Les enseignements du match
Joueur par joueur
Salvatore Sirigu a entamé la rencontre par un double arrêt de grande classe face à Utaka puis Giroud, évitant aux Parisiens d’être menés d’emblée. Il se distingue en deuxième mi-temps sur une sortie en dehors de sa surface et plusieurs belles prises de balle. Sur les buts encaissés, il parvient à être sur la trajectoire, mais ne peut qu’accompagner les ballons, face à des joueurs esseulés qui arrivaient lancés. Le capitaine Mamadou Sakho a lui plutôt bien géré le problème Giroud : l’attaquant montpelliérain n’a pu s’exprimer que lorsqu’il a dézoné sur un côté. Sakho a réalisé quelques sauvetages intéressants, mais a eu plus de mal quand il devait intervenir en dehors de sa défense centrale — ce qui lui a coûté un carton jaune. À ses côtés, Alex a effectué un match très satisfaisant pour sa deuxième titularisation. Dominateur dans le jeu aérien, il a également été propre dans ses gestes défensifs, ce que sa réputation de joueur rugueux ne laissait pas forcément présager. Mais c’est son but qui a été le plus impressionnant : une frappe absolument hors-norme — chronométrée à 107 km/h. Il sort au milieu de la deuxième mi-temps, à l’origine pour un souci musculaire puis après avoir été achevé par Giroud.
À gauche, Sherrer Maxwell a eu du travail défensif, devant gérer Camara et surtout les montées de Bocaly. Globalement, il s’en est plutôt bien tiré, mais il a dû attendre la seconde mi-temps pour voir plus régulièrement le camp adverse, avec notamment deux occasions : deux tirs en angle fermé, alors qu’il pouvait peut-être passer le ballon à un joueur devant le but. Côté droit, Milan Bisevac a livré son plus mauvais match depuis qu’il joue à ce poste de latéral. Il a bien sûr réalisé quelques montées intéressantes, et aussi des gestes défensifs réussis, mais globalement sa volonté de vouloir toujours monter a posé des problèmes à son équipe. Lorsque les Parisiens perdaient le ballon au milieu de terrain, Bisevac était souvent hors de position, et les Montpelliérains pouvaient s’enfoncer de son côté ; ses retours en catastrophe étaient rarement efficaces. Il sort sur civière dans le temps additionnel après avoir subi lui aussi un coup de pied de Giroud. À noter que si les gestes de ce dernier sont surtout la conséquence d’une grande maladresse, le joueur n’en est pas moins fautif : il a le droit de faire attention avant de lancer son pied à tort et à travers. Meilleur joueur du championnat ou pas, il aurait pu blesser gravement deux Parisiens dimanche soir.
Au milieu de terrain, Thiago Motta a touché moins de ballons que lors des ses premiers matches, mais a tout de même été bien utile pour fluidifier le jeu parisien autant que possible. Après le mauvais début du PSG, il s’est occupé personnellement de suivre Belhanda pour réduire son influence — ce qui n’a pas empêché ce dernier de marquer. Il a commis plusieurs fautes — quatre —, et réussit à échapper au carton de manière très surprenante. Momo Sissoko a souffert et n’a pas réussi à trouver les solutions pour aider les joueurs offensifs. Quelques pertes de balle sur des ballons a priori faciles et, surtout, une faute énorme en début de deuxième période qui aurait pu coûter un rouge et un penalty — la faute était pour quelques centimètres en dehors de la surface — si l’arbitre Tony Chapron avait été dans un mauvais jour. Titulaire à gauche du trident, Blaise Matuidi a également été en difficulté. Pas vraiment à l’aise pour orienter le jeu, il a compensé en étant plutôt actif à la récupération, mais pas suffisamment pour que l’entre-jeu parisien domine son vis-à-vis montpelliérain.
Nene a raté son match. C’est quelque chose que l’on dit suffisamment peu souvent pour ne pas en tenir rigueur au joueur brésilien. Dès le début de la rencontre, ses dribbles ne passaient pas, ce qui a conditionné le reste de la partie : jamais il n’a pu faire la différence par une passe ou un dribble, et il s’agit d’un des rares matches où il n’a pas tiré au but. Son seul mérite est finalement d’avoir obtenu le coup franc du premier but, sur lequel il décale d’ailleurs bien Alex. Jérémy Ménez a été davantage utile dans le jeu, puisque pour une fois, il était un peu plus sobre, et a rarement foncé tête baissée comme il le fait parfois. Le revers de la médaille est qu’avec un Nene en méforme, cela manquait énormément de créativité, et que Paris n’a dès lors eu que très peu de situation. Heureusement, Ménez a eu une inspiration géniale en fin de rencontre, et offre l’égalisation à Hoarau. En pointe, Kevin Gameiro a essayé de faire de nombreux appels, il a eu deux situations non transformées, mais son jeu manque peut-être de variété pour pouvoir apporter quelque chose dans un match où le PSG a du mal offensivement.
