Les enseignements du match
Le déroulement du match
Après la rencontre, Carlo Ancelotti a insisté sur le manque de constance de son équipe. Et il est vrai que Paris a montré deux visages radicalement différents, particulièrement en première période. L’entame a été parfaite. Même si le but parisien a été marquée sur une phase arrêtée, le PSG a dominé dans le jeu, prenant son adversaire à la gorge. Les Parisiens évoluaient et récupéraient très haut, et la justesse technique des joueurs faisaient le reste pour se procurer des occasions.
Au bout d’une vingtaine de minutes, la tendance s’est inversée. À cause de la blessure de Sissoko, les Parisiens se sont montrés moins sereins, et n’arrivaient plus à ressortir les ballons proprement. La défense jouait plus bas et l’équipe était coupée en deux, avec Gameiro près de la ligne médiane, et le reste de l’équipe tâchant de défendre. Heureusement, les Brestois n’arrivaient pas à combiner suffisamment bien dans la surface pour provoquer de gros dangers sur la cage de Sirigu, les défenseurs parisiens restant concentrés tout au long de la rencontre.
Le PSG s’est ensuite stabilisé en seconde période. La domination a repris, en étant toutefois moins franche qu’en première période. Paris a eu deux occasions dans le jeu, quand Brest n’a été inquiétant que sur une phase arrêtée. Les joueurs de la capitale ont plutôt cherché à contrôler la rencontre, sans forcément pousser pour ce deuxième but : les attaques reposaient essentiellement sur l’entente entre les trois de devant, et le soutien des latéraux, les milieux de terrain montant moins qu’habituellement. Le match a donc été moins abouti que contre Toulouse, mais il est quand même satisfaisant d’avoir, à l’extérieur, eu globalement la main-mise sur les opérations, à l’exception d’une période de désorganisation plus due à la blessure d’un élément de base qu’à un déclin collectif.
Joueur par joueur
Dans les cages, Salvatore Sirigu n’a eu qu’un quart d’heure durant lequel il a eu à s’employer, entre la 25e et la 40e minute. Il a eu trois interventions à effectuer sur des frappes adverses, toutes réalisées proprement. Le reste de la rencontre a été calme à l’exception d’une sortie autoritaire en fin de rencontre. Le capitaine Mamadou Sakho a également effectué un match solide, gagnant tous ses duels, en étant serein dans la relance courte. À ses côtés, Diego Lugano n’a pas été mis en souffrance par ses adversaires, mais il a, au contraire de son coéquipier, voulu souvent relancer long, et le tout avec peu de réussite. À noter qu’il prend un carton jaune pour un tacle au milieu de terrain jugé dangereux par l’arbitre Philippe Kalt.
Serein dans son axe central, le PSG l’a été tout autant sur les côtés. À gauche, Sherrer Maxwell a géré tranquillement la plupart des ballons chauds venus sur son côté — à l’exception d’un en fin de match où il se fait dribbler —, et il a joué souvent très haut en phase offensive, offrant très régulièrement des solutions pour écarter le jeu. On voit cependant qu’il doit se roder pour être au point collectivement avec ses partenaires : Maxwell est un latéral qui ne reste pas toujours collé à la ligne de touche, et n’hésite pas à porter la ballon vers l’axe, ce qui peut être parfois surprenant. Milan Bisevac poursuit son repositionnement réussi à droite. Buteur très tôt dans le match, avec beaucoup d’opportunisme, il a ensuite verrouillé son adversaire, remportant de nombreux duels défensifs. Dès qu’il a pu, il a essayé d’aider ses coéquipiers d’attaque, avec moins de vitesse que Maxwell, mais avec une belle justesse technique. Son centre pour l’occasion de Bodmer en seconde période était parfait. Un latéral de formation aurait difficilement fait un meilleur match que Bisevac samedi soir.
Au milieu de terrain, Momo Sissoko avait plutôt bien commencé la partie en demi purement défensif, avant de se blesser suite à un choc avec Lugano. Boitant ensuite pendant vingt minutes, perdant des duels ou des ballons qu’il aurait gérés sans problème à plein régime, il peut être considéré fautif d’avoir voulu continuer à jouer dans ces conditions, et de ne pas avoir dit clairement à son staff qu’il fallait le remplacer. Blaise Matuidi faisait son retour, quelque peu précipité par le forfait de Ménez. Aligné d’abord à gauche dans le trident des milieux de terrain, il a joué dans un registre offensif qui n’est pas dans ses habitudes. Il a cependant essayé de s’y employer le mieux possible, même si certaines pertes de balle — qui peuvent aussi s’expliquer par ses deux mois d’absence — intervenaient parfois. À la sortie de Sissoko, il est redescendu en milieu défensif où il a semblé bien plus à son aise. Il a finalement tenu les 90 minutes alors qu’il était prévu pour en jouer au mieux 30. Le dernier milieu, Christophe Jallet, a très bien entamé la rencontre, en étant comme à son habitude hyper-actif. Toujours utile pour bien faire circuler le ballon, il a tout de même un peu moins pesé en seconde période. À noter qu’il est passeur décisif sur le but du match.
