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Un résumé vite fait, mal fait

Bordeaux 1-0 PSG : l’analyse de So Foot

Ou comment parler d’une rencontre sans l’avoir vue

lundi 7 décembre 2009, par Gauthier B.

Bordeaux 1-0 PSG : l'analyse de So Foot

Cela faisait quelques semaines que nous n’avions pas consacré un article entier au merveilleux site de So Foot. Pour tout dire, la raison tient plus à une lecture moins assidue de notre part qu’à un revirement rédactionnel de la leur. Toutefois, après la rencontre face à Bordeaux, nous nous sommes à nouveau aventurés chez l’employeur de Vikash Dhorasoo. Espérions-nous enfin lire des analyses pertinentes sans le moindre jeu de mot pesant ou cela relève-t-il de la volonté inconsciente qu’ont les supporters parisiens de se faire du mal ? Toujours est-il que nous allons tuer d’entrée le suspense : rien n’a changé, les rédacteurs de ce site web écrivent toujours sans savoir de quoi ils parlent.

En guise d’analyse de la rencontre, le dénommé Barry Lyndon nous propose un texte focalisé sur les lacunes parisiennes [1], dans un match qui n’a pas été loin d’être le plus abouti de ces derniers mois… La ligne directrice est d’emblée discutable.

Dès le coup d’envoi, les intentions de Kombouaré sont simples : bétonner au milieu et jouer les contres à fond. Pas de chance, c’est aussi la tactique des Girondins, le talent en plus. Sans Giuly qui paye son mauvais début de saison, ni Camara blessé, les Parisiens rentrent mollement dans la partie, et se compliquent la tache d’entrée de jeu : à la 23e minute, un bon centre de Trémoulinas côté gauche arrive sur la tête du pourtant petit Jaroslav Plasil qui trompe Edel du front.

On se demande à quel moment les intentions de Kombouaré furent de bétonner au milieu ? Celui-ci a aligné un milieu à quatre, dont deux créateurs, avec deux attaquants en pointe. On est loin d’une formation venue se recroqueviller devant son but et jouer les contres. Même Laurent Blanc l’a reconnu : «  Paris a pris énormément de risques, cela nous change un petit peu de certaines habitudes. On a vu un match très ouvert. J’ai pris beaucoup de plaisir à le regarder. » De la même manière, parler d’un début de rencontre timoré des Parisiens nous permet juste de penser que le rédacteur s’est contenté d’un résumé de Jour de Foot pour dresser une analyse d’un match complet : Paris a été dominé durant les deux premières minutes et a ensuite pris la main sur la rencontre. Sans se montrer dangereux certes, il n’empêche que c’est à un moment où ne s’y attendait pas que Bordeaux a ouvert le score, quasiment contre le cours du jeu.

Armand et la faute de marquage hors de sa zone

Ensuite, Lyndon décortique l’action du but de façon pour le moins grotesque. La preuve : Pierre Ménès pense la même chose que lui [2].

Pour l’anecdote, c’est Sylvain Armand qui marque le Tchèque à ce moment-là et qui, après le but, fait des grands gestes de rage en hurlant « ce n’était pas à moi de le marquer »… Belle et saine réaction du vice-capitaine qui prend ici ses responsabilités, comme il le fait depuis le début de saison : Armand réalise son plus mauvais début de championnat en cinq ans sous la tunique rouge et bleu. Impliqué directement sur une très grosse poignée de buts (sic) depuis le début du championnat, l’ex-Nantais ne sait clairement plus où il habite : en retard sur la plupart de ses interventions, mal inspiré dans ses relances, pas assez incisif en un contre un…

Sans décrypter à nouveau l’action, rappelons simplement que l’on peut dédouaner Sylvain Armand de la responsabilité de ce but encaissé : accuser un arrière gauche sur une tête effectuée entre les défenseurs axiaux, après un centre venant de la droite, paraît tout de même être hors de propos. Armand est allé disputer un duel hors de sa zone, puisque ses coéquipiers ne le faisaient pas. Il aurait pu rester à son poste, ne pas prendre de risque, et il n’aurait eu aucun mauvais commentaire dans la presse. La morale est donc toujours la même : mieux vaut ne rien tenter, et personne ne parlera de vous en mal…

Quant au fait qu’Armand recadre ses troupes, cela ne présente absolument rien de choquant. L’arrière gauche parisien a certes commis plusieurs erreurs depuis le début de saison — et il en a d’ailleurs parfois assumé la responsabilité publiquement [3] —, mais quel rapport avec l’analyse du but encaissé à Bordeaux ? Si seuls ceux qui ne commettent aucune erreur avaient le droit de parler tactique à leurs coéquipiers, aucun joueur ne hausserait le ton, au PSG comme ailleurs. Il est évident que la défense parisienne toute entière est passée au travers sur cette action. Qu’Armand ou un autre pousse une gueulante semble au contraire être une attitude des plus saines et constructives.

