Les enseignements du match
Joueur par joueur
Dans les cages, Salvatore Sirigu a d’abord fait étalage de ses progrès notables dans les sorties et le jeu aérien. Arrivé l’été dernier avec la réputation d’un gardien collé à sa ligne, le portier italien a clairement fait évoluer son jeu et devient de plus en plus complet. Après avoir renvoyé l’insupportable homme de terrain de Canal+ dans ses cordes à la mi-temps (voir plus bas), Sirigu a sauvé les siens avec une sortie explosive devant Govou, pourtant en bonne position pour marquer.
En défense centrale, le capitaine Mamadou Sakho a joué son match assez tranquillement, dominateur sur l’essentiel des duels disputés, et toujours présent pour calmer ses troupes quand les esprits s’échauffent. Il a juste commis quelques fautes dangereuses, occasionnant des coups francs dangereux pour l’adversaire. Diego Lugano s’est lui bien battu, a réalisé plusieurs tacles glissés spectaculaires, à la Yepes, et affiche une forme nettement plus rassurante que lors de son arrivée. Il prend un carton jaune pour un coup de pied involontaire dans le talon de Rippert, ce qui a incité Ancelotti à le sortir dès le début de la deuxième mi-temps, comme l’a expliqué l’entraîneur italien après le match (voir plus bas). Une sortie peut-être également motivée par le fait que Lugano cherchait quasi-systématiquement à allonger, alors que l’entraîneur parisien demandait à ses défenseurs de relancer entre les lignes.
À gauche, Sherrer Maxwell a été un peu plus en demi-teinte que lors de ses premières sorties. Utile sur certaines sorties de balle collectives, et notamment sur l’action qui amène le penalty, il a été parfois mis en difficulté défensivement, laissant un peu trop d’espaces sur son côté. Retrouvant un poste d’arrière droit, Christophe Jallet n’a pas non plus brillé, même s’il a été davantage présent offensivement, au moins en première période. Plutôt tranquille défensivement, il a été coupable de plusieurs imprécisions dans les transmissions.
Au milieu de terrain, Thiago Motta a fait ses grands débuts. L’Italien a été omniprésent dans le jeu parisien. Il a entamé la rencontre avec une récupération autoritaire, et s’est ensuite montré toujours disponible pour une solution courte, faisant circuler le ballon le plus naturellement possible. Avec 98 ballons touchés et 20 récupérés, son impact dans l’entre-jeu parisien est déjà énorme. Il compte à son actif une action offensive en première période — avec une belle passe pour Gameiro. En seconde mi-temps, il a été un peu plus discret. Positionné en relayeur, Mathieu Bodmer a d’abord tenté de soutenir tant que possible ses joueurs offensifs. Mais son aptitude au jeu rapide à une touche de balle n’a finalement pas pu s’exprimer durant cette rencontre, et si Bodmer a été précieux durant cette partie, c’est avant tout par son jeu de tête, impeccable, sur les phases arrêtées défensives. Momo Sissoko a lui joué avec ses qualités habituelles — gros impact physique couplé à une belle assurance technique —, mais il a clairement baissé de pied en seconde période, laissant la main au milieu adverse. À noter que le premier but parisien vient d’une de ses récupérations.
De retour de blessure, Jérémy Ménez a été excellent. Il profite de sa liberté dans son placement pour se balader et toujours, offrir une solution évidente de passe pour démarrer une offensive. S’il tente souvent de porter le ballon, il n’est jamais meilleur que lorsqu’il joue en première intention : à chaque fois qu’il a fait une remise à une touche de balle, cela a amené une occasion dangereuse, et une fois de plus, une passe décisive. Il obtient également le penalty décisif, ce qui efface le raté technique de sa partie, avec ce tir sur le poteau alors qu’il avait le but ouvert. Seul bémol : il a encore pris un carton jaune pour un acte d’anti-jeu dans les dernières secondes de la partie. L’autre milieu offensif Nene a également été très bon, mais c’est devenu une constante avec lui, en étant dans quasiment tous les bons coups. S’il s’est montré un peu trop gourmand sur l’égalisation — heureusement sans conséquence —, le fait qu’il varie en permanence son jeu et ses choix le rend complètement imprévisible aux yeux de ses adversaires. Un peu fautif sur le but encaissé en ne suivant pas la remontée collective de ses partenaires — remettant en jeu le buteur —, il se rattrape en sauvant un ballon sur sa ligne.
