Les enseignements du match
Joueur par joueur
Salvatore Sirigu a passé un début de match très tranquille. Il n’a eu aucun ballon délicat à gérer avant la demi-heure de jeu et une reprise de Corgnet, qu’il repousse parfaitement. Ce sera en fait sa seule intervention importante du match, puisqu’il ne peut strictement rien faire sur le but encaissé. En défense centrale, Mamadou Sakho n’a pas eu trop de souci face au seul Jovial en pointe : lors de la seule percée vers le but de ce dernier, le capitaine parisien le reprend superbement, avec un tacle autoritaire. Il a par ailleurs été régulièrement sollicité balle au pied, les Parisiens n’hésitant pas à construire calmement et à repasser par les lignes arrières. À côté de lui, Alex a commencé son match par deux tacles dans le vide avant de s’imposer le plus calmement du monde, avant tout par une lecture du jeu exemplaire, qui lui permet de couper un grand nombre de trajectoires.
Préféré à Jallet côté droit, Marcos Cearà n’a pas eu à souffrir face aux maigres offensives dijonnaises. Il s’est donc employé à proposer une solution systématique à droite, dans un couloir parfois délaissé par les milieux offensifs parisiens. Il a en général privilégié la solution du centre, avec plus ou moins de réussite dans cet exercice. Sur le but encaissé, il ne suit pas son joueur jusqu’au bout. À gauche, Siaka Tiéné était titulaire pour la première fois sous Ancelotti. L’Ivoirien a été impeccable dans toutes ses transmissions de balle et a offert, lui aussi, une solution régulière dans le couloir gauche. Surtout, il a ouvert le score d’une manière plus que surprenante. Alors que le PSG évoluait déjà à dix, dès la récupération du ballon au milieu de terrain, il se précipite plein axe pour faire un appel d’attaquant… et il ne quitte jamais sa position jusqu’à ce que Hoarau lui permette de marquer. Une inspiration très heureuse, qui n’est pas sans rappeler celle de Juan Pablo Sorin à Nice, en 2004, quand l’arrière gauche argentin était monté sur un coup franc pour donner la victoire à son équipe, déjà en infériorité numérique à l’époque.
Au milieu de terrain, Blaise Matuidi n’a pas vraiment été inquiété par la vivacité de Corgnet ou de Kakuta. Dominant physiquement les débats au milieu de terrain, il a joué simplement avec le ballon, cherchant surtout à orienter le plus simplement possible. Il a énormément de mérite en seconde mi-temps, puisqu’une fois le PSG en infériorité numérique, il était le seul récupérateur de métier sur le terrain, et Dijon n’a pas été plus dangereux pour autant. Momo Sissoko a lui été le meilleur Parisien de la première période. Présent sur toute la largeur du terrain, l’ancien milieu de la Juventus faisait tout : il ratissait des ballons, orientait superbement, et tout le jeu parisien passait par lui. Une statistique éloquente : malgré son expulsion avant la mi-temps, il est le troisième joueur parisien ayant touché le plus de ballons, et le second au nombre de ballons récupérés.
Les trois milieux offensifs ont beaucoup permuté en première période, et ont ensuite eu des postes un peu plus figés à partir de l’expulsion de Sissoko. Nene a ainsi passé l’essentiel de la première mi-temps dans l’axe, où il a d’ailleurs été plutôt bon, facilitant les montées parisiennes par ses prises de balle et ses passes bien senties. Il y a seulement certaines situations où l’on peut lui reprocher de ne pas avoir frappé assez vite. En seconde mi-temps, il a été avant toute chose très impliqué dans le jeu défensif des siens. De son côté, Jérémy Ménez a été invisible durant les dix premières minutes, puis il s’est réveillé et a été dans le coup de toutes les offensives de son équipe. En deuxième mi-temps, tout comme Nene, il a parfaitement défendu et finit la rencontre avec 14 ballons récupérés. Son effort en fin de match est à mettre en avant : il fait d’abord un énorme retour dans sa surface de réparation pour dégager le ballon en corner. Sur celui-ci, il profite du contre et de sa vitesse pour amener le but de la victoire. Javier Pastore a un volume de jeu moins important que les deux joueurs précédemment cités, il n’empêche que son sens de la passe et son positionnement libre au milieu de terrain a contribué à l’excellente première mi-temps des Parisiens. En seconde période, malgré sa position un peu plus basse, il lance Hoarau pour l’ouverture du score, et a une belle occasion.