Au poste de milieu offensif, Nene a été fidèle à lui-même, c’est-à-dire très bon. Une grosse occasion d’emblée, de nombreuses balles de buts données à ses partenaires, dont une à Gameiro, des gestes techniques toujours utiles — dont une roulette dans le temps additionnel — et un travail constant sur tout le terrain. En deuxième période, on peut juste lui reprocher de ne pas avoir bien géré tous les contres. Positionné plus haut pour la première fois sous Ancelotti, Mathieu Bodmer a lui aussi été très présent, en cherchant très régulièrement la bonne passe à une touche de balle. Cela a bien aidé le PSG en début de rencontre, et il a ensuite sorti toute sa panoplie de gestes techniques spectaculaires, étant ainsi dans le coup de toutes les occasions parisiennes à partir de la 42e minute.
En pointe, Kevin Gameiro a également bien travaillé, en se déportant souvent côté droit. Il a donné plusieurs bons ballons — dont un pour la première occasion du match — et a eu à gérer un face à face avec Elana. Parfois, il n’a pas été très heureux dans ses conduites de balle. Mais le gros bémol de sa prestation reste son attitude qui a de quoi faire enrager ses partenaires. L’égoïsme du buteur est quelque chose de tout à fait naturel, mais sa façon de râler quand il n’est pas servi comme il le souhaite semble parfois hors de propos. La façon dont il s’en prend à Nene à la 79e minute, parce qu’il ne lui a pas donné le ballon, en lui criant littéralement dessus, est franchement discutable, d’autant que Nene a cherché Gameiro à de nombreuses reprises dans la partie. S’il veut être servi encore plus souvent, il faudrait que Gameiro donne à ses partenaires l’envie de le faire.
Remplaçant, Clément Chantôme a eu plus d’une mi-temps pour s’exprimer. Le milieu formé au club a été très bon, toujours très juste dans ses passes. Il retrouve petit à petit son volume de jeu qui est sa principale qualité. Marcos Cearà et Guillaume Hoarau sont rentrés pour quelques minutes. Le premier au milieu de terrain, le second en pointe, même si son seul fait d’arme aura été de sortir de la tête un coup de pied arrêté adverse.
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Première. C’est la première fois que le Stade brestois s’incline à domicile cette saison. Lyon et Montpellier n’ont ainsi ramené qu’un point de leur déplacement à Francis-Le Blé.
Première (bis). C’est aussi la première fois que le PSG s’impose sans Javier Pastore. Auparavant, Paris comptait un match nul et trois défaites en l’absence de son Argentin.
Série. Paris reste désormais sur trois victoires consécutives à l’extérieur en championnat (Sochaux, Saint-Étienne, Brest), une première depuis la saison 2001/2002, signale Michel Kollar. Le PSG avait alors enchaîné quatre succès d’affilée, un record partagé avec la saison 1993/1994.
Infos en vrac
Infirmerie. Convoqué dans le groupe et annoncé titulaire la veille du match par Ancelotti, Jérémy Ménez a finalement pris place en tribune, en raison d’une légère contracture à la cuisse droite intervenue jeudi à l’entraînement. Par ailleurs, Momo Sissoko est sorti sur blessure en fin de première période. Il ne souffrirait cependant que d’une béquille, d’après le médecin du PSG cité par Foot+. Il devrait « pouvoir s’entraîner dès le début de la semaine prochaine », a précisé l’entraîneur italien à l’AFP à l’issue de la rencontre.
Rappelons que Javier Pastore soigne une lésion au biceps fémoral de la cuisse gauche à l’hôpital gouvernemental de la médecine du sport du Qatar, où il est pris en charge par Hakim Chalabi, ancien médecin du PSG. Il doit rentrer en France la semaine prochaine.
Autres résultats. Montpellier (0-1 à Nice), Lille (3-0 contre Saint-Étienne) et Lyon (3-1 contre Dijon) se sont également imposés samedi ; la tête du championnat reste donc inchangée. Rennes (5e) accueille l’OM (6e) ce dimanche.