En pointe, Kevin Gameiro ne pourra pas râler contre ses partenaires, qui ont cherché à le servir avec une grande régularité. Pas très heureux dans ses tentatives personnelles, il a sans cesse travaillé, n’ignorant pas les solutions collectives quand elles s’imposaient. Il est ainsi dans le coup sur le premier but, donne le ballon à Ménez sur le penalty obtenu et, enfin, marque un but mérité en se jetant bien sur un ballon qui traîne.
Du côté des remplaçants, Milan Bisevac a joué une grosse demi-heure au poste de défenseur central. Coupable d’un mauvais alignement sur l’occasion de Govou, il n’a plus eu à affronter de problème ensuite et, contrairement à Lugano, il a surtout cherché à relancer vers ses milieux les plus proches. Blaise Matuidi a été assez discret durant son quart d’heure de jeu… sauf sur le troisième but, où il réalise une récupération énorme, suivie d’une passe parfaite pour Nene. Enfin, à peine Guillaume Hoarau avait-il mis les pieds sur la pelouse qu’il voyait son équipe prendre l’avantage. Une seule action à mettre à son crédit ensuite : une belle déviation de la tête pour Gameiro, amenant l’occasion finale de Nene.
La formation du PSG mise à l’honneur
Dans le camp d’en face, un joueur s’est montré à son avantage : l’arrière droit Brice Dja Djédjé. Assez physique défensivement, toujours enclin à soutenir les offensives des siens, il n’est pas indifférent au match un peu difficile traversé par Maxwell. Aujourd’hui, ce joueur est indispensable à Evian TG. Pour preuve, il fait partie des rares joueurs à avoir disputé l’intégralité des 22 matches de L1 cette saison.
La réussite de ce joueur est une vraie satisfaction pour le PSG. En effet, formé à Paris, Brice Dja Djédjé a quitté le club en 2010, alors qu’il jouait au niveau CFA. Le PSG n’a pas souhaité lui proposer de contrat pro, mais il a vite su trouver où rebondir, en signant en Ligue 2 à Evian TG. Certains diront que le PSG a eu tort de ne pas lui faire confiance. Mais le club parisien ne pourra de toute façon pas intégrer tous ses jeunes à son groupe professionnel, et le fait qu’au fil de ces dernières années, de plus en plus de Parisiens percent et réalisent de bonnes carrières pros et un véritable gage de réussite pour le centre de formation. De quoi lancer un cercle vertueux et attirer de plus en plus de footballeurs en devenir.
L’insupportable Mourad Zeghidi
L’homme de terrain Mourad Zeghidi couvre de plus en plus souvent les matches du PSG pour Foot+, et ce pour une raison simple : il parle italien. Dans le PSG actuel, c’est un plus pour interviewer les non-francophones, ce qui a été fait avec Pastore avant la rencontre, et Ancelotti pour Jour de Foot. Le problème, c’est qu’en dehors de cette qualité-là, Zeghidi présente tous les défauts des journalistes avides de scoops et polémiques, avec cette caractéristique supplémentaire : Zeghidi n’achève jamais ses interviews, il attend que le joueur questionné en ait assez et le fasse pour lui.
