Les enseignements du match
Joueur par joueur
Le gardien transalpin Salvatore Sirigu a vécu une rencontre paisible. Les Rennais n’ont cadré aucun tir dangereux et l’essentiel du match de Sirigu a été fait de sorties aériennes, toutes bien exécutées. En défense centrale, Alex a facilement contenu la faible opposition offensive adverse, et combine parfaitement avec ses coéquipiers brésiliens sur le second but. En fin de match, plusieurs de ses relances ont été manquées de façon spectaculaire. À ses côtés, Zoumana Camara finit la saison dans la peau d’un titulaire ; bon dans les duels, il effectue en première mi-temps un superbe sortie balle au pied en dribblant plusieurs joueurs. En revanche, le pressing rennais de la première période l’a quelque peu gêné dans la relance.
À gauche, Sherrer Maxwell a touché beaucoup de ballons, mais s’est surtout contenté de faire circuler sans forcément porter le danger dans le camp adverse. En fin de rencontre, il est passé milieu de terrain, où, grâce à son positionnement, il permet d’écarter assez naturellement le jeu. À droite, le capitaine Christophe Jallet a été parfait. Il multiplie les courses et trouve le moyen d’avoir toujours la lucidité pour faire le geste qui s’impose. Il est dans le coup de l’action qui amène le penalty. À noter que le Parc a scandé « Jallet à l’Euro ! » Laurent Blanc reprochera-t-il au public du Parc des Princes de se mettre à la place du sélectionneur ?
Au milieu de terrain, le match a été très difficile en première période. La tactique rennaise était faite pour gêner la relance parisienne, et aucun de la ligne de trois ne savait réellement comment se placer pour faire avancer le ballon. La conclusion étant que Thiago Motta est en train de devenir indispensable pour réguler l’entre-jeu. Mathieu Bodmer s’est beaucoup battu, mais il s’est montré imprécis balle au pied, ce qui devrait pourtant être sa force. Une fois repositionné à gauche du trident en seconde période, le match a été plus facile pour lui. Blaise Matuidi a livré un match neutre, dans lequel il a essayé d’apporter offensivement, sans vraiment de succès. En revanche, il a perdu assez peu de ballons. Enfin Momo Sissoko a eu lui aussi quelques difficultés à se positionner. Il a fait preuve d’un gros impact physique sur certaines récupérations, mais doit sortir avant le terme de la rencontre, complètement cuit. Ce qui est logique étant donné que cela fait plusieurs années qu’il n’avait pas joué autant de rencontres en une saison.
Du côté des joueurs offensifs, Javier Pastore confirme qu’il est en pleine possession de ses moyens. Il est capable d’accélérer et d’éliminer sur quelques mètres, et de donner les ballons dans le bon tempo. Dimanche soir, il a juste eu le tort d’être très nerveux en fin de première mi-temps, en raison de l’arbitrage qu’il jugeait mauvais, et a pris un carton jaune qui le privera du premier match de la saison prochaine. Nene est un joueur exceptionnel, et il doit bien désormais se demander ce qu’il doit faire de plus pour obtenir le trophée de meilleur joueur du championnat. En marquant un triplé, il rejoint Giroud en tête du classement des buteurs. Il y a certes des penalties dans son total (9, contre 2 pour le Montpelliérain), mais sa maîtrise dans cet exercice est impressionnante : il arrive presque toujours à prendre le gardien à contre-pied.
Enfin Jérémy Ménez a été l’homme du match. Passeur après un rush impressionnant sur le premier but, il obtient le coup franc du second, le penalty, et tape le poteau en récupérant un ballon devant les défenseurs adverses. En première période, il avait déjà été le Parisien le plus dangereux avec deux tirs passant de peu à côté, et une action qui aurait pu amener un carton rouge chez l’adversaire. Suspendu à Lorient, Ménez savait qu’il s’agissait de son dernier match de la saison — en attendant l’Euro — et il a réellement tout donné, avec notamment un pressing en solo plein d’envie. Il sort logiquement ovationné par le public.
Les remplaçants sont rentrés tardivement au cours de cette rencontre. Sylvain Armand est venu jouer un match de plus au poste d’arrière gauche ; Clément Chantôme a fait son grand retour, très bien accueilli par ses supporters ; enfin Guillaume Hoarau n’a pu jouer qu’un seul ballon.
