Pour commencer, il vous faudra décider si vous souhaitez suivre votre rencontre en Rouge ou en Bleu. Oh… Précisons pour qui s’interrogent qu’il n’est pas question ici d’évoquer une quelconque obligation de se peindre la figure avec une couleur symbolisant le PSG ! Laissons plutôt cela aux autochtones du reste de la L1… Il ne s’agit que de choisir votre niveau, l’étage où vous vous placerez lors de votre prochain match au Parc des Princes !
Un peu d’histoire
Jusqu’en 1998, les sièges du stade de la capitale étaient répartis en trois niveaux : Rouge, Bleu et Jaune. Les strapontins étaient d’ailleurs moulés dans un plastique dont la couleur correspondait à leur étage. Lorsqu’il était vide, cela donnait au Parc des Princes un étrange aspect, qui lui valait d’être parfois comparé à une tranche napolitaine [1]. Depuis le début des années 1970, date de leur mise en place, les sièges avaient eu le temps de se délaver, pour finir par ne plus évoquer que très vaguement les couleurs choisies à l’origine par l’architecte. Si tant est qu’il ait jamais détenu un quelconque cachet, ce mille-feuilles tricolore l’avait abandonné depuis longtemps. Avant leur disparition, ces strapontins avaient donc viré en un rouge un peu rosé, surmonté d’un bleu palot, puis d’un jaune pisseux. Pas de quoi faire fantasmer les habitants de la capitale mondiale de la mode…
Profitant de la nécessaire remise à niveau des structures avant l’organisation de la coupe du monde 1998, le Paris Saint-Germain a entrepris quelques travaux, améliorant la sécurité des tribunes, leur signalétique, et changeant du même coup tous les sièges. Les dirigeants du club se sont intelligemment adaptés à la mode du moment en optant pour de nouvelles teintes de plastiques, accordées à celles du blason. L’ancien rouge, trop fade, fut ainsi remplacé par un pourpre bien soutenu, le bleu pâle fit place à un marine plus sobre, et le jaune fut totalement abandonné, au profit du même bleu marine. Depuis le Parc des Princes offre donc un nouveau visage, bicolore : rouge en bas, près de la pelouse, et bleu dans sa moitié supérieure.
Le choix de coloris qui vous sera proposé lors de votre achat de places n’aura par conséquent rien d’esthétique. Il s’agit uniquement de savoir si vous préférez assister à la rencontre au premier ou au deuxième niveau du Parc des Princes ! Chaque solution présente des avantages, mais aussi des inconvénients qu’il faut connaître avant d’arrêter son choix.
Niveau Rouge
Pour le premier niveau, en Rouge, vous serez assis au plus près du terrain. Au rez-de-jardin en quelque sorte. Même si les premiers rangs sont généralement réservés à l’année par les abonnés, les places restantes n’en restent pas moins situées à une poignée de mètres de la ligne de touche en latérales. Ces emplacements sont donc parfaits si vous aimez assister au jeu juste à côté des joueurs.
Vous pourriez parfois même dire si un footballeur parisien s’est rasé ou non le matin du match, et lui renvoyer le ballon sorti dans les gradins après un dégagement raté. Le jeu gagne en vitesse depuis le niveau Rouge, et peut se montrer très spectaculaire. Vous verrez les montées des ailiers, leurs appels de balle, ou le placement des gardiens et leurs anticipations, suivant que vous avez choisi un virage ou une latérale rouge. Mieux, avec un peu de chance vous distinguez jusqu’aux ondes de chocs lors des actions. Quoi de plus jouissif que d’entendre l’air expulsé des poumons de l’ailier adverse sur un contact à l’épaule de Cearà ? On a alors parfois l’impression d’être assis le banc de touche, voire au bord du terrain… ce qui provoque chez beaucoup des vocations d’assistant-entraîneur. Il n’est pas rare de se retrouver à prodiguer à haute voix des conseils plus ou moins éclairés à un joueur : « Fais gaffe Sylvain, il y en a un qui essaye de se faufiler derrière toi ! »
Avoir un entraîneur par siège au bord du terrain déclenche d’ailleurs des situations plutôt étonnantes. Par exemple lorsque la moitié des supporters sont debout en train d’hurler au pauvre Sylvain de foncer vers l’avant, alors que tous les autres lui intiment l’ordre de revenir immédiatement en arrière, le latéral parisien doit parfois se sentir gagné par une profonde lassitude… Mais écouter une partie des 40 000 entraîneurs du PSG présents à chaque rencontre, c’est aussi ce qui fait le charme de ces rangées situées au niveau Rouge.