On dit souvent que les footballeurs balancent des banalités, mais il faudrait aussi s’attarder sur les questions qui leur sont posées. Ainsi, venant gentiment s’exprimer à la mi-temps juste après avoir encaissé un but, Sirigu répond en français aux questions de Zeghidi. Voici la salve de questions, dont une qu’il a dû poser trois fois devant l’incrédulité de Sirigu, et la dernière, absolument nécessaire, qu’il a posée alors que le gardien voulait quand même passer un peu de temps aux vestiaires à la mi-temps :
— Salvatore, ce but, comment vous l’avez encaissé ?
— Encore un but sur coup de pied arrêté, corner ou coup franc, ça commence à faire beaucoup, non ?
— Est-ce que ce score est logique ?
— Est-ce que ce score est logique, le résultat ?
— Est-ce que vous méritez d’être menés ?
— En plus, Montpellier mène à la mi-temps ?
Sirigu est ressorti passablement énervé, et le même genre de sketch s’est produit à la fin du match, Zeghidi ne lâchant plus les basques de Nene, enchaînant les questions les plus inutiles que les autres, finissant par lui demander s’il souhaitait jouer en équipe de France…
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Homme en forme. « Depuis le début de l’année 2012, [Nene] est impliqué sur 10 des 13 buts du PSG », signale L’Équipe. Après ses cinquième et sixième buts en trois semaines, Nene compte désormais 15 réalisations cette saison toutes compétitions confondues.
Buteur. Avec 11 réalisations au total, Nene est le deuxième meilleur buteur du championnat, derrière Giroud (15) et devant Gameiro (10).
Doublés. Nene a réussi son 9e doublé depuis qu’il a rejoint le PSG la saison dernière.
Jardin. « Nene a marqué 11 buts au Parc des Princes cette saison en championnat, plus que tout autre joueur dans un stade de L1 », observe Opta.
Passeur. Que ce soit d’après la LFP (6 passes décisives) ou d’après L’Équipe (7), Jérémy Ménez est le deuxième meilleur passeur du championnat.
Série. En remportant un cinquième succès consécutif depuis son arrivée au PSG, Carlo Ancelotti entre dans l’histoire du club depuis le retour des Parisiens en première division en 1974, relève Michel Kollar. Jusqu’à présent, aucun entraîneur n’avait remporté ses cinq premiers matches.
Le meilleur pour la fin. « Sur les 38 buts inscrits en championnat, les Parisiens en ont inscrit 25 en seconde période, soit 66 %, relève le Parisien. Ils en ont même inscrit 12 (32 %) durant le dernier quart d’heure de jeu. »
Infos en vrac
Compo. « Pas de surprise derrière, où Bisevac conserve la confiance de son coach dans le couloir droit », assurait lequipe.fr samedi soir après l’annonce officielle de la composition des deux équipes. En réalité, Milan Bisevac était remplaçant, Christophe Jallet occupant le poste de défenseur latéral droit.
Suspension. « Lugano sera suspendu pour la réception de Montpellier », indiquait le Parisien dès samedi soir sur Twitter. « Lugano [sera] suspendu pour la réception de Montpellier le 19 février », assure encore le quotidien dans son édition papier ce dimanche. L’Uruguayen ne compte pourtant que deux avertissements lors des dix dernières rencontres, d’après la LFP.
Autres résultats. Montpellier reste deuxième à trois longueurs des Parisiens (49 points) après sa victoire 1-0 contre Brest. Lille (3e, 39) joue ce soir à Sochaux, tandis que Lyon (4e, 38) se déplace à Marseille (5e, 37).
