Les enseignements du match
Joueur par joueur
Le portier Salvatore Sirigu n’a eu qu’un arrêt un peu compliqué à faire au cours de la partie, en tout début de rencontre sur une frappe à ras de terre de Corgnet. Il l’a fait, évitant ainsi à son équipe d’être menée d’emblée. Pour pinailler, il y a eu deux actions chaudes en seconde période où Cearà puis Tiéné ont dû dégager en catastrophe, attendant vainement que Sirigu vienne se saisir du ballon. En défense centrale, il s’agissait de la première apparition de la charnière Sakho-Lugano, probablement amenée à être titulaire sur le long terme. Le vrai danger adverse venait de Corgnet, milieu de terrain qui s’intercalait entre les lignes et qui était donc davantage de la responsabilité des récupérateurs. Les défenseurs axiaux du PSG n’ont donc pas été énormément sous pression, et ils ont remporté l’essentiel des duels qu’ils ont eu à disputer. Lugano a été sanctionné d’un carton jaune en première mi-temps, et c’est pour éviter de revivre la même soirée qu’à Bratislava qu’Antoine Kombouaré l’a sorti à une demi-heure de la fin de la rencontre.
L’arrière gauche Siaka Tiéné a été l’auteur d’un match moyen. Toujours irréprochable dans l’engagement, toujours enclin à monter et à dégager les ballons chauds, l’Ivoirien a cependant commis plusieurs passes ratées, heureusement sans conséquence pour son équipe. De l’autre côté, Marcos Cearà a été l’un de meilleurs Parisiens ce dimanche. Son activité incessante — il est aux alentours de la centaine de ballons touchés [1] — a fait pencher le jeu à droite en première période, ses combinaisons avec Ménez ou Nenê étant souvent tranchantes. Il est dans le coup sur la première occasion parisienne, sur le premier but, et il est passeur pour Gameiro sur sa tête arrêté par Reynet. Du point de vue défensif, le Brésilien n’a jamais été dépassé.
À la récupération, faute de réel choix, c’est à nouveau le duo Chantôme-Sissoko qui a été aligné. Si les deux joueurs ont connu une entame de match délicate avec le problème Corgnet (voir plus haut), dangereux sur toutes ses prises de balle, les deux hommes se sont réglés au bout d’un gros quart d’heure. Ils ont alors pu faire tourner le ballon proprement, accentuant la domination parisienne en terme de possession de balle. L’accent est à mettre sur la prestation de Sissoko, très rassurante, qui confirme que l’ancien milieu de la Juventus est en train de monter en régime.
Du côté des joueurs offensifs, Nenê a été évidemment très bon. L’ancien Monégasque a marqué deux jolis buts, et a combiné dès qu’il le pouvait, loin de la réputation de joueur individualiste qui lui a été collée bien vite en ce début de saison. Avec toujours une réelle implication dans le repli défensif. Son pendant côté droit, Jérémy Ménez, s’est montré plutôt intermittent. Quelques rares bonne actions, beaucoup de pertes de balles rageantes… mais malgré tout une nouvelle passe décisive. Ce joueur reste difficile à saisir. Dans l’axe, Javier Pastore a eu peu de réussite. Il est clair que le meneur argentin ne vient pas de réaliser sa meilleure semaine parisienne. Il a essayé de faire de son mieux, en pressant souvent la relance adverse, mais balle au pied, il n’a pas eu sa réussite vue en septembre. Une très bonne frappe en première période toutefois.
En pointe, Kevin Gameiro a beaucoup couru, et a été nettement moins en veine que la semaine dernière à Ajaccio. À la septième minute, il a une situation très favorable, mais tire au-dessus. En seconde période, deux nouvelles occasions : une tête seul face aux cages, repoussée par le gardien, et une autre, bien plus difficile à jouer, envoyée au ras du poteau. On ne peut pas marquer un triplé chaque semaine, et Gameiro peut au moins se féliciter d’avoir eu ces occasions. Au niveau des remplaçants, Zoumana Camara est rentré pour les trente dernières minutes et a fait son travail de défenseur ; Christophe Jallet a fait du bien en remplaçant un Ménez qui n’arrive pas encore à tenir une rencontre entière ; enfin Erding n’a joué que quelques minutes, sans être heureux dans ses prises de balle.
Carteron et les pleureuses
L’entraîneur de Dijon a joué un classique du petit club provincial et sympathique qui vient dans la capitale. En milieu de première période, il s’en est pris à Nenê — qui venait de recevoir dans l’œil les doigts d’un adversaire — en le traitant de « pleureuse ». Une dizaine de minutes plus tard, Patrice Carteron s’est plaint directement auprès de l’arbitre de la rencontre, affichant un visage très digne, certainement très loin de celui d’une « pleureuse » :
L’objet de son courroux était un carton jaune donné à Sankharé pour une faute sur Pastore, arguant que le meneur argentin était protégé, alors que son meneur de jeu Corgnet subissait des attentats sans qu’il n’y ait de sanction — propos réitérés ensuite dans la presse (voir plus bas). À noter qu’au moment de sa sortie contre l’arbitre, Lugano avait déjà été sanctionné d’un carton jaune pour une faute sur Corgnet, et que Sankharé prenait le sien pour une multiplication de fautes. Quant à l’agression de Courgnaud, commise quelques minutes plus tard sur Pastore, elle n’a été sanctionnée que d’un jaune assez clément.