En pointe, Guillaume Hoarau a été très travailleur, comme à son habitude. Il a essentiellement joué dos au but, ce qui a permis aux autres joueurs offensifs de jouer, eux, souvent lancés vers les cages adverses. Il n’a pas pu se procurer d’occasion franche, mais sa percée côté gauche sur le but lui permet de compter une nouvelle passe décisive. Du côté des remplaçants, Kevin Gameiro n’a pas eu d’action à se mettre sous la dent avant son but. Sur celui-ci, il rate un peu son contrôle, mais a tout de même le temps de frapper, et de donner la victoire aux siens. Sylvain Armand est entré en arrière gauche, plein d’envie comme en témoigne son sauvetage sur la ligne — certes inutile puisque l’arbitre avait signalé une faute auparavant. Enfin Clément Chantôme n’a eu que quelques minutes de jeu.
Retour sur l’arbitrage
À la 41e minute, l’arbitre Philippe Malige prend la décision, sans aucune hésitation, d’expulser le Parisien Momo Sissoko. À vitesse réelle, le Dijonnais Bauthéac vole littéralement, et le choc peut sembler violent. Au ralenti, il s’avère que Sissoko touche d’abord le ballon avant de prendre le bout du pied de son adversaire. Le geste ne ressemble donc pas à une agression. Mais si l’arbitre estimait que le geste de Sissoko pouvait être particulièrement dangereux — et une jambe tendue, le pied en avant au-dessus du ballon, peut largement rentrer dans cette catégorie —, alors l’arbitre a eu raison de sortir le carton rouge : les arbitres sont également là pour protéger les joueurs et éviter que les gestes inconsidérés ne se multiplient.
En fait, si cette expulsion peut être contestée, c’est surtout en se remémorant un fait de jeu intervenu une dizaine de minutes auparavant : sur une perte de balle dans la surface de réparation, Brice Jovial arrive en retard sur Siaka Tiéné exactement de la même manière que Sissoko. La semelle en avant, à hauteur de tibia, et cette fois-là en ne touchant que le joueur. S’il y a un reproche à adresser à Philippe Malige, c’est de ne pas avoir été cohérent dans son arbitrage : si pour lui Sissoko méritait un carton rouge, cela devait également être le cas de Jovial.
Une fois de plus, dans un match qui concerne Dijon, on ne peut s’empêcher de penser que cette différence de traitement des deux cas vient du comportement des hommes du banc. L’entraîneur Patrice Carteron passe en effet son temps à se plaindre. Avant, pendant et après les matches, il n’a de cesse de dire que son équipe est désavantagée, et que l’on favorise les gros — dimanche, dès les premières minutes, il pestait déjà auprès de l’arbitre. Ses pleurs incessants finissent forcément par peser, ne serait-ce qu’inconsciemment. Loin de vouloir mettre en cause l’honnêteté de Philippe Malige, comme le ferait le premier Rémi Garde venu, il est juste question de dire ici qu’il serait parfaitement humain qu’à force d’entendre vociférer qu’il favorise les stars parisiennes devant les brimés dijonnais, l’arbitre fasse rigoureusement le contraire, et ce en toute bonne foi.
Le comportement de Carteron — qui n’est pas si surprenant si l’on se souvient qu’il a été un joueur de Jean-Michel Aulas — serait-il alors payant ? Ce n’est pas si sûr. Au match aller, nous avions déjà mis en avant le fait que l’ouverture du score du PSG était intervenue après une désorganisation dijonnaise, pendant que Carteron préférait pester contre l’arbitre plutôt que replacer les siens. Ce week-end, si Carteron avait utilisé le dixième de l’énergie qu’il emploie à contester chaque décision arbitrale pour expliquer à ses joueurs comment mettre quelqu’un en couverture sur un corner offensif, Dijon ne serait plus relégable aujourd’hui…
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Fins de matches. Les Parisiens ont inscrit 14 de leurs 50 buts en championnat (soit 28 %) dans les dix dernières minutes, d’après les statistiques de poteau-rentrant.com.