Réactions
Carlo Ancelotti : « Le match était difficile. En première période, Evian TG a bien joué et nous a posé pas mal de difficultés pour gagner. Naturellement, je pense qu’on doit mieux jouer, avec plus d’ordre, de confiance et de rigueur sur le terrain car cela a permis à Evian TG de jouer facilement vers ses attaquants. Lugano a eu un avertissement et c’est pour ça que je n’ai pas voulu prendre de risque en le sortant. Mais même quand tu ne joues pas bien, tu dois gagner. En deuxième période, on s’est créé plus de bonnes actions. […] J’ai changé le système car on devait mettre plus de pression sur le milieu. Motta a été bon. Il a joué avec confiance et personnalité. Mais c’était son premier match dans une nouvelle équipe avec de nouveaux partenaires. J’ai aimé notre réaction en deuxième période, le travail de tous les joueurs. Matuidi a fait preuve d’habileté au pressing et pour gagner des ballons au milieu de terrain. […] J’ai dit à Gameiro que c’est important qu’il travaille et qu’il bouge pour l’équipe. Je suis content qu’il ait marqué. C’est bon pour lui. Quant à Nene, je ne lui ai rien dit de particulier. En fait, il est bon depuis le début de la saison. » (source : AFP)
Pablo Correa (entraîneur d’Evian TG) : « On part avec beaucoup de déception. On s’était mis dans une situation très favorable en première période en se mettant dans le sens que l’on voulait. Mais ça s’est joué dans les moments forts. On n’a pas eu d’efficacité et on n’était pas à l’abri du talent de l’adversaire. Mon équipe a eu un sentiment d’injustice. On fait notre match, mais il n’y a pas le résultat voulu. Dans le contenu, c’est ce qu’on veut faire. L’équipe ne doit pas baisser les bras. S’il y a des choses que je n’ai pas aimées, c’est l’égalisation au bout de deux minutes en seconde période. On doit être capable de mieux tenir un résultat. » (source : AFP)
Mamadou Sakho : « On n’a pas vraiment douté. À la pause, le coach a eu les mots justes pour nous motiver. Il nous a dit qu’il ne nous voyait pas perdre. Les conditions étaient identiques pour les deux équipes mais elles n’étaient peut-être pas évidentes. On aurait pu mener au score mais on n’a pas su être efficace. Est-ce que rien ne peut nous arriver ? Non. Paris gagne, ceux qui entrent font du bien, collectivement, on est costaud. Kevin [Gameiro] est un joueur de qualité, il est important dans le collectif. Il se procure beaucoup d’occasions. C’est bien pour sa confiance qu’il ait pu marquer. Quant à Motta, on a vu que c’est un joueur important pour notre jeu et dans ce système. Il a une aisance technique et il oriente le jeu. » (source : AFP)
Jérémy Menez : « C’était difficile mais on a surtout pris un but au plus mauvais moment. Encore une fois, on a su montrer du caractère, c’est important pour la suite. Avant leur but, on s’est créé des occasions, à l’image de la mienne sur le poteau. On est sur une belle série. C’est bien. Pour le public, c’est un beau championnat. Montpellier n’est pas une surprise. Ils avaient déjà des joueurs de qualité l’an passé mais ils avaient craqué à la fin. Je pense que là, ils vont vraiment lutter jusqu’au bout. Ce n’est pas dans 15 jours contre eux que ça va se jouer. Avec Nene, ça fait longtemps que l’on se connaît, on a joué à Monaco. On prend un maximum de plaisir. Derrière, il y a des bons récupérateurs et ça facilite la tâche. On fait juste ce que nous demande le coach. Il ne faut pas douter de soi. » (source : AFP)
Leonardo : « Dans des conditions difficiles, on a su montrer un bon état d’esprit. C’est une très bonne chose. Il y aura d’autres matches comme ça. J’ai vu un très bon Motta. Ce n’était pas facile pour lui car cela ne fait que trois jours qu’il s’entraîne avec nous. Mais on voit déjà sa qualité. Maintenant, nous avons un milieu qui est doué. » (source : AFP)
Côté tribunes…
Affluence. 41 624 spectateurs — dont 219 supporters savoyards en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes samedi soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Interpellations au Parc. « Les trois supporters ayant allumé des fumigènes pendant la rencontre ont été interpellés et placés en garde à vue », affirme le Parisien. L’Équipe n’évoque pas ces incidents.