui scanderont le nom de Luis Fernandez durant de longues minutes —, Laurent Perpère semble contraint de revenir sur ses plans, puisque la presse annonçait un renvoi du coach parisien quel que soit le résultat…
Quelques mois plus tard, les rapports seront inversés lors de la deuxième série : le public parisien abandonnera complètement son équipe, pour ce qui reste l’un des matches les plus honteux pour certains supporters du PSG. Alors que Paris vient de perdre face à des modestes équipes — Bastia, Montpellier et Guingamp —, les supporters ont décidé une grève des encouragements pour la rencontre face à Troyes. Mais cela va bien plus loin qu’un simple refus de donner de la voix, puisque la rancœur est telle face aux mauvais résultats que nombre de spectateurs présents se consacrent exclusivement à insulter et huer leurs propres joueurs. Alonzo, titulaire ce soir-là, dira plus tard qu’il avait eu peur pour sa sécurité…
Sur le terrain, les joueurs doivent lutter seuls. Ils sont rapidement menés 0-2, avec notamment un but marqué par Benachour, prêté par Paris. Évidemment, cela accentue encore plus le climat malsain : Paris joue à l’extérieur. Pourtant, les onze joueurs réussiront à revenir. Le déclic viendra d’abord d’une frappe lumineuse de Stéphane Pédron. Les Parisiens feront la différence en seconde période, inscrivant trois buts par l’intermédiaire d’Aloisio, Fiorèse et Jérôme Leroy. Évidemment, certains supporters se sentiront mal, et hésiteront ensuite entre acclamer cette équipe et continuer à nier leur rôle fondamental… Pour l’anecdote, ce match constituera un véritable sursaut : Paris ira s’imposer au Vélodrome la semaine suivante, puis à Martigues (coupe de France) et enfin contre Sedan, pour une troisième victoire d’affilée en L1.
2004/2005 — série partagée
Cette saison-là, la mauvaise série a la particularité d’être partagée par deux entraîneurs. Vahid Halilhodzic subit en effet deux revers, à Monaco et face à Lens, ce qui provoque son licenciement par Francis Graille. Laurent Fournier, l’entraîneur de la CFA, le remplace en toute hâte, et pour sa première à la tête de l’équipe en championnat, il s’incline à Strasbourg — auparavant, le PSG avait battu Bordeaux 3-1 en coupe de France, après prolongations.
Pour mettre fin à cette série de trois défaites, Paris se retrouve donc opposé à Bastia, au Parc des Princes. Chose qui n’a a priori rien d’inabordable, sauf que cette rencontre doit être disputée à huis clos suite aux incidents ayant émaillé la rencontre face à Metz en décembre. C’est donc seulement devant un parterre de journalistes que le néo-coach parisien débute à domicile en L1.
Les joueurs semblent complètement paralysés par ce contexte particulier. Paris finit par ouvrir le score en seconde mi-temps, sur un penalty gagnant — mais pourtant très mal tiré — de Benachour. Mais jusqu’au bout, Paris aura tremblé : dans les dernières minutes, Conombo manquera l’égalisation. À noter que cette rencontre verra l’entraîneur corse qualifier Lorik Cana d’« Albanais de merde » — il n’écopera pour cela que de deux matches de suspension.
Cette victoire marquera un léger renouveau côté parisien. Rien de suffisant pour remonter au classement, mais les victoires se succéderont toutefois assez régulièrement, ce qui n’était plus du tout le cas auparavant.
2006/2007 — la pire série depuis 10 ans
La plus mauvaise série de défaites consécutives de ces dix dernières années remonte à la première demi-saison de Paul Le Guen. Les effets bénéfiques du changement d’entraîneur intervenu en janvier tardent à se manifester, et Paris subit non pas trois, mais quatre revers consécutifs en championnat : Saint-Étienne, Sedan, Auxerre et Rennes — toutes compétitions confondues, le PSG reste sur six défaites en sept matches. Aussi, au moment d’affronter Lens à Bollaert, Paris est provisoirement dernier du championnat.
Mais cette rencontre marque un réel renouveau. Le Guen bénéficie du retour de Jérémy Clément, qui avait quitté les Rangers blessé, et ce renfort change tout au milieu du terrain. Par ailleurs, l’entraîneur parisien tranche dans le vif en plaçant Pauleta sur le banc — celui-ci se montrera exemplaire dans la peau d’un remplaçant —, pour lui préférer les joueurs de contre que sont Luyindula, Frau et Diané.
C’est ce dernier qui ouvre le score très rapidement, après un bon travail de Luyindula dans la surface. En début de seconde période, on croit que la poisse parisienne refait surface, puisque Rozehnal marque contre son camp et offre ainsi l’égalisation à Lens. Mais Paris aura de la ressource ce soir-là, et le capitaine Sylvain Armand donnera la victoire aux siens en reprenant un coup franc de Jérôme Rothen.
Paris gagne donc enfin — et à Lens, terre qui pourtant ne réussissait pas au club de la capitale —, et pour une des rares fois, la fin d’une mauvaise série correspond au début d’une très bonne : Paris prendra en effet treize points en cinq matches durant le mois d’avril, assurant ainsi son maintien en première division. Voilà l’exemple à suivre pour les hommes d’Antoine Kombouaré ce samedi…