« Le PSG a marqué 7 buts à partir de la 90e minute, record en L1 cette saison », indique par ailleurs Opta.
Défense. « Seul Dijon (14) a encaissé plus de buts de la tête que le PSG (12) en Ligue 1 cette saison », relève Opta.
Invincibilité. Le PSG reste désormais sur seize matches sans défaite toutes compétitions confondues. Le dernier revers des Parisiens remonte au 1er décembre 2011 à Salzbourg (2-0). Sur cette période, Paris compte 12 victoires et 4 matches nuls.
Première. « Siaka Tiené a marqué son premier but officiel sous les couleurs du PSG, et ce lors de son 67e match avec le club de la capitale », signale Opta.
Infos en vrac
Sissoko suspendu. Expulsé avant la mi-temps, Momo Sissoko sera automatiquement suspendu samedi à Caen.
Autres résultats. À noter les défaites de Marseille (8e) à Ajaccio (13e) et de Lille (3e) à Lyon (7e). Rennes (5e) ayant par ailleurs concédé le match nul face à Auxerre (19e), le PSG compte désormais 11 points d’avance sur le troisième et 12 sur le quatrième. Dimanche soir, Montpellier (2e) a battu Caen (14e) ; les Héraultais restent à un point de Paris.
Réactions
Carlo Ancelotti : « C’est un succès important car nous avons gagné en étant réduits à dix et en marquant à l’ultime minute. C’étaient des conditions difficiles. En première période, nous avons bien joué même si nous n’avons pas marqué. Après l’exclusion de Sissoko, c’est devenu évidemment plus difficile. Nous avons changé la position de Javier Pastore pour une organisation plus défensive. Mentalement, l’équipe a été à la hauteur et nous avons mérité de gagner ce match. […] Momo a réalisé un tacle dur mais je pense que son pied était sur le ballon. Un avertissement aurait peut-être été mieux. L’arbitre a décidé de l’exclure. Je suis allé dans le vestiaire à la mi-temps pour connaître son explication et il m’a répondu que le geste était dangereux. […] Dijon a joué avec intensité la seconde période et nous avons eu des difficultés. Mais le résultat est justifié. […] Paris a encore concédé un but sur phase arrêtée ? C’est difficile à expliquer. La seule chose que nous pouvons faire, c’est de travailler sur les coups francs pour avoir plus de confiance et d’efficacité. » (source : AFP)
Jérémy Menez : « L’équipe a vraiment démontré un gros caractère, de la solidarité car, même réduits à dix, Dijon ne nous a pas inquiétés et qu’il n’y a pas que des individualités au PSG. Nous avançons. Les points sont encore plus importants qu’il y a deux ou trois journées. Il ne faut pas lâcher. C’est cela qui a fait que nous l’avons emporté, l’état d’esprit. […] Chaque joueur ici montre un gros caractère depuis le début de saison et nous commençons à former une véritable équipe. On peut compter sur tous les joueurs qui sont dans le groupe. Il n’y a que comme cela que l’on peut réussir. » (source : AFP)
Patrice Carteron (entraîneur de Dijon) : « C’est une fin cruelle. Nous nous étions organisés pour nous dire qu’un nul ne serait pas un mauvais résultat. Il fallait peut-être tenir le score. […] Nous avons pensé que sur un dernier coup de pied arrêté, nous pouvions l’emporter, mais les Parisiens ont pu bénéficier de cette situation favorable pour gagner. C’est le lot des grosses équipes. […] Nous sommes tombés sur un beau leader qui a su faire front dans la tempête. Parfois, nous avons su être brillants offensivement. » (source : AFP)
Côté tribunes…
Affluence. 21 supporters parisiens ont fait le déplacement organisé par le PSG, d’après les chiffres communiqués par la LFP.