Réactions
Carlo Ancelotti : « C’est une victoire très importante, ce n’est pas facile de gagner à Brest. On a bien commencé le match en marquant un but et en pratiquant un bon football pendant 25 minutes. On a ensuite eu des problèmes d’ajustement avec la sortie de Sissoko et Brest nous a posé des problèmes, on a laissé trop de place aux attaquants. Mais en seconde période, on a repris le contrôle du match en ayant la possession de la balle. Je suis content du travail de mes joueurs, ils ont la bonne attitude à l’entraînement. Mais nous devons gagner en constance, améliorer notre capacité à jouer pendant 90 minutes avec la même constance. Il faut plus de continuité. » (source : AFP)
Alex Dupont (entraîneur de Brest) : « C’est rageant, on était à dix sur le but [Zebina était sorti sur blessure, tout comme Nene côté parisien]. Sur le reste, je n’ai rien à redire, on a poussé avec nos moyens mais je n’ai rien à reprocher aux joueurs. On a créé des décalages mais techniquement, on n’a pas réussi nos centres. On ne s’est pas liquéfié et on est resté solide, ce qu’on devra faire jusqu’à la fin du championnat : être une équipe difficile à battre. Cela se joue à peu de choses. On a eu des situations intéressantes qu’on n’a pas su exploiter. Il y a des signes encourageants : ça n’a pas été facile pour le PSG, on a fait un match sérieux. » (source : AFP)
Mamadou Sakho : « On aurait pu doubler la mise et tuer le match beaucoup plus vite. En dehors de ça, le bilan est très positif. Nous avons gardé le ballon au maximum, fait courir nos adversaires et nous sommes passés par les côtés. Brest restait sur une série d’invincibilité à la maison et cela donne encore un peu plus de valeur à cette victoire. […] Le travail mené à l’entraînement commence à porter ses fruits. Après un temps d’adaptation nécessaire, on commence à assimiler le système de jeu du nouvel entraîneur. Au fil des matches, les progrès se font donc sentir. […] Nous ne pouvons pas sans cesse dominer et faire le jeu. Il faut accepter le fait que sur 90 minutes, il y ait des moments plus difficiles. Dans ces moments-là, il faut savoir se replier et jouer plus prudemment pour repartir de plus belle. C’est ce que nous avons su faire ce soir. […] Nous ne regardons pas derrière nous. Le PSG est chassé, ce n’est pas nouveau. Mais nous ne nous préoccupons pas de ce que font nos adversaires pour le titre. On se concentre sur notre championnat. Et dans quelques mois, il sera alors temps de faire les comptes. D’ici là, restons concentrés. Il ne faut prendre aucun match à la légère. » (source : le Parisien)
Milan Bisevac : « J’ai gardé le ballon du match car c’est mon premier but avec le PSG. Je suis encore plus heureux car nous avons gagné le match. Nous avons bien démarré la rencontre, ensuite nous avons laissé des espaces à Brest mais nous avons su tenir. Cela fait vraiment plaisir de gagner ici. J’essaye de donner le meilleur de moi-même pour aider l’équipe. Je me régale dans cette équipe du PSG. » (source : PSG.FR)
Blaise Matuidi : « Je suis heureux de la victoire. C’est un succès collectif. Il n’était pas prévu que je dispute l’intégralité de la rencontre donc je suis content d’avoir pu le faire. Il y a la victoire au bout, c’est bien. Nous sommes sur une bonne série, il faut continuer ainsi. Quand on fait appel à nous, nous devons répondre présent. J’avais une semaine d’entraînement dans les jambes et j’ai essayé de faire de mon mieux. Nous sommes tombés sur une bonne équipe de Brest mais nous avons su rester solidaires. Ils étaient invaincus à domicile avant ce match. Cela prouve bien que nous avons réalisé quelque chose de bien. » (source : PSG.FR)
Côté tribunes…
Affluence. 256 supporters parisiens étaient présents dans le parcage officiel, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Déplacement. « La frange des supporters indépendants du PSG (sic) a participé hier au déplacement organisé par le club, assure le Parisien. Une première cette saison. Au total, 250 personnes peuplaient le parcage visiteurs du stade Francis-Le Blé. Ils ont notamment scandé : “Leo, rends-nous nos abos”. Référence au plan Leproux, toujours en vigueur, qui prévoit un placement aléatoire des supporters dans les virages Auteuil et Boulogne du Parc des Princes. »
Incident. « Un supporter, se revendiquant du PSG, a été arrêté pour un salut nazi en dehors du secteur visiteurs et placé en garde à vue, affirme le Parisien. Il devrait être déféré pour incitation à la haine raciale et interdit de stade. Le PSG pourrait porter plainte. »