Parmi les nombreuses idées reçues qui entourent le Paris SG figure celle-ci : le PSG ne sait pas recruter, et c’est bien le seul club à ne pas savoir le faire. Explication de texte.
« D’habitude, ça n’arrive qu’à Paris ! »
Alors que le PSG n’avait absolument rien demandé et que son recrutement estival a été un des meilleurs du championnat, plusieurs journalistes s’en sont donné à cœur joie, et plutôt gratuitement. Dominique Séverac, du Parisien, parle le 9 janvier dernier de Yoann Gouffran. L’ancien Caennais a été recruté par Bordeaux l’été dernier pour une belle somme, et il n’a jamais confirmé — le PSG peut d’ailleurs finalement être satisfait de sa non-venue début 2008. Séverac explique donc que Gouffran est une mauvaise recrue, ce que nous ne discutons pas, mais son entrée en matière est pour le moins choquante :
Oui, ceci n’arrive qu’au PSG. Nous entrons de plain-pied dans les légendes urbaines. C’est absolument identique à l’idée qui veut qu’il n’y ait des supporters racistes qu’au Parc des Princes, bien que ce mois-ci des supporters lyonnais se soient fait condamner pour agressions racistes et que deux supporters lensois aient été filmés en train d’effectuer des saluts nazis. C’est similaire, car il s’agit d’une affirmation facile et surtout complètement erronée.
Paris a effectivement recruté parfois des joueurs qui brillaient dans leur club, pour une grosse somme, ces joueurs étant ensuite très décevants et souvent revendus à perte. Un des exemples les plus récents est celui de Bonaventure Kalou, acheté pour près de 10 M€ et revendu 1,5 M€ à Lens deux ans plus tard. On peut également citer André Luiz, Hugo Leal ou encore Pierre-Alain Frau.
Mais c’est le risque en football, et ceci arrive réellement à tout le monde. En effet, il n’est pas difficile de concevoir que l’OM qui recrute Bakary Koné pour un prix d’or soit assez mécontent de son rendement actuel plus que discutable. De même que l’investissement fait sur Karim Ziani en 2007, alors qu’il était excellent à Sochaux, doit rendre les Marseillais un peu amers, sachant qu’il a mis un an avant de faire des matches tout juste corrects.
Et c’est la même chose si l’on s’intéresse au club pourtant exemplaire de l’Olympique Lyonnais. Depuis des années, l’entreprise de Jean-Michel Aulas dépense des sommes folles pour tenter de dénicher un grand attaquant, et se retrouve avec des joueurs fantômatiques comme Elber, Carew ou Baros. Et surtout, plus récemment, les achats très onéreux de Kader Keita (16 M€), Ederson (14 M€) et de Pjanic (7,5 M€) — pour au final avoir des joueurs qui n’apportent pas grand chose et qui sont le plus souvent cantonnés au banc de touche — ressemblent à s’y méprendre à de très mauvaises affaires qui, pourtant, ne sont supposées arriver qu’au PSG.
Succès et échecs du PSG lors du mercato hivernal
Dans la droite lignée de cet article, le site internet de L’Équipe s’est également fendu d’un petit classement fort amusant qui répertoriait les 10 meilleures affaires des précédents mercatos d’hiver, et aussi les 10 plus mauvaises. Le PSG a été sanctionné d’une seule bonne affaire, Mikel Arteta arrivé en 2001, et de trois très mauvaises : Gallardo, Vampeta et Souza-Everton — ce duo étant même considéré comme étant le plus mauvais achat hivernal de tous les temps. Il n’y a rien de si choquant à cela, puisqu’il s’agit d’un classement forcément subjectif, si ce n’est le commentaire associé :
Il est intéressant de constater le nombre de fausses informations qui se trouvent dans un si petit article. Contrairement à ce qui est sous-entendu, les deux joueurs ne sont pas partis puisqu’ils sont juste prêtés à des clubs brésiliens. Peut-être qu’à leur retour, ils s’imposeront au PSG et deviendront de bons investissements, le jugement qui les qualifie de gros bide semblera un peu trop expéditif… Après tout, qui aurait parié cette saison sur des grosses performances de Sammy Traoré ou Peguy Luyindula ? Le PSG a déjà vu des résurrections impensables de joueurs, cela pourrait à nouveau se produire. Puisqu’ils s’imposent au Brésil, ils pourraient également être revendus sans moins-value.
Mais le plus marquant reste le raccourci facile qui décrète que puisque Paris s’est trompé lors du premier mercato hivernal avec Didier Martel, puis lors du dernier avec le recrutement des deux Brésiliens, le PSG a toujours mal acheté. La phrase « le PSG n’a toujours pas les bons tuyaux » laisse en effet peu de place au doute. Pourtant, la réalité est tout autre : le PSG n’a pas réalisé que des mauvaises affaires durant les mercatos, loin de là. En plus du déjà cité Arteta, qui était une vraie trouvaille de Luis Fernandez, il y a plusieurs bonnes réussites.
En 1999, le PSG recrute Mickaël Madar, Bruno Rodriguez et Xavier Gravelaine pour redynamiser un club qui souffre, et le choix s’avère payant puisque les performances des trois joueurs sont largement satisfaisantes, Madar devenant même un élément très utile au club pendant près de deux ans. En 2001, Luis Fernandez, en plus de faire venir Arteta, a la bonne idée de recruter un défenseur international argentin, rien que ça, Mauricio Pochettino. Le joueur restera deux ans et demi et finira capitaine du club. En 2002, Fernandez toujours, en plus du retour réussi de Jérôme Leroy, recrute Fabrice Fiorèse à Guingamp qui deviendra juste un élément fondamental du PSG pendant deux ans et demi également, celui-ci donnant la bagatelle de douze passes décisives lors de la saison 2003/2004. En 2004, c’est Danijel Ljuboja qui renforce l’effectif en janvier, et le joueur serbe est alors en pleine bourre : il aide le club à se qualifier en Ligue des Champions. Enfin dans l’effectif actuel du PSG figurent deux joueurs recrutés lors du mercato 2007 : Peguy Luyindula et Jérémy Clément, deux éléments essentiels dans la spirale de bons résultats que traverse le club actuellement.
Bilan, sur les dix mercatos, le PSG a fait… dix bonnes affaires. Pas mal pour un club qui n’a aucun bon tuyau.