Mais le plus savoureux dans cette histoire reste que, pendant que Carteron continuait à s’égosiller tout seul — mais pas très loin des micros des retransmissions télévisées, ne laissons rien au hasard —, son équipe était désorganisée pour une des rares fois au cours de la première période, amenant ainsi le premier but de Nenê. Peut-être que si Carteron avait placé toute son attention sur le replacement défensif de ses joueurs au lieu de s’épuiser dans de vains reproches envers l’arbitrage, son équipe n’aurait pas encaissé de but…
La tactique à ne pas reproduire
Il y a quelques années, la chenille de Guy Lacombe faisait fureur en L1, pour les coups de pied arrêtés offensifs. Patrice Carteron a voulu innover en proposant une toute nouvelle méthode de défense sur coup franc. Alors que Cearà s’apprête à le tirer, excentré sur la droite, les défenseurs de Dijon se tiennent tous la main, pour une raison obscure [2].
Toujours est-il que ce bel alignement s’est disloqué à peine la course d’élan commencée et, trop préoccupés à se tenir la main au départ de l’action, les défenseurs bourguignons n’ont pas vu que Gameiro arrivait lancé. L’ancien Lorientais n’est ainsi pris par personne et se retrouve tout seul au point de penalty. À noter que Pastore était également libre de tout marquage.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Une première depuis huit ans. Paris a enchaîné contre Dijon sa cinquième victoire consécutive en L1, une première depuis octobre 2003.
Début de saison. « C’est le deuxième meilleur début de saison du PSG en Ligue 1 après 1985/1986 », signale Opta.
Invincibilité. Le PSG reste désormais sur une série de dix matches sans défaite en championnat, dont huit victoires. Une première depuis la saison 2003/2004 (17 rencontres).
Stats en vrac : les joueurs
Nenê du pied droit. Dimanche, Nenê a marqué ses 25e et 26e buts pour le Paris Saint-Germain depuis son arrivée. Le but marqué en fin de première période est son premier du droit sous ses couleurs parisiennes. Il a par le passé marqué également une fois de la tête ; le reste a été inscrit du pied gauche. En incluant ses périodes monégasques, le Brésilien a inscrit 3 de ses 37 buts en L1 du pied droit, précise Opta dans L’Équipe.
Infos en vrac
La sortie de Lugano. Aligné pour la première fois de la saison aux côtés de Mamadou Sakho, Diego Lugano est sorti à l’heure de jeu, sans qu’une blessure ne justifie ce changement. À l’issue du match, Antoine Kombouaré a expliqué que c’est l’avertissement reçu par l’Uruguayen en première période qui l’a incité à le remplacer : « Diego a vite été pénalisé par son carton jaune. C’est devenu compliqué ensuite pour lui sur certaines interventions. J’ai préféré être prudent. Je sentais que cela pouvait le mettre en difficulté. » Il s’agissait de son quatrième avertissement en cinq titularisations en L1 — il a déjà été suspendu un match, à Ajaccio. (source : le Parisien)
Autres résultats. À noter la défaite de Lyon 3-1 à Lille, alors que l’OL avait ouvert le score à la 22e minute. Paris conserve trois points d’avance sur Montpellier (2e) et quatre sur Lille (3e). Rennes (4e, à 5 points) et Lyon (5e, à 6 points) suivent derrière.
Dans la presse
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 24 octobre 2011 :
Que de signaux verts, en façade… La plus haute marche de la L1, avec une concurrence gardée à distance raisonnable. Une cinquième victoire d’affilée en championnat, une première depuis octobre 2003. Un Nenê redevenu libérateur, d’abord de près, du droit, sur une passe de Ménez (42e), puis du gauche, de loin, sur un tir lointain et rasant qui agita les filets après avoir cogné un poteau (90e). Une fois de plus, Paris aura préservé la vitrine d’une équipe qui marche dans la bonne direction, son image d’un collectif qui, même chahuté, finit toujours par sortir les griffes pour s’approprier le résultat.
Il n’empêche. Derrière la devanture, il ne flottait pas l’âme d’un PSG étouffant de classe et d’autorité, dans le sillage d’une charnière Lugano-Sakho parfois hésitante. Le Paris d’hier aura été un leader capable de gagner même en perdant beaucoup de duels et de ballons, en laissant un promu le transpercer à intervalles réguliers et en essuyant par instants les sifflets d’un Parc aussi bondé que gourmand. La leçon ? Entre une position au sommet après onze journées et une étoffe de patron incontesté de la L1, il reste une frontière que Paris, jusqu’à aujourd’hui, n’a pas encore franchie. […] Hier, le PSG n’a pas été sensiblement plus brillant que face au Slovan. Plus réaliste, simplement. Par ses fragilités entrevues, il a aussi rendu un peu plus incertaine l’issue de ses retrouvailles avec Dijon, mercredi, en huitièmes de finale de la coupe de la Ligue.
