En avril dernier, la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) a publié son rapport 2009/2010 sur les comptes des clubs de football professionnels, ce qui permet de situer le PSG par rapport aux autres clubs de L1. Les comptes du PSG, que nous nous sommes procurés en exclusivité, permettent par ailleurs de détailler la situation parisienne.
Préambule : les chiffres publiés par la DNCG regroupent les comptes de la SASP Paris Saint-Germain Football, de sa filiale PSG Merchandising SAS et de l’association Paris Saint-Germain Football Club. (voir notre présentation des différentes entités du « groupe PSG »)
Résultat d’exploitation hors transferts
Le résultat d’exploitation hors transferts, appelé « résultat des opérations hors mutation » par la DNCG, correspond au solde entre les recettes des clubs (droits TV, billetterie et sponsoring notamment) et leurs dépenses (masse salariale et achats externes notamment). Il est appelé « hors transferts » — ou « hors mutation » — dans la mesure où il n’intègre ni les plus ou moins-values comptables enregistrées à la revente des joueurs, ni les charges liées à l’acquisition de joueurs (voir plus bas).
Le PSG par rapport aux autres clubs de L1
Avec 83 M€ de recettes contre 52 M€ en moyenne pour les autres clubs de L1 (soit +59 %) et 99 M€ de dépenses contre 66 M€ pour ses concurrents (soit +51 %), le PSG réalise un résultat d’exploitation de -16 M€, tandis que les 19 autres clubs français obtiennent un déficit moyen de 14 M€.
Seuls trois clubs affichent un résultat d’exploitation hors transferts positif : Bordeaux (9,4 M€), Montpellier (5,5 M€) et Boulogne-sur-Mer (0,6 M€).
# | Club | Résultat d’exploitation hors transferts | % recettes |
---|---|---|---|
2 | Montpellier | 5,5 M€ | 14 % |
1 | Bordeaux | 9,4 M€ | 8 % |
3 | Boulogne-sur-Mer | 0,6 M€ | 3 % |
9 | OM | -11,4 M€ | -8 % |
10 | Lyon | -12,6 M€ | -9 % |
4 | Lorient | -3,9 M€ | -12 % |
6 | Auxerre | -7,3 M€ | -18 % |
5 | Grenoble | -5,0 M€ | -19 % |
14 | PSG | -16,3 M€ | -20 % |
7 | Toulouse | -8,2 M€ | -21 % |
13 | Monaco | -14,2 M€ | -29 % |
8 | Nice | -10,4 M€ | -38 % |
17 | Lille | -22,9 M€ | -41 % |
11 | Sochaux | -13,0 M€ | -42 % |
12 | Valenciennes | -14,0 M€ | -48 % |
16 | Saint-Étienne | -21,7 M€ | -49 % |
15 | Nancy | -16,8 M€ | -54 % |
NB : Le Mans, Lens et Rennes, dont le résultat d’exploitation hors transferts ne figure pas dans le rapport annuel de la DNCG, sont absents de ce classement.
Exclusif : le PSG en détail
Le PSG a engrangé 82,7 M€ de recettes en 2009/2010 : 39 % de droits TV, 25 % de sponsoring, 19 % de billetterie et 17 % d’autres revenus (merchandising et subvention essentiellement).
72 % de ces revenus ont été consacrés à la masse salariale (59,3 M€), qui représente ainsi 60 % des dépenses du club parisien. Au total, avec les autres charges (achats et prestations de services, impôts et taxes, frais d’organisation de matches et frais de déplacements notamment), les charges d’exploitation hors transferts du PSG s’élèvent à 99,0 M€.
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Résultat net
Le résultat net correspond au solde entre tous les produits et toutes les charges de la saison. Outre le résultat d’exploitation hors transferts (détaillé ci-dessus), il intègre le résultat des opérations de transferts, le résultat financier, le résultat exceptionnel et l’impôt sur les sociétés.
Le PSG par rapport aux autres clubs de L1
Le déficit comptable du PSG (-21,9 M€) représente -26 % des recettes du club parisien ; seuls trois clubs font pire : Sochaux (-36 %), Valenciennes (-38 %) et Nancy (-44 %).
En valeur absolue, un seul club a réalisé des pertes supérieures à Paris : Lyon, avec 35,1 M€.