Le gros avantage que donnent ces places réside donc dans ce sentiment de faire partie du jeu, l’illusion d’être sur le terrain. Pour ceux qui souhaitent se rendre compte, ou montrer à un proche à quel point le football professionnel est un sport de vivacité et d’anticipation, c’est l’idéal. Le ballon fuse, et les joueurs trouvent souvent des solutions que vous n’aviez pas eu le temps de prévoir. Grosse impression !
En revanche c’est ce même sentiment de vitesse, omniprésent, qui entraîne le principal désagrément de ces emplacements situés au bas du Parc. L’écrasement, le manque de profondeur dus à la position peu élevée des sièges vous empêchera de distinguer parfaitement certaines phases de jeu, si elles sont trop éloignées de vous. La perception du terrain est très différente de celle que l’on peut avoir à la télévision : comme on est plus bas, le champ de vision au loin perd en relief ce qu’il gagne de près en précision. Il pourrait donc vous arriver de ne rien apercevoir lorsqu’un but est inscrit de l’autre côté du terrain. Vous aurez vu l’ailier s’éloigner à toute vitesse, centrer au loin vers ce qui ressemble à un amas de joueurs, vous distinguerez le ballon qui s’élève, et puis… Plus rien. Si ce n’est, quelques secondes plus tard, un gars qui court en agitant les bras, et quarante mille personnes qui beuglent. L’expérience se révèle souvent frustrante, surtout si durant les trente dernières minutes le ballon ne s’est jamais approché de votre moitié de terrain. Mais bon, tant que c’est Giuly qui marque…
Niveau Bleu
Pour le balcon, en Bleu, les avantages sont quasiment opposés. Surplombant les gradins rouges, votre vue plonge sur le terrain. Il n’est donc pas question de distinguer les traits du visage de votre joueur préféré, ou d’espérer vous faire filmer par les caméras du direct. La représentation que vous aurez du jeu sera totalement différente du niveau bas. Depuis les hauteurs, vous bénéficierez d’une image globale, élargie, de toutes les situations.
Vous distinguerez les blocs-équipes se déplacer, s’étirant ou se concentrant au gré des actions. Cet aspect, assez proche de celui rendu à la télévision, en plus étendu, facilite beaucoup la lecture tactique d’une rencontre. Depuis les sièges bleus vous pourrez prévoir les longues passes déséquilibrant une défense, parce que vous aurez aperçu l’attaquant démarqué depuis quelques instants. De la même manière, toujours grâce à ce recul, vous apprécierez les placements des joueurs, notamment lors des changements de stratégie établis par les coaches. Si un milieu en losange se transforme en une organisation très défensive, vous verrez certains joueurs reculer, ou suivre l’adversaire qu’ils doivent marquer.
Le revers de la médaille, c’est que là aussi les places situées en bas des gradins sont généralement squattées à l’année par les abonnés. Quitte à rester une saison entière sur un siège, autant qu’on y voie bien, les fans placés à l’année se choisissent donc a priori les meilleurs coins. Or, au fur et à mesure que les places se vendent, vous risquez de vous retrouver à choisir entre un strapontin situé bien loin de la pelouse ou des places dans des tribunes plus coûteuses.
Les rangs sont numérotés depuis le bas. Au rang 1, vous serez collés à la rambarde en béton, gênante si vous avez de grandes jambes. Au rang 30, vous risquez de vous retrouver adossé à la paroi extérieure du Parc. Un bon moyen de se repérer consiste à consulter attentivement la classification des niveaux. Les dirigeants ont en fait gardé l’ancienne organisation en trois parties. L’étage bleu s’est vu scindé entre la tribune bleue haute et la tribune bleue basse. Alors même si le stade a été étudié de manière à ce que le plus mal placé des supporters ait un point de vue très acceptable, si vous le pouvez, privilégiez les emplacements en Bleu bas, plus agréables. Et s’il ne reste plus que les places situées tout en haut, aussi chères que celles du bord de la lice, demandez-vous si cela ne vaut pas le coup de rajouter quelques euros, pour passer dans une tribune plus huppée certes, mais sans doute pour l’instant moins remplie.
Alors, tout en bas du niveau rouge, pour celles qui craquent sur un joueur parisien, au bord du balcon d’un gradin onéreux, ou bien relégué tout en haut d’une tribune, il faudra bien arrêter un choix, en pesant le pour et le contre. Toutefois, prenez garde : si vous souhaitez changer de tribune pour mieux vous placer, de nombreux détails vont entrer en ligne de compte. Chaque partie de l’enceinte de la Porte de Saint-Cloud a son histoire et son identité propres, ses habitudes, et par conséquent son type de supporters. Si vous êtes débutant et que vous souhaitez commencer doucement, ou encore si vous désirez venir en famille tout en profitant du spectacle des tribunes, alors ne vous placez pas n’importe où.