Comment suivre le PSG à la télé, en famille

Un match à la télévision ne doit idéalement se vivre que dans des conditions optimales de calme et de sérénité. Si vous êtes dans un bar, en voyage, chez des amis, hors de chez vous pour une raison ou une autre, là, OK, il vous faudra bien vous contenter de ce que l’on vous donnera. Mais en revanche, dans votre salon, finies les plaisanteries. Vous pourrez enfin exiger un silence religieux et une paix totale. Le minimum vital quoi…

Mieux vaut prévenir que guérir

Comment voulez-vous apprécier une rencontre si quelqu’un vous dérange toutes les cinq minutes, ou si vous sentez des regards de reproche vous vriller les épaules à chaque fois que vous hurlez à peine, ou insultez un peu un adversaire qui se roule honteusement par terre pour simuler une faute ? Impossible !

La première chose à faire sera donc de vous débarrasser de toutes celles et ceux qui pourraient troubler votre nécessaire concentration. Envoyez votre femme et vos enfants chez votre belle-mère, laissez sortir votre petit frère sans lui laisser les clefs de la porte, attachez votre chien à un lampadaire suffisamment éloigné pour que ses hurlements soient inaudibles depuis votre salon, bref faites ce qu’il faut pour être tranquille. Car si vous laissez une seule personne, un unique être vivant en votre compagnie, vous pouvez être certain qu’il vous pourrira votre match.

Il faut croire en effet que voir un supporter devant une partie de football a quelque chose d’hypnotique, de troublant, ou de dérangeant. Sinon, comment expliquer de manière rationnelle qu’il soit impossible à qui que ce soit de laisser le fan du PSG une heure et demie sans venir le déranger ? Alors même que vous n’importunez personne, assis dans votre fauteuil [1] ?

Vous aviez pourtant prévenu, vous aviez pris la peine de mettre en garde tout le monde avant le coup d’envoi : vous tourniez en rond depuis le dessert, demandant l’heure toutes les trois secondes, et lançant des œillades menaçantes à la cantonade. H moins trois heures vingt-sept. Dernier briefing à la famille. Le thème : ce match est important, il faudra impérativement que chacun comprenne l’absolue nécessité qu’il y a à vous laisser tranquille.

Synchronisation des montres. H moins trois heures vingt-quatre. Bon sang, ça n’avance pas vite aujourd’hui, on se croirait en cours d’histoire-géo. Re-ultime-dernier briefing (au cas où) : Non, oubliez tout. En fait ce match n’est pas important, il est crucial ! Alors le plus petit bruit pourrait vous déconcentrer, la plus petite remarque pourrait envoyer de mauvaises ondes aux joueurs et leur faire rater un penalty… Voire deux si c’est jour de fête [2]. Famille, briefée. Voisins, prévenus. Tout semble sous contrôle. H moins trois heures dix-neuf. Décidément, ça va être long…

Pourtant, ça ne rate jamais. Alors que vous passerez les dernières cent quatre vingt-dix huit minutes avant la rencontre à tourner en rond sans qu’on vous adresse la parole, dès la mise en jeu il faut que l’on vous assaille de questions. À croire que toutes les personnes présentes dans la maison dressent une coalition dans le seul et unique but de vous empêcher de suivre le match correctement.

Les trouble-fête familiaux

Chacun de vos proches a ses armes, sa méthode bien personnelle. Des classiques bien éprouvés qui ne se démodent pas. Si vous vivez encore chez vos parents, votre mère passera l’aspirateur. Entre la douzième et la trente-quatrième minute de jeu. À noter que si les Parisiens obtiennent un coup-franc direct à l’entrée de la surface, c’est au moment précis où Sessegnon posera le ballon et prendra son élan qu’elle vous obligera à lever les pieds pour aspirer devant le canapé. Redoutable.

Pour ceux qui sont mariés ou en concubinage, il y a deux possibilités. Soit votre couple fonctionne bien, et votre conjoint vous proposera de faire l’amour immédiatement tout de suite là maintenant, sur le tapis de tata Odile… Cruelle tentation ! Comment expliquer que vous êtes d’accord, mais ce soir, ou demain, enfin tout à l’heure quoi. À la limite un petit coup vite fait à la mi-temps ?… mais que d’ici la pause vous êtes trop occupé !

Ce genre d’excuse risque d’être mal vécue par votre partenaire… ce qui nous amène naturellement au second cas : celui du couple qui bat de l’aile. La discussion spéciale rupture consiste généralement en un échange du type :

— Chéri, ça ne va plus, tu me négliges… Toujours ce foot, il faut que l’on en parle ! — Euh… Oui, mais c’est pas vraiment du foot là, c’est le Paris Saint-Germain : c’est pas pareil, c’est important ! Oula, deux secondes : eh m’sieur l’arbitre, y a hors-jeu là ! — J’essaye de discuter avec toi de notre relation et toi tu me réponds hors-jeu, je ne sais même pas ce que c’est ! Tu ne te rends pas compte, il en va de l’avenir de notre couple…

Voilà la réponse qui tue. Votre match est d’ores et déjà terminé, quoi que vous répondiez. N’essayez pas d’expliquer ce qu’est un hors-jeu, personne ne le comprend jamais. Ne tentez pas non plus le coup du « je baisse le son, j’écoute ce qu’elle me dit d’une oreille pendant que d’un œil je surveille l’évolution de la rencontre », à part évidemment si vous tenez vraiment à rompre dès aujourd’hui… Mais de toutes manières votre belle rencontre télévisée vient de se finir en eau de boudin, en même temps que votre relation. Dommage. Enfin surtout pour la partie du PSG, parce que finalement, quand on y pense, une fille, ça se retrouve. Alors qu’un match, une fois terminé, ça ne se rejoue pas !

Tout pour dire qu’en conclusion, il vaut mieux éviter de regarder un match avec sa fiancée.

Suivre un match avec tonton René

Autre perturbateur, l’oncle de province, invité surprise qui s’incruste un jour de match. Souvent connu sous le pseudo de Gros Boulet. Pas forcément supporter, voire pas forcément amateur de football, il s’assiéra à vos côtés, vous demandant quelles sont les deux équipes qui jouent. Vous avez bien entendu déjà expliqué à plusieurs reprises durant l’avant-match que le Paris SG rencontrait Lille, mais vous donnez encore une fois le nom des deux équipes, espérant gagner quelques minutes de silence. C’est raté… Votre oncle vous demandera les couleurs des maillots des deux clubs, le nom des joueurs, des entraîneurs, le palmarès de chacun, un résumé exhaustif des forces en présence et du parcours des deux équipes ces dernières semaines, avant de déclarer d’un ton sentencieux : « Bon, eh bien alors je crois que suis pour Lille… » Là, bon courage à vous ! D’autant que sa femme éprouvera le besoin de passer le plus souvent possible devant l’écran de télé, et, autant que faire se peut, à chaque fois qu’il y a une action dangereuse. Ne grommelez pas, ne dites rien, sinon elle continuera, mais en plus vous expliquera longuement pourquoi il faut absolument qu’elle vous bouche la vue.

Oups, pardon mais je débarrasse la table. Désolée, je vais chercher un livre. Où est l’interrupteur ? Vous allez vous abîmer les yeux dans le noir… J’ouvre la fenêtre : vous êtes tout rouge, vous devez avoir chaud ! Ça joue bien là ?

Oh, bien entendu vous en êtes conscient, mieux vaudrait ne pas épiloguer…
Hum…
Mais tout de même, qu’est-ce qu’on en a à faire que ça joue bien ou pas ? Tout ce que vous demandez, c’est que le Paris Saint-Germain gagne ! D’ailleurs peut-être que si elle dégageait de devant la télévision, si vous parveniez à suivre trois passes sans que quelqu’un ne vienne vous emmerder, vous pourriez savoir si ça joue bien ou pas ?

Vous l’aurez compris, l’unique résultat de cette affaire c’est que vous vous fâcherez avec toute votre famille, votre conjoint vous plaquera après avoir brûlé vos maillots du club de la capitale [3], votre mère vous engueulera et en plus vous n’aurez pas pu suivre le match. Alors que si vous mettez tout le monde dehors, certes vous briserez votre vie de famille… mais là au moins vous assisterez à la rencontre avec plaisir. N’espérez même pas vous enfermer dans un bureau, ou une pièce à part équipée d’un écran : on irait vous y chercher pour vous proposer un café ou vous demander si tout va bien. Le tout fort à propos puisque a priori l’intervention se déclenchera dès que les adversaires auront marqué un but.

Donc plus d’hésitation, faites le vide avant le début de la partie… D’autant que même seul, un match suivi à la télévision reste une épreuve, comme vous le verrez dans l’article de la semaine prochaine !

À suivre… Retrouvez un nouveau chapitre chaque semaine sur PSGMAG.NET :
 Présentation : Pourquoi un Guide du supporter parisien ? ;
 #1 : Comment se trouver une télé ? ;
 #2 : Comment suivre le PSG à la télé, en famille