La différence a d’ailleurs été flagrante avec le rentrant Guillaume Hoarau qui, s’il a été loin d’être transcendant, donnait l’impression de faire ce que le jeu imposait quand il avait le ballon. En plus de ses habituelles déviations, l’ancien Havrais a ainsi donné un excellent ballon à Pastore, et il a ensuite égalisé — pour ce qui constitue son 50e but sous le maillot du PSG. Diego Lugano est quant à lui entré un gros quart d’heure pour suppléer Alex ; il a fait quelques bons jaillissements, mais s’est aussi rendu coupable d’une grosse erreur de marquage sur le deuxième but. Enfin Javier Pastore est entré en numéro 10. Assez mobile, l’Argentin semblait clairement manquer de rythme sur l’essentiel de ses prises de balle. Il lance bien Ménez sur le second but.
Les leçons de Dugarry
Faisant partie du clan des champions du monde 1998 qui ne font plus rien depuis leur retraite sportive, si ce n’est donner leurs avis définitifs sur tout et n’importe quoi, Christophe Dugarry a livré dimanche soir l’une de ses prestations les plus insupportables en commentant ce PSG-Montpellier. Le consultant vedette de Canal+ ne peut désormais plus s’empêcher de donner des leçons à tous les acteurs du football, et chacune de ses phrases doit prendre la forme d’une sentence.
Le but d’Alex en est un bel exemple : Dugarry a passé deux belles minutes à expliquer que le problème venait de ces nouveaux ballons, toujours plus légers… Pourquoi alors voit-on si peu de buts avec de tels trajectoires ? Cela reste un mystère. Thiago Motta, l’expérimenté milieu de terrain a également eu droit à sa petite leçon, Dugarry lui conseillant d’en faire un peu plus dans le jeu, de soutenir ses attaquants… Bref, de jouer autrement et d’ignorer les consignes de son coach. Le jeu parisien a également été savamment critiqué ; peut-être à raison sur ce match, mais de là à dire que le PSG aligne les performances indigentes depuis plusieurs mois, il y a un gouffre que Dugarry a osé franchir. Le PSG, qui vient de faire 10 victoires et 3 nuls en deux mois, aurait ainsi donc une réussite hors de commun pour empiler les performances en jouant si mal.
Il est d’ailleurs assez savoureux de constater que c’est au moment où Dugarry était le plus vindicatif envers les Parisiens, prodiguant ses conseils toujours si lumineux, que le PSG a égalisé. À ce ton insupportable s’ajoutent les inexactitudes, qu’elles soient réglementaires — la poussée du bras d’Hilton sur Ménez est un geste autorisé d’après Dugarry — ou purement factuelles — Hoarau traverse selon lui une crise de confiance importante depuis des mois, alors qu’il était tout simplement blessé.
Mais le summum est intervenu lors du débrief de Canal+, durant lequel Dugarry ne pouvait admettre qu’Élie Baup explique rationnellement la tactique d’Ancelotti. L’ancien Bordelais s’est donc permis de donner des leçons tactiques à son ex-entraîneur, concluant par une statistique des plus pertinentes : « Paris a récupéré en moyenne le ballon à 39 mètres de ses buts et Montpellier à 41, c’est la preuve que Montpellier a beaucoup mieux joué. » Superbe de mauvaise foi, pétri dans ses certitudes même quand elles ne reposent sur rien, Dugarry a toutes les cartes en main pour devenir le futur Jean-Michel Larqué.
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Hoarau, cinquantième. Guillaume Hoarau a inscrit son cinquantième but toutes compétitions confondues pour le Paris Saint-Germain depuis son arrivée au club à l’été 2008.
Fin de série pour Montpellier. Le MHSC n’avait plus encaissé le moindre but depuis le 21 décembre dernier, soit plus de 7 matches. Il s’agissait de la meilleure série de l’histoire du club montpelliérain, à égalité avec celles réussies en 1981 et 1992, d’après footdatabase.
Gameiro à la peine. « Kevin Gameiro a marqué 2 buts sur ses 44 derniers tirs en Ligue 1 », observe Opta.
Invincibilité. Le PSG reste désormais sur treize matches sans défaite toutes compétitions confondues. Le dernier revers des Parisiens remonte au 1er décembre 2011 à Salzbourg (2-0). Sur cette période, Paris compte 10 victoires et 3 matches nuls.
Montpellier est l’équipe en forme. Avec 13 points sur 15 en L1 depuis le 1er janvier, Montpellier est avec Bordeaux la meilleure équipe du championnat depuis la reprise. (source : Opta)
Belhanda efficace. Sur ses quatre derniers tirs, Younes Belhanda a marqué 3 buts, signale Opta.
Première. « C’est la première fois que Nene n’effectue pas le moindre tir lors d’un match de Ligue 1 cette saison », indique Opta.