Quant à la saillie sur le niveau d’Armand, elle tombe plutôt mal au moment où celui-ci vient d’enchaîner ses meilleurs matches de la saison, contre Auxerre et Boulogne — même L’Équipe et le Parisien, pas tendres avec l’ancien Nantais en début de saison, l’ont souligné.

Mais Lyndon ne s’arrête pas là dans sa diatribe envers Armand en surinterprétant un fait de jeu des plus bénins :

Ce n’est donc pas un hasard si Kombouaré confie le brassard à Traoré lors de la sortie de Makelele à la 79e minute, preuve du peu de confiance qu’il accorde à son latéral gauche ces temps-ci…
Ou comment se servir de n’importe quel fait pour taper sur un joueur qu’on a dans le collimateur. Le changement de capitaine est plus qu’anecdotique : lorsque le brassard est ainsi transmis à la sortie du capitaine, il va généralement au bras du premier joueur d’expérience qui croise son chemin, voire même au premier joueur tout court. Des joueurs comme Anelka ou Ronaldinho l’ont déjà porté, alors que leur individualisme les exclut d’office d’une telle fonction. Et surtout, si Kombouaré en avait tant après Armand, pourquoi l’a-t-il systématiquement désigné capitaine lors des absences de Makelele, et pas plus tard qu’il y a deux semaines lors du choc OM-PSG ? So Foot aurait besoin d’une preuve plus tangible pour affirmer que Kombouaré accorde peu de confiance à Sylvain Armand.
Autre souci, la formation de la capitale n’a pas la profondeur de ses adversaires, et doit souvent s’en remettre aux gamins du Camp des Loges. Rien ne s’arrange donc lorsque Erding doit sortir sur blessure, touché au genou à la demi-heure de jeu. Jean-Eudes Maurice rentre alors à la place du Turc, et se procure très vite la meilleure occasion parisienne du match, mais Carrasso triomphe dans le face-à-face.

Ce passage est très intéressant car il relève le problème général d’image auquel fait face le PSG depuis quelques années. Cela mériterait sûrement un développement plus complet, mais il est quand même très troublant de voir que dorénavant, le fait de faire jouer des jeunes du centre de formation est une preuve d’absence de profondeur de banc. D’autant plus troublant qu’auparavant, le même PSG était brocardé lorsqu’il était incapable de se servir de l’incroyable vivier qu’est l’Île-de-France pour former de jeunes footballeurs. Si l’on trouve inacceptable qu’avec trois attaquants sur la touche — Hoarau, Erding et Giuly — un jeune du club rentre sur le terrain, alors il faut que le PSG arrête tout de suite de perdre des sous en faisant fonctionner son centre de formation.

Mais cette attaque est d’autant plus troublante que Maurice a fait une bonne rentrée — ce que l’auteur reconnaît lui-même, prouvant par là-même le peu de cohérence dans ses propos — et que les Girondins ont eux-mêmes pallié la blessure de leur milieu gauche Wendel en titularisant un jeune du cru inexpérimenté, Sertic. Cela signifie-t-il pour autant que les Bordelais ont un banc famélique ?

Les milieux défensifs qui jouent sur les côtés

Mais le clou de l’article vient ensuite. Jusque-là, il y avait une part de subjectivité dans une telle analyse, et qu’il y ait des divergences de point de vue n’est pas choquant en soi. En revanche, ce qui suit prouve que le rédacteur de So Foot n’est pas capable de comprendre ce qu’il se passe sur un terrain.

Après la pause, les ouailles girondines semblent vouloir remettre le pied sur le ballon et y arrivent sans peine, utilisant bien la largeur dans leurs temps faibles, et ponctuant leurs longues séquences de passes par des frappes lointaines souvent déclenchées par le gourmand Gourcuff. Kombouaré inaugure alors le contre-coaching en faisant du poste pour poste alors que le score exigerait le contraire : il sort coup sur coup ses deux milieux défensifs Clément/Makelele pour faire rentrer Jallet et Sankharé et mettre une paire inédite Chantôme/Sankharé devant la défense… En gros, pour faire comme à Boulogne-sur-Mer, d’où le PSG était reparti avec un 2-5 dans le musette. Mais c’était Boulogne…

C’est officiel, Barry Lyndon n’a pas vu le match dont il parle. D’une, Bordeaux n’a jamais remis le pied sur le ballon en seconde période, ils n’ont procédé qu’en contres — cela nous conforte dans l’idée que cette analyse a été dressée uniquement à partir d’un résumé télé. De deux, l’attaque envers Kombouaré se base sur des propos complètement erronés : Sankharé et Jallet ont effectivement remplacé Clément et Makelele, mais ce n’était pas du tout du poste pour poste. Sankharé est venu se positionner couloir gauche, Jallet dans le couloir droit, et la paire de récupérateurs était Sessegnon/Chantôme, qui est par définition bien plus offensive que la paire alignée initialement. Kombouaré a pris le risque de jouer sans milieu défensif de métier, ce qui s’apparente à un choix offensif : empiler les attaquants n’est pas la seule solution à la stérilité d’une équipe.