Sylvie de Macedo, dans le Parisien du 24 octobre 2011 :
Après Kevin Gameiro le week-end dernier, c’est au tour de Nenê de revêtir les habits de sauveur. […] Ce réveil de Nenê s’annonce bel et bien comme la meilleure nouvelle de la soirée. Alors que Javier Pastore a encore livré hier soir un match sans saveur, Paris a pu compter sur son numéro 10 pour trouver le chemin de la victoire. La semaine dernière, à Ajaccio, c’est Kevin Gameiro qui avait sauvé les siens en inscrivant un triplé, palliant ainsi la défaillance de l’international argentin. […]
Le PSG peut donc dormir tranquille. Même sans le talent et l’efficacité (5 buts, 2 passes décisives avant la trêve) de l’homme aux 42 M€, cette équipe vient à bout de ses adversaires. Certes, la victoire acquise a manqué de flamboyance. Et les quelque 44 000 spectateurs du Parc des Princes (la deuxième meilleure affluence de la saison !) ont dû regretter de ne pas avoir droit à toute la panoplie de gestes techniques auxquels cette équipe les avait habitués. Mais à défaut d’un spectacle haut en couleurs, les Parisiens ont su montrer un visage solide et n’ont concédé que peu d’occasions aux hommes de Patrice Carteron, pourtant réputés pour jouer vers l’avant. Surtout, avec quatre tirs cadrés pour deux buts, le PSG s’est montré d’une efficacité redoutable. […] Plus la saison avance, et moins on voit ce qui pourrait empêcher Paris de soulever [le trophée de champion] en mai prochain.
Réactions
Antoine Kombouaré : « C’est un très bon résultat, mais acquis dans la douleur. J’ai aimé le comportement de mes joueurs. C’est bien, on gagne, on avance, on ne prend pas de but. […] Jeudi on a joué 30 minutes à dix et 15 minutes à neuf. Je ne cherche pas d’excuse mais ça peut être une des raisons [d’une baisse de forme physique]. Dijon n’a pas joué de la semaine mais a bossé fort pour nous gêner. Avec l’enchaînement des matches, il faut être efficace. Quand on gagne, on a moins de souci de récupération le lendemain. Mais il y a forcément des petits bobos. On a trois jours pour tout axer sur la récupération et les soins. Entre Bratislava et Caen la semaine prochaine, on aura quatre matches en neuf jours. On ne se plaint pas, on s’accroche, on se bagarre. […] [Nenê] a fait un bon match. Il peut tenir le ballon, faire mal à la défense adverse. C’est aussi une réponse à ceux qui disaient qu’il y avait une “Pastore-dépendance”. Quand il est moins bien, les autres peuvent le suppléer, le danger vient de partout. L’an dernier, Nenê avait peut-être le sentiment qu’il devait être le joueur efficace, le sauveur. Cette saison il est soulagé de ça. Tout le monde a un rôle important à jouer. » (source : AFP)
Patrice Carteron (entraîneur de Dijon) : « Il y a de la satisfaction pour le contenu mais il y a une grosse déception pour le résultat. Le score est très flatteur pour les Parisiens compte tenu de la physionomie du match. Je suis déçu qu’on n’ait pas réussi à marquer sur nos nombreuses occasions. On a failli dans le dernier geste. En plus de leur très bon gardien, ils ont eu la réussite qui fait la différence entre très haut niveau et haut niveau. On doit être moins fébrile dans le dernier geste. […] J’ai trouvé l’ambiance au Parc extraordinaire, familiale, sans nazi dans les tribunes, ça fait du bien. […] J’aurais aimé qu’on ait la même conception d’arbitrage des deux côtés. Quand il y a une faute sur Pastore, peu importe son prix, il y a jaune à chaque fois. Benjamin Corgnet est un joueur d’exception mais il joue à Dijon. Il subit dix attentats par match. On n’est pas arbitré pareil, ça fout un peu les boules. » (source : AFP)
Mamadou Sakho : « C’est une victoire acquise dans la douleur mais le plus important ce sont les trois points pris. On joue beaucoup de matches depuis le début de saison, des joueurs étaient en sélection il y a peu. Les organismes sont un peu fatigués. […] À un moment, sur le terrain, on s’est regardés et on s’est dit : "On va laisser passer l’orage." Physiquement, ça a été un peu plus difficile en seconde période. Cette victoire est importante pour la suite et elle nous permet de rester sur notre lancée. » (source : le Parisien)
Suspensions
Seul Diego Lugano a été averti dimanche soir. Il s’agit de son premier carton depuis sa suspension.
Avant ce match, Clément Chantôme, Sylvain Armand, Zoumana Camara, Mevlüt Erding, Blaise Matuidi et Jérémy Ménez avaient été avertis à une reprise ; Momo Sissoko est quant à lui sous la menace d’une suspension.
Retrouvailles
Formé au PSG, Younousse Sankharé retrouvait son ancienne équipe.
Côté tribunes…
Affluence. 44 071 spectateurs — dont 332 supporters Dijonnais en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.