Infos en vrac
Autres résultats. Le PSG conserve la tête du championnat avec 1 point d’avance sur Montpellier (51 contre 50). Si Lille revient à 9 longueurs après sa victoire à Lorient (0-1), Marseille reste à 12 points après son match nul 1-1 concédé à domicile contre Valenciennes. Autant que Lyon, défait 1-0 à Bordeaux, et Rennes, écrasé 4-0 à Saint-Étienne.
Réactions
Carlo Ancelotti : « Déçu ? Non, le résultat est bon parce que c’était un match difficile et équilibré. Le résultat est juste. On a eu des difficultés pour construire le jeu de derrière et à la récupération, mais le travail des joueurs était bon et leur réaction a été bonne après le deuxième but de Montpellier. On ne voulait pas perdre le match et leur réaction a été fantastique. […] C’était un match compliqué parce que Montpellier est une équipe qui joue ensemble depuis quatre ou cinq ans avec une bonne organisation. Ils jouent naturellement avec des qualités individuelles et collectives. […] On doit travailler et nous améliorer. C’est normal parce que j’ai changé le système de jeu et ce n’est pas encore naturel pour les joueurs. On doit continuer à travailler et, avec confiance, obtenir des résultats. […] En première mi-temps, on a eu des difficultés car on a joué trop lentement de derrière, sans profondeur. La deuxième mi-temps était meilleure avec de bonnes opportunités avec Maxwell et Pastore. Quand Pastore est entré, le rythme et la qualité de jeu se sont améliorés. Pourquoi avoir sorti Gameiro aussi vite ? On voulait changer notre jeu. Avec Pastore, on a joué avec quatre milieux pour utiliser le jeu de tête de Hoarau. » (source : AFP)
Jérémy Ménez : « Montpellier a montré de très belles choses et nous a mis en danger. Je pense que c’était un match ouvert, agréable à regarder. Pour un match au sommet, c’était pas mal. Sur le plan du résultat, c’est assez mitigé pour nous. Il y a d’un côté la déception de n’avoir pas su s’imposer à domicile. Et de l’autre, la satisfaction d’être revenu au score. Mais il faut regarder vers l’avant. Nous sommes toujours en tête du championnat, et c’est là l’essentiel. C’est donc un point de gagné et non pas deux points de perdus. » (source : le Parisien)
René Girard (entraîneur de Montpellier) : « Je ne dirai pas [que je suis] déçu mais frustré. Parce que si ce soir il y avait une équipe qui méritait de l’emporter, c’était bien nous. Mais je suis fier des joueurs. C’était un match peu évident avec de la pression, un public remonté. C’était un gros match et les joueurs sont allés dans l’arène avec fierté. C’est dommage de perdre un ballon qui amène un second but mais je suis très heureux. […] On savait que ce n’était pas un match comme les autres médiatiquement, mais mes joueurs grandissent bien. Il y a de la sérénité. On a montré qu’on est capables de faire un match pareil devant 45 000 personnes, tenir tête au leader et lui mettre presque la tête sous l’eau. On attendait de savoir comment on allait réagir et se présenter devant cette équipe qu’on annonce comme un ogre. Les garçons ont été déçus d’avoir pris ce but mais ça doit fortifier ce qu’on a fait durant la saison. C’est un match référence et c’est la troisième année qu’on vient chercher des points à Paris. Il faut continuer comme ça. Avec cet état d’esprit, on va en faire souffrir d’autres. Paris reste-t-il favori ? Maintenant, je ne suis pas sûr. Non, c’est une grosse cylindrée, on les a bien tarabustés, bien bougés, on a contrarié leur système et on les a bien bloqués. Ça va laisser du piment jusqu’au bout. » (source : AFP)
Louis Nicollin (président de Montpellier) : « Je n’ai pas vu les cinq dernières minutes, parce que quand ils ont égalisé… Je suis malheureux, mais à la fois un match nul, je suis content. Chaque fois que je suis allé en déplacement, on a perdu. Alors ce n’était pas la peine que j’y aille, et je suis resté tranquille à la maison, mais c’est dur à vivre. On a donné une bonne image de notre club. Un point c’est bien, mais maintenant il faut penser à Bordeaux parce que ce ne sera pas facile. Le titre ? Je ne crois pas au père Noël quand même, il ne faut pas pousser (rires). Quand ils vont tourner, ça va faire mal. » (source : francefootball.fr)
Geoffrey Jourdren : « La frappe d’Alex ? Elle change complètement de direction. Tu ne peux pas la voir. Je me dis "ils ont recruté Mark Landers [personnage du dessin animé Olive et Tom] ou quoi ?" Le scénario du match est un peu rageant mais on a montré un beau visage par rapport au match aller. On prend un point et les résultats de cette journée nous ont été plutôt favorables. » (source : AFP)
Côté tribunes…
Affluence. 44 398 spectateurs — dont 704 supporters montpelliérains en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.