C’est pas finiiiiii
Montpellier s’est défait de Lille, et n’a plus qu’à obtenir un match nul chez Auxerre — 20e et déjà relégué — pour s’attribuer le titre de champion. Les chances de voir Paris être couronné sont désormais minces ; il ne reste qu’à espérer un scénario improbable. Mais nombre de finales et de dernières journées ont déjà prouvé qu’aucun scénario n’était réellement improbable. Ce qui s’est passé dimanche après-midi en Angleterre n’en est qu’un simple rappel.
Affirmer que le PSG va être champion serait ridicule. Mais considérer que la saison est déjà finie l’est tout autant. Que tous ceux qui font déjà des bilans, qui cherchent les points perdus et les coupables ou qui se projettent sur la saison prochaine, que tous ceux-ci s’arrêtent deux minutes et réfléchissent bien à ce qu’ils sont en train de vivre. Qu’ils se souviennent de toutes ses saisons passées, où l’enjeu le plus exaltant aura finalement été celui du maintien en L1. Qu’ils se rappellent toutes ces saisons où le club finissait la saison en roue libre, faute de réel objectif. Qu’ils se demandent combien de fois dans son histoire le PSG était en course pour récolter le titre de champion à la dernière journée.
Car même s’il reste une chance infime au club parisien de terminer sur la première marche, nier qu’elle existe et s’avouer déjà vaincu serait un vrai crime de supporter. Certains promettent au PSG un avenir glorieux et des titres à foison sur la prochaine décennie, mais pour l’instant, ce n’est qu’une chimère. Les deux matches qui se joueront dimanche soir, entre Auxerre et Montpellier d’un côté, entre Lorient et Paris de l’autre, sont eux bien réels. Doit-on évoquer une nouvelle fois les rencontres face au Steaua Bucarest, Troyes ou Twente pour certifier qu’il existe bien des conclusions auxquelles personne ne pouvait croire avant, ou même pendant une rencontre de football ?
Les supporters et amoureux de ce club n’ont pourtant pas grand-chose à faire d’ici dimanche soir. Juste y croire, vivre pleinement ce final passionnant, et mettre pour une fois de côté ces pulsions geignardes et défaitistes qui nous travaillent tous. Après, le temps ne manquera pas pour se lamenter ; mais en attendant, gardons juste en tête que tout n’est pas encore complètement joué.
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Nene dans le top 3 du PSG. Après son triplé, Nene compte désormais 21 buts en L1 cette saison avec le PSG. Une première depuis Pauleta en 2005/2006, signale Michel Kollar. Si les performances de Carlos Bianchi semblent inaccessibles à une journée de la fin (37 buts en 1977/1978 et 27 en 1978/1979), le Brésilien peut encore égaler les 22 buts de Mustapha Dahleb en 1976/1977.
Sur les traces de Pauleta. Toutes compétitions confondues, Nene a inscrit 27 buts cette saison. D’après Michel Kollar, il dépasse ainsi Mustapha Dahleb (26 buts en 1976/1977) et revient à une longueur de Pauleta (28 buts en 2005/2006). Restent en tête Carlos Bianchi (39 buts en 1977/1978 et 32 buts en 1978/1979) et François Mpelé (31 buts en 1974/1975).
Première. « Nene a marqué le premier triplé de sa carrière en L1 », relève Opta, qui signale par ailleurs que « 18 de ses 21 buts ont été marqués au Parc des Princes cette saison ».
Trio. « Trois buteurs du PSG à plus de dix buts, c’est une première depuis la saison 1995/1996 ! », indique Michel Kollar. Nene (21 buts), Javier Pastore (12) et Kevin Gameiro (11) comptent 44 buts à eux trois, soit davantage que le trio Dely Valdes (15 buts), Rai (14) et Youri Djorkaëff (13), auteurs de 42 buts cette saison-là. Le record est détenu par Dahleb (22 buts), Mpelé (15) et Piasecki (11) en 1976/1977.
Récompense. Nene est désormais meilleur buteur du championnat avec 21 buts, à égalité avec Giroud.
Fin de série. Le PSG n’avait plus battu Rennes en championnat depuis octobre 2006, soit une disette de 10 matches. (source : Opta)
Côté tribunes…
Affluence. 44 537 spectateurs — dont 613 supporters rennais en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.