# | Club | Résultat net | % recettes |
---|---|---|---|
1 | Lorient | 2,8 M€ | 9 % |
2 | Bordeaux | 2,2 M€ | 2 % |
3 | Montpellier | 0,4 M€ | 1 % |
4 | Boulogne-sur-Mer | 0,2 M€ | 1 % |
5 | Monaco | 0,0 M€ | 0 % |
6 | Rennes | 0,0 M€ | 0 % |
9 | OM | -0,5 M€ | 0 % |
7 | Toulouse | -0,2 M€ | -1 % |
8 | Lens | -0,4 M€ | -1 % |
10 | Lille | -1,1 M€ | -2 % |
12 | Saint-Étienne | -2,6 M€ | -6 % |
11 | Le Mans | -2,4 M€ | -10 % |
13 | Grenoble | -3,0 M€ | -11 % |
14 | Auxerre | -4,7 M€ | -12 % |
15 | Nice | -6,2 M€ | -23 % |
20 | Lyon | -35,1 M€ | -24 % |
19 | PSG | -21,9 M€ | -26 % |
17 | Sochaux | -11,0 M€ | -36 % |
16 | Valenciennes | -10,9 M€ | -38 % |
18 | Nancy | -13,5 M€ | -44 % |
Exclusif : le PSG en détail
Outre le résultat d’exploitation hors transferts (détaillé ci-dessus), le résultat net intègre quatre composantes :
le résultat des opérations de transferts : il s’agit essentiellement des dotations aux amortissements des indemnités de transferts, c’est-à-dire d’une charge calculée — par opposition aux charges décaissées, elle ne nécessite aucune sortie de trésorerie — pour étaler comptablement le coût du transfert sur la durée initiale du contrat du joueur. Par exemple, le transfert de Mevlüt Erding, qui a signé pour quatre ans et 9,3 M€, implique une charge d’amortissement de 2,3 M€ par saison (9,3 / 4) jusqu’à la fin de son contrat. Au total, ces amortissements comptables ont représenté 10,3 M€ de charges en 2009/2010. Avec les commissions des agents (2,2 M€) et les indemnités de formation et de solidarité [1] (0,1 M€), le total des charges liées aux transferts est de 12,6 M€. Le PSG ayant enregistré 2,7 M€ de plus-values de cessions sur les transferts — la différence entre le montant du transfert et la valeur nette comptable du joueur [2] — et reçu 0,5 M€ d’indemnités de formation et de solidarité, le résultat des opérations de transferts est finalement de -9,4 M€.
le résultat financier : il s’agit essentiellement des intérêts versés à la HSE SA au titre de la rémunération des comptes courants. Il est de -0,2 M€ pour la saison 2009/2010.
l’autre résultat exceptionnel : l’essentiel du résultat exceptionnel — les plus ou moins-values de cessions réalisées sur les transferts de joueurs — étant reclassé en résultat des opérations de transferts, il s’agit ici des autres événements non récurrents intervenus durant la saison. En 2009/2010, son solde était de +3,9 M€ : 5 M€ de produit exceptionnel — un abandon de créances de la HSE SA —, 1,1 M€ de charges exceptionnelles diverses — notamment des provisions liées à des litiges prud’homaux et sociaux.
l’impôt sur les sociétés : le PSG est redevable de 32 K€ d’impôts.
Au total, le résultat net du PSG pour la saison 2009/2010 est ainsi de -21,9 M€.
Type de dépenses | Réel 2009/2010 |
---|---|
Résultat d’exploitation hors transferts | -16,3 M€ |
Résultat des opérations de transferts | -9,4 M€ |
Résultat financier | -0,2 M€ |
Autre résultat exceptionnel | 3,9 M€ |
Impôt sur les sociétés | 0,0 M€ |
Résultat net | -21,9 M€ |
Le PSG est faiblement capitalisé
Le capital social d’une entreprise correspond aux apports effectués par ses actionnaires. Il est vu par les créanciers — les banques ou les fournisseurs par exemple — comme une garantie de la solvabilité de la société.
Au 30 juin 2010, suite aux lourdes pertes comptables des dernières saisons, le capital social de la SASP n’était que de 0,9 M€ [3], contre 42,5 M€ l’année précédente.
À noter cependant que les actionnaires de la SASP s’étaient engagés — par écrit — à couvrir ses besoins de trésorerie, et à ce que ses capitaux propres soient positifs au 30 juin 2011.
Évolution du capital social du PSG
Au 30 juin 2006, le capital social de la SASP était constitué de 6 667 406 actions de 3,90 €, soit 26,0 M€.
Fin juin 2007, il a été diminué de 8 M€, passant de 26,0 M€ à 18,3 M€ par réduction de la valeur nominale des actions d’un montant de 1,19 € — celles-ci passant de 3,90 € à 2,71 €, soit une baisse de 31 % —, puis augmenté de 18,1 M€, passant de 18,3 M€ à 36,3 M€ par émission de 6,4 millions d’actions nouvelles de 2,71 € — intégralement souscrites par la HSE SA.
Fin juin 2009, le capital a été augmenté de 6 M€, passant de 36,3 M€ à 42,5 M€ par émission de 2,3 millions d’actions nouvelles de 2,71 € — intégralement souscrites par la HSE SA.
Fin juin 2010, il a été augmenté de 18 M€, passant de 42,5 M€ à 60,5 M€ par émission de 6,6 millions d’actions nouvelles de 2,71 € — intégralement souscrites par la HSE SA —, puis diminué de 59,6 M€, passant à 0,9 M€ par réduction de la valeur nominale des actions d’un montant de 2,67 € — celles-ci passant de 2,71 € à 0,04 €, soit une baisse de 99 %. Cette réduction de capital était nécessaire pour maintenir les capitaux propres à un niveau au moins égal à la moitié du capital social, comme l’exige la loi. Elle a permis d’apurer les pertes des saisons précédentes (37,8 M€) et celle de la saison 2009/2010 (21,8 M€).
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