Enfin, pour votre culture personnelle, sachez que l’auteur se fourvoie également sur la paire de défensifs alignés à Boulogne : Chantôme jouait milieu droit, Sankharé milieu gauche. Mais à ce niveau-là d’imprécision, une telle erreur serait presque anecdotique.

Une fois de plus la déclinaison internet de So Foot nous montre que derrière sa réputation de rédaction décalée, drôle et différente — probablement plus due au magazine papier — se cache une litanie d’articles rédigés en vitesse, truffés de clichés, de fausses informations et d’analyses faites sans avoir vu les matches traités. Quand on évoque des journaux décalés sur le football, on a tendance à citer So Foot et Les Cahiers du Football. Si ce dernier fait honneur à sa réputation en fournissant une pertinence dans les analyses encore trop rare ailleurs, le site de So Foot ne peut pas être placé à la même hauteur. Promis, nous allons essayer de ne plus relever les âneries provenant de cette rédaction. De toutes façons, cela nous donnerait trop de travail.

Notes

[1] Les nombreuses fautes d’orthographe de l’article d’origine ont été corrigées par nos soins.

[2] Sur son blog : « Armand. J’ai même dit hier soir que ça devait être au moins le 6e but depuis le début de la saison où sa responsabilité au marquage était engagée. ».

[3] Dans le Parisien du 22 août, il parle de son début de saison en ces termes : « Je le trouve vraiment très correct. Dans le jeu, je me suis trouvé pas mal dans le travail défensif. Après, bien sûr, il y a ce gros bémol du but égalisateur de Montpellier à la dernière minute (1-1). Car le gars qui marque [Spahic], c’est celui que j’avais au marquage. »

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13 votes

4 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Luiguy
    7 décembre 2009 22:36

    Le Pire dans vos analyses c’est que vous avez raison.
    C’est triste de constater que ce qui est dit, partagé comme vrai sur le PSG n’est qu’un tissu d’âneries débitées par des journalistes incompétents, et/ou leurs lecteurs écervelés.

    Merci à vous en tout cas.

    Pour moi, Paris a été, est et sera toujours magique !!!

  • #2

    Luca
    9 décembre 2009 00:19

    Cet article méritait qu’on en parle parce qu’il était vraiment mauvais.

    D’ailleurs on peut pratiquement généraliser ça à la grande majorité les tentatives de résumés en un paragraphe de 10 lignes d’un match, evidemment trop réductrices.

    Par contre, je suis pas d’accord pour fustiger toute la rédac internet de SoFoot à ce point. Certains journalistes, (Ghemmour, Appadoo et d’autres) sont largement au dessus du niveau requis pour être journaliste sportif dans ce pays et reproduisent souvent sur le net ce qu’on peut trouver dans la version magazine (excellente) du journal…

  • #3

    Vivien Brunel
    9 décembre 2009 14:11

    Salut Luca,

    Si on généralise nos critiques au site de So Foot, c’est qu’il s’agit là de l’énième article qui nous semble vraiment mauvais (voir quelques exemples dans notre dossier So Foot).

    J’ajouterais même que 2 brèves sur 3 consacrées au PSG (estimation au doigt mouillé), donc l’essentiel de leurs publications sur le club parisien, sont du même acabit : un copier/coller d’un article lu ailleurs, sans le dire/citer la source, mais en ajoutant des remarques grotesques et gratuites qui ne font souvent qu’aller dans le sens des idées reçues.

    Ce constat sévère nous désole, mais après 18 mois passés à surveiller ce qui se dit sur le PSG sur sofoot.com, il nous semble malheureusement juste.

  • #4

    Luca
    11 décembre 2009 00:53

    Salut Vivien,

    On est absolument d’accord par rapport au traitement du PSG et des brèves en générales qui sont inutiles et souvent écrites avec un humour triste.

    Mais bon ça reste à mon avis un des seuls sites (avec les CdF) où on peut trouver plusieurs fois dans la semaine des articles intéressants et instruisants. Et par les temps qui courent…

    Je veux dire, de tous les médias, je trouve triste qu’on n’entende s’exprimer qu’une poignée de journalistes qui connaissent leur métier. Enfin…

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