Le ministère de la santé devrait exiger que les fabricants le gravent sur toutes les télécommandes : regarder le Paris Saint-Germain à la télévision nuit gravement à la santé.
Les commentaires sportifs
La faute en incombe en partie aux commentateurs télé… et ça n’est même pas de leur faute. Ces journalistes sportifs se doivent de respecter une éthique, et tentent de ménager la chèvre et le choux. Il n’est pas question pour eux de se mettre une partie de leur auditoire à dos en privilégiant une équipe plutôt qu’une autre lors d’un match de L1. Ils marchent donc sur des œufs, font tout pour cacher leurs vrais sentiments et ne laissent filtrer aucune remarque qui puisse indiquer une quelconque préférence. Super…
Seulement voilà, pour votre part, vous êtes supporter. Il y a donc bien longtemps que vous avez rangé votre éthique au vestiaire, et vous ne vous sentez pas du tout obligé d’être impartial. On ne fera jamais moins neutre qu’un fan, par définition. Aussi vous ne pourrez être d’accord avec les commentaires de nos pauvres journalistes que dans la moitié des cas. En effet, par souci d’équité les deux équipes se partageront reproches et louanges tout au long de la partie. Alors dès que les Parisiens seront félicités, dès que les fautes adverses seront montrées du doigt, vous trouverez les spécialistes justes, et intègres. Pas plus, mais pas moins… En revanche, si un seul journaliste ose sous-entendre qu’un joueur du Paris Saint-Germain a fait une mauvaise passe, ou qu’il mérite le carton jaune que cet incapable d’arbitre vient de lui infliger contre toute logique, alors vous serez tenté de préparer immédiatement une lettre d’insultes à envoyer à la rubrique « courrier des lecteurs » de votre journal télé, plus une copie incendiaire au patron des sports de la chaîne de télévision et au CSA. A-t-on jamais vu parti pris aussi ignoble que celui de cet incapable de commentateur qui ose critiquer la hauteur de tonte de la pelouse du Parc ?
Bien entendu, pour préserver votre acidité gastrique, vous pourriez baisser le son. Mais dans ce cas comment entendre l’ambiance, les coups de sifflet de l’arbitre ou le bruit des frappes ? Finis les commentaires édifiants du pauvre gars envoyé sur la pelouse et chargé d’annoncer les changements de joueurs… Insupportable ! Autre solution pratiquée par certains extrémistes, brancher la télévision avec le volume à zéro, mais allumer la radio sur une station retransmettant également la rencontre. Mais le problème sera le même : dès le premier manque d’objectivité du journaliste, c’est-à-dire dès la première faute parisienne non qualifiée d’élucubration arbitrale, vous devrez zapper. Il vous suffira de quelques minutes pour faire le tour de la question, et remonter le son de votre téléviseur afin d’éviter les trop fréquentes coupures publicités des radios.
Le problème est insoluble… à moins de vous brancher sur 107.1 et d’écouter les retransmissions de Bruno Salomon, le seul journaliste radio ayant compris qu’à Paris, il y avait des supporters du PSG ! Le hic, c’est que l’on ne capte pas France Bleu 107.1 au-delà de la région parisienne [1]. Décidément, la vie est sans pitié pour les provinciaux.
La télécommande
Le dernier obstacle inhérent aux rencontres télévisées concerne la télécommande. La bonne nouvelle, c’est que cette merveilleuse invention qu’est le zappeur ne risque pas d’être utilisée intempestivement par un indigne trouble-fête, puisque vous avez pris soin de vous claquemurer depuis bien longtemps.
Non, le risque, c’est de voir votre propre faiblesse se retourner contre vous… Chacun le sait, pour un supporter acharné le match facile n’existe pas plus que la rencontre sans enjeu, ou gagnée d’avance. Les histoires de scénario bien engagé, avec l’expérience, on raye du vocabulaire : même lorsque les Parisiens mènent largement à quelques minutes de la fin de la rencontre, on continue à craindre un retournement de situation [2]. Non, le PSG a trop souvent vécu des coups du sort alors que le match semblait quasiment fini pour qu’un téléspectateur puisse relâcher sa concentration à quelque moment que ce soit !
Or, étant donné que vous ne présentez pas forcément les qualités psychiques exigibles d’un sportif de haut niveau… Bref, comme vous stressez comme un gros malade dès qu’un Parisien perd la balle à 70 mètres de ses buts, il y a de fortes chances que n’en pouvant plus vous changiez de chaîne de temps à autre, histoire de faire retomber un peu la pression.
Hum… On se sent tout de suite plus détendu devant un vieux téléfilm policier allemand. C’est sûr. Et puis ces courses-poursuites — à pied — sur les trottoirs de Francfort, je ne sais pas pourquoi, ça a un je ne sais quoi de zenifiant On est mieux là. Sûr… Oui, mais, si ça se trouve, pendant ce temps les Parisiens ont encaissé un but ? Gasp ! Retour au match…
Ah non, toujours 1 à 0. Et toujours un quart d’heure à jouer. Vous retournez admirer les courses-poursuites. Tiens, ils sont en Traban maintenant… Et soudain, alors que vous vous demandez s’ils n’allaient pas plus vite à pied tout à l’heure, une imprévisible bouffée d’optimisme vous submerge : les Rouge et Bleu peuvent très bien prendre l’avantage et tuer le match. Il ne faut pas louper ça !
Tiens, c’était pas un quart d’heure qu’il restait, c’était seize minutes de jeu en fait… D’ailleurs ça n’a toujours pas changé. Ça ne passe pas vite, n’est-ce pas ?
Encore un coup à déclarer un infarctus, achever de détériorer votre planète à force d’user les piles de sa télécommande et endommager définitivement son téléviseur. Vous parlez d’un loisir ! Saleté de zapette, oui…
Dire qu’en ces périodes de rentrée, et donc de renouvellement d’abonnement au câble, la télévision est présentée par de nombreux médias comme la solution idéale pour assister aux matches de football ! Sauf que regarder la rencontre chez soi est à proscrire pour tous les supporters qui ont une famille, et ne sont pas encore mortellement fâchés avec elle. Ainsi qu’aux fans non atteints de surdité — ou équipés de sonotones. Et aux cardiaques aussi… Aux tifosi en général, quoi. Dites-vous bien que pour un véritable passionné, le petit écran représente un pis-aller. Alors évidemment, il reste tous les cas où vous ne pourrez pas faire autrement.
Que vous conseiller alors, si ce n’est de serrer les dents ? Armez-vous de courage ! Enfin au moins le temps d’acheter vos places pour vous rendre au stade, ce qui sera l’objet